Utilisation de la sonde d’échographie abdominale dans le cadre du dépistage de l’hypertrophie ventriculaire gauche
Introduction
L’hypertension artérielle (HTA) est la maladie cardiovasculaire la plus fréquente, associée à de nombreuses complications aiguës et chroniques, notamment au niveau cardiaque, artériel, cérébral, oculaire et rénal. L’hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) est une complication chronique cardiaque, résultant des modifications architecturales tissulaires en réponse à l’HTA. Elle est associée à une augmentation du risque cardiovasculaire, et donc de la morbimortalité. En effet, la réaction hypertrophique dans l’HVG est une réponse à différents facteurs de risque (vieillissement, pression artérielle, surcharge pondérale, consommation d’alcool, apports sodés, KEYWORDS Echocardiography; Interventricular Septum; Left ventricular hypertrophy; Hypertension; Intraclass Correlation; Screening; morbi-mortality. viscosité sanguine, hypercholestérolémie, etc.) et de leurs variations dans le temps. La quantification de l’HVG reflète la pression artérielle du patient sur plusieurs semaines, et peut être comparée par analogie à l’hémoglobine glycosylée (HbA1c) qui reflète les variations glycémiques sur plusieurs semaines. L’HVG est une pathologie fréquente, dont la prévalence est augmentée chez les hommes et les patients obèses [1]. D’autre part, la présence d’une HVG prédit non seulement le risque de complications cardiaques, mais aussi extracardiaques, en particulier cérébrales [2][3][4][5] ainsi que le risque de mort subite [6][7]. La mise en évidence d’une HVG pour les patients de plus de 50 ans permet de reclasser 20% des hypertendus dans le groupe à haut risque, contre 10% avant 50 ans [8]. Aussi, l’HVG régresse sous traitement anti-hypertenseur, notamment sous inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC) ou antagoniste du récepteur de l’angiotensine II (ARA II) qui agissent surtout sur la fibrose .Les études montrent que la réduction de la morbimortalité est corrélée à la précocité de la prise en charge . Dans ce contexte, l’HVG ne peut constituer en elle-même la cible thérapeutique, son évolution ne serait qu’un témoin de l’efficacité des traitements sur les paramètres comme la pression artérielle. Il faut noter que la survenue des évènements cardiovasculaires régresse en parallèle de la diminution de l’HVG, sans même de résultats sur la baisse des pression artérielles mesurées au cabinet.
Discussion
Nous avons constaté que la sonde abdominale permettait de visualiser une coupe parasternale grand axe. Ainsi le SIV, structure superficielle, semblait accessible à une mesure. Nous avons voulu à travers cette étude étudier la fiabilité des mesures du SIV réalisées avec une sonde abdominale. Cette étude expérimentale avait comme principaux atouts d’avoir été menée de façon prospective, en double aveugle, sur deux centres hospitaliers, avec des opérateurs différents. Les sujets inclus présentaient des caractéristiques représentatives de la population générale car ils étaient sélectionnés sans motif de consultation spécifique d’une pathologie cardiaque. Nous n’avons retrouvé qu’une corrélation moyenne entre les mesures du SIV réalisées à la sonde abdominale et à la sonde cardiaque et ce, quelque soit l’opérateur, l’échogénicité ou l’appareil d’échographie utilisé. De plus, aucune progression n’a été observée pour les opérateurs utilisant la sonde abdominale. Aucune corrélation n’a été retrouvée entre l’impression visuelle d’HVG avec la sonde abdominale et l’existence réelle d’une HVG mesurée par les échographistes référents. Ces résultats s’expliqueraient en partie par les défauts de l’examen échographique tels que la variabilité inter-opérateur, l’échogénicité parfois médiocre des patients ou la qualité de l’appareillage disponible. Par ailleurs, d’autres sources d’erreur semblent spécifiques à la mesure du SIV avec la sonde abdominale. En effet, l’absence de mode Temps-Mouvement sur la sonde abdominale ne permet pas de garantir une mesure perpendiculaire, entrainant un risque important de surestimation. Par ailleurs, certaines structures cardiaques telles que les trabéculations, les muscles papillaires, faux tendons, bourrelets septaux, bien délimités avec la sonde sectorielle, apparaissent moins visibles avec la sonde abdominale. La faible résolution spatiale en profondeur de la sonde pourrait être à l’origine de ces difficultés. Ces surestimations diminuent la sensibilité de l’examen, et le décrédibilisent comme méthode de dépistage en pratique courante.
I. Résumé |