Aujourd’hui encore, près de 80% de la population mondiale se soigne avec des plantes et plus de la moitié de nos médicaments sont issues du monde végétal. De nos jours, de nombreux malgaches s’adressent encore aux tradipracticiens, détenteurs des informations sur les ressources naturelles pour guérir certaines maladies. Certes, Madagascar est un sanctuaire de la diversité floristique car selon les estimations, elle possède actuellement plus de 12000 espèces de plantes dont 80% sont endémiques. Il est d’autant plus sûr que certaines de ces plantes sont dotées de potentialités thérapeutiques encore méconnues. Les plantes sont depuis toujours une source de remède sous forme de préparation traditionnelle ou de principes actifs purs.
REPERES THEORIQUES
GENERALITES SUR LES HUILES ESSENTIELLES
Pour les plantes aromatiques, les huiles essentielles sont leur forme la plus forte et la plus concentrée. Elles sont obtenues généralement par distillation de la plante ou des différents organes de la plante et parfois toute la plante entière. Les huiles essentielles sont souvent employées comme matières premières importantes en pharmaceutique, parfumerie, cosmétique, et dans les industries alimentaires (Arctander, 1960). Selon Bruneton (1993), elles sont constituées de mélange complexe et généralement odorant. Les HE se trouvent généralement sous forme de liquide mobile ou sous forme de liquide plus ou moins visqueux et parfois même cireux.
Historique
Les Egyptiens sont les premiers connus à extraire et à utiliser les huiles essentielles. 4000 ans avant Jésus Christ, ils préparaient déjà l’essence des Cedrus (cèdre) par distillation sèche en faisant chauffer du bois de cèdre dans un récipient en argile au-dessus duquel étaient suspendus des brins de laine qui s’imprégnaient de la vapeur dégagée ; l’essence est ensuite obtenue en pressant les brins de laine. Ils faisaient aussi la momification suivant une technique minutieuse à l’aide d’essence aromatique dont ils avaient remarqué les propriétés antiseptiques. 200 ans avant Jésus Christ, les Chinois avaient découvert l’hydrodistillation comme méthode d’extraction d’huiles essentielles.
La première utilisation des huiles essentielles signalée dans un traité médical était au XIIIème siècle en utilisant le romarin pour ses propriétés curatives.
Quelques définitions
Pour mieux cerner les huiles essentielles, il serait judicieux de donner quelques définitions données ci-après :
Les huiles essentielles
Ce sont des substances liquides volatiles et odoriférantes, obtenues généralement par distillation à la vapeur des plantes aromatiques (Bego, 1997). Selon Duerbeck (1996), elles ont une composition chimique complexe et contiennent en proportion variable des hydrocarbures terpéniques composés de monoterpènes (C10H16) et de sesquiterpènes (C15H23) ainsi que des composés oxygénés tels que : alcools, aldéhydes, cétones, esters, …, etc.
Plante aromatique
Bego (1997) définit une plante aromatique comme une plante qui renferme une quantité suffisante de molécules aromatiques élaborées et stockées dans différents organes producteurs tels que les feuilles, les tiges, les fleurs, les fruits, les graines, l’écorce, les racines.
Hydrolat aromatique
C’est l’eau distillée recueillie à la sortie de l’alambic après la récupération de l’HE. L’hydrolat aromatique est plus ou moins aromatisé car au cours de la distillation il se charge des molécules aromatiques. Elle est soluble dans l’essence jusqu’à 5% (Bego, 1997).
Concrètes et absolues
L’Association Française de Normalisation (AFNOR) en 1992 définit les concrètes comme des concentrées aromatiques ayant une consistance cireuse ; et elles sont obtenues au moyen d’une extraction par solvant volatil non aqueux des plantes aromatiques fraîches. Quant aux absolues, ce sont des substances fortement concentrées et très odorantes, obtenues à partir des concrètes par extraction répétée avec l’éthanol.
Oléorésine
Steen (1993) postule que l’oléorésine est un baume extrait par perforation ou incision du tronc de certains arbres tel que le Pinus (le pin), ou le Cinnamomum camphora (ravintsara). L’oléorésine d’épice est une substance visqueuse ou semi-solide issue d’épices séchées, elle est obtenue par emploi de solvant volatil non aqueux.
Localisation des huiles essentielles
D’après Bruneton (1987), les HE se retrouvent dans les glandes musculaires situées dans différentes parties de la plante aromatique: dans les feuilles comme pour la Cymbopogon citratus (la citronnelle) et le Laurus nobilis (le laurier), dans les fleurs chez les Rosaceae (les roses), dans les fruits comme chez le Citrus limon (le citron) et l’Illicium verum (la badiane), dans les graines comme le Coriandrum sativum (la coriandre) et le Myristicafragrans (le muscade), dans l’écorce comme chez le Cinnamomum verum (la cannelle).
Selon le même auteur, les synthèses et l’accumulation d’une HE sont associées à la présence de structure histologique spécialisée, localisée en certains points des autres tissus, le plus souvent située sur ou à proximité de la surface de la plante. Ces formations sont les cellules à essence, les poils sécréteurs, les poches sécrétrices et les canaux sécréteurs.
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