UTILISATION DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES
DANS LE MARAICHAGE DANS LA FORET
Mesures de protection et de prophylaxie
Mesures de protection pendant la préparation et le traitement 39 % des producteurs n’utilisent pas d’Equipement de Protection Individuel (EPI) lors de la préparation et des traitements. Ce fort taux de personnes n’observant pas les mesures de précaution est inquiétant car les maraîchers sont très exposés aux produits ; 25,3 % des personnes rencontrées portent des masques (protège-nez) et des gants lors de la préparation et des traitements ; 11,6% portent des gants et un masque ; 5,2% portent des gants et 5,2% portent des masques. Seul 3,2% des maraîchers portent des combinaisons. La grande tendance est le sous équipement en matériels de protection des maraîchers lors de la manipulation des pesticides. Il faut signaler que seul le GIE de Kamb dispose de kit pour les traitements phytosanitaires. Figure 8 : Répartition en fonction des moyens de protection lors de la préparation et de traitements avec les pesticides. Les mesures d’hygiène 40 % des producteurs se lavent tout le corps après avoir traité leur culture; 30,5% se lavent les mains. Ils sont 20 % à se laver les mains, les bras et le visage après les traitements et seulement et 9,5% se lavent les mains et les bras. 65,2 % des personnes rencontrées lavent systématiquement leurs vêtements après les opérations de traitement tandis que 13,8% le font parfois et 10,5% lavent rarement leur vêtement et 10,5% ne le font jamais. Ce faible taux d’observation des mesures d’hygiène montre que producteurs sont très exposés aux risques d’intoxication. Comme précaution pour éviter de s’intoxiquer par les pesticides, un nombre important des enquêtés (30,5%) portent au moins un équipement de protection comme mesure préventive ; certains prennent du thé et/ou du lait et d’autres soit 27,6% ne prennent aucune mesure de précaution. Plus inquiétant, les fatalistes qui disent que Dieu protège (5%). Le tableau 10 indique les différentes mesures prises pour éviter les intoxications. Tableau 10 : Les moyens utilisés pour éviter les intoxications. Moyens utilisés pour éviter les intoxications Fréquence (%) porter au moins un moyen de précaution/ se protéger Prendre du lait et/ ou du thé Pas de précaution Non répondu Dieu me protège Eviter le contact avec le produit Se laver avec l’eau de javel ou détergent.
Stockage et devenir des emballages vides de pesticides
Stockage des pesticides 53,7% de la population ont indiqué stocker des pesticides contre 46,3 % qui ont indiqué ne pas le faire ; parmi ceux-ci, 72,5% gardent les pesticides dans les buissons ; 17,6 % les gardent dans des cabanes de fortune ; 6% les gardent sous terre et seulement 3,9% les stockent à l’air libre. La majorité des cabanes qui servent de magasin (77,8 %) sont fermés à clef ; aucune d’entre elles n’est aérée et ne porte d’instructions sur la dangerosité des produits. Le stockage des pesticides dans la forêt est une pratique potentiellement dangereuse qui pourrait porter atteinte aux animaux sauvages et domestiques. 24 Figure 10: Répartition des lieux de stockage de pesticide. Devenir des emballages vides de pesticides 44,1% des producteurs jettent leurs emballages vides de pesticides après l’utilisation ; 28,3% les mettent sous terre ; 14,6% les envoient à la décharge ; 9,5% les brûlent et seulement 3,2 % les réutilisent à d’autres fins. Le fait de jeter les emballages vides de pesticides dans la forêt est potentiellement dangereux. Ils peuvent recueillir des eaux de pluies qui pourraient être bues par les animaux. De plus, les eaux de rinçage des emballages peuvent se retrouver dans les eaux de surface et le sol. La fréquentation de la forêt par les enfants des villages riverains peut présenter un risque d’intoxication car les enfants peuvent les utiliser à d’autres fins.
Modes et fréquences d’emploi de pesticides
Fréquence des traitements phytosanitaires 37% des personnes interrogées traitent leur culture 2 fois par mois ; 29% plusieurs fois par mois. Ils représentent 21% à le faire 3 fois par mois et seulement 13% une fois par mois. La forte fréquence de traitement peut entrainer l’accumulation des résidus de pesticides sur les produits agricole et dans l’environnement ce qui représente un risque potentiel d’intoxication et de pollution. Certains maraîchers de notre échantillon ont déclaré que le traitement des cultures était plus élevé pendant l’hivernage. Selon eux, les attaques sont intenses pendant cette période. Figure 3 : Producteur en opération de traitement (A TRAORE, 2017) Mode d’emploi des pesticides Tous les maraichers ont déclaré diluer les pesticides dans l’eau avant leur emploi. Ils utilisent deux formulations de pesticides, une formulation concentrée émulsifiable (EC) majoritaire et une formulation poudre mouillable (PM). Les résultats de l’enquête montrent que 95% pratiquent la pulvérisation comme moyen d’épandage et 5% l’aspersion avec une bouteille en plastique percée ou un arrosoir. Ces derniers sont les plus exposés aux risques d’intoxication.
Effets probables des pesticides sur la santé, l’environnement et les organismes non cibles
De nombreux pesticides sont toxiques pour les insectes bénéfiques, les oiseaux, les mammifères, les amphibiens ou les poissons. L’empoisonnement de la faune sauvage dépend de la toxicité d’un pesticide et de ses autres propriétés (par exemple, les pesticides solubles dans l’eau peuvent polluer les eaux de surface), de la quantité appliquée, de la fréquence, du moment et de la méthode de pulvérisation (par exemple, la pulvérisation fine à tendance à être emportée par le vent), du climat, de la structure de la végétation et du type de sol. Les insecticides, rodenticides, fongicides et les herbicides, encore plus toxiques, menacent la faune sauvage qui y est exposée. Les organochlorés tels que l’endosulfan, fortement persistants dans l’environnement est utilisé dans la FCM. Le carbofurane, le chlorpyrifos, le dimethoat et la cyhalothrine (utilisés dans la FCM) sont des pesticides hautement toxiques pour les abeilles, bourdons et autres insectes bénéfiques (ISENRING, 2010). La dangerosité de certains pesticides sur la fonction de reproduction a été prise sérieusement en considération à la suite des conséquences dramatiques liées à l’emploi du dibromochloropropane (DBCP). Il a été employé jusqu’à la fin des années 1980 dans les cultures bananières d’Amérique centrale, d’Asie du Sud-Est et de la Caraïbe. La mise en cause du DBCP fut sans équivoque, entraînant peu de temps après son bannissement aux États-Unis (MULTIGNER, 2005). Plusieurs pesticides, anciens ou d’usages actuels, sont considérés comme des perturbateurs endocriniens. L’endosulfan est considéré comme un perturbateur endocrinien et serait donc susceptibles d’induire des effets néfastes sur la santé par une atteinte du fonctionnement du système endocrinien (MULTIGNER, 2005). Le tableau suivant donne le devenir des pesticides utilisés dans la FCM dans l’environnement et le niveau de leurs effets négatifs sur la santé, l’environnement et les organismes non ciblés.
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