De plus en plus, la compétitivité de l’entreprise dépend de sa capacité à générer, à traiter et à analyser rapidement et efficacement l’information pour prendre des décisions pertinentes et acquérir un avantage concurrentiel, que ce soit dans sa relation avec ses clients, ses fournisseurs, ses collaborateurs ou ses partenaires. L’entreprise est incessamment exposée à des défis concurrentiels auxquels elle doit continuellement réagir. En effet, elle doit répondre aux enjeux concurrentiels du marché en améliorant la qualité de son offre, en proposant de nouvelles fonctionnalités pour étendre son activité commerciale, et en s’ouvrant sur les systèmes d’information de ses partenaires pour répondre au besoin du partage instantané de l’information, et cela dans des délais optimums.
Grâce au développement accéléré des technologies de l’information (TI) et l’avènement des services Web, l’Internet se transforme d’un simple vecteur d’échange de données, en une plate-forme de composants auto-descriptifs, modulaires, facilement intégrables et faiblement couplés. Récemment, les services Web ont émergé comme l’instanciation de-facto de l’approche SOA (Service Oriented Architecture) [Oppong et al., 2010], permettant ainsi à l’entreprise de se libérer de sa position fermée et d’explorer de nouvelles pistes de collaboration avec d’autres entreprises, afin de créer de nouvelles fonctionnalités, et ce en réutilisant et en agrégeant ses propres services Web existants ou en utilisant les services Web de ses partenaires
Les services Web individuels restant limités par leurs capacités, l’entreprise est amenée à composer un ensemble de services afin de créer des services plus complexes. On parle ainsi de la composition des services Web [Alonso et al., 2004]. Cette composition se présente comme un paradigme fondamental de la technologie des services Web. Elle permet de résoudre des problèmes complexes en combinant des services de base disponibles pour satisfaire un but initial. Ce paradigme demeure l’un des axes de recherche les plus actifs des services Web, durant ces dix dernières années, vue la complexité du processus de composition et l’évolution rapide des normes et des standards de cette technologie.
La composition des services Web est un processus complexe qui fait intervenir plusieurs activités telles que la découverte, la composabilité, la sélection ou encore l’exécution des services Web. La composabilité, notion peu investie dans la littérature, permet de vérifier si un ou plusieurs services, voire opérations de services, peuvent interagir entre eux dans le but de construire des plans de composition. Elle constitue en fait, un processus crucial dont dépend l’efficacité des plans de composition, et par la suite l’efficacité du processus global de composition des services Web. Pour être efficient, le processus de composabilité de services Web doit en pratique vérifier la cohérence de propriétés relatives aux différents aspects des services Web : fonctionnel, non-fonctionnel, technique, structurel et contextuel. L’étude en amont de la composabilité des services Web permet de réduire la liste des services candidats pour la composition dynamique. Cet avantage est d’autant plus appréciable avec l’offre croissante de services Web publiés.
C’est enfin dans ce contexte que s’inscrit ce travail. Il propose une approche alignée avec les standards W3C (World Wide Web Consortium) pour la vérification de la composabilité des services Web en amont (désignée dans ce rapport par la notion de composabilité offline). L’objectif étant de permettre d’identifier les opérations de services Web pouvant être interconnectées, au préalable des requêtes reçues par un processus de composition dynamique. Cela devrait par la suite contribuer à aboutir à des plans de composition efficients et exécutables.
Composer deux services Web S1 et S2 revient à connecter une opération de S1 avec une autre opération de S2. Dans la plupart des travaux de composition étudiés, la connexion de ces deux opérations est fondée sur la vérification de la couverture des entrées de l’une par les sorties de l’autre, en utilisant des appariements sémantique et/ ou syntaxique. Ces travaux se limitent souvent aux processus d’appariement sémantique ou syntaxique des entrées et des sorties des services ou des opérations concernés, et ne traitent pas l’ensemble des informations techniques, non-fonctionnelles, structurelles ou contextuelles incorporées dans un fichier WSDL (Web Services Description Language). Les propriétés non-fonctionnelles, à titre d’exemple, lorsqu’elles sont décrites, s’avèrent souvent exploitées dans la phase de sélection du meilleur plan de composition. Or, en réalité le critère de composabilité des paramètres des services Web demeure seul insuffisant pour produire des plans de composition efficaces. D’autres propriétés descriptives des services Web doivent être prises en considération pour pouvoir connecter des services, souvent développés indépendamment et par divers fournisseurs, et avoir des plans de composition efficaces et exécutables. Notamment, des propriétés techniques comme les protocoles de communication, qui peuvent constituer un obstacle lors de l’exécution des plans de composition obtenus si leur compatibilité n’a pas été vérifiée.
D’autre part, plusieurs solutions de composition proposées dans la littérature restent expressivement liées aux propriétés descriptives fournies par le modèle sémantique de services adopté (par exemple, OWL-S « Ontology Web Language for Service », WSMO « Web Services Modelling Ontology »). En d’autres termes, et vue les hétérogénéités qui peuvent exister entre les propriétés descriptives de différents modèles sémantiques, la solution de composition proposée se limite ainsi aux services décrits par le modèle sémantique utilisé. Cela impacte certes le champ de services candidats couverts par la solution, mais aussi l’efficacité et la longévité de la solution.
Par ailleurs, cette catégorie de solutions optant pour des modèles sémantiques, renvoie aux fichiers WSDL des services Web pour toute information technique. Toutefois, elle ne traite pas cette information technique au moment de la vérification de la composabilité des services. De ce fait, les plans de composition qu’elle génère demeurent des plans abstraits dont la composabilité réelle des services n’a pas été vérifiée.
Par conséquent, les deux limites majeures relevées dans les traitements existants de composabilté sont :
➤ l’hétérogénéité des modèles adoptés pour la description des services Web.
➤ l’évaluation de la composabilité qui demeure à un niveau abstrait. Elle met l’accent uniquement sur l’appariement des entrées et des sorties des services, et ne traite pas les différentes facettes (non-fonctionnelle, technique, contextuelle, etc.) de vérification de composabilité entre deux ou plusieurs services à connecter.
Aussi, nos recherches ont-elles été motivées par l’absence, à notre meilleure connaissance, d’un modèle de composabilité qui traite plusieurs facettes de cette problématique, tout en étant aligné avec les standards de spécifications des services Web, à savoir, WSDL 2.0, SAWSDL (Semantic Annotations for WSDL) et WS-Policy (Web Services Policy)1.5.
Chapitre 1 – Introduction |