Variation de la phénologie des espèces ligneuses des forêts sclérophylles des hauts-plateaux malgaches (bois de tapia)
La phénologie reproductive est importante en écologie des communautés, car elle peut, par exemple, jouer un rôle dans la coexistence des espèces dans une communauté (Frankie, Baker, & Opler 1974; Seghieri, Floret, & Pontanier 1995). L’étude des variables abiotiques et biotiques qui influencent les cycles phénologiques est fondamentale pour déterminer les stratégies des plantes impliquées dans les processus de colonisation et la régénération (Fleming et al. 1985; Niiyama 1990; van Schaik, Terborgh, & Wright 1993; Kubo & Iwasa 1996; Elzinga et al. 2007). Les variables environnementales sont considéerées comme les facteurs les plus importants qui influencent les cycles phénologiques des plantes. Parmi celles-ci, la température, la photopériode et l’humidité restent les variables les plus étudiées (Monasterio & Sarmiento 1976; Sarmiento 1983; Sarmiento & Monasterio 1983; Reich & Borchert 1984; Rathcke & Lacey 1985; Smith-Ramírez & Armesto 1994; Seghieri et al. 1995; Borchert 1999; Munhoz & Felfili 2007). La dispersion, la germination et les pollinisateurs sont aussi des variables évolutives importantes pour déterminer les cycles phénologiques (Snow 1965; Smythe 1970; Frankie et al. 1974; Waser 1978; Rathcke & Lacey 1985). D’autres variables, comme la composition chimique du sol peuvent affecter la phénologie mais restent encore mal compris (Warembourg & Estelrich 2001).
Les perturbations peuvent avoir un effet sur les formes de vie, la phénologie, la densité, l’abondance et les patrons de distribution des populations végétales (Agrawal 1990). Étant donné que la phénologie détermine la structure temporelle d’une communauté (Stiles 1977; Herrera 1986; Zandee, Baas, & Zandee 1992), il est important de comprendre comment les perturbations affectent ces cycles. Le feu, naturel ou d’origine anthropogénique, est considéré comme une perturbation (Whelan 1995). Le feu change la structure et la composition de la végétation (Agrawal 1990; Collins & Gibson 1990; Collins 1992; Kirkman et al. 2001; Collins & Smith 2006; Baeza et al. 2006; Drobyshev et al. 2008) et peut conduire à une modification des conditions environnementales telles qu’une augmentation de la radiation solaire, de la température et de la disponibilité de nutriments dans le sol (Humphreys & Craig 1981; Andersson et al. 2004; Certini 2005; Kim et al. 2008). D’autres études ont montré que les modifications des conditions environnementales, principalement les hautes températures, modifient également les cycles phénologiques. Ainsi, le feu peut augmenter la production des fruits (Paritsis et al. 2006), stimuler la floraison et la fructification (Silva et al. 1996; Pausas et al. 2004), ou accélérer les cycles phénologiques en avançant de quelques jours la date de début de la floraison/fructification (White et al. 1991; Wrobleski & Kauffman 2003; Paritsis et al. 2006).
De nombreuses études concernant les effets du feu sur la diversité (Agrawal 1990; Kirkman et al. 2001; Drobyshev et al. 2008), sur les successions écologiques (Collins & Gibson 1990; Engle et al. 2000), sur la régénération (Van der Moezel, Loneragan, & Bell 1987; Caturla et al. 2000; Zolho 2005; Alexander et al. 2008) et la germination (Keeley 1987; Moreno & Oechel 1991; Brown 1993; Keeley & Fotheringham 1998; Banda, Schwartz, & Caro 2006; Crosti et al. 2006) ont été réalisées. Pourtant les effets du feu sur la phénologie ont été moins étudiés (Fatubarin 1985; White et al. 1991; Paritsis et al. 2006). A Madagascar la plupart des recherches sur la phénologie des plantes, dont plus de 90% sont endémiques à l’île (Phillipson et al. 2006), ont été concentrées sur l’étude du régime alimentaire et de la disponibilité des fruits pour les lémuriens dans les forêts humides de l’est et dans les forêts sèches décidues ou semi- décidues de l’ouest (Overdorff 1992; Meyers & Wright 1993; Rigamonti 1993; Hemingway 1996; Andrews & Birkinshaw 1998; Yamashita 2002). Un nombre limité de travaux sont liés aux interactions fruits-frugivores en incluant d’autres groupes d’animaux comme les chauve-souris ou les oiseaux (Bollen 2003; Picot et al. 2007), ou bien sur la fluctuation de la phénologie liée aux variations des variables biotiques (Sorg & Rohner 1996; Bollen & Donati 2005).