Pour la lecture des articles scientifiques au sujet de ce travail, ainsi que sa rédaction, il est impératif de connaître les conditions sociales, comportementales et environnementales des usagers de drogues illicites, afin de comprendre les enjeux et garder une vision neutre sur la population concernée.
Depuis toujours, l’être humain tente de modifier son état de conscience en consommant des substances psychoactives, que ce soit pour tester ses limites ou pour pallier à une souffrance interne, le risque étant que les usagers en fassent une consommation problématique, voire qu’ils développent une dépendance (Office fédéral de la santé publique [OFSP], 2006, p.8).
Selon le DSM IV (1996):
Les caractéristiques essentielles de la dépendance à une substance sont un ensemble de symptômes cognitifs, comportementaux et physiologiques, indiquant que le sujet continue à utiliser la substance malgré des problèmes significatifs liés à cette substance. Un mode d’utilisation répété conduit donc, en général, à la tolérance, au sevrage et à un comportement de prise compulsive (p.208).
Ainsi, la dépendance, qui conduit à une altération du fonctionnement ou une souffrance cliniquement significative, se caractérise par la présence d’au moins trois des manifestations suivantes sur une période d’au moins douze mois, qui sont toujours selon le DSM IV (1996):
Tolérance, syndrome de sevrage, consommation en quantité plus importante, désir persistant, beaucoup de temps passé pour obtenir la substance, les activités sociales, professionnelles ou les loisirs sont abandonnés et l’utilisation de substance est poursuivie, bien que la personne ait conscience d’avoir des problèmes psychologiques et physiologiques (pp. 213- 214).
La dépendance est un problème majeur, qui a d’importantes conséquences sur la qualité de vie et qui affecte l’environnement, la vie sociale et les comportements de l’individu.
En effet, selon Cormier (1984, cité dans Varescon 2005), la toxicomanie peut être vue comme un style de vie. Elle représente une sorte d’adaptation ou de stratégie de “coping” à une situation, ou à une phase de la vie, afin que la personne, n’ayant pas d’autres ressources internes nécessaires à une autre sorte de stratégie d’adaptation, puisse maîtriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes de la vie. Cela signifie que la consommation de drogues est une manière de fuir la réalité et cela devient rapidement une maladie qui échappe au contrôle des consommateurs.
En outre, selon Gervasoni, Blanc et Fueglistaler (2013):
Les jeunes consommateurs sont très souvent socialement désintégrés à la suite d’échecs scolaires, d’arrêts d’apprentissages et n’ont pas ou peu de soutien de la part des services sociaux. Ce sont souvent des jeunes issus de familles recomposées, qui ont peu de contact avec leurs parents et qui ont été victimes d’abus sexuels ou de violences familiales. On retrouve aussi parmi ces jeunes une proportion importante d’enfants de toxicomanes (p.7).
Dans cette étude, ils relèvent également que parmi les jeunes consommateurs, la proportion de femmes, d’étrangers et de célibataires est plus élevée et que la proportion ayant un domicile fixe est plus basse. Ceci démontre que ce sont, pour la plupart, des gens qui ont des difficultés sociales et cela peut les pousser à consommer.
Selon Morel, Chappard et Couteron (2012), l’abus de drogues peut également confronter les individus à des formes de précarité de type économiques, sociales, sanitaires et psychologiques. En effet, les difficultés sanitaires augmentent proportionnellement à la précarité car les consommateurs ne connaissent pas ou peu les services sanitaires existants et ne sont pas toujours au bénéfice d’une couverture maladie. Il en résulte un accès difficile ou impossible aux institutions de soins, ce qui a des répercussions sur le taux de morbidité et de mortalité des usagers de drogues, qui est d’ailleurs plus élevé que dans le reste de la population du même âge. Néanmoins, selon l’OFSP (2006), environ 65% des personnes toxicodépendantes sont en traitement et la grande majorité d’entre elles suit un traitement à la méthadone. En effet, l’application à grande échelle de ce traitement et les mesures de réduction des risques ont largement contribué à la diminution du nombre de décès même si la situation sanitaire de ces personnes n’en demeure pas moins critique.
Au niveau psychologique, les comorbidités psychiatriques sont fréquentes chez les usagers, telles que des troubles de la personnalité, la dépression, l’état d’angoisse et les troubles psychotiques qui vont renforcer cette précarité psychologique (Morel et al., 2012).
Pour résumer, la dépendance est un problème social qui peut toucher tout âge, mais les personnes ayant vécu une jeunesse problématique sont plus vulnérables de tomber dans ce cercle vicieux. En effet, de par leur style de vie, il peut en être déduit qu’ils sont prêts à faire beaucoup de sacrifices, notamment au niveau de leur qualité de vie, et de prendre de grands risques pour pallier leur besoin de consommation. La recherche de drogue prend donc une place importante dans leur quotidien et devient une de leur préoccupation primaire, ce qui les éloigne de la société et les rapproche du réseau de consommation, dont il devient difficile de se séparer. Néanmoins, on voit que la majorité de cette population se fait traiter par des produits de substitution tels que la méthadone, ce qui fait ressortir une certaine volonté de s’en sortir.
Concernant l’environnement des consommateurs, si, selon l’OFSP (2006), 10 % seulement de ces personnes n’ont pas de logement, la majorité d’entre elles est sans travail et vit de l’aide sociale. Le revenu lié à des activités illégales est par contre plus rare et la prostitution pour financer de la drogue a également diminué. Par contre, la réinsertion professionnelle reste difficile, même pour des personnes stabilisées.
Selon Morel et al. (2012), les consommateurs de drogues peuvent se retrouver dans des situations précaires de type économiques et sociales. En effet, leur statut économique précaire se manifeste par une situation professionnelle instable, des emplois non déclarés, des petits jobs, des vols, la prostitution, le deal et la difficulté à obtenir une aide sociale.
Au niveau social, il peut y avoir l’absence ou la perte de liens avec les proches et le réseau social. Les jeunes usagers peuvent se retrouver très isolés et ainsi cantonnés à des contacts avec leurs pairs consommateurs.
Le faite de prendre connaissance des définitions, de l’histoire et du sens de l’étiologie des termes, aide à avoir un regard objectifs sur l’usager de drogues illicites. Qui, de par son apparition dans le manuel diagnostique ; DSM-IV, est reconnu comme un phénomène pathologique.
1 Introduction |