Evocation de la théorie de la connaissance ou gnoséologie
Avant d’évoquer et de faire large part au cadre épistémologique, jřai tenu à aborder la théorie de la connaissance et la gnoséologie. Notre recherche révèle une modification, ou du moins une évolution dans le cadre des avancées en termes de recherche imposées par les nouvelles technologies et de l’information et de la communication. Il en découle que la philosophie des sciences sera présente tout au long de notre exposé. Nous tiendrons compte, lorsque cela sera nécessaire, du vocabulaire qui lui est propre, ce qui nous apportera un constant recul sur nos travaux. Il convient d’aborder le cadre de la recherche avec la plus grande considération et importance. Non seulement il constitue un ancrage important dans toute recherche, (notamment celui présenté au cours dřune thèse), mais dans la manière dont nous allons lřaborder, il va définir une certaine approche de la recherche. La première question à poser est donc celle de la recherche de connaissance : « La recherche porte sur les processus de connaissance : acquisition de connaissances, étude des connaissances, insertion des connaissances dans le travail. Ces processus ne sont pas neutres, ils s’appuient sur un certain nombre d’hypothèses portant sur la valeur des connaissances : « Qu’est-ce qu’une connaissance ? », « Comment acquérir une connaissance? », « A qui une connaissance importe-t-elle ? », « Quels sont les critères pour évaluer la justesse d’une connaissance ? ». Ces questions font partie du domaine de l’épistémologie. Etre conscient de ces processus aide les chercheurs à orienter leur méthodologie et à rester critiques quant à leur travail et celui des autres. » (ICRA7, 2009) En suivant ces préceptes, nous resterons attentifs tout au long de cette étude, à la recherche d’acquisition de connaissance juste, au plus proche de la vérité. Cřest au travers de l’épistémologie que nous validerons la connaissance, par le biais des théories, des concepts et des modèles les plus appropriés. Tout cela nous mènera à la définition et lřapplication dřune méthodologie découlant directement de l’épistémologie. Dans la quête de lřapplication du cadre épistémologique nous aurons à coeur, afin établir la méthodologie de recherche, d’insérer les détails pratiques, les méthodes et les règles qui permettent de produire et de rechercher modestement un certain élargissement des connaissances.
Une science en mouvement et un champ pluridisciplinaire
En faisant apparaître à la fois lřHomme et les technologies au coeur de nos préoccupations, notre science devient une science en perpétuel mouvement. Lřincertitude et lřimprévisibilité des hommes, la croissance exponentielle des technologies nous interdit de figer nos démarches de recherche et notre regard sur celles-ci. Ainsi, cette caractéristique de mouvement fait appel à la contribution de la complexité pour mieux comprendre les phénomènes que nous observons. Est-il besoin par ailleurs, de démontrer que nos recherches sont multidisciplinaires et transdisciplinaires ? Si à un moment dans lřhistoire, le cloisonnement des sciences est apparu essentiel afin dřaméliorer la qualité des recherches par le biais de la spécialisation, cela nřest pas sans conséquence sur la compréhension globale des phénomènes. Non pas que cette disjonction soit en soi négative, mais elle ne permet de comprendre que de façon partielle les conséquences des recherches au moment de les confronter entre elles. Il s’agit aussi avant tout d’un objet interdisciplinaire, puisque dés l’origine, l’information et la communication trouvent leur ancrage dans l’interrogation de nombreuses disciplines, dont elles-mêmes viennent s’enrichir de l’apport mutuel.
En devenant une science à part entière, elle va répondre à des problèmes théoriques devenus trop complexes pour rester en périphérie de plusieurs disciplines, tout en produisant un travail autonome et répondant aux nouvelles questions de société. Bien que devenue une science indépendante et légitime, elle ne cesse continuellement de mobiliser une multitude de disciplines donc il conviendra dans notre travail de ne pas occulter en leur donnant la place qui leur est propre et de bénéficier de leurs conjonctions. En effet, notre irruption dans la discipline ne pourra masquer que, les avancées en matière d’information et de communication doivent beaucoup au domaine sociologique, anthropologique philosophique, culturel, économique, historique, ou technique, et cela pour ne citer qu’eux. Notre science, sans prétendre à devenir une omniscience, entend prendre en compte lřensemble des éléments qui peuvent interférer, interagir dans un système, transcendant ainsi les frontières des champs disciplinaires. Cette approche peut trouver semble-t-il, quelques repères au sein de la complexité, c’est ce que nous essayons de mettre en valeur.
Questions d’étymologie et racine du lien au cœur de la complexité
Pour comprendre la relation du lien et de la complexité, il faut retourner à lřétymologie de la complexité. Le mot de complexité vient du latin « complexus » qui signifie « tisser ensemble » selon la formulation d’Edgard Morin, ou encore « fait dřéléments différents, imbriqués ». Le mot complexus existe toujours et il signifie : « A.− PATHOL., vx. Ensemble des phénomènes qui caractérisent une maladie. Complexus morbide (Garn.-Del. 1958), Complexus inflammatoire, symptomatique. » (CNRTL8, 2009) Dans cette définition nous retrouvons un ensemble de phénomènes dont on ne dit pas quřils sont reliés, mais qui une fois reliés aboutissent à établir un diagnostic. Ainsi que nous pouvons reprendre à notre compte cette analogie de la pathologie. Un élément pathologique ne nous permet pas systématiquement dřapporter des raisons sur la recherche de la pathologie, mais cřest la qualité du lien qui va permettre de faire le rapprochement et ainsi donner du sens. Il faut chercher dans la définition de « Complexio » pour retrouver la notion clairement exprimée de lien : « n. f. XIIe siècle. Emprunté du latin classique complexio, « assemblage, union d’éléments », d’où, en latin médiéval, « tempérament ». 1. Litt. Ensemble des différents éléments constitutifs du corps humain considéré par rapport à sa santé ; constitution, tempérament. Une complexion bilieuse, lymphatique, sanguine (vieilli). Être de complexion délicate, fragile, maladive, robuste. » (Académie française, 2009) En reprenant les notions dřassemblage et dřunion dřéléments, le lien apparaît sans ambigüité. Mais ce qui mérite notre attention, cřest lřapplication de ce terme au domaine médical et surtout la relation entre la composition du corps et la considération de santé qui en découle.
En psychanalyse, on introduit deux notions majeures, la représentation et lřinconscient : « PSYCHAN. Ensemble organisé de représentations, de sentiments inconscients, liés à un traumatisme infantile et exerçant une influence constante sur la conduite du sujet. » (Académie française, 2009). Dans notre étude, nous devrons accentuer la question de la représentation du lien. Elle se trouve même au coeur de nos problématiques. Elle prend de plus, tout son sens lorsquřelle est couplée à la notion dřinconscient, dřabsence de prise en compte ou de volonté. Ce qui fait lřattrait et l’intérêt de la relation entre « complexité » et « lien », cřest que le complexe désigne ce qui se compose dřéléments différents combinés dřune manière qui nřest pas immédiatement et systématiquement saisissable. Le lien vient ainsi entériner à travers la visualisation de sa matérialisation, ces combinaisons. Le dernier domaine auquel nous pouvons emprunter la définition dans notre recherche du lien est celui de lřéconomie : « ÉCON. Ensemble d’industries complémentaires installées à proximité les unes des autres. » (Académie française, 2009)
Le rôle essentiel du lien et la prise en compte du système
Un des fondamentaux de notre recherche concerne donc lřétude du lien. Ainsi, plutôt que nous axer sur une pensée simplifiante qui a pour cause dřocculter tout ce qui relie, interagit, interfère etc., nous préférons appliquer la pensée complexe qui va aspirer à une certaine connaissance multidimensionnelle, (Morin, 1990, p. 11). Le lien, tout comme les autres objets dřétudes, sont ainsi intimement rattachés entre eux, ce qui nous donne un élément essentiel pour notre sujet. En évoquant la pensée complexe, Edgar Morin sera des plus explicites : « (…) elle porte aussi en son principe la reconnaissance des liens entre les entités que notre pensée doit nécessairement distinguer, mais non isoler les unes des autres » (Morin, 1990, p. 11). Dans notre cas, la représentation du lien sera concrétisée à travers sa visualisation en réseau. Le lien hypertexte représente un élément constitutif de la création de ces réseaux, mais il nřest pas à prendre en compte de façon isolée, soit parmi dřautres types de liens, soit dans lřensemble du système. Ainsi on ne pourra aucunement détacher le lien de son environnement ni inversement comme l’affirme Morin : « (…) lřintelligibilité du système doit être trouvée, non seulement dans le système lui-même, mais aussi dans sa relation avec lřenvironnement, et que cette relation nřest pas quřune simple dépendance, elle est constitutive du système » (Morin, 1990, p. 30). Nous nous attacherons ainsi à rechercher la réalité autant dans le lien, que dans les éléments qui sont de fait, reliés par lui.
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