Urbanisation et politiques urbaines

Ce travail s’inscrit dans une approche interdisciplinaire combinant l’économie spatiale et la macroéconomie. L’économie spatiale est l’analyse des comportements des individus économiques dans l’espace. De ce point de vue, l’espace peut s’analyser sous quatre dimensions principales : géographique, économique, démographique et sociologique . Dans cette thèse, nous mettons en évidence la liaison entre géographie et économie, en démontrant que la croissance démographique influence les politiques urbaines.

Chaque discipline a sa propre définition du concept de ville. Sur ce plan, la définition de la ville diffère selon les pays. Par exemple au Canada, la population minimale pour une ville est de 1 000 habitants et la densité ne doit pas être inférieure à 400 habitants au kilomètre carré. En Chine, la densité des habitants dans une ville ne doit pas être inférieure à 1 500 personnes au kilomètre carré . En France, La notion d’unité urbaine repose sur la continuité du bâti et le nombre d’habitants. On appelle unité urbaine une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants . En Iran avant la réforme sur les divisions du territoire de 2010, la ville était une commune qui regroupait au moins 10 000 habitants. Mais après cette réforme, la notion de ville s’applique à chaque espace pourvu d’une mairie, quelle que soit le nombre de sa population.

L’accroissement de la population urbaine engendre des problèmes, qui méritent d’être analysés précisément. Selon les statistiques des Nations Unies durant les trente dernières années la population a doublé à l’échelle mondiale ; les anticipations de cette organisation montrent ainsi que l’augmentation de la population urbaine continuera au même rythme pour les trente ans à venir, notamment dans les pays en voie de développement . Ces anticipations montrent ainsi la nécessité d’études plus approfondies et globales sur les endroits où vivra la très grande majorité de la population mondiale. Ces études doivent être faites de manière à mettre en lumière les inconvénients et les bénéfices de l’augmentation de la population urbaine. Nous pouvons ainsi espérer réduire les problèmes liés à cette augmentation démographique, et maintenir par conséquent les espaces urbains comme des endroits vivables pour les habitants. De ce point de vue, élaborer une planification générale et détaillée pour les systèmes urbains dans tous les pays est important et pour ainsi dire inéluctable.

Les villes sont le lieu d’installation privilégié des instances étatiques, des décideurs économiques et des entités scientifiques. Aucun gouvernement ne peut donc engendrer davantage de croissance économique, sans élaborer judicieusement au préalable des plans précis concernant le système urbain. Cependant dans les pays en voie de développement les gouvernements regardent les aspects rentables des villes et ils oublient leurs responsabilités face aux villes. Il ne fait pas de doute que l’un des éléments très important dans le processus d’industrialisation des pays actuellement développés a été les politiques urbaines imposées par les autorités publiques lorsque s’est produit une très intense croissance de la population urbaine, voire une explosion urbaine. De la même manière, une des difficultés principales des pays en voie de développement est constituée par les obstacles et les freins à leur expansion économique engendrés par l’état souvent anarchique de leur système urbain.

Pourquoi la croissance de certaines villes est-elle beaucoup plus forte que d’autres ? Comment les autorités publiques peuvent-elles bénéficier du phénomène de l’urbanisation, et quand, à l’inverse, sont-elles obligées de contrôler ce phénomène ? Telles sont les questions essentielles auxquelles nous essaierons de répondre dans ce travail.

Tous les pays du monde sont concernés par le phénomène d’urbanisation. L’évolution des techniques de production, les progrès de la technologie, la difficulté de trouver des emplois dans les campagnes, la pauvreté dans les campagnes et les avantages de la vie moderne dans les villes sont des exemples qui encouragent la migration vers les ensembles urbains. Les villes déjà existantes continuent donc à s’accroître et de nouvelles se créent, renforçant ainsi le système urbain. Dans les études portant sur l’économie urbaine, on nomme ce phénomène le «développement urbain ».

La ville a été définie comme un lieu de maximisation des interactions sociales, comme lieu d’exercice du pouvoir et d’encadrement du territoire, comme centre de production de consommation et d’échange, comme lieu d’apparition et pôle de diffusion des innovations.

Les villes doivent leur naissance au phénomène des économies d’échelles. G. Chabot (1961) distingue six fonctions principales pour les villes : militaire, commerciale, industrielle, d’accueil, administrative et politiques. Dans chaque pays, les tailles des villes sont diverses, ce qui engendre des productions différentes et la spécialisation de chacune dans la production d’un ensemble de biens.

On peut dire que, dans chaque économie, la distribution de la taille des villes est différente et que chaque ville a un comportement propre. En outre, cette taille peut changer au cours du temps.

Plusieurs éléments peuvent influencer le phénomène d’urbanisation, notamment les activités économiques. Par ailleurs, l’urbanisation peut avoir une influence sur la croissance économique. Il existe donc une interaction entre les villes et l’économie. C’est justement ce phénomène d’interaction qui est le sujet principal de ce travail. La connaissance des éléments qui influencent les phénomènes de développement urbain et les effets croissants de ceux-ci sur la croissance économique, dans les différents pays, sont deux phénomènes très importants, surtout dans les pays en voie en développement.

Au cours des dernières décennies, l’Iran a connu une augmentation de sa population associée à un fort exode rural vers les villes. Ces deux courants changent la composition et la distribution de la population du pays. A partir des années 1920, en raison de l’amélioration des services sanitaires, la croissance démographique de l’Iran se renforce, et en 1965, atteint 3.1%. Après la révolution islamique et la mise en place de nouveaux programmes de natalité d’une part et la guerre entre l’Iran et l’Iraq d’autre part, ce taux arrive à 3.9% au recensement de 1986. Mais à partir des années 1990, les programmes de natalité ont encore changé et on constate une croissance démographique de 1.6% pour les années 1995 à 2005.

Table des matières

Partie I. L’urbanisation et le développement économique : concept, méthodologie et mesure
Chapitre 1) Approches économiques du phénomène d’urbanisation
1.1. Urbanisation
1.2. Ville et système urbain
1.3. Les effets de l’interaction de la ville et de l’économie
1.4. Répartition de la taille des villes
Chapitre 2) Dynamique du système urbain
2.1. Développement urbain et système urbain
2.2. Système urbain
Partie II. Analyse politique et empirique des zones urbaines
Chapitre 3) Planification et politique urbaines
3.1. La planification urbaine et les villes durables
3.2. Les politiques urbaines dans le cadre des politiques d’aménagement du territoire
Chapitre 4) Estimation du modèle de l’urbanisation et effets des politiques urbaines sur les villes (les cas de l’Iran et de la France)
4.1. Spécification du modèle de la croissance urbaine
4.2. Extension du modèle de la croissance urbaine

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