Une forme d’obstination répandue : l’idée fixe

Les dangers de l’obstination

“Les extrêmes se rejoignent”, déclare le proverbe dont la vérité confirme la réputation que ces anciens dictons ont méritée.

L’excès de persévérance

En effet, un excès de persévérance peut virer à l’obstination.
Les réalités récalcitrantes que la persévérance convertit en autant de motifs de réalisation sont transformées, par le vice d’obstination, en rêves utopiques. Ceux qui ne suivent pas les conseils de la raison tentent de faire passer, inintelligemment ou parfois même en toute connaissance de cause, ces fictions pour des réalités.
Nous ne parlons pas maintenant de l’idéalisme que le savoir ou le travail acharné parviennent à faire fructifier de différentes manières.

L’obstination : persévérance irraisonnée

L’obstination consiste dans la poursuite d’un but quand bien même la personne se rend compte qu’il n’est pas raisonnable d’en espérer la réalisation.
Le point de départ de cette détermination à persister à voir les choses d’un point de vue erroné repose presque toujours sur un faux procédé de réflexion.
La personne se lance dans une telle entreprise sans réfléchir, ignorant que son espoir a été dissipé par la clarté de la raison comme le brouillard par le premier rayon de soleil.

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Il reste, dans de tels cas, toujours assez de temps pour changer de cap, mais la personne s’est déjà engloutie dans des considérations qui, vu l’absence de tout espoir de réussir, n’ont plus aucune valeur.

Autres ingrédients de l’obstination

La vanité est toujours l’un des ingrédients de cette mésaventure. On n’aime pas admettre qu’on a tort et on occulte le fait qu’en persistant dans l’erreur on l’aggrave de plus en plus.
L’inertie joue aussi un rôle dans l’entêtement avec lequel l’obstiné poursuit de fausses idées. Abandonner une première tentative pour en entreprendre une autre, apparaît aux yeux de ces personnes comme un redoublement d’effort que leur volonté a déjà eu tant de mal à fournir.
Elles ne s’arrêtent pas pour prendre en considération que même le plus petit pas hors de la route directe est un mouvement que tôt ou tard elles auront à regretter, car il ne mène nulle part et ne peut aucunement contribuer à l’aboutissement de leur entreprise.

L’entreprise de l’homme obstiné est vouée à l’échec

L’homme satisfait de sa sottise obstinée ressemble à celui qui s’acharne à cultiver un champ rempli de pierres.
Tous les grains qu’il confie au soin de la terre seront irrémédiablement perdus mais, pire encore, il aura perdu aussi son temps.
Ainsi, chaque moment de la vie que nous employons à poursuivre de faux buts est une partie de l’heure que nous ne pourrons plus jamais récupérer et qui, sans avoir été d’aucune aide à qui que ce soit, se perd à tout jamais dans l’abîme de l’éternité.
Et tandis que l’homme bêtement obstiné continue à disséminer inutilement les grains sur le granite, le persévérant, sans même entamer une action que sa raison réprouve, trouvera toujours moyen de tirer quelque profit de ces pierres.
Lorsqu’il aura enfin élaboré un plan et soigneusement pesé les arguments pour et contre, il décidera de mettre son idée en application. Les difficultés ne l’en dissuaderont pas et il continuera avec courage et patience la tâche qu’il s’est donné.
L’obstination mène à la perte totale de la capacité d’estimer les choses à leur vraie valeur
Une forme très fréquente de l’obstination est d’exagérer l’importance des circonstances futiles et de s’en servir comme prétexte pour poursuivre ses errements.
La sincérité vis-à-vis de soi-même ne peut jamais coexister avec l’obstination. L’obstination se délecte à revêtir les choses de formes qui lui plaisent : elle ne les voit plus sous leur éclairage véritable mais plutôt sous les couleurs qu’elle désire leur faire porter.
Cette manière de se conduire mène inexorablement au naufrage du jugement et à la perte totale de la capacité d’estimer les choses à leur vraie valeur.
Il arrive fréquemment, de plus, que cet entêtement dans l’erreur reste inconscient. Dans ce cas, le manque de cohérence du raisonnement d’une personne et l’insanité de ses projets deviennent encore plus évidents.
Un individu obstiné déteste reconnaître ses torts Mais un tel individu déteste reconnaître ses torts et il s’accroche à son erreur afin d’éviter d’avoir à confesser qu’il s’est rendu compte de sa faute. Ainsi espère-t-il pouvoir tromper les autres en se leurrant lui-même.
Il discute son cas en avançant des raisons dont l’invraisemblance saute aux yeux. Il offre toute sorte d’arguments manifestement faux et se prive ainsi de tout espoir de retourner sur le chemin de l’honnêteté.
Personne n’est jamais dupe de ces piètres expédients à part celui qui s’en sert. En général, un tel individu augmente l’insincérité de ses arguments proportionnellement à l’échec de ses efforts, jusqu’au moment où il n’est plus capable de cacher à qui que ce soit la fausseté de tout son point de vue.

Un individu obstiné est jaloux du succès d’autrui

Un autre trait qui caractérise l’homme obstiné est l’incrédulité face aux récits de la réussite d’autres personnes.
L’état de dépression qui résulte d’un échec quelconque suscite, dans l’esprit des personnes obstinées, une jalousie qui se trahit toujours par des remarques déplaisantes vis-à-vis de ceux qui ont réalisé leurs espoirs.
Ces gens là ne peuvent reconnaître sans rancune le succès des autres, et ils cherchent coûte que coûte à en minimiser l’importance.
Leur orgueil blessé doublé de la peur de devoir reprendre leurs efforts, les prive de toute bienveillance ou considération autant pour ceux qui ont réussi que pour ceux qui, dès le départ, leur ont montré l’aberration de leurs propres initiatives.

L’attitude simpliste d’un obstiné

Voici un autre argument auquel les obstinés recourent tout à fait naturellement et qu’ils considèrent comme parfaitement concluant.
“Oh, oui !” s’exclament-ils. “Il est facile de qualifier d’obstination une tentative qui n’a pas abouti ; mais si elle avait réussi vous l’auriez immédiatement honoré du nom de clairvoyance !”
La réponse à ceci est très simple :
Si cette initiative particulière avait été couronnée de succès c’est qu’elle aurait été basée sur un plan bien réfléchi, qu’elle aurait été le résultat d’une pensée concentrée précédant et fructifiant la résolution mise en œuvre.
Hélas, toute entreprise menée consciencieusement ne réussit pas toujours. Mais celles qui procèdent d’impulsions fiévreuses et irréfléchies se terminent invariablement par un désastre.
“Mais” dira l’obstiné, “il y a des personnes qui ne font aucun effort dans la bonne direction et auxquelles pourtant tout réussit !”
Nous ne voulons pas nier que l’imprévisible bonne chance tombe sur des personnes qui n’ont fait aucun geste pour la mériter.
Mais si on ne se satisfait pas de tirer des conclusions d’un seul exemple, on verra que tôt ou tard, ces personnes chanceuses anéantiront, par leur entêtement déraisonnable, tout le bien que l’heureux hasard leur a prodigué.

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La chance ne joue qu’un rôle minime dans la réussite

Une maxime, qu’on n’est pas près de démentir, dit que la Chance joue un rôle beaucoup moins important dans la vie que ce que l’on a communément tendance à croire.
Les personnes qui réussissent dans la vie ne le doivent que très rarement à cette divinité aveugle et même si la chance semble continuellement leur sourire, il doit être clair que c’est du au fait qu’elles ont employé tous les autres moyens possibles pour atteindre le résultat désiré.
Ceux qui se retranchent derrière ces piètres excuses sont tout simplement des obstinés qui au lieu d’assumer leurs propres échecs, accusent le monde en général d’être responsable de leurs manquements.

Devrions-nous avoir de la sympathie pour eux ?

En aucun cas ! On devrait chercher à les guérir en leur démontrant, avec tact et diplomatie, les erreurs de leur raisonnement.

Aider les obstinés tout en ménageant leur sensibilité

Il serait indélicat de trop insister sur ce point. Il faudrait y aller en douceur, donner d’abord un avis positif sur certains aspects de ce qu’ils ont déjà accompli, tout en exprimant de façon à ménager leur sensibilité, une critique juste des points faibles de leurs actions.
Ainsi, petit à petit, on peut glisser ici ou là un bon conseil sous prétexte de les aider à reconstruire l’édifice qui s’est effondré sur des fondations plus sûres. L’expérience se chargera du reste et s’ils sont un tant soit peu ouverts à la raison ils apprendront bientôt à tirer la ligne de démarcation qui sépare l’obstination de la persévérance.
Il faut être particulièrement attentif à ne pas détruire dans le cœur des personnes sincèrement obstinées la capacité à espérer qui est la cause première de leur persistance.
Au contraire, c’est en laissant intact cet espoir qu’il sera possible de réaliser l’exploit de changer l’obstination en persévérance, puisque le fondement de l’obstination n’est qu’une foi trop aveugle en l’avenir.
Il ne faut pas non plus oublier qu’à la base de toute forme d’obstination on trouve toujours une méthode de raisonnement erronée.
C’est la cause originelle du problème qui doit donc être éradiquée si l’on veut apporter la guérison.
Quelles sont les différences entre le persévérant et l’obstiné ?
Entre l’obstination et la persévérance il n’y a que la différence dans la qualité du jugement. L’homme persévérant est celui dont le cerveau, assoupli par la réflexion, ne songe jamais à se lancer dans un projet tant qu’il n’en a pas scrupuleusement débattu avec lui-même et tant qu’il n’a pas également recueilli l’avis des personnes compétentes.
Il écoutera avec le plus grand sérieux les objections éventuelles de ces personnes, même si leur avis est diamétralement opposé à ses convictions premières, et il prendra note mentalement de chacune de ces remarques dans l’intention de les examiner ultérieurement et d’en estimer la valeur avec impartialité.
Si une partie quelconque d’un conseil lui semble réellement valable, il n’aura pas de fausse honte à admettre la supériorité du procédé ou du plan d’action recommandé.
C’est en évitant le piège de l’obstination que l’on se fraye le chemin vers le succès.
D’un autre côté, l’homme obstiné – et ceci n’est pas la moindre de ses fautes – ne tient compte d’aucun conseil, aussi pertinent qu’il soit.
Il n’entend aucun avis qui ne lui semble pas favorable et il fait la sourde oreille à tout ce qui ne s’accorde pas avec ses propres vues ou qui ne rejoint pas le chœur de louanges qui acclame son projet ou son action.
Il méprise la sagesse de l’ancien proverbe qui dit :
“Celui qui n’écoute qu’un son de cloche n’entend qu’une note !”.
Il ne prête attention qu’à la mélodie flatteuse de la cloche qu’il fait sonner lui-même.
Il se bouche les oreilles pour ne pas entendre le son des carillons qui l’avertissent des catastrophes à venir, et même lorsque celles-ci se produisent, il nie encore obstinément son erreur, accusant de son échec des circonstances tout à fait étrangères aux événements en question.

La qualité inhérente à la vraie persévérance

Cependant, il ne faut pas tomber dans l’excès contraire et s’abandonner au découragement à la moindre opposition.
La qualité inhérente à la vraie persévérance est, comme nous l’avons déjà souligné, la capacité à établir un jugement sûr qui nous permet de discerner avec exactitude autant la valeur d’un argument que l’intention dans laquelle il nous a été proposé.
Tout en se gardant de tomber dans l’état de méfiance chronique qui confine à la manie de persécution, il peut nous être utile de connaître le point de vue de l’envieux qui souffre du succès des autres et qui fait de son mieux pour les empêcher d’entreprendre une action qui, si elle réussit, risque d’irriter son amour-propre.

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