Valorisation économique et touristique des activités socioculturelles
Le tourisme religieux
Le pèlerinage, tourisme religieux ou cultuel est une forme de tourisme qui est déjà pratiqué dans le monde. Il peut être classé dans plusieurs types de tourisme : tourisme de masse (toute connotation péjorative de ce type de tourisme mise à part), tourisme culturel, tourisme rural et solidaire, tourisme responsable, tourisme sportif et bien d’autres… La masse de participants au pèlerinage justifie son classement dans le tourisme de masse : Rome, Jérusalem, SaintJacques-de-Compostelle, Lourdes, La Mecque, Rio de Janeiro, Yamoussoukro… Le tourisme religieux est aussi pratiqué depuis des décennies, voire plus d’un siècle à Madagascar. Les adeptes des religions chrétienne et traditionnelle voyagent en grand nombre pour des recueillements, des ressourcements, des prières intensives vers un lieu spécifique, ou un site approprié. Les Fitampoha, Fanompoambe, Tsangantsaina, Alahamadibe, Sambatra, qui sont à la fois des fêtes et des rites religieux adressés aux dieux et aux ancêtres sont pratiqués depuis les siècles derniers. Les Chrétiens, avec le pèlerinage catholique d’Anosivolakely et les isantaona fifohazana des quatre tobilehibe protestants (Ankaramalaza, Manolotrony, Farihimena et Soatanana), se chiffrent en milliers.
Fianarantsoa, là où s’apprend le bien
Sur les quatre tobilehibe protestants qui existent à Madagascar, trois sont implantés dans la seule province de Fianarantsoa. C’est dire que cette province est certes la plus arriérée, comme disent les anciens dirigeants, dans certains domaines, mais au plan spirituel, l’on peut en déduire qu’il s’agit de la province la plus christianisée. Cette assertion est confirmée pas la forte présence de toutes les grandes missions évangélisatrices à Madagascar, entre autres, catholique, luthérienne et réformée. La ville de Fianarantsoa a été créée par le roi Rajoakarivony I conformément à un décret de Ranavalona I, Reine de Madagascar. Elle fut érigée pour être la réplique de la ville d’Antananarivo. Le nom signifie littéralement « Là où s’apprend le bien ». Fondée sur les hautes terres centrales de Madagascar, Fianarantsoa a à peu près la même altitude que la capitale malgache. Il en est de même pour le climat et les reliefs. Chef-lieu de province et de région (Haute-Matsiatra), Fianarantsoa possède les infrastructures urbaines modernes que nécessite le tourisme national et international. Sur le plan administratif, académique, religieux et financier, Fianarantsoa est dotée d’entités publiques nécessaires pour la circulation des personnes et des biens (transports, communication et télécommunications, hôpitaux…), université, archevêché, banques, assurances et hôtellerie… Photo n˚ 40 Ambatomisisoratra à Alakamisy Ambohimaha : portail d’entrée de Fianarantsoa Les flèches noires indiquent la fameuse gravure supposée hébraïque par plusieurs sources Fianarantsoa est une ville touristique : tourisme urbain, tourisme culturel et élitiste, tourisme religieux, tourisme sportif, festival du vin… Comme Fianarantsoa constitue la porte de l’Isandra et de Soatanana, il est indispensable d’évoquer le site d’Ambatomisisoratra à Alakamisy-Ambohimaha (Photo n˚ 40). Il s’agit bien entendu, des gravures apparentes sur le flanc du massif granitique non loin de cette CR. Selon la thèse des chercheurs, notamment les Théologiens, les Anthropologues et les Archéologues, ces sortes d’inscriptions sur la falaise seraient de l’ancienne écriture araméenne qu’auraient dû effectuer des expéditions en provenance de la Palestine pour exploiter l’or et les bois précieux de Madagascar. Mais jusqu’alors, cette information n’est qu’au stade d’hypothèse de beaucoup de chercheurs. Néanmoins, la position que cette falaise occupe intéresse les observateurs et les visiteurs. Par rapport aux pierres levées (sortes de dolmens) implantées sur la côte de Mandalahy, la falaise est exactement en position diamétralement opposée (Photo n˚ 40bis). D’ailleurs, la falaise d’Ambatomisisoratra, suite aux discours que le Président Ratsiraka prononçait, attirait bon nombre de curieux. 73 Aussi, Ambatomisisoratra, dont l’accès est actuellement règlementé, est devenu une curiosité touristique. Elle est en position avancée par rapport à Fianarantsoa, pour être le portail de la capitale du Betsileo. Photo nº 40bis Vue partielle des pierres levées (type de dolmens) sur la côte de Mandalahy, diamétralement opposées à Ambatomisisoratra
Soatanana
« Le beau village blanc ». La région Haute-Matsiatra englobe le district de l’Isandra où se trouve Soatanana, le berceau du Réveil spirituel de Madagascar, sinon de toute l’Afrique. En effet, le fameux devin sorcier Rainisoalambo devance les deux illuminés du continent africain au plan revivalisme spirituel. Le Réveil de Rainisoalambo s’est manifesté le 14 octobre 1894, tandis que celui du Libérien William Wade Harris52 et du Congolais Simon Kibangu53 ont eu lieu respectivement en 1913 et 191854 . Ainsi, la palme revient à Madagascar dans le domaine du pèlerinage au sein des centres de réveil spirituel. La diffusion sur Internet de 52 William Wade Harris, considéré comme prophète par les Harristes. Ce Libérien a évangélisé le long du littoral ivoirien. 53 Simon Kibangu, quoique son ministère du revival n’ait duré que 7 mois, il a donné naissance à l’Eglise Kibanguiste. ces données a provoqué un rush d’intéressés, pour des raisons d’informations, ou d’aventure à Soatanana. Aussi, depuis notre travail de projet tutoré et mémoire lors des années d’études en licence et maîtrise respectivement intitulés : « La randonnée granitique de l’Isandra » et « Soatanana : itinéraire culturel », plusieurs expatriés et nationaux résidant à l’étranger sont venus visiter Soatanana pendant le isantaona (du 14 au 17 septembre) ou le long de l’année.
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