UTILISATION DES MOYENS DE COMMUNICATION DANS LES ENTREPRISES

UTILISATION DES MOYENS DE COMMUNICATION DANS LES ENTREPRISES DE LA FILIÈRE DE LA SOIE EN INDE

Quels facteurs influent le fait d’accorder ou non un rendez-vous ?

Au total, nous avons tenté de contacter 155 entreprises. Pour 25 d’entre elles nous n’avons pas réussi à établir de contact, soit que personne ne répondait au téléphone, soit que le numéro était erroné ou que le chef d’entreprise et/ou son représentant était absent. Un contact téléphonique effectif a donc eu lieu avec les représentants de 130 entreprises dont la moitié environ nous ont accordé un rendez-vous, pour aboutir à 72 questionnaires exploitables. Au cours de nos prises de contact, nous avons eu, par moment, l’impression que certains facteurs influençaient le fait que les chefs d’entreprises nous accordent ou non un rendez-vous. Notamment, il nous semblait très difficile d’obtenir un rendez-vous dans Choudeswari Temple Street, dans laquelle concentrées de nombreuses entreprises de fabricants-grossistes. De même il nous semblait plus aisé d’obtenir un rendez-vous d’un exportateur que d’un détaillant. On peut donc formuler l’hypothèse qu’il serait plus facile d’obtenir un rendez-vous dans certains quartiers de la ville ou parmi les représentants de certaines activités. Il est nécessaire de mesurer l’importance éventuelle de ces biais. Nous avons retenu trois facteurs qui semblent pouvoir exercer une influence sur l’attribution ou non d’un rendez-vous : – Le mode de contact, tel que nous l’avons détaillé plus haut. – La position de l’entreprise contactée dans la filière de la soie. – La localisation géographique de l’entreprise dans Bangalore (Cf. carte 4.4). Bien entendu, il est fort probable que d’autres facteurs ont pu conditionner le résultat, tels que la date de création de l’entreprise ou sa taille. Malheureusement, si nous disposons de ces données pour les entreprises dont nous avons rencontré les représentants, ce n’est, par définition, pas le cas pour les autres. Il y a plusieurs manières de définir le refus64. Pour notre part nous avons étudié les cas pour lesquels le refus faisait suite à un contact téléphonique effectif. Le résultat de la prise de contact est donc traduit de la manière suivante : – Accord : lorsque que le contact a eu lieu, que le rendez-vous a été pris, que le représentant de l’entreprise a été rencontré et le questionnaire rempli. – Refus : lorsque le questionnaire n’a pas été rempli, soit parce que le représentant de l’entreprise a refusé de nous rencontrer, soit parce qu’il remettait sans cesse ce moment  à plus tard, soit, enfin, parce qu’il était absent lorsque nous nous sommes présentés au rendez-vous qu’il nous avait accordé.

La relation entre le moyen utilisé pour obtenir les coordonnées des entreprises en vue de solliciter un rendez vous et le résultat de la prise de contact n’est pas très significative65. Le moyen le plus efficace pour la prise de contact est l’e-mail (mais il faut rappeler qu’il ne concerne que 7 cas sur les 72) suivi par la recommandation. L’utilisation des pages jaunes semble plus aléatoire puisque à peine 48 % des personnes contactées acceptent d’accorder un rendez-vous. L’activité des entreprises n’a pas joué dans le fait d’obtenir ou non un entretien. Il y a une indépendance totale66 entre les variables. Le taux de succès est remarquablement constant ce qui est rassurant quant aux biais qu’aurait pu introduire cet effet dans la suite des analyses. Pour tester la possibilité d’un éventuel biais géographique, la ville a été découpée en 6 zones que nous avons élaborées de manière à ce qu’elles soient le plus homogène possible en fonction de nos connaissances de la ville (Cf. carte 4.4). Nous pouvons remarquer des variations sensibles du taux de refus selon les zones géographiques : le « Centre Nord » où le taux de refus est beaucoup plus élevé : sur 7 entreprises seules 2 nous ont accordé un entretien ; le « Centre 2 » et le « Centre Sud » où le taux de refus est beaucoup plus faible. Le reste de la ville présente un taux conforme à la moyenne. Il ne faut toutefois pas surestimer ces variations qui sont en partie l’effet de la faiblesse de l’échantillon. Un test statistique montre que les variations observées précédemment ne sont que peu significatives67. Le fait que tous les entretiens sollicités ne nous aient pas été accordés ne semble donc pas introduire de biais notable dans notre enquête, au moins pour ce qui concerne les critères que nous avons pu tester.

Construction des tableaux

L’exploitation des résultats de l’enquête a nécessité la création de différents tableaux. Le tableau initial de données a été transformé en deux autres tableaux permettant de mieux analyser les relations des entreprises et des outils de communication mobilisés. Nous disposons donc de trois tableaux élémentaires. Pour chacun d’eux nous avons construit ensuite une version qualitative, (les variables quantitatives ont été discrétisées) et une version en « disjonctif complet » (où chaque modalité des variables discrètes devient une suite de variables booléennes codées en 0/1 selon qu’elles vérifient ou non la modalité). Les trois tableaux initiaux (Cf. annexe E)sont les suivants : Le tableau des entreprises compte 72 individus, et un grand nombre de colonnes (87 !). Cellesci décrivent à la fois l’entreprise elle-même, c’est-à-dire la date à laquelle elle a été créée, son activité telle qu’inscrite dans les pages jaunes, le nombre total des ses employés et pour chaque branche d’activité le nombre de personnes qui y travaillent. Nous trouvons ensuite le nombre d’interlocuteurs pour chaque type d’espace (Bangalore, Inde du Sud, Inde du Nord et pays étrangers) et chaque catégorie d’interlocuteur (client, fournisseur, sous-traitant). Enfin, pour chacune de ces relations la fréquence à laquelle est utilisé chacun des six moyens de communications sur lesquels portait notre étude.

Ce tableau permet la description complète des entreprises qui composent notre échantillon, mais il est inadapté pour certains traitements, notamment bivariées ou multivariées. Il a l’inconvénient de présenter un grand nombre de cases non renseignées. Etant donné qu’une relation dans un type d’espaces et avec un type d’interlocuteur peut ne pas exister pour une entreprise donnée, le nombre d’interlocuteurs pour cette relation est « 0 » et les fréquences d’utilisation des moyens de communication ne sont pas renseignées. Le tableau des relations des entreprises compte 348 individus. Un individu est ici, une relation existante entre une entreprise et un type d’interlocuteur donné dans un espace donné68. Nous n’avons donc ici que les relations effectives. Lors de cette manipulation, les variables renseignant sur le nombre d’interlocuteurs par type dans chaque espace deviennent de fait les modalités d’une variable quantitative (nombre d’interlocuteurs pour la relation), et de deux variables qualitatives : zone géographique et type d’interlocuteur. Quant aux fréquences d’utilisation des moyens de communications, elles deviennent, elles aussi, les modalités de variables plus englobantes, chacune étant un moyen de communication. Ce tableau ne comprend pas de données manquantes et ne compte plus que 19 variables. C’est le tableau qui sera le plus largement utilisé lors des analyses bivariées et multivariées. Il permet notamment de décrire un type de relation en fonction des paramètres qui caractérisent l’entreprise. Le tableau des modes de communication utilisés par les entreprises pour leurs relations comprend 2088 individus. Chacun représente une relation utilisant un type de moyen de communication entre une entreprise et un type d’interlocuteur dans un type d’espace. Les variables précédentes introduisant la fréquence d’utilisation de chaque moyen de communication deviennent les modalités de deux variables qualitatives, l’une recouvrant l’ensemble des fréquences l’autre l’ensemble des moyens de communication. Nous n’avons que très peu utilisé ce dernier tableau qui ne permettait pas des analyses très fines.

TYPOLOGIE DES ENTREPRISES ENQUETEES

De difficiles problèmes de catégorisation des entreprises

Les premiers résultats fondés sur la catégorisation des pages jaunes semblaient pertinents. La localisation dans Bangalore des entreprises était conforme à ce que leur activité (Cf. Chapitre 3, et annexe D) pouvait laisser attendre. Ainsi, les grossistes que nous avons rencontrés sont majoritairement localisés autour de Jumma Masjid Road, les moulineurs et petits tisserands en bordure de ce quartier et dans la périphérie sud-ouest, et les exportateurs dans la périphérie sud-est (Cf. Carte 4.5 et 4.6). D’autre part, lors du séjour, et au fur et à mesure de l’avancement du questionnaire, nous avions remarqué des corrélations qui nous semblaient significatives sur les relations entre la taille, l’activité, la dispersion spatiale des interlocuteurs et l’équipement en moyens de communication. Toutefois les premiers résultats d’analyse des données se sont révélés très difficiles à interpréter et ils faisaient apparaître des résultats parfois contraires aux observations empiriques. Nous nous sommes alors aperçus que la plupart des résultats contraires à l’intuition provenaient des entreprises que nous avions catégorisées comme « fabricants-grossistes ». Cette catégorie regroupe en effet des réalités très différentes. Des entreprises de négoce bien représentées par le vocable « grossistes » mais pas par celui de « fabricants », (elles ne font qu’acheter puis revendre), y côtoient des entreprises qui intègrent des activités productives comme le tissage, la teinture ou la broderie. Les réseaux de sous-traitance, de « jobwork69 » rendent également difficile l’appréciation de certaines caractéristiques des entreprises, comme la taille ou l’intégration de telle ou telle activité. Ainsi, les fabriques (powerloom units) sont souvent décentralisées et distribuées dans des ateliers par les fabricants-grossistes et les exportateurs de manières à éviter les restrictions légales du Factory Act (Sinha S. 1990) : alors même que ces ateliers peuvent ne travailler qu’exclusivement pour eux, les représentants des firmes les déclaraient en tant que sous-traitants. Comme nous avions anticipé les problèmes que pourraient induire une classification a priori des entreprises, nous avions introduit dans le questionnaire (Cf. annexe B) plusieurs questions permettant de reconstruire a posteriori des catégorisations plus pertinentes.

Nous avons tout d’abord toujours pris soin de demander à notre interlocuteur de faire la distinction entre les personnes employées directement par la firme et ceux qui étaient « subcontractor » ou « jobworker ». Nous avons ensuite relevé pour chaque entreprise la répartition des employés dans les différentes étapes de la filière de la soie depuis le moulinage des fils de soie jusqu’aux différentes activités commerciales. Cette solution a permis d’introduire les associations de types d’activités au sein des entreprises et surtout de clarifier les statuts des grossistes en fonction de leur niveau d’intégration des activités productives et de leur implication dans les marchés nationaux et internationaux. Nous avons toutefois conservé la catégorisation initiale, sans lui donner un rôle actif70 dans les analyses multivariées suivantes. En effet, du fait qu’elle est basée sur la catégorisation des pages jaunes et sur la déclaration des chefs d’entreprises euxmêmes, elle peut se révéler être un outil intéressant d’aide à l’interprétation. Nous l’avons également utilisée de manière active dans certaines des analyses bivariées. Il faut ajouter que les réseaux communautaires, surtout familiaux, peuvent conduire également à des confusions lors de la collecte des données. Ainsi faut-il, quand les différentes entreprises des membres d’une fratrie ont des activités complémentaires (tissage, teinture, broderie…) et puisque toutes les entreprises appartiennent à la même famille, considérer les relations entre ces entreprises comme des liens commerciaux, de sous-traitance ou comme l’intégration des différentes étapes de la production au sein d’une même firme ? Nous avons pris le parti d’individualiser les différentes firmes d’une même famille, mais ce choix comporte une certaine part d’arbitraire et nous avons pris soin de garder cet arrière-plan social pour éclairer les relations commerciales.Interactions entre les variables de cadrage Avant d’analyser le problème spécifique de l’utilisation des technologies de communication et d’information dans la filière de la soie, il nous a semblé important d’établir un panorama général des entreprises à l’aide des variables de cadrage. Il était surtout essentiel de démêler les interactions qui pouvaient exister entre ces variables.

Nous disposions de cinq variables (Cf. annexe F). Trois décrivaient les entreprises : taille, ancienneté et activité. Comme nous l’avons précisé dans le paragraphe précédent, la variable « activité » reprend la catégorisation fournie par les pages jaunes de Bangalore et modifiée par nous lors du séjour et de l’avancement de l’enquête. Les deux autres variables décrivaient les interlocuteurs : leur localisation et le type71. Figure 4.1 : interaction entre les variables de cadrage Lors de notre enquête de terrain nous avions pressenti qu’il y avait une relation entre la taille des entreprises et leur activité. En particulier, les entreprises de toronnage demandent une main d’œuvre importante même si ce sont le plus souvent des structures familiales (G. Ramakrishna Silk Twist Factory compte 42 employés). Les entreprises exportatrices qui intègrent des activités productives comme Silktex International ou Bharat Silk comptent plusieurs centaines d’employés72. Ces résultats intuitifs devaient être validés et d’autres corrélations ou absences de corrélation n’étaient pas aussi aisément perceptibles (Cf. figure 4.1). L’analyse statistique confirme que les types d’entreprises qui intègrent le plus d’activités productives comme les exportateurs ou certains grossistes ont, globalement, un contingent d’employés plus important. Comme le montre le tableau suivant, les entreprises de vente au détail sont sous-représentées dans la catégorie « plus de 50 employés » et sur-représentées dans la catégorie « moins de 10 employés ». La tendance est inversée pour les entreprises exportatrices qui sont plus de 58 % à avoir des entreprises de plus de 50 employés. Les moulineurs qui, malgré la mécanisation, doivent avoir de nombreux employés sont 62 % à avoir entre 10 et 50 employés. La place de l’entreprise dans la filière de la soie a donc bel et bien une influence sur le nombre d’employé. Cette relation n’est pas linéaire et dépend essentiellement de l’intégration des activités productives.

Tableau 4.4 : activité et taille de l’entreprise – de 10 employés 10 à 49 employés 50 employés et plus Détaillants +++ + – – – Exportateurs – – – – +++ Grossistes ns – ns Moulineurs – +++ ns +++ /- – – : sur / sous-représentation significative au seuil de 0.01 ++ / – – : sur / sous-représentation significative au seuil de 0.05 + / – : sur / sous-représentation significative au seuil de 0.1 ns : non significatif. La seconde relation significative73 concerne les variables ancienneté et activité. Il est vraisemblable que la longévité d’une entreprise peut favoriser la diversification de ses champs d’activités et la complexification technique ou géographique. Ainsi, une entreprise qui était initialement une entreprise de vente en gros peut, au cours du temps, chercher à élargir son aire de marché et se lancer dans l’exportation. De fait, il est très rare que la date à laquelle les entreprises se lancent dans l’exportation soit la même que celle à laquelle elles ont été créées. Les autres relations sont plus délicates à expliquer. Tableau 4.5 : activité et ancienneté de l’entreprise Avant 1970 De 1970 à 1979 De 1980 à 1989 Depuis 1990 Détaillants + – – ns ns Exportateurs ++ ns ++ – – – Grossistes – – – +++ – – ++ Moulineurs ns ns ++ – +++ /- – – : sur / sous-représentation significative au seuil de 0.01 ++ / – – : sur / sous-représentation significative au seuil de 0.05 + / – : sur / sous-représentation significative au seuil de 0.1 ns : non significatif. Le tableau 4.5 permet de constater qu’une relation significative existe entre le type d’interlocuteur et leur localisation.Toutefois le tableau des sur-représentations ou sousreprésentations locales (tableau 4.6) compte de nombreuses cases où la relation n’est pas significative. Ce tableau met en évidence une sur-représentation des relations de sous-traitance à Bangalore : plus de 62 % d’entre eux y sont localisés. Lors des enquêtes de nombreux interlocuteurs avaient souligné l’importance d’une surveillance rapprochée des sous-traitants, ceux-ci appartenant au secteur informel et souffrant, selon eux, d’un important manque d’éducation. La proximité avec cette catégorie d’interlocuteurs semblait donc primordiale. Au contraire, nous pouvons supposer que les entreprises cherchent au maximum à étendre leur aire de marché et que, par conséquent, les clients vont être très dispersés dans l’espace.

Toutefois la seule zone dans laquelle la sur-représentation des clients est significative est celle constituées par les pays étrangers. Il est vrai que la plus part des interlocuteurs à l’étrangers sont des clients, même s’il y a un petit nombre de fournisseurs en Chine. Tableau 4.6 : type et localisation des interlocuteurs Client Fournisseur Soustraitant Bangalore – ns +++ Inde du Sud ns ns ns Inde du Nord ns ns ns Pays Etranger ++ ns – – – +++ /- – – : sur / sous-représentation significative au seuil de 0.01 ++ / – – : sur / sous-représentation significative au seuil de 0.05 + / – : sur / sous-représentation significative au seuil de 0.1 ns : non significatif. La localisation des interlocuteurs entretient une relation fortement significative avec la taille75 et l’activité76 de l’entreprise. Nous nous attendions à ce que la taille des entreprises soit corrélée à la dispersion de leurs interlocuteurs puisque les grandes entreprises, disposant de plus de moyen sont plus capables que les autres d’assumer cette dispersion. On observe en effet (Cf. graphique 4.1) que la proportion d’interlocuteurs dans chaque aire géographique tend à diminuer en fonction de l’éloignement pour les entreprises de moins de 10 employés et les entreprises de 10 à 50 employés, tandis que cette diminution est beaucoup moins marquée pour les entreprises de plus de 50 employés. 62 % des entreprises qui ont des interlocuteurs à l’étranger sont de grande taille.  

Typologie des entreprises

Lors d’une première série de tests nous avons rencontré des difficultés avec la catégorie des entreprises proposée par les pages jaunes. En effet, il arrivait souvent que les entreprises des grossistes semblent avoir le même comportement que des détaillants ou au contraire que des grands exportateurs. Nous nous sommes alors rendu compte que cette catégorie recouvrait en fait un grand nombre de situations, du petit négociant aux grosses entreprises qui pratiquent largement l’exportation. Il nous a semblé utile, pour pouvoir étudier avec précision l’utilisation des moyens de communication par les entreprises, de disposer d’une catégorisation des entreprises plus fine que celle dont nous disposions. La nature qualitative des variables, rendait nécessaire la transformation du tableau en tableau disjonctif complet77. Une analyse des correspondances multiples78 permet de mettre en évidence les principales différenciations entre les entreprises, surtout en matière d’intégration des activités puisque nous avons introduit les variables qui décrivent la présence ou l’absence d’une activité particulière au sein de l’entreprise79. La forte valeur propre du premier axe et la rupture qui existe entre lui et les suivants indique qu’il synthétise l’essentiel de l’information. Les axes factoriels suivants ne font qu’apporter des informations complémentaires ou des nuances par rapport aux différenciations introduites par le premier axe.

Le premier axe : une différence de taille

Graphique 4.2 : premier axe factoriel de l’analyse des correspondances multiples des entreprises Nota : Cf. annexe F. pour les intitulés des variables. Toutes les variables relatives aux activités de production et à la localisation des sous-traitants contribuent de manière significative à la constitution de ce premier axe factoriel. Du côté positif de l’axe, les modalités les plus significatives concernent la présence d’une activité de vente à l’exportation dans l’entreprise et, logiquement, celle de fournisseur et clients localisés à l’étranger. A l’opposé jouent l’activité de vente au détail, les modalités des variables décrivant la localisation d’interlocuteur à Bangalore même et deux des modalités décrivant la taille. Ainsi, ce premier axe factoriel oppose les petites entreprises, essentiellement de vente au détail, aux grandes entreprises d’export intégrant de nombreuses activités de production. Les interlocuteurs sont localisés de manière privilégiée à Bangalore pour les premières, dans les pays étrangers pour les secondes. Le niveau d’internationalisation semble donc être le principal facteur de différenciation des entreprises. 4.2.3.2 Les nuances apportées par les autres axes Le premier axe factoriel de cette analyse suggère une structure globale forte, marquée à la fois par le degré de « localité » ou d’internationalisation des entreprises corrélativement à leur taille, et, surtout, par l’intégration en leur sein de nombreuses activités productives. Les axes factoriels suivants introduisent des variantes à cette structure. Le deuxième axe factoriel différencie les entreprises selon la répartition géographique de leurs interlocuteurs en Inde. Les relations à l’international ne jouent pas dans la formation de cet axe. On trouve ainsi du côté négatif de l’axe des entreprises caractérisées par l’activité de vente en gros (et également l’absence en leur sein d’activité productive) et par la localisation de leurs clients en Inde du Nord et du Sud. A contrario leurs fournisseurs et sous-traitants sont localisés plutôt à Bangalore et en Inde du Sud. Les entreprises bien représentées par cette tendance sont des entreprises de grossistes comme Ankit Silk Pvt Ltd, Sri Niketan, BMV Marketing…

Ce sont donc avant tout des entreprises de négoce qui servent d’intermédiaires entre des producteurs locaux et des clients nationaux. Le côté positif de l’axe rassemble plutôt des entreprises de vente au détail dont les fournisseurs sont en Inde du Nord et du Sud et les clients à Bangalore. Les entreprises qui sont bien représentées par cette tendance n’intègrent également aucune activité productive et aucune autre activité marchande. On trouve ainsi les entreprises suivantes : Sreemati Silks, Rukmini Hall et Vijayalakshmi Silks & Saris. Le troisième axe factoriel réintroduit une légère différenciation au niveau de la taille, mais c’est la position dans la filière de la soie qui semble faire la distinction entre les entreprises. On trouve du côté positif de l’axe aussi bien des petits moulineurs (Bhagyalakshmi Silk Factory) que des gros exportateurs (Swan Silk House). Ces entreprises ont en commun une activité importante en début de filière (moulinage, tissage) et ont été créées entre 1970 et 1980. Du côté négatif, les entreprises sont encore plus hétérogènes au niveau des activités déclarées. Nous y trouvons des détaillants (M. Fazal & Sons), des grossistes (Aparnaa Saris), et des exportateurs (ESI limited, Pathi Exports…). Ces entreprises sont plutôt de grande taille et elles sont à la fois marquée par la localisation de leur fournisseurs (en Inde du Nord et à Bangalore) et par le fait qu’elles intègrent des activités de fin de filière, comme la teinture et l’impression (et aussi pour certaines d’entre elles la broderie). Elles sont aussi plus récentes que les précédentes. Enfin, le quatrième axe factoriel met en avant les particularités de quelques entreprises dont certaines caractéristiques ne sont pas tout à fait conformes à ce à quoi on pourrait s’attendre compte tenu de leur activité. Ainsi cet axe reprend en partie la tendance lourde introduite par le premier axe factoriel, c’est-à-dire le niveau d’internationalisation des entreprises. Mais ici les entreprises les plus internationalisées sont plus petites et celles qui sont le plus caractérisées par le caractère local de leurs relations sont les plus grandes et surtout sont celles qui intègrent le plus d’activités. Cet axe met donc en avant des exceptions : de petits exportateurs (Harmony Silk) ; des grossistes exportateurs qui sont seulement négociants et s’approvisionnent surtout de manière locale (Bafna Silk) ; de grosses entreprises qui intègrent des activité de début de filière mais aussi de vente en gros (Prabhu Silk Mills) et parfois également de vente au détail (Karnataka State Silk Industrie Corporation). Après le quatrième axe, les axes factoriels n’apportent plus beaucoup d’informations. Ces informations sont, de plus, trop spécifiques à quelques cas particuliers pour avoir un intérêt pour l’ensemble des entreprises. Cette étude permet de mettre à jour l’inadéquation de la catégorisation « a priori » des activités proposées par les pages jaunes de Bangalore, (en particulier en ce qui concerne les fabricants-grossistes, dont la catégorie recouvrait un multitude de situations) et confirme la nécessité d’établir une typologie « a posteriori » afin de disposer d’une description plus détaillée des entreprises, et par conséquent de pouvoir mener des analyses plus pertinentes sur l’utilisation des moyens de communication en fonction des types de firmes. 

Typologie « a posteriori » des entreprises

Tout d’abord, le graphique suivant permet de se rendre compte de l’inadéquation pour notre étude de la catégorie des pages jaunes. En effet, on y voit que le groupe des grossistes est divisé en quatre nouvelles catégories, que des nuances sont apportées parmi les entreprises qui s’étaient inscrites comme exportatrices dans les pages jaunes et que quelques détaillants sont devenus des moulineurs.

Table des matières

Introduction générale
Partie I : Les technologies d’information et de communication, le développement de l’Inde
Chapitre 1 De la Route de la Soie aux Autoroutes de l’Information
1.1 : Une idée reçue ?
1.2 : T.I.C.s et développement : Les thèses en présence
Chapitre 2 Les Télécommunications en Inde
2.1 : Les télécommunications, le monde et l’Inde
2.2 : A l’échelle du pays : Le miracle indien des télécommunications
2.3 : Différentes échelles des disparités de la répartition des télécommunications en Inde
Partie II : Communiquer au Fil de la soie
Chapitre 3 : Histoires de soie
3.1 : Diffusion de la sériciculture autour du monde
3.2 : Dévoilons le secret de la soie : principes généraux de la sériciculture
3.3 : Production de la soie en Inde
Chapitre 4 : Enquête et création des typologies
4.1 : L’enquête et la mise en forme des données
4.2 : Typologie des entreprises enquêtées
4.3 : Typologie de l’utilisation des moyens de communicationdans les entreprises enquêtées
Chapitre 5 : Contextes de l’utilisation des moyens de communication et modification dans le temps
5.1 : Utilisation des moyens de communication par les firmes
5.2 : Les déterminants de la fréquence d’utilisation des moyens de communication
5.3 : Les déterminants de la fréquence d’utilisation des moyens de communication toutes choses égales par
ailleurs
5.4 : Modification de l’utilisation des moyens de communication dans le temps
Partie III : Une nouvelle route de la soie ?
Chapitre 6 : De la Route de la Soie aux Autoroutes de l’Information
6.1 : Le commerce contemporain de la soie
6.2 : La route de la soie
6.3 : Parallèles et postérités
Chapitre 7 : Diffusion de L’Utilisation d’un « site annuaire »
7.1 : Une base de données spatio-temporelle originale
7.2 : Création et évolution de la base de données
7.3 :: Diffusion des inscriptions : l’effet massif de la taille
7.4 : Interactions. Les facteurs de la diffusion toutes choses égales par ailleurs (logit)
7.5 : La prise en compte du temps
Chapitre 8 : www.soie.com
8.1 : Pourquoi s’implanter sur la toile ?
8.2 : Utilisation(s) des sites Internet dans la filière de la soie
8.3 : Internet trouve-t-il sa place dans la filière de la soie ?
Conclusion générale

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