Unités spatiales et hétérogénéité faunistique

Unités spatiales et hétérogénéité faunistique

état  écologique  à  l’horizon  2015,  nous  a  conduite  à  rechercher  un  protocole  d’échantillonnage  en  adéquation  avec  une  nécessaire  interdisciplinarité  (Harper  et  al.,  1995 ;  Maddock,  1999 ;  Karr,  1999 ;  Norris & Thoms, 1999 ; Fairweather, 1999 ; Petts, 2000 ; Wasson, 2001). Notre but étant de combiner un  milieu  physique  récepteur  (qui  soit  à  la  fois  représentatif  et  pérenne)  aux  composantes  biologiques,  nous  avons  cherché  à  associer  les  constantes  structurelles  (géoformes)  des  géomorphologues  aux  espèces indicatrices des hydrobiologistes, qui peuplent les divers biotopes et habitats.  un  emboîtement  d’échelles  (Amoros  &  Petts,  1993),  à  la  fois  sensu  géoformes  (échelle  large)  et  sensu  biotopes  (échelle  plus  étroite  où  se  situent  les  habitats).  En  effet,  le  géomorphologue  travaille  à  l’échelle  des  géoformes  (marches,  seuils,  mouilles…)  alors  que  l’hydrobiologiste  se  focalise  sur  les  habitats  (minéraux,  végétaux  en  tant  que  support/refuge  de  la  vie  aquatique).  Nous  nous  sommes  ainsi proposée d’exploiter les connaissances issues de ces deux disciplines, ce qui impose de maîtriser  conjointement la question des formes fluviales, de leur distribution et de leur devenir, et la question  des biotopes (sensu biotope/biocénose) qui  se situent à une échelle plus petite dans l’assemblage des  géoformes.grande  taille  déterminées  par  les  géomorphologues.  Ces  géoformes,  encore  appelées  unités  géomorphologiques,  sont  en  fait  des  « irrégularités  de  grande  amplitude  dans  le  profil  en  long »  (Church, 1996 ; Petts & Amoros, 1996 ; Rosgen, 1996 ; Emery et al., 2003 ; Degoutte, 2006). Ces unités  géomorphologiques qui sont fonction de la pente du lit du cours d’eau, changent de nature le long du  continuum fluvial (Vannote et al., 1980), (Fig. 1).

bassins  versants,  les  cours  d’eau  sont  souvent  encaissés  dans  des  vallées  profondes ;  ils  sont  caractérisés par de fortes pentes, un important transport des sédiments et la quasi‐absence de zones de  stockage  de  la  charge  alluvionnaire.  Dans  ces  zones,  nous  observons  des  unités  géomorphologiques  « torrentielles » et « cascadantes » de type marche – trou d’eau (« step » ‐ « pool ») (Fig. 2). La marche  est  formée  de  blocs  hétérométriques  agencés  par  l’hydraulique  et  disposés  en  travers  du  lit  de  la  rivière ; le trou d’eau est une zone de surcreusement entre deux marches dont la longueur varie entre  1 et 4 fois la largeur du lit. Les marches étant composées de sédiments de grandes dimensions, seuls  des  épisodes  de  fortes  crues  entraînent  une  destruction  et  une  transformation  de  ces  unités  (Montgomery & Buffington, 1997 ; Lenzi, 2001). l’hypocrénon)  à  l’épipotamon,  les  rivières  rectilignes  ou  à  méandres,  caractéristiques  des  vallées  étroites à larges, sont de pente plus faible et présentent un chenal alluvial (Richards, 1976 ; Cosandey  et  al.,  2003).  La  caractéristique  commune  à  ces  cours  d’eau  est  leur  profil  en  long  sinusoïdal,  avec  alternance de zones profondes et de zones peu profondes de type seuil ‐ mouille (« riffle » ‐ « pool »).

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empilement  de  grains  grossiers  alignés  diagonalement  ou  transversalement,  et  où  l’écoulement  est  rapide  en  basses eaux » (Degoutte, 2006, p. 118) (Fig. 2). En période de crue, ce sont des zones de divergence de  l’écoulement induisant une dissipation de l’énergie et le dépôt de la charge de fond ; en basses eaux, ce  sont  des  zones  turbulentes  du  fait  de  leur  faible  profondeur  (Keller  &  Melhorn,  1973 ;  Petts  &  Amoros,  1996 ;  Knighton,  1998).  Du  fait  de  la  proéminence  du  seuil  dans  le  profil  longitudinal,  des  infiltrations d’eau ont lieu entre l’amont et l’aval de celui‐ci. Elles ont pour conséquence de limiter le  colmatage du substrat par la matière organique et de maintenir sa bonne oxygénation. A l’inverse, les  mouilles  sont  des  zones  de  concentration  de  l’énergie  en  crue  et  donc  de  surcreusement  et  d’affouillement. Par contre en période de basses eaux, elles sont soumises à des courants lents et à une  turbulence  modérée  qui  favorisent  le  colmatage  du  fond  par  la  matière  en  suspension  d’origine  minérale ou organique. Les seuils et les mouilles alternent d’une rive à l’autre et sont régulièrement espacés. La distance  entre deux seuils varie généralement entre 5 et 7 fois la largeur du lit  (Gregory et al., 1994). Comme les  marches  et  les  trous  d’eau  de  l’amont,  ces  unités  dont  l’existence  est  pérenne  sont  mobiles  dans  l’espace (Derruau, 1974). En effet, durant les événements hydrologiques de forte intensité, les unités  migrent  progressivement  de  l’amont  vers  l’aval.  Ainsi,  avec  le  déplacement  du  train  d’ondes  vers  l’aval, l’unité géomorphologique d’un point donné peut être un seuil à une date et une mouille dix ans  plus tard.

 

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