Degré de dénutrition
Toute diarrhée renforce la malnutrition, et la malnutrition aggrave la diarrhée. L’appréciation du degré de dénutrition chez l’enfant diarrhéique n’est pas aisée. De même, il est difficile d’estimer le degré de déshydratation chez l’enfant malnutri.
Il faut éviter de considérer abusivement le marastique comme un déshydraté. De même, il faut chez le kwashiorkor, s’appliquer pour détecter un état de déshydratationque les oedèmesrisquent de camoufler.
Traitement
Les traitements sont essentiellement basés sur la prévention des deux complications des diarrhées :la déshydratation et la dénutrition.
Réhydratation des diarrhéiques
La réhydratation des enfants diarrhéiques peut être faite à titre préventif, ou atitrecuratif.
• La diarrhée provoque une perte importante de liquides. Non compensée,cette perte entraîne un état de déshydratation plus ou moins sévère,pouvant même êtremortel.
• Les« Sels de RéhydratationOrale » ou SRO
Pour que l’eau ingérée soit absorbée, il faut qu’elle soit associée à du sodium et au glucose. Une formule recommandée par l’OMS comporte pour un litre d’eau propre :
– 3,5 g dechlorure desodium,
– 2,5 g debicarbonatede soude,
– 1,5 g dechlorure depotassium,
– 20 g deglucose.
Elle est conditionnée sous forme de sachets de poudre à dissoudre diffusée par l’UNICEF ou élaborée par les la boratoirespharmaceutiques.
• Solution de réhydratationorale
Si l’on ne dispose pas de sachet de réhydratation, la mère doit apprendre à préparer la solutionorale.
Dans un litre d’eaupotable,on met :
– une cuilleréearasée de sel,
– 8 cuilléréesarasées de sucre.
Mélanger le tout et utiliser la solution obtenue comme on utilise le sachet de SRO. La fuite de potassium doit être compensée par l’adjonction d’aliments contenantce produit,par exemple :
– bananeplantain,
– laitde noix de coco,
– jus decitron,
– jus d’orange,
– papaye,
– tomate.
Stratégie de communication
Au cours de ces dernières années, l’expérience pratique a entraîné une évolution de la stratégie de communication. Actuellement, la mobilisation sociale laisse peu à peu la place à une communication qui débouche plus directement sur un changement du comportement.
La communication est une stratégie qui exige une interaction de personne à personne avec les membres de la collectivité et non pas avec seulement les responsables.
De même, on reconnaît aujourd’hui qu’un changement durable ne peut s’opérer que si la collectivité elle-même identifie les problèmes et définit les activités à réaliser.
Les activités qui visent à attribuer aux collectivités locales, la responsabilité de mobiliser la population doivent obtenir la priorité pour une intériorisation progressive du nouveau comportement à adopter. La diarrhée est un phénomène pathologique qui survient fréquemment dans les collectivités surtout chez les enfants. Les mesures de propreté et d’hygiène alimentaire jouent un grand rôle dans la prévention de la maladie. La thérapie de réhydratation par voie orale nécessite un effort d’adaptation volontaire pour être adoptée.
L’initiative de l’éducation pour la lutte contre les diarrhées et les autres maladies de l’enfant doit mobiliser des jeunes hommes et femmes, qui, organisés en groupe d’intervention recevront une formation suffisante pour initier et entretenir les changements de comportement souhaités au sein des communautés.
Le secteur sanitaire
Démographie
Le secteur sanitaire du CSB2 d’Isotry Central compte en 2005, 61.776 habitants répartisauniveau de 14 fokontany (tableaun° 04).
– AndavamambaAnatihazoI,
– AndavamambaAnatihazoII,
– AndavamambaAnjezikaII,
– ManarintsoaIsotry,
– ManarintsoaAnatihazo,
– AmpatsakanaIsoraka,
– CitéAmpefiloha,
– Ambohitsorohitra,
– CitéMadarail,
– AndranomanalinaI,
– AmbalavaoIsotry,
– ManarintsoaAfovoany,
– IsotryAnatihazo,
– ManarintsoaEst.
Situationgéographique
Le secteur sanitaire d’Isotry Central est essentiellement formé par des fokontany situés dans les bas quartiers du premier arrondissement de la ville d’Antananarivo(figuren° 07).
Les résultats de l’étude
Le nombre de cas de diarrhées
Au premier semestre de l’année 2005, 593 cas de diarrhées ont été enregistrés chez les enfants de moins de 5 ans au CSB2 d’Isotry Central, soit 17,8% des malades consultés du même groupe d’âge. Il s’agit d’une fréquence particulièrement élevée de la maladie diarrhéique, mais comme la période d’étude correspond à la saison des pluies (chaude et humide) pendant laquelle le risque d’avoir la maladie est élevé (Figure n° 14), la situation n’est pas différente de celle des années précédentes.
La courbe présente une variation de fréquence des maladies diarrhéiques élevée qui concerne le premier trimestre et le deuxième trimestre de chaque année, avec un nombre maximum mensuel qui ne dépasse pas 200 cas ( c’est-à-dire 10 cas par jour en comptant 20 jours ouvrables par mois). Les variations donnent à la courbe une allure de « courbe en cuvette ».
Les cas de déshydratation
Sur 593 cas de diarrhées enregistrés, notre étude a relevé dans 39,5% des cas, une diarrhée avec déshydratation. Ceci montre que plus d’un tiers des enfants diarrhéiques qui consultent au CSB2 d’Isotry Central, se présentent dans un état de déshydratationavancé,évidentcliniquement.
Il faut noter que l’absence de signes cliniques évidents de déshydratation chez un enfant diarrhéique ne constitue pas toujours un bon pronostic. Un enfant qui fait plus de 5 selles liquides par jour, avec ou sans vomissements, peut très vite présenter une déshydratation grave difficile à corriger en traitement externe si des mesures préventives n’ont pas été prises à temps.
Utilisation des sachets de SRO
Chez les enfants diarrhéiques enregistrés durant la période d’étude, 97,5% ont reçu une thérapie par réhydratation orale par le biais des SRO. L’indice d’utilisation des SRO dans la lutte contre la déshydratation est un bon indicateur de la qualité de prise en charge des diarrhées de l’enfant.
Au niveau intestinal, l’absorption de l’eau et des électrolytes ingérés par la bouche ne se fait que si le mélange contient également un sucre en quantité adéquate. C’est ce mélange de base eau-sel-sucre additionné de potassium et de bicarbonate que l’UNICEF présente dans les sachets de SRO selon la formule complète suivante :
– 20 g deglucose,
– 3,5 g desel(chlorurede sodium),
– 1,5 g depotassium(chlorurede potassium),
– Et2,5 g de bicarbonate(bicarbonatede sodium).
Afin d’augmenter la durée de conservation de ce mélange relativement instable, la formule nouvelle comporte 2,9 g de citrate de sodium à la place du bicarbonate de sodium. Outre une meilleure conservation, la formule contenant du citrate permet une réduction du volume des selles et aide à corriger l’acidose.
Au CSB2 d’Isotry central, l’utilisation des sachets de SRO en cas de diarrhées est pratiquement satisfaisante. Ce n’est pas toujours le cas au niveau des autres centres de santé de base, surtout en zone rurale où les problèmes d’approvisionnement en SRO sont fréquents :
– carences dans la gestion du stock,
– retard de livraison,
– insuffisance du budget disponible pour l’achat des sachets de SRO en quantité suffisante.
Renforcement de la prévention de la dénutrition
La prévention de la dénutrition s’appuie sur la poursuite de l’alimentation de l’enfant pendant l’épisode diarrhéique.
Enfant nourri au sein
Quand l’enfant est nourri au sein, il ne faut pas interrompre l’allaitement.
Si l’on est contraint de le faire, cette interruption doit être aussi brève que possible.
Il faut reprendre l’allaitement maternel pour compléter la solution de réhydratation orale.
Enfant au lait artificiel
Si l’enfant est au lait artificiel, lorsque les signes de déshydratation ont disparu, il faut donner le lait habituel dilué avec un volume égal d’eau propre jusqu’à l’arrêt de la diarrhée,en même temps que la réhydratationorale d’entretien.
Dès que l’appétitrevienne
Dès qu’il a retrouvé l’appétit, l’enfant de plus de 6 mois doit avoir des aliments riches en potassium tels que les jus de fruits et les bananes, des aliments énergétiques tels que les produits laitiers, les légumes, les poissons, les œufs enrichis d’huile ou de sucre.
CONCLUSION
L’étude que nous avons réalisée au CSB2 d’Isotry central sur l’évaluation de l’utilisation des médicaments essentiels dans le traitement des diarrhées de l’enfantvise à améliorer la prise en charge des maladiesdiarrhéiques.
En effet, beaucoup d’enfants ont la diarrhée et beaucoup en meurent. Il s’agit souvent, à l’origine des décès d’une prise en charge thérapeutique incorrecte.
Les résultats de notre étude montrent qu’au CSB2 d’Isotry central, la situation s’améliore puisque au premier trimestre de l’année 2005, sur 593 cas de diarrhées enregistrés, le pourcentage d’utilisation des sachets de SRO est de 97,5%, celui des antibiotiques de 33,2% et celui des anti-diarrhéiques de 14,7%.
L’amélioration de la lutte contre la déshydratation des enfants diarrhéiques entraîne une diminution de la mortalité par déshydratation.
En outre, bien que moins satisfaisant, le taux de prescription de conseils ou de régime alimentaire chez les enfants diarrhéiques a également augmenté puisqu’il a atteint 64,8%.
Afin d’améliorer encore la situation, nous avons formulé deux suggestions qui portent d’une part, sur le renforcement des stratégies de réhydratation par le classement de l’état de déshydratation par degré d’importance et l’adoption d’un plan de traitement selon la classe ou le degré identifié de déshydratation ; et d’autre part, sur le renforcement de la prévention de la dénutrition en préconisant un mode spécifique,adapté d’alimentation des enfants diarrhéiques.
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES DIARRHEES ET LA SANTE DES ENFANTS DANS LE MONDE
1. Les diarrhées de l’enfant
1.1. Physiopathologie
1.1.1. Définition
1.1.2. Les causes des diarrhées
1.1.2.1. Causes des diarrhées aiguës
1.1.2.2. Causes des diarrhées chroniques
1.1.2.3. Facteurs favorisants
1.2. Symptomatologie
1.2.1. Degré de déshydratation
1.2.2. Degré de dénutrition
1.3. Traitement
1.3.1. Réhydratation des diarrhéiques
1.3.2. Posologie
1.3.3. Renutrition
1.3.4. Les médicaments
1.3.4.1. Les anti-diarrhéiques
1.3.4.2. Les antibiotiques
2. Diarrhées et SRO dans le monde
2.1. Utilisation de la Thérapie par Réhydratation Oraleou TRO
2.1.1. Evolution de l’utilisation
2.1.2. Promotion et production de SRO
2.2. Communication et mobilisation sociale
2.2.1. Position du problème
2.2.2. Stratégie de communication
DEUXIEMEPARTIE : ANALYSE DE LA PRISE EN CHARGETHERAPEUTIQUE DES DIARRHEES DE L’ENFANT
1. Méthodologie
1.1. Cadre d’étude
1.1.1. Le CSB2 d’Isotry Central
1.1.2. Le secteur sanitaire
1.2. Méthode d’étude
1.2.1. Objectif
1.2.2. Approche et technique d’étude
1.2.3. Paramètres d’étude
2. Résultats
2.1. Nombre de cas
2.2. Cas de diarrhées avec déshydratation
2.3. Nombre Moyen de Médicaments(NMM)
2.4. Pourcentage des malades recevant un ou plusieurs antibiotiques (PMA)
2.5. Pourcentage des malades recevant un ou plusieurs antidiarrhéiques(PMAD)
2.6. Pourcentage des malades ayant reçu des sachets de SRO (PMRO)
2.7. Conseils et régimes alimentaires
2.8. Récapitulation
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES, DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
1. Commentaires et discussions
1.1. De la méthodologie
1.2. Les résultats de l’étude
1.2.1. Le nombre de cas de diarrhées
1.2.2. Les cas de déshydratation
1.2.3. Utilisation des sachets de SRO
1.2.4. Utilisation des antibiotiques,des anti-diarrhéiques et des autres médicaments y compris le SRO
1.2.5. Conseils et régime alimentaires
2. Suggestions
2.1. Renforcement des stratégies de réhydratation
2.1.1. Classement de l’état de déshydratation
2.1.2. Réhydratation orale
2.2. Renforcement de la prévention de la dénutrition
2.2.1. Enfant nourri au sein
2.2.2. Enfant au lait artificiel
2.2.3. Dès que l’appétit revienne
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE