Le modèle méritocratique à l’épreuve des faits

L’école et la mobilité sociale (correction)

• TRAVAIL PREPARATOIRE :

Q1 : doc 13 p 171 : Le taux d’accès à l’enseignement supérieur a été multiplié par 2 entre 1984 et 2002 (+ de 50% des jeunes ont accès à l’enseignement supérieur en 2002). L’accès des enfants d’ouvriers a été X3.
Doc 14 p 172 : Le taux d’obtention du bac est passée de 5% de la génération née avant 1929 plus de 80% pour la génération née entre 1974 et 1978.
Doc 15 p 172 : Les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur se sont réduites entre jeunes de milieu supérieur et jeunes de milieu populaire. La génération née entre 1959 et 1968 des jeunes de milieu populaire ont 2 fois moins de chance que celle née entre 1919 et 1928 de ne pas avoir de diplôme d’enseignement sup/ aux enfants de milieux supérieur.
On assiste donc à une hausse quantitative du nombre de jeunes accédants aux études => démocratisation quantitative car massification scolaire.
Q2 : annexe 1
– l’école est un service non marchand qui  plus que proportionnellement au revenu (= bien supérieur).
– Demande de la famille en période de chômage  plus facile de trouver un emploi quand on est diplômé.
– L’offre d’éducation  et se diversifie : de plus en plus de formations sont proposées  les transformations économiques structurelles demandent un niveau plus élevé de formation.
Q3 : doc 13 : le taux d’accès au sup est 2 fois plus élevé pour les des catégories en haut de la hiérarchie sociale que pour les enfants d’ouvriers en 2002.
Doc 14 : Même si part des enfants d’ouvriers obtenant le bac n’a cessé d’augmenter, l’écart avec les enfants de cadres (même s’il s’est réduit) reste conséquent puis que le taux d’obtention du bac est 2 fois + élevé pour les enfants de cadres.
Les inégalités se situent également quant au type de bac obtenu.
Doc 15 : plus le niveau d’étude s’élève et plus l’écart se creuse entre enfants de milieux supérieur et enfants de milieu populaire : 40X pour l’obtention d’un diplôme d’une très grande école.
=> La démocratisation quantitative existe mais celle qualitative n’a pas vraiment eu lieu.
Q4 : Rôle de la famille (origine sociale) dans la réussite scolaire :
Selon Pierre Bourdieu (Il est holiste comme Emile Durkheim et pense que la société agit sur l’individu, les pratiques des individus étant socialement déterminées.), chaque individu dispose de ressources, largement léguées par l’origine sociale, assimilables à des capitaux. Il peut les utiliser dans les divers domaines de la vie sociale : l’école comme l’emploi (ou même les loisirs). Ces ressources sont inégalement réparties, ce qui explique l’inégale capacité des individus à occuper telle ou telle position sociale. Ainsi, pour cet auteur les familles transmettent à leurs enfants 3 types de capitaux :
– Le capital économique : montant et composition des revenus ainsi que du patrimoine. Par exemple, il permet la transmission d’une entreprise, il facilite la réussite scolaire (conditions de travail, cours suppl…).
– Le capital social : ensemble des relations (offrant un réseau d’informations quant aux choix des options, des filières… par exemple) dont un individu dispose en raison de son appartenance à un groupe social.
– le capital culturel: en plus d’un capital culturel matériel (les livres, les œuvres d’art, l’accès aux voyages, aux médias, …) les enfants des catégories favorisées disposent avant tout d’un capital culturel hérité ou plus largement d’un habitus (ensemble des ressources culturelles et symboliques, des manières de penser, de sentir et d’agir inculquées et transmises par la famille (ex : culture générale avec goût pour la culture savante, mais aussi maîtrise de la langue, de la syntaxe, du vocabulaire, information sur l’orientation, aide pour le travail scolaire, transmission d’une ambition…)). Ce capital culturel (« culture libre ») est utilisable en particulier à l’école.
Pour Raymond Boudon (partisan de l’individualisme méthodologique, tout comme Max Weber, il part du comportement des individus, de leurs choix, de leur motivation, compte tenu des contraintes), l’école est « ponctuée de choix d’orientation ». L’individu, étant un être rationnel, va mettre en place une stratégie pour prendre une décision à chaque pallier d’orientation : continuer, arrêter. Il va alors comparer les coûts et les risques aux avantages (des coûts : finances, livres ; des avantages : revenu correspondant au diplôme, mobilité sociale ; des risques : réussite aléatoire)
Les choix dépendent de l’origine sociale :
– Dans les familles favorisées on surestime les avantages par rapport aux coûts et aux risques  on veut maintenir l’enfant dans un enseignement long en dépit d’un coût élevé car l’avantage retiré en sera bien plus important.
– Dans les familles populaires, on surestime, au contraire les coûts et les risques par rapport aux avantages  l’investissement dans des études longues et générales est jugé trop important pour un résultat trop aléatoire. Le problème se pose surtout (dans ces catégories) lorsque le niveau de l’élève est moyen ou faible.
Rôle de la famille (origine sociale) dans la réussite professionnelle: L’effet de dominance ou la différence dans les trajectoires post-scolaires. Est-ce que le fils de cadre et le fils d’ouvrier, titulaires d’un même diplôme, sont enfin à égalité sur le marché du travail ? Non : le groupe familial agit en aval de l’école sur le rendement social du diplôme. C’est l’effet de dominance selon les sociologues : l’origine sociale joue comme une force de rappel et continue à faire sentir ses effets. Tout au long de la vie professionnelle, le milieu social d’origine a de l’importance. Les sociologues emploient le terme de qualification sociale ou de savoir être. Cette qualification sociale s’acquiert ailleurs qu’à l’école.
Q5 : La détention d’un capital économique familial influe sur la réussite scolaire et professionnelle :
Le niveau de revenu détermine les conditions de vie (taille du logement, quartier…) et les capacités financières de la famille à prendre en charge les études des enfants (cours particuliers, études supérieures, logement, transport…), tout autant d’éléments qui participent à la réussite scolaire, à la poursuite d’études, même coûteuses, longues et éloignées du domicile familial. A l’inverse, le défaut de capital économique génère des conditions d’apprentissage et des choix de poursuite d’étude limités. Les étudiants, qui doivent, pendant leurs études, avoir une activité professionnelle subissent davantage l’échec scolaire.

SYNTHESE 

Une démocratisation quantitative de l’enseignement : la massification

Constatations (utiliser Q1) Le système scolaire s’est démocratisé sur le plan quantitatif.

Tous les enfants, quelle que soit leur PCS, ont davantage accès au bac. Les années 1980 ont vu le développement d’une politique d’enseignement secondaire de masse, couplé avec un objectif de 80% d’élèves au bac. Cette explosion scolaire a profité aux filles (ce sont les filles des classes moyennes qui ont été les premières bénéficiaires de ce mouvement d’expansion) et bien entendu aux enfants des classes populaires qui ont su tirer profit de la démocratisation pour améliorer leurs performances scolaires.

Explications (utiliser Q2)

Le diplôme joue un rôle déterminant dans l’ascension sociale. L’école accompagne donc l’évolution structurelle comme vecteur de la mobilité nette. L’économie française se modernise et a besoin de plus en plus de main d’oeuvre qualifiée.   Il y a une volonté de la part des parents de voir leurs enfants réussir ainsi qu’une volonté de l’Etat : Obligation scolaire jusqu’à 16 ans,  création de différents bacs, zones d’éducation prioritaires (ZEP), bourses, livres gratuits jusqu’en 3ème, créations de filières courtes dans l’enseignement supérieur.=> L’idéal méritocratique repose sur le principe suivant : « à chacun selon ses dons et ses mérites ». Ni les relations ni la naissance ne doivent conditionner la réussite sociale. Aujourd’hui, les sociétés modernes sont fondées sur l’idéal méritocratique. Et pourtant…

La massification n’a pas accru l’égalité des chances

Constatations (utiliser Q3)

– Le système scolaire s’est hiérarchisé en de multiples niveaux, de valeurs différentes : bac général, bac pro, bac technique, choix de langues vivantes et de langues mortes, filières courtes et filières longues, gratuit et payant, établissement privé ou public, centre et banlieue… Le système scolaire continue à hiérarchiser et à différencier les élèves.
– Les grandes écoles ne sont quasiment fréquentées que par les classes dominantes. Les inégalités diminuent pour polytechnique mais un enfant de cadre a 36 fois plus de chance d’intégrer polytechnique qu’un enfant d’ouvrier !
Þ Les classes prépa donc les grandes écoles aussi montrent toujours un recrutement très fermé.
Les jeunes issus des classes populaires s’orientent vers des formations supérieures généralement plus courtes (BTS, IUT) ou certaines filières de l’université (lettres, sciences humaines).
– L’échec scolaire prend de nouvelles formes : redoublements, filières moins prestigieuses, octroi de diplômes dévalués sur le marché du travail.

Explications

– Le poids de l’origine sociale : (utiliser Q4 et 5)
La situation qu’atteint un individu dépend largement de sa position sociale d’origine. L’idéal méritocratique n’est pas respecté. Ce qui joue beaucoup dans la réussite scolaire, ce sont les caractères sociaux du milieu familial. Dans les familles aisées, la réussite scolaire est perçue comme un impératif : l’enfant est maintenu le plus longtemps possible à l’école (même au prix de plusieurs redoublements). Dans les familles populaires, c’est vraiment si l’enfant est bon sinon il cherche un emploi.
 

– La responsabilité de l’école : (utiliser Q6)
Pour Bourdieu, l’école favorise le capital culturel. La culture légitimée est celle de la classe dominante. Les enfants de la classe populaire doivent apprendre une autre culture, réaliser un véritable processus d’acculturation. Par le jeu de l’habitus, le système scolaire reproduit ces divisions et ces classements.
Pour Boudon, les classes populaires choisissent les filières les moins valorisantes : phénomène d’auto-exclusion. D’après lui, l’école n’est pas responsable. A chaque bifurcation, un choix est effectué. Ce sont ces stratégies qui sont génératrices d’inégalités car elles dépendent du milieu social.

Conclusion : L’école peut être facteur de mobilité sociale : elle y participe mais imparfaitement. D’un côté, elle doit sélectionner et, de l’autre, elle doit assurer l’égalité des chances. Comment faire ? Le système éducatif  semble  avoir réussi dans son rôle de faciliter la mobilité structurelle. Par contre il peut largement mieux faire dans sa mission initiale : donner à tous les mêmes chances de réussite. Les politiques de discrimination positive ont-elles une efficacité  en la matière ?

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