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Contexte général
À l’aube du 21ème siècle, l’environnement est une problématique qu’il devient difficile d’ignorer. En effet, la pollution, la surexploitation des ressources et le recul de la biodiver-sité sont autant de conséquences néfastes des activités économiques que la communauté scientifique pointe du doigt. Pourtant, ce constat ne date pas d’hier. Ainsi, dès la fin du XIIIème siècle, le roi d’Angleterre Edward Ier interdit de faire brûler du charbon dans le but de limiter la pollution atmosphérique qui en résulte : un smog odorant dans la ville de Londres (Iversen, 2018). Mais, malgré une surenchère du roi (Freese, 2016), la loi est ignorée par nécessité : rares étaient ceux qui pouvaient se permettre d’acheter le bois, alternative à brûler (Chmielewski, 2009).
De même, l’île de Pâques est souvent considérée comme l’illustration passée d’un dé-sastre écologique de surexploitation des ressources : en effet, suite à une augmentation massive de la population de l’île, l’agriculture locale se serait intensifiée afin de répondre
à la demande entre les années 950 et 1400 (Ladefoged et al., 2005). À ceci, ce serait également ajouté l’exploitation des ressources dans le but d’ériger les Moaï, statues em-blématiques de l’île de Pâques (Flenley and Bahn, 2003). Hunt (2006) propose également l’hypothèse que les européens auraient amené une population de rats achevant largement la surexploitation des ressources de l’île et provoquant l’écroulement de la civilisation de l’île. Si l’origine exacte du désastre écologique demeure le sujet de débats, la responsabilité des habitants est très tôt mise en cause par La Pérouse et al. (1799), apportant la pre-mière pierre à l’édifice de ce que Hunt and Lipo (2012) appellent le mythe de l’« écocide ». Dès la fin du XVIIIème siècle, il est donc envisageable dans l’esprit de l’homme que des ressources naturelles puissent s’appauvrir et causer la chute d’un peuple.
En ce qui concerne le recul de la biodiversité, l’icône la plus célèbre de l’extinction d’une espèce à cause de l’être humain est le Raphus cucullatus, plus connu sous la dénomination de « dodo ». L’animal mauricien, notamment observé par des explorateurs hollandais au cours du XVIIème siècle, avait définitivement disparu à la fin de ce même siècle, au point que le doute subsistait sur sa véritable existence (Hume, 2006). Ce n’est qu’en 1865, lors de la découverte du premier fossile de dodo, que sa réalité est réhabilitée. Ici encore, les faits ne sont pas formellement établis : la datation de l’extinction nourrit encore des débats même si le consensus s’accorde sur la fin du XVIIème siècle (Roberts and Solow, 2003; Cheke, 2004, 2006; Mlíkovsk`y, 2004). De même, les causes réelles de l’extinction du dodo sont encore discutées. La chasse du dodo par l’homme est un fait établi mais semble insuffisante pour expliquer l’extinction de la population des dodos (Hume, 2012). L’autre hypothèse envisagée pour expliquer ce déclin est également une conséquence des activités humaines, bien qu’indirecte cette fois : en arrivant sur l’île Maurice, les explorateurs ont introduits des animaux qui ont généré une concurrence alimentaire voire ont également chassé les dodos. Si cet épisode est aussi marquant c’est parce que c’est la première espèce pour laquelle l’homme a pris conscience de sa responsabilité dans l’extinction d’une population (Quammen, 2012).
Ainsi, l’idée qu’il puisse avoir un impact plus ou moins définitif sur son environnement est ancrée dans l’esprit de l’homme assez tôt dans son histoire. Pourtant, ce sont les années 1970 qui plongent le monde entier dans une prise de conscience écologique et amorcent une envie de réaction par rapport à ce problème. L’année 1970 est d’ailleurs marquée par la commande d’un rapport au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de la part du Club de Rome, organisation internationale dont l’objectif est d’identifier les causes des grands problèmes auxquels l’humanité se confronte et de réfléchir à de potentielles solutions. Également connu sous le nom de Rapport Meadows, du nom de son premier auteur, le rapport est publié 2 ans plus tard, en 1972, dans le contexte historique de la fin des Trente Glorieuses. En cette période de forte croissance économique, les préoccupations étaient de déterminer si cette croissance pouvait durer indéfiniment et s’il était souhaitable qu’elle dure. C’est d’ailleurs cette problématique qui est littéralement choisie comme titre de la version française du rapport : Halte à la croissance ?.
Parmi les 5 problèmes majeurs évoqués par les auteurs et qui résultent de la croissance, 2 concernent l’environnement : l’épuisement des ressources non renouvelables et la détério-ration de l’environnement. En effet, les Trente Glorieuses sont marquées par l’avènement de la consommation de masse (Daumas, 2018) : la grande majorité de la population de ces sociétés de consommation a accès aux biens de première nécessité mais également à des biens plus luxueux tels que des voyages ou encore des biens de loisirs (Katona, 1964). Cette consommation de masse entretient la croissance par le biais d’une demande crois-sante. Afin de répondre à cette demande, la période d’après-guerre se caractérise donc par une production accrue et des dommages environnementaux résultant qui augmentent (Langston, 2017), tant en termes de pollution qu’en termes d’exploitation des ressources.
Les conclusions du rapport sont sans appel : dans un monde fini, la croissance écono-mique et démographique ne peut pas être infinie et conduit, tôt ou tard, à un effondrement que Meadows et al. (1972) estiment, si les tendances observées à l’époque se poursuivent,
durant la seconde moitié du XXIème siècle (Colombo, 2001). L’alternative à une crois-sance exponentielle proposée par les auteurs est un état d’équilibre global caractérisé par la constance de la population et du capital industriel. Ils préconisent également une pro-duction qui réduit la pollution émise et la consommation des ressources non renouvelables ainsi qu’une réorientation des préférences de consommation des individus vers des services plutôt que des biens industrialisés, moins propices à la pollution et à la consommation des ressources.
Sous l’impulsion des conclusions du rapport Meadows qui incriminent la croissance, le mouvement de la décroissance se développe. Ici, les partisans du mouvement estiment aller encore plus loin que le rapport puisqu’ils ne prônent pas l’absence de croissance mais le recul de celle-ci par la diminution de la consommation. Environs 30 ans après la publication initiale du rapport, Meadows et al. (2004) le rééditent et apportent des précisions concernant la promotion d’une absence de croissance qui leur est reprochée. Ils y précisent être en faveur d’une société durable au sens de Brundtland (1987), c’est-à-dire « qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Le rapport Meadows s’inscrit donc davantage dans l’histoire du développement durable que dans celle de la décroissance.
Le développement durable, expression utilisée pour la première fois dans le Rapport Brundtland (1987) de la Commission mondiale de l’environnement et du développement, est un développement économique qui intègre les problématiques sociales et environne-mentales. Parfaitement illustré par un diagramme de Venn (1880) (figure 1), le concept se trouve à l’intersection entre ses 3 piliers : l’économie, l’environnement et la société. Il réconcilie donc l’environnement et l’économie, longtemps considérés comme incompa-tibles (Pezzey, 1992). En effet, beaucoup de ressources jouent des rôles différents pour 2 piliers qui semblent inconciliables : Dyllick and Hockerts (2002) prennent notamment l’exemple des forêts qui fournissent de la matière première au pilier économique mais a également des fonctions environnementales, notamment de réservoir de biodiversité, de puit de carbone. Exploiter les forêts est donc économiquement intéressant tandis que les protéger est environnementalement plus pertinent. Le développement durable n’invite pas à choisir entre une gestion économique et une gestion environnementale des forêts mais à concilier les deux intérêts par une gestion durable des forêts : exploiter la forêt à un taux qui n’empêche pas son action écologique.
Ainsi, la démarche du développement durable préconise d’intégrer l’impact global des actions individuelles, tant aujourd’hui que dans le futur. Concernant les volets économie et environnement, qui nous intéressent dans le cadre de cette thèse, une entreprise durable doit donc produire des biens de manière à limiter son impact négatif sur l’environnement. De la même manière, un individu doit consommer durablement les biens c’est-à-dire qu’il doit limiter sa production de déchets et, le cas échéant, disposer du déchet.
Table des matières
Introduction Générale
Contexte général
Dépôt sauvage de déchets
La collecte en mélange
Le tri sélectif
Le comportement de tri.
Les valeurs environnementales.
Les facteurs de contexte
Les variables psychologiques.
Motivations et contributions de la thèse
1 Exploring in-depth joint pro-environmental behaviors: a multivariate
ordered probit approach
1.1 Introduction
1.2 Model
1.3 Application
1.3.1 Data set.
1.3.2 Variables.
1.3.3 Joint Pro-recycling Behaviors.
1.3.4 Results.
1.3.5 Discussion
1.4 Concluding remarks
2 Measuring the effect of pro-environmental attitudes on pro-environmental
behavior: the case of waste sorting on ferries
2.1 Introduction
2.2 Data set
2.3 NEP analysis.
2.4 Index construction
2.5 The Mixed Multinomial Logit (MMNL) model.
2.6 Results
2.7 Conclusion
3 Une expérience de jeu de bien public : contribuer au stock de qualité
environnementale par le tri
3.1 Introduction.
3.2 Revue de la littérature.
3.2.1 Le jeu de bien public classique
3.2.2 Le problème des passagers clandestins dynamique.
3.3 Construction d’un protocole
3.3.1 Andreoni (1988).
3.3.2 Protocole final
3.3.2.1 Traitement stock.
3.3.2.1.1 Le bien public : la qualité environnementale
3.3.2.1.2 Le compte privé
3.3.2.1.3 Le paiement
3.3.2.1.4 Équilibre de Pareto.
3.3.2.1.4.1 Cas continu.
3.3.2.1.4.2 Cas discret
3.3.2.1.5 Équilibre de Nash parfait au sens de Markov
3.3.2.1.5.1 Cas continu.
3.3.2.1.5.2 Cas discret
3.3.2.2 Traitement intermédiaire
3.3.2.2.1 Le bien public : la qualité environnementale
3.3.2.2.2 Le compte privé
3.3.2.2.3 Différences avec le traitement stock de notre expérience
et avec le traitement partenaires d’Andreoni
(1988)
3.3.2.2.4 Equilibre de Pareto.
3.3.2.2.5 Equilibre de Nash parfait au sens de Markov
3.3.2.3 Questionnaire
3.4 Experience
3.4.1 Premier pilote
3.4.2 Pilote.
3.4.3 Résultats
3.5 Conclusion
Conclusion Générale
Annexe A Conditional probabilities
Annexe B Marginal effects
B.1 18-24 years old marginal effects
B.2 25-34 years old marginal effects
B.3 35-44 years old marginal effects
B.4 Annual income marginal effects
B.5 Suburban marginal effects
B.6 Living in residence for 2 to 5 years marginal effects
B.7 Civic duty marginal effects
B.8 Flat fees marginal effects.
B.9 Everyday mixed waste collection marginal effects
B.10 Door-to-door plastic collection marginal effects.
B.11 Door-to-door metal collection marginal effects.
B.11.1 Door-to-door paper collection marginal effects
Annexe C Instructions traitement stock
C.1 Informations générales.
C.2 La situation de décision.
C.3 Votre revenu du bien public
C.3.1 Le stock de qualité environnementale.
C.3.2 Le revenu du bien public
C.3.3 Exemples
C.3.4 The SeaCleaners.
C.4 Votre revenu du compte privé
C.5 Votre paiement total
Annexe D Apparence du traitement stock
Annexe E Instructions traitement intermédiaire
E.1 Informations générales.
E.2 La situation de décision.
E.3 Votre revenu du bien public
E.3.1 Le stock de qualité environnementale.
E.3.2 Le revenu du bien public
E.3.3 Exemples
E.3.4 The SeaCleaners.
E.4 Votre revenu du compte privé
E.5 Votre paiement total
Annexe F Apparence du traitement intermédiaire
Annexe G Questionnaire
Annexe H Apparence du questionnaire
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