Une intégration régionale de l’électricité en marche en Méditerranée : la cristallisation de réseaux matériels et immatériels

Une intégration régionale de l’électricité en marche en Méditerranée : la cristallisation de réseaux matériels et immatériels

L’analyse de la transition énergétique « bas carbone » a été replacée dans une dynamique plus large d’intégration régionale de l’électricité en Méditerranée. Nous avons ainsi démontré – à travers une géographie des réseaux techniques et des réseaux d’acteurs – que l’électricité contribue à une mise en réseau des espaces régionaux, tout en révélant, dans le même temps, les implications relationnelles de la transition énergétique « bas carbone » à l’échelle méditerranéenne. L’énergie : un domaine intégrateur au Maghreb Les ambitions de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) de mettre en place une union politique et économique régionale sont déçues, principalement en raison des différends qu’il Conclusion générale – 392 – existe au sein du couple algéro-marocain. Les accords multilatéraux ratifiés au Maghreb sont peu nombreux comparés aux accords conclus bilatéralement. La promotion des énergies renouvelables a donné lieu dans la décennie 2000 et 2010 à une coopération bilatérale relativement importante au Maghreb, entre l’Algérie et la Tunisie (Accord-cadre de coopération dans le domaine de la maîtrise de l’énergie entre l’Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Énergie (ANME) et l’Agence Nationale pour la Promotion et la Rationalisation de l’Utilisation de l’Énergie en Algérie (APRUE), ratifié le 21 décembre 2001) et entre la Tunisie et le Maroc (Accord de coopération dans les domaines de la maîtrise de l’énergie et des énergies renouvelables ratifié le 7 juillet 2009 ; Convention-Cadre de coopération entre le Centre de Développement des Énergies Renouvelables (CDER) et le Centre International des Technologies de l’Environnement de Tunis (CITET) signé le 7 mai 2010). Bien qu’incomplète, la coopération énergétique au Maghreb est la plus poussée. Les échanges énergétiques intra-maghrébins représentent 2/3 de l’ensemble des échanges économiques de la région. Les échanges d’hydrocarbures, prédominants, se matérialisent à travers la construction de corridors énergétiques (gazoducs, oléoducs), faisant de la Tunisie et du Maroc des espaces de transit des hydrocarbures algériens. Dans le domaine de l’électricité, la coopération maghrébine, qui a devancé la création de l’UMA avec la création du Comité Maghrébin de l’Electricité (COMELEC), accuse également des résultats concrets en termes d’infrastructures d’interconnexions transnationales et transcontinentales. À vocation commerciale ou de secours, les corridors électriques constituent des liens puissants et durables entre les territoires. Ils sont la condition sine qua non à la constitution de marchés régionaux intégrés de l’électricité et ont une forte dimension politique en raison de leur forte visibilité. L’action du COMELEC a permis la constitution d’un bloc électrique maghrébin dans lequel sont électriquement reliés le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Mais, cette action se poursuit désormais dans un cadre euro-méditerranéen. En effet, l’UMA est devenue un organe de représentation à défaut d’être un cadre d’action opérationnel.

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La coopération énergétique au Maghreb encouragée dans un cadre euro-méditerranéen

Les relations euro-méditerranéennes dans le domaine de l’énergie sont anciennes. Elles ont même été le prétexte ayant mené à la contractualisation des rapports entre la Communauté Économique Européenne (CEE) et les pays sud-méditerranéens. Les interconnexions électriques intra et extra-maghrébines à haut voltage construites récemment (doublement de la ligne Mellousa (Maroc)/Puerto de la Cruz (Espagne) en 2006 ; Hassi Ameur (Algérie)/Bourdim (Maroc) en 2009 ; Cheffia (Algérie)/Jendouba (Tunisie) en 2014) s’inscrivent dans le cadre d’initiatives euro-méditerranéennes distinctes mais complémentaires (projet d’Intégration des Marchés Maghrébins de l’Electricité (IMME) ; Projet de boucle électrique méditerranéenne (Medring), Projet de la dorsale de 400 kV ELTAM). Le projet de boucle électrique méditerranéenne vise, quant à lui, à la construction d’un macro-système électrique méditerranéen qui se fermerait au niveau du Détroit de Gibraltar, au travers de Conclusion générale – 393 – l’interconnexion maroco-espagnole, et à partir de la Turquie, via la Grèce ou la Bulgarie. Il vise à interconnecter les blocs électriques distincts du Sud de la Méditerranée : le bloc COMELEC, le bloc LEJSL (Lybie-Égypte-Jordanie-Syrie-Liban). Les interconnexions électriques transfrontalières structurent et rapprochent les territoires méditerranéens et a fortiori ceux de la sous-région du Maghreb. Ces infrastructures bénéficient notamment de financements communautaires – programme MEDA de l’UE ; programme Trans-European energy Networks (TEN-E) –. Les marges présentent pour l’UE un intérêt particulier parce que l’intégration y est imparfaite et en train de se faire et parce qu’elle milite pour une extension des normes et standards européens.

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