Variation spatio-temporelle des feux de brousse sur le massif d’Ibity en utilisant l’analyse d’images satellites MODIS

Variation spatio-temporelle des feux de brousse sur le massif d’Ibity en utilisant l’analyse d’images satellites MODIS

Chaque année, un tiers de Madagascar est consomé par les flammes. Alors que les incendies font partie intégrante de nombreux écosystèmes, dans ce pays les écosystèmes naturels ont été remplacés par de vastes étendus de rizières et de prairies anthropiques resultat de l’utilisation des feux de brousse comme outil agro-pastorale courrant. Des images satellitaires du produit MODIS (MCD45A1) disponible depuis avril 2000 ont été utilisées pour analyser la fréquence des incendies sur une période de 10 ans. La frequence des feux pratiqués sur Ibity, une nouvelle aire protégée située à 25km au sud d’Antsirabe dans le centre de Madagascar, ont été identifiés. La synthèse des analyses cartographiques de 2000 à 2010 montrent que: 1) il existe trois modalités incendie autour et à l’intérieur de la zone protégée dans la saison sèche (feux precoses, de saison, et tardifs), 2) les feux tardifs sont les plus fréquents, et 3) la plupart des incendies eu lieu dans les régions de l’est et du sud du massif. Les affleurements rocheux, situé au-dessus de 1600m, ont été epargnés du feu et jouent probablement un rôle clé en tant que barrière contre les feux d’origine naturelle. Ces informations seront intégrées dans les plans de gestion de la végétation dans la région.

Les feux constituent une partie intégrante de nombreux écosystèmes (Whelan 1995). La distribution et la structure de certains écosystèmes de la planète sont liées à ce phénomène (Bond et al. 2005). Dans les savanes, les feux déterminent l’équilibre entre la strate herbacée et la strate arborée (Staver et al. 2009; Hoffmann et al. 2012) et représentent un agent important qui détermine l’hétérogénéité spatiale (Mistry & Bizerril 2011). Le suivi des surfaces brûlées dans les savanes constitue une excellente source d’informations pour l’analyse de la relation feu/dynamique de végétation (Bucini & Lambin 2002; Rollins, Keane, & Parsons 2004). Dans ces milieux, le suivi des feux est une exigence incontournable pour comprendre les dynamiques écologiques et pour envisager des programmes de gestion adaptés (Rollins et al. 2004). De nombreuses méthodes existent pour déterminer les régimes de feu. L’analyse du charbon végétal est une des techniques les plus utilisées et les plus précises qui permet de remonter dans le temps de plusieurs milliers d’années (Clark 1988; Lertzman et al. 2002; Carcaillet et al. 2004; Bal & Métailié 2005). Pourtant la cartographie des surfaces brûlées, utilisant les Systèmes d’Information Géographique (SIG) et les techniques de télédétection, est devenue aussi une technique fréquente grâce aux avantages qu’elle présente. Cette technique permet 1) de faire une estimation rapide, précise et économique des aires brûlées, 2) de créer des modèles à partir du suivi des feux dans le temps et dans l’espace pour déterminer la probabilité d’un feu dans le futur (Mbow, Go ta, Bénié 2004; Lozano, Suárez- Seoane, & de Luis 2007), et 3) d’identifier les zones qui risquent le plus d’être brûlées, afin de localiser rapidement les zones d’intervention prioritaire pour la conservation ou la planification des protocoles de restauration (Enonzan 2010). L’une des méthodes les plus utilisées pour réaliser ce type de cartographie est basée sur la comparaison entre deux images, avant et après le passage du feu, à partir des différences entre des bandes spectrales ou des indices de végétation (Roy et al. 2005; Giglio et al. 2009).

A Madagascar, la pratique du feu est très courante. Le feu est utilisé dans les activités agro-pastorales pour le maintien des zones de pâturages, la culture sur brûlis (tavy), le nettoyage des terres après la récolte ou pour la production de charbon (Kull 2002c). Le feu est aussi utilisé comme forme de manifestation sociale dans l’appropriation de la terre, comme moyen de contestation politique ou dans des actes de criminalité ; il est enfin parfois le résultat de l’inattention de l’homme. Chaque année des grandes surfaces sont brûlées  couvrant près d’un million d’hectares (Kull 2004) : environ 25-50% des zones non forestières et non cultivées (Kull 2004) et 90-97% de la superficie des savanes (Madhow et al. 1994). Les Hautes Terres malgaches sont des régions très touchées par le feu. Les formations des forêts naturelles ont presque disparu, et la végétation actuelle est une mosaïque formée en alternance de rémanents de forêts, savanes, rizières, et de zones de reboisement avec des espèces exotiques comme le pin (Pinus sp.), l’eucalyptus (Eucalyptus sp.) ou l’acacia (Acacia sp.).

 

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