Une réappropriation qui montre ses limites sur une frontière extérieure de l’UE

Une réappropriation qui montre ses limites sur une frontière extérieure de l’UE

La Bucovine, une histoire commune mais une frontière séparant les peuples

Comme il a été évoqué précédemment, les trois projets touristiques choisis comme cas d‘étude ont la particularité d’être situés sur le même territoire : la Bucovine. La Bucovine est une région aujourd’hui séparée entre la Roumanie et l’Ukraine. La superficie de la Bucovine est de 10 000 km² soit environ la taille d’un grand département français comme la Gironde. Elle est peuplée de 1,3 millions d’habitants. Ce territoire a souvent par le passé fait l’objet d’annexions, de conquêtes : elle a longtemps fait partie de la province de Moldavie, tantôt appartenant à l’empire Russe, à l’empire Ottoman puis à l’empire Austro-hongrois à partir du XIXe siècle. A la suite de la première guerre mondiale et la dislocation de l’empire Austro-hongrois, la Bucovine est rattachée à la Roumanie. Ces frontières perdurent jusqu’à la seconde guerre mondiale. Durant celle-ci, l’armée soviétique conquerra la Bucovine Nord, aujourd’hui ukrainienne. Elle sera reprise par l’armée roumaine en 1944 puis finalement cédée à l’URSS, et plus particulièrement à l’Ukraine, à l’issu de la seconde guerre mondiale. La frontière dissociant Bucovine roumaine et ukrainienne est stable depuis 1945. La partie suivante sera ainsi dédiée à une description plus en détails de cette région. En effet, retrouver la totalité des projets touristiques sur une même zone n’est pas anodin. Nous chercherons à comprendre comment s’est construit ce territoire transfrontalier, comment il fonctionne et quels sont les enjeux économiques et touristiques liés à cette zone. Par cette étude de la Bucovine, nous isolons la variable géographique : chaque projet est influé par le même contexte local. Les facteurs influençant la construction des projets seront ici identifiés et seront commun aux trois projets choisis comme cas d’étude. Cette première section permettra une mise en perspective des mécanismes de réappropriation du programme par les acteurs locaux. Et les apports des projets transfrontaliers pourront ainsi être mieux spécifiés et discutés. Pour rappel à la méthodologie, ce territoire est examiné sous trois aspects : matériel, idéel et institutionnel. Cette approche tridimensionnelle dissocie à la fois la morphologie du territoire, la manière dont les habitants le vivent et le perçoivent, et la manière dont il est gouverné selon les échelles institutionnelles. Cette analyse est globale et donne les clés de compréhension nécessaires au contexte dans lequel les projets se positionnent.

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La dimension matérielle : une frontière étatique active

La dimension matérielle est composée de deux sous-dimensions : la dimension structurelle et la dimension fonctionnelle. Ces deux sous dimensions sont liées. La structure générale du territoire influe la manière dont les habitants le pratique et inversement. L’ensemble de cette dimension marque le visible du territoire. a. La dimension structurelle : une discontinuité économique La dimension structurelle est la morphologie physique du territoire (configurations spatiales, infrastructures, géographie, reliefs…), et elle peut être analysée notamment par la cartographie. Figure 17 : Carte de la Bucovine : Réalisation ; Blanc-Féret Concernant les caractéristiques morphologiques de ce territoire, on identifie sur cette carte les deux villes principales que sont Chernivsti (260 000 habitants) et Suceava (106 000 habitants) reliées par la principale route transfrontalière. Celle-ci passe par le poste de frontière de Siret-Hliboca, le plus important 49 du territoire en termes de flux. Malgré le maillage par des villes moyennes, cette région est très largement rurale comme nous le montre le diagnostic officiel du programme de coopération transfrontalière: 52,8% des habitants de l’oblast de Chernivtsi et du judet de Suceava vivent en zone rurale (Joint Operational Programme Romania-Ukraine-Moldova 2007-2013, 2007). Il faut d’ailleurs noter que la Bucovine roumaine (la majeure partie du judet de Suceava) et la Bucovine ukrainienne (la moitié de l’oblast de Chernivtsi) sont deux territoires classés parmi les plus pauvres de leurs pays respectifs avec 1820€ et 538€ de PIB/habitants (Ibid). L’agriculture de subsistance est encore très présente avec une part de 22% du PIB si l’on effectue une moyenne pondérée sur l’ensemble de la Bucovine. Ces deux espaces sont donc marqués par une certaine ruralité et pauvreté. La Bucovine roumaine dégage trois fois plus de richesse par habitant par rapport à la Bucovine ukrainienne : le niveau de vie ukrainien est inférieur au niveau de vie roumain. En ce qui concerne le franchissement de la frontière, le poste à la frontière de Siret est le plus important du territoire car il est le seul à relier efficacement les deux villes principales de ce territoire. La frontière est un réel marqueur de discontinuité, notamment économique. Ces éléments structurels influent ainsi la dimension fonctionnelle.

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