Une enquête sur la violence menée par les élèves
L’enquête a été réalisée au cours des mois de décembre 2011 et janvier 2012 par les élèves de première ES1 auprès des élèves de l’établissement. Les 32 élèves de la classe ont été répartis en deux groupes. Pendant 6 séances de TD en demi-groupe ils ont travaillé en salle informatique pour créer, envoyer et traiter les questionnaires. Un groupe s’est chargé de l’enquête de victimation et l’autre de l’enquête de violence auto-déclarée. Nous avons commencé par établir des hypothèses (garçons plus violents que filles ; filles plus victimes de violences ; filles subissent surtout des violences verbales ; plus de violence en seconde ; une violence principalement exercée dans les couloirs ou aux abords du lycée ; …). Ensuite nous avons élaboré les questions permettant de tester nos hypothèses. Le questionnaire a été rédigé grâce au logiciel « Google docs » et son lien envoyé à tous les élèves du lycée par Scolastance. Nous avons reçu environ 150 réponses pour chacune des deux enquêtes. Les élèves ont observé les résultats et chaque élève s’est penché sur une question. Les élèves ont présenté les résultats avec des tableaux et des graphiques. Ils ont ensuite commenté ces résultats, notamment en les comparant aux hypothèses de départ. Chaque élève a réalisé une fiche bilan des réponses à une question, comprenant une représentation graphique des résultats, un tableau des données croisées avec le genre et le niveau et un commentaire des résultats. Ce travail est envoyé au professeur qui doit corriger les erreurs d’analyse. Finalement, le professeur organise une séance de bilan durant laquelle les élèves présentent les résultats les plus marquants. C’est alors l’occasion de revenir sur les erreurs d’interprétation et de lister les intérêts et les limites du questionnaire.Connaitre « les concepts et méthodes de la sociologie » (préambule des programmes).
Les élèves sont ainsi initiés au notions « d’échantillon », de « représentativité », « d’hypothèse », de « vérification empirique », « surreprésentation », « Opinion », « Prénotions », « Objectivation », etc… Par ailleurs, ils sont amenés à découvrir sans formalisme, au travers de l’activité, quelques principes élémentaires concernant l’enquête d’opinion, outil essentiel des sciences sociales. Adopter une « approche scientifique du monde social ». En effet, « Comme dans les autres sciences, il s’agit de rendre compte de façon rigoureuse de phénomènes soigneusement définis, de construire des indicateurs de mesure pertinents, de formuler des hypothèses et de les soumettre à l’épreuve de protocoles méthodologiques et de données empiriques. » On montrera qu’il existe des outils pour confronter un point de vue au réel, qu’il est possible, en prenant certaines précautions, de se faire une idée relativement objective du monde social. Cela permettra de donner du sens à l’argumentation du professeur qui, tout au long de l’année, est amené à utiliser ce genre de statistiques dans son cours. Avoir conscience de l’existence de prénotions qui peuvent être confirmée, mais très souvent aussi infirmée. Le monde social dans lequel nous évoluons peut nous apparaitre parfaitement lisible mais cacher des mécanismes insoupçonnés. « La démarche scientifique conduit, dans de nombreux cas, à une rupture avec le sens commun ». « L’enseignement des sciences économiques et sociales au lycée vise à former les élèves à une posture intellectuelle, celle du rationalisme critique et de la vigilance épistémologique. » Or cette enquête s’y prête particulièrement bien puisqu’il s’agit tout ‘abord de confronter des hypothèses à une enquête ce qui suppose une première mise en perspective.
Par ailleurs, dans un second temps, la mise en évidence des intérêts et des limites de cette enquête favorise encore davantage l’esprit critique des élèves. Comprendre deux manières de mesurer la délinquance et appréhender leurs avantages et leurs inconvénients. Maitriser les notions de « chiffre noir de la délinquance » et « enquête de victimation ». En termes de savoir-faire Calculs de proportion et de pourcentages de répartition. Les élèves sont amenés à transformer les données brutes en pourcentages pour l’analyse et la comparaison. Ils sont d’ailleurs naturellement amenés à voir les limites des chiffres bruts dès que les discussions s’engagent à la lecture des réponses. Lecture de représentations graphiques : diagrammes de répartition. Les élèves utilisent la fonction de représentation graphique du tableur et doivent choisir la forme la plus adaptée. Ces représentations sont ensuite analysées pour commenter les résultats. C’est aussi une bonne occasion de tester et de comparer différentes représentations graphiques pour un certain type de données. Mesures de variation : coefficient multiplicateur, taux de variation, indices simples. Dans l’analyse des résultats, les élèves doivent comparer les réponses des filles et des garçons, des secondes et des terminales, et le professeur les encourage à utiliser un maximum de calculs favorisant la comparaison.
Lecture de tableaux à double entrée. Les réponses aux questions sont croisées par les élèves avec le genre et le niveau des sondés. Ils réalisent eux-mêmes des tableaux à double entrée. Le logiciel « Google docs ». Grace au tutoriel qui reste à leur disposition dans l’espace commun de la classe et au travail d’analyse des résultats assez poussé, les élèves maitrisent les fonctionnalités de base de ce logiciel gratuit. Les élèves utilisent de très nombreuses compétences répertoriées dans le B2I, allant de l’aménagement de l’espace de travail, à la réalisation d’un document composite en passant par la participation à des espaces communs ou encore le respect d’un certain nombre de règles de sécurité et d’éthique. Les lèves sont en mesure de faire des sondages de qualité pour leurs Travaux Personnels Encadrés (TPE). Comme nous avons pu le constater dans notre établissement, les élèves qui ont mené une enquête sur six séances, qui ont réalisé les différentes étapes du sondage sont tout à fait disposés à réutiliser ces compétences dans un autre cadre et de façon spontanée.