Cours monodie épistolaire : Les Lettres d’une Péruvienne, tutoriel & guide de travaux pratiques littérature épistolaire en pdf.
Succès du genre romanesque
Malgré ces anathèmes lancés par hommes de religion, critiques, philosophes et romanciers, les romans ne cessaient dʹexercer leurs ravages, de devenir de plus en plus nombreux et dʹappâter un public varié et multiple.
Reconnu surtout pour son théâtre, le XVII ème siècle « fut au moins autant le siècle du roman que celui du théâtre. » A en croire Nathalie Grande, « tandis que le nombre total des pièces de théâtre de cette période ne dépasse pas mille, le roman, avec environ mille deux cents titres, manifeste sa prééminence quantitative. » Tout au long du XVIII è siècle, la vogue du roman était montante au point que certains historiens de la littérature française disent que ce genre constituait « à cette époque un « pilier » de l’édition » (Sylviane Albertan-Coppola, Abbé Prévost, Manon Lescaut).
L’aigreur des attaques n’a jamais découragé les romans. On pourrait même dire que la violence des critiques, ayant un effet contraire à ce qui était attendu, était un véritable stimulant de la fécondité de la production romanesque.
Julie ou la Nouvelle Héloïse (Jean-Jacques Rousseau, 1761)
Les Lettres de deux amants, habitants d’une petite ville au pied des Alpes eurent un succès exceptionnel. C’est ce que Jean Sgard démontre, chiffres et dates à Mme de Graffigny, Lettres d’une Péruvienne (1747)
l’appui : “Les catalogues des grandes bibliothèques nationales, les bibliographies de Mornet, de Dufour et de Sénélies nous permettent de rassembler 68 éditions distinctes de 1761 à 1978” dont au moins 18 de 1761 à 1775. Aux 55 éditions de la Nouvelle Héloïse, de 1778 à 1978, ne correspondent que 45 éditions des Confessions, 30 éditions du Contrat social et 23 éditions de l’Emile. A cela s’ajoutent les éditions des Œuvres diverses ou complètes, où la Nouvelle Héloïse se trouve souvent incluse, “ce qui porterait le chiffre brut des rééditions du roman, compte tenu des rééditions, des tirages, et des reprises en collections d’œuvres, à 128.” Rousseau, lui-même, a conté l’aventure de grande dame « qui doit partir pour le bal, qui ouvre le roman, oublie le bal et passe la nuit à poursuivre sa lecture. » Si cette dame a pu acheter le roman de Rousseau, de nombreuses personnes n’avaient pas cette chance : “ Tel libraire avide, je l’ose assurer, écrit L. S. Mercier, exigeait douze sous par volume pour la simple lecture, et n’accordait que soixante minutes pour un tome.” Ce renseignement nous est confirmé par un homme de religion, en l’occurrence l’abbé Brizard.
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