Livre autisme l’enfant autiste et son corps pdf, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.
La première chose qui frappe dans la clinique de l’enfant autiste, c’est la façon dont il se présente, la façon d’habiter son corps. Il marche sur la pointe des pieds, il regarde au loin, on ne sait pas trop ce qu’il écoute, il est agité par des mouvements stéréotypés, il peut s’automutiler gravement et s’il accepte un tant soit peu d’entrer en relation avec vous, c’est furtivement quand vous ne vous y attendez pas, ce n’est en tout cas pas en réponse à un appel que vous auriez pu lui lancer.
Bref, l’enfant autiste n’utilise pas son corps comme un organe de relation avec l’Autre mais comme une carapace, une forteresse dans laquelle il s’enferme pour se mettre à l’abri. J’ai personnellement longtemps supposé qu’il s’agissait de se mettre à l’abri de toute forme d’altérité, à l’abri de l’autre imaginaire mais aussi de l’Autre en tant que symbolique. Aujourd’hui, je corrigerais cette première supposition car elle ne me parait pas tout à fait juste. Si l’on suit l’hypothèse la plus communément admise par l’ensemble des auteurs à savoir que, sans que l’on sache pourquoi, l’autiste ne dispose pas de la catégorie de l’Autre, alors on ne comprend pas bien qu’il ait besoin de s’en protéger. Il se protège sans doute de quelque chose, c’est le sens même de la position autistique, mais de quoi ?
Depuis un certain temps nous pouvons nous référer aux témoignages de certains autistes dits « de haut niveau » ; nous avons beaucoup à apprendre d’eux. Ces deux dernières années, je me suis penché sur les écrits de Daniel Tammet et de Sean Baron. Ce qui m’a permis de comprendre que chez eux, l’articulation archaïque d’un signifiant à son opposé qui git dans les profondeurs de la langue et qu’il faut oublier pour pouvoir articuler quelque chose de sensé, cette articulation prédomine chez eux et biaise de ce fait leur rapport à l’ordre symbolique.
Aujourd’hui, c’est à Donna Williams que je vais me référer car elle décrit très bien la stratégie du repli dans la bulle autistique. Ce que Donna Williams écrit, c’est qu’il lui faut par moment se mettre à l’abri d’un trop plein de sensations, d’émotions, qu’elle ne réussit pas à ressentir comme affects dans son corps. Elle a là-dessus sa propre théorie, je la trouve très pertinente.
« Les êtres humains sont composés de trois systèmes raisonnablement intégrés chez les personnes normales : l’intellect, le corps et les émotions.
Chez certaines personnes l’un des systèmes est défectueux et rend l’intégration complète impossible. L’arriération mentale, le handicap moteur et l’autisme illustrent, chacun à leur façon le dérèglement de l’ensemble du système. [ …]
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