VERS UNE AMELIORATION DES CARTES LA SEMIOLOGIE GRAPHIQUE EXPERIMENTALE
Les limites de la sémiologie classique
Modèle linéaire / Modèle de la sémiologie graphique expérimental Jusqu’à présent, la sémiologie graphique s’est généralement contentée d’un mode de fonctionnement linéaire, sans échange entre le concepteur de la carte et son lecteur lors de la conception. On peut ainsi lire dans l’annexe d’un guide méthodologique rédigé par les services de l’Etat21 : « Les cartes sont à la fois une source d’informations, un support de la transcription des données nouvelles, un produit d’aide à la décision, un outil de concertation et de communication. Pour atteindre ces finalités, l’élaboration des cartes doit répondre à des règles précises, notamment celles de la sémiologie graphique, qui assure le transfert du message entre le concepteur (technicien) et le récepteur (élus, population). » On voit bien ici qu’aucun retour du « récepteur » vers le « concepteur » n’est prévu. Pourtant, comme l’exprime Sylvie Rimbert22 dans ses Leçons de cartographie thématique (1967), il existerait un « idéal d’une « grammaire graphique » » c’est-à-dire qu’il serait possible, « à titre d’exemple », de corriger « des cartes classiques, des représentations si admises que l’on n’en voyait pas l’illisibilité ». De son côté, Denise Pumain, dans une critique d’un article de J.P. Bord23 datant du 15 mars 1997, semble pointer ce manque en matière de prise en compte des destinataires : « La récente réunion organisée par l´Association des Cartographes Géographes, avec l´aide de Michèle Béguin (Université Paris I) en octobre 1996 à l´occasion du soixantième anniversaire de l´Ecole de cartographie de Paris, a montré de la part des professionnels de la cartographie, […], un souci d´analyse de l´évolution de la cartographie dans ses rapports avec les demandes des utilisateurs ». Elle poursuivait un peu plus loin dans sa critique de l’article en reprenant les propos de G. Pasky : « Notons que son président, Jean-Marc Orhan, prépare une thèse tendant à faciliter l´introduction des principes de la sémiologie graphique dans les SIG. C´est peut-être sur ce dernier point concernant aussi l´étude expérimentale de la perception et de la lecture des cartes que les travaux français de cartographie théorique seraient le plus faibles »24 Gilles Palsky, dans une critique du même article (24 avril 1997), insistait lui aussi sur ce point : « La cartographie française souffre peut-être en cela d´un « paradigme bertinien » : les processus de perception et de cognition, en jeu dans la lecture et l´utilisation de la carte, ont été négligés. » Yaïves Ferland25, quant à lui, tente de préciser ce qui doit être pris en compte dans l’identité du destinataire : « L’aspect technique est dédié à la production d’un objet signifiant, la carte, qui devra être utilisable par un lecteur anonyme dont il faut pourtant à l’avance prévoir les perceptions culturelles ou professionnelles et tenter de s’y conformer. Il s’agit de l’exigence de respecter des normes socio-culturelles ou professionnelles de représentation spatiale partagée, ce qui constitue leur canonicité structurante. »
Exemple de travail en sémiologie graphique expérimentale
travaux d’Elisabeth Chesneau sur l’amélioration automatique des couleurs, appliqués aux cartes de risques « La carte est un instrument ancien qui est devenu omniprésent et de qualité croissante pour transmettre des informations dans de très nombreux domaines comme celui des risques. Leur multiplication s’explique par le développement majeur des outils informatisés et la diversification des champs d’application où on les utilise. » E. Chesneau26 . Mais cette « qualité croissante » est parfois remise en question, par l’auteur elle-même : « Les cartes peuvent contenir de nombreuses informations qui souvent se chevauchent, ce qui rend les données difficiles à cartographier. » De plus, on lit très souvent que « la carte numérique accessible à tous peut avoir une lisibilité réduite (Chesneau, 2004), notamment parce que les Systèmes d’Information Géographique (SIG) n’offrent pas d’outils d’analyse des légendes et les travaux théoriques en cartographie comme ceux de J. Bertin (Bertin, 1967), qui ne sont pas introduits dans de tels outils. »