Zonage du Parc d’El Kala
Conformément à la réglementation des parcs Nationaux, et suite à l’arrêté du 25 Avril 1987 fixant le zonage et les modalités d’intervention dans le Parc National d’El-Kala. Le territoire du PNEK a été divisé en 10 zones et 31 sous-zones appartenant à 05 classes différentes de protection [YOUBI, 2008]. C’est d’après la nature du terrain et la distribution des milieux selon les différentes espèces vivaient aux alentours, une classe de protection des zones du parc est admise [GRIMES, 2005] (Fig. 6) : La classe I- Réserve intégrale : Les aires renferment des ressources à caractère unique ou particulier. Les zones et sous-zones de cette classe sont intégralement soustraites à toute intervention à l’exception des investigations à caractère scientifique. Les interventions éventuelles sont soumises à l’autorisation du Ministre chargé de l’environnement ; La classe II- Primitive ou sauvage : Les aires sont constituées de milieux naturels spécifiques qui doivent être maintenus dans leur état au titre d’échantillon témoin pour être comparés aux milieux naturels dégradés ou en voie de l’être. Les interventions dans cette classe ne doivent pas modifier l’ambiance naturelle. Elles sont soumises à autorisation du Ministre chargé de l’environnement ; La classe III- À faible croissance: Les aires renferment des milieux naturels en développement ou ayant une esthétique particulière à conserver. Elles peuvent être des lieux pour des activités culturelles, scientifiques, sportives, touristiques, de loisirs et de détente en rapport avec la nature ainsi que des zones de développement des ressources agricoles et artisanales ; Figure n°06 : Les différentes zones du parc d’El Kala. La classe IV- Tampon : Les aires séparent les aires rigoureusement protégées des zones ouvertes à la fréquentation en rapport avec la nature comme l’agriculture et la sylviculture. Dans cette classe toute intervention est soumise à l’autorisation du Wali après avis du Directeur du Parc National ; Cette classe sépare les trois premières classes de la dernière classe. La classe V- Forte croissance ou périphérique : Cette catégorie renferme les agglomérations incluses dans le Parc National où sont concentrées les structures et infrastructures socio-économiques. Celles-ci doivent être conformes aux dispositions de la loi de l’environnement en matière de nuisance. Toute intervention en dehors du plan d’urbanisme directeur des chefs-lieux de communes doit être soumise à l’autorisation du Wali. La classe V est la classe qui sert de lieu à toutes formes de construction (article 4- du décret 83-458 : qui divise les secteurs du parc en cinq classes selon le degré de sensibilité de chacun). Or, le tracé de l’autoroute Est-Ouest traversant des zones de la classe III, ce qui correspond donc à une transgression de la loi présidentielle [HAMOUDA, 2012].
POPULATION HUMAINE
La population humaine (Fig. 7), répartie dans les neuf communes du parc national d’El Kala, s’est développée selon quatre époques distinctes (Tab.05-annexe): L’époque coloniale où la population rurale est majoritaire, alors que la population urbaine se concentre surtout sur le littoral (la Calle, Oum Teboul) où Les infrastructures de communication, de commerce et les unités industrielles se sont réunies. Selon Homewood (1993), la population du parc d’El Kala a triplé entre 1856 et 1955, elle est passée, respectivement, de 11299 à 37351 habitants [GRIMES, 2005] [CENEAP-PNEK, 2011]. Figure n°07 : L’accroissement de la population humaine dans la région d’étude (1856/2009). Les trois premières décennies de l’Algérie indépendante, la région d’étude a connu un exode rural et un flux migratoires sérieux qui ont entraîné une expansion étendue de la population urbaine et en parallèle la population rurale a commencé à prendre sa place surtout avec la structuration de la révolution agraire (construction des villages agricoles socialistes à Oum Teboul, à Aïn El Assel, à Bougous…). La population du PNEK est passée de 38727 habitants en 1966 à 55056 habitants en 1977 et a augmenté de 83306 habitants en 1987 [HAMOUDA, 2012]. Durant la décennie 1990, amplifié par insécurité qui a connu l’Algérie, la population rurale s’est ruisselée vers des terrains plus sécurisés aux alentours des points urbains 0 20 40 60 80 100 120 140 Population humaine ( miliers d’habitants) Année Intervalle de 100 ans Intervalle de 10 ans Intervalle de 1 an entraînant une sur-expansion au détriment de la biodiversité, causant ainsi la dégradation du paysage urbain. La population humaine a atteint 107577 habitants en 1998. Ces dernières décennies, et avec la stabilité sociale que connait notre pays, la population a atteint 126743 habitants en 2008. En 2009, le nombre des habitants dans les neuf communes constituant le parc national d’El Kala est arrivé à 128887 [AKROUM, 2013]. D’après le CENEAP, le nombre de la population en 2008 correspond à la totalité de la population des communes dans l’intégralité de leur superficie (les neuf communes), mais seulement 77000 habitants vivaient sur le territoire du parc d’El Kala, soit environ 61% de la totalité de la population des neuf communes. Afin de mieux éclaircir les choses, la population est totalement résidente dans les communes d’El Kala, de Souarekh, d’El Aïoun, de Raml Souk, de Bougous et d’Aïn El Assel. Source DPAT-Tarf, 2010 Figure n°08 : La répartition de la population humaine à l’intérieur du PNEK en 2008. Seulement 12% de la population d’El Tarf, et qui correspond à Aïn Khiar, est résidente dans le PNEK. Concernant la commune de Bouteldja, seulement des centaines d’habitants se situent à l’intérieur du PNEK. La population de la commune de Berrihane, à l’intérieur du parc, est quasiment nulle (Fig. 8). D’après la figure n°8, la commune d’El Kala constitue la plus grande part d’habitants dans le PNEK. Par contre, la population répartie dans la commune de Bouteldja représente la plus faible du fait de la nature des terrains qu’occupe cette commune. 0 5 10 15 20 25 30 Population (en milliers d’habitants) Communes CHAPITRE I APERÇU SOCIO- ÉCONOMIQUE 20 L’occupation des terrains, répartis dans le parc (Tab.02), par les populations humaines nous donne une idée envisageable sur la pression et la concentration exercée par un nombre d’habitants sur une surface de 1 km2 : la densité. D’après la surface totale du parc d’El Kala et le nombre d’habitants résidants, on a normalement 98 habitants qui occupent 1 km2 de superficie. La plus grande densité est observée au niveau de la commune d’Aïn El Assel et d’Aïn Khiar, où on enregistre respectivement les valeurs de l’ordre de 182 et de 172 hab/km2 .
Agglomérations dans le PNEK
Le parc national d’El Kala est une mosaïque d’écosystèmes avec ces caractéristiques naturelles uniques, c’est un milieu fragile. L’urbanisation dans le parc est liée à un réseau de neuf communes de petite dimension dont six sont totalement ou presque incluses et répondent à la logique du PDAU qui réglemente la croissance spatiale de ses villes à partir du principe de zonage. Mais, l’absence d’un dispositif juridique qui fait un arrangement entre les outils juridiques de préservation du PNEK et ceux de la planification urbaine conduit à une urbanisation en péril sur ce milieu qui est mal protégé. Certes, le parc national d’El Kala porte le nom de la ville d’El Kala, car celle-ci est la commune la plus vaste et la plus agglomérée du parc, et auparavant elle était régentée dans la région. Et pour mieux visualiser la croissance urbaine et ses effets néfastes sur le parc d’El Kala, l’exemple de la ville d’El Kala est illustratif, car, d’après Hana Salah- Salah (2009), l’espace urbain de cette ville a évolué d’une manière inquiétante sans prendre en compte les diversités environnementales du milieu naturel protégé (Fig.11). En l’absence d’un véritable outil de cohérence entre la ville et le PNEK, on trouve que l’urbanisation à El Kala suit le modèle standard qui se répète partout en Algérie que soit la spécificité du milieu dans laquelle il s’inscrit et qui répond uniquement à la logique d’extension continue édicté par le PDAU. Les différentes formes urbaines observées sur les terrains étant protégés par décret et qui continuent à subir des destructions environnementales, on a [SALAH- SALAH, 2009]: Un lotissement de maisons individuelles implanté sur la forêt du Boulif (un espace sauvegardé par le zonage comme zone classe II) causant déforestation de la couche végétale sur une zone sauvegardée plus le risque de glissement de terrain ; Deux ensembles de lotissements pour maisons individuelles construites sur le bassin versant du lac Oubeïra (une partie de l’un des deux se trouve sur la zone tampon du lac Tonga) causant l’imperméabilité de la surface du bassin versant du lac Oubeïra, la déforestation de la couche végétale importante pour le bon ruissellement des eaux et la contamination des eaux de ruissellement qui alimentent les lacs ;