Utilisation de races trypanotolérantes
La trypanotolérance peut se définir comme une aptitude génétiquement déterminée pour limiter l’ampleur et la fréquence des parasitémies et à faire preuve d’une sensibilité réduite aux effets pathogène des trypanosomes. Selon Itard (2000), la trypanotolérance s’observe chez les ruminants sauvages en contact permanent, depuis des milliers d’années, avec des glossines infectées ainsi que chez certaines races de taurins (Bos taurus) dont l’arrivée en Afrique date de plusieurs millénaires avant l’ère chrétienne. Elle existe également chez certaines races de moutons et de chèvres de petite taille. Cette trypanotolérance ou trypanorésistance n’est pas identique chez tous les animaux d’une même race dite trypanotolérante. En effet, chez les bovins, il ya plusieurs niveaux de trypanotolérance mais les taurins africains constituent des populations globalement plus résistantes que les zébus. Selon Itard (2000), interviennent dans le maintien de la trypanotolérance, des facteurs d’ordres écologiques et physiopathologiques. Les races trypanotolérantes ne développent une prémunition qu’à condition d’être élevées dans une région infestée de glossines. Lorsque ces animaux sont déplacés et se trouvent en présence d’espèces de trypanosomes ou de souches différentes de celle de leur aire origine, ils peuvent manifester des signes cliniques plus ou moins accusés de trypanosomose. Si ces animaux sont soustraits pendant de longues périodes aux risques d’infection, ils perdent leur état de prémunition et feront une trypanosomose lorsqu’ils seront à nouveau transférés dans une zone infestée. De telles ruptures de trypanotolérance s’observent également lors de maladies intercurrentes, de parasitisme intestinal, de carences alimentaires, de fatigue excessive. Enfin, les croisements entre animaux trypanotolérants et animaux trypanosensibles diminuent la trypanotolérance, les descendants présentant une résistance intermédiaire relativement aux résistances de leurs parents. D’après Muray (1987), la sensibilité du bétail trypanotolérant aux effets de la trypanosomose a été imputée à plusieurs facteurs de stress. L’exposition de nouvelles souches de trypanosomes conduira inévitablement à l’infection, mais la résistance génétique supérieure des races trypanotolérantes multipliera leur chance de survie. Parmi les autres stress entrant vraisemblablement en jeu, on peut citer : le travail excessif, les maladies intercurrenres, les hémorragies répétées, ainsi que la gestation, la parturition, l’allaitement et la lactation. L’état nutritionnel de l’hôte compte probablement parmi les facteurs les plus décisifs.
Techniques de réduction des populations de glossines
Les principales techniques de réduction : La pose de pièges et d’écrans imprégnés de deltaméthrine dans les zones humides de la zone cible (Céné et al., 2005). La pulvérisation de gîtes à glossines les plus denses par de la deltaméthrine. Le traitement à la deltaméthrine des animaux (Bouyer et al., 2005) par « pour on » par pulvérisation ou pédiluve de deltaméthrine (Bouyer et al., 2009; Bouyer et al., 2008; Bouyer et al., 2007). L’entourage des étables par des filets moustiquaires imprégnés de deltaméthrine dans le cas de certains élevages modernes. Piège biconique Pulvérisation d’insecticides Entourage des étables par des filets moustiquaires Figure 6 : Différentes techniques de réduction des glossines Dans tous les cas, l’insecticide utilisé sera un pyréthrinoïde de synthèse, réputé biodégradable à court terme : la deltaméthrine. Les insecticides sont des substances ou préparations actives ayant la propriété de tuer les insectes, leurs larves et/ou leurs œufs. Ils font partie de la famille des pesticides, eux-mêmes inclus dans la famille des biocides. Les pyréthrinoïdes sont des substances artificielles, synthétisées sur le modèle de composés naturels présents dans les capitules floraux de différentes variétés de chrysanthèmes. Leur structure est celle d’esters complexes, bien liposolubles. Elles possèdent une activité insecticide et acaricide puissante, et sont largement employées en thérapeutique et dans le domaine phytosanitaire, car elles présentent l’avantage, d’être peu toxiques pour les animaux supérieurs et très peu rémanents dans l’environnement. Les pyréthrinoïdes sont connus depuis très longtemps pour leurs propriétés insecticides (dès le 1er siècle avant JC) sous la forme des chrysanthèmes. On redécouvre l’usage des chrysanthèmes (pas les espèces fleuries mais les autres) à l’heure actuelle dans la lutte bio contre les insectes (pour lutter contre les puces dans les foyers ou contre les moustiques l’été). Le problème de ces pyréthrinoïdes naturels est qu’ils sont photolabiles (se dégradent à la lumière), ce qui n’est pas pratique. Mécanisme d’action des pyréthrinoïdes Les pyréthrinoïdes exercent leur action toxique dans le système nerveux central et périphérique par une action complexe : 1°) Elles perturbent la transmission de l’influx nerveux, en bloquant les « portes » qui ferment les canaux sodiques, dont l’ouverture est responsable de la dépolarisation de la membrane du neurone. Plus la durée de l’ouverture est longue, plus la toxicité de la molécule est grande. C’est un mécanisme d’action voisin de celui des organochlorés, qui conduit à un état d’hyperexcitabilité. 2°) Par ailleurs, les pyréthrinoïdes activent les récepteurs à l’acétylcholine, et ont donc une action cholinomimétque. 3°) Enfin les pyréthrinoïdes cyanés freinent la transmission Gabaergique. Ces composés sont considérés comme les plus « modernes » des insecticides. Ils sont peu polluants car leur rémanence est en principe faible dans le milieu extérieur, mais il faut faire attention aux poissons et aux insectes non cibles qui seront exposés à une certaine toxicité. La sélectivité des molécules est liée à la pharmacocinétique. Des intoxications peuvent survenir, bénignes ou graves mais elles seront d’autant plus graves qu’il n’existe pas d’antidote! (contrairement aux anticholinesterasiques contre lesquels on a l’atropine) .