UN SOUFI FONDATEUR DE TARÎQA ET UN
ERUDIT POETE
Les confréries au Sénégal à la fin du 19e siècle
Au Sénégal, les confréries les plus importantes sont au nombre de quatre : la Tarîqa Tijâniyya qui est numériquement la plus considérable, la Qâdiriyya est la plus ancienne, la Muîidiyya la plus sénégalaise et la Lâhiniyya communément appelée Layène, circonscrite autour de la région du Cap vert. Il ne peut s‟agir ici d‟aborder toutes les confréries en détails, mais plutôt de tracer un tableau ou seront brièvement présentés la naissance et la doctrine de chaque Tarîqa, son fondateur ou son perpétuateur au Sénégal et ses institutions et ses affiliations.
La Qâdiriyya
Cette confrérie d‟origine orientale est partout présente dans le monde musulman. Son fondateur „Adb al-Qâdr al-Jîlânî originaire d‟Iran, précisément natif de Jîl en Mésopotamie, en 1079, a vécu à Bagdad à l‟époque Abbasside où il mourut en 1166 et où se trouve son mausolée. Son enseignement s‟est propagé entre le 15e e let 16e siècle, avant de toucher les rives sud du Sahara au 18e siècle. Aussi, il étendu son influence en Turquie, en Syrie, en l‟Arabie, en Extrême Orient, au Turkistan, en Insulinde et au Yuan, avant de traverser le Maroc, la Lybie et l‟Algérie58 . Cette propagation a été assurée d‟abord par Muhammad ibn „Abd al-Karim al-Mâgîlî avant de l‟être par un nommé Sidî Al-Muhtar al-Kuntî (1724-1811) relayé dans sa mission par son fils Sidî Muhammad. La Qâdiriyya est répartie en trois branches principales : – Les Sîdiyya ; 57 Cf. « La voie mystique la tradition soufie » de Meier (Fritz) in Le monde de l’Islam, Elsevier Séquoia/Paris, 1976, p-p 119-162 58 Cf. contribution à l’étude des confréries religieuses musulmanes de P.J. André, La maison du livre, Alger, 1956, p.207 59 – Les Fâdiliyya ; – Les Kounta. A- Les branches de la Qâdiriyya – La branche Sîdiyya se réfère à Cheikh Sîdiya al-Kabîr (1775-1868) qui a fortement contribué à propager la confrérie en Mauritanie, au Maroc, en Guinée, à Tombouctou et au fleuve Sénégal. Elle est par la suite consolidée par son fils Cheikh Sîdiya Baba (1862-1924) ; – La branche Fâdiliyya prend son nom d‟un ancien disciple de Sidî Al-Muhtar alKuntî en l‟occurrence Muhammad al-Fâdil (1797-1870), fondateur de la Qâdiriyya en Mauritanie dont les deux fils adoptèrent des positions différentes vis-à-vis de la colonisation française : le fils ainé Mâ al-„Ayn (1831-1910) adopta pour la résistance et fonda un Etat au Nord du Sahara occidental, tandis que le cadet, Sa„d Bûh (1850-1917)59 , comme Cheikh Sîdiya Bâba (1862-1924) dans la Sîdiyya, établit des relations cordiales avec les colonisateurs français. Ce dernier s‟établit dans le Sud-ouest Mauritanien près de Saint-Louis. L‟un des petits fils de Muhammad al-Fâdil, à savoir Cheikh Mahfûzh Haydara (1858-1910), fut à l‟origine de l‟Islamisation de la Casamance. Il est le fondateur du village de Darou salam n°160, en 1900, et celui de Bamako en 1906. – La branche Kuntiyya, est fondée par Abû Nu„mân que les wolofs appellent communément Bunâma. Il est originaire de Bou Lamounar dans l‟Azaouad, en Mauritanie. Il fut un disciple de Sîdî Lamine, lui même disciple de Sîdî Muhtar alKuntî al-kabir (1724-1811). Le Roi Biram Fatma Thioube lui céda un fief à Ndankh, un peu à l‟ouest de Ngaye Mékhé, région de Thiès. Son œuvre fut 59 Voir, pour plus de détails, société musulmane et pouvoir colonial français au Sénégal et en Mauritanie 1880- 1920, de Robinson (David), Karthala, Paris 60 A distinguer le Darou Salam (2), créé par son petit fils Shamsdin (m. 1919) et où venaient apprendre le Coran des Pakao, des Diola, des Baynunk et des Balante. 60 perpétuée après sa mort par son fils Bou Kunta (1840-1914) né de son mariage avec une femme wolof du nom de Codou Diop. Bou Kunta voyagea beaucoup et finit par se fixer à Ndiassane où il mourut en 1914. Il comptait un grand nombre de disciples chez les Sossés de Gambie et de Casamance, chez les soninkés du haut fleuve et les Bambaras islamisés du Mali. Ndiassane est aussi devenu le plus grand centre qâdirî du Sénégal où la célébration de la naissance du Prophète, une semaine après la date de naissance, draine beaucoup de fidèles venant du Sénégal et de l‟ouest africain61 . Signalons qu‟en plus de Ndiassane, il ya le foyer de Ngourane au Sénégal, fondé par Cheikh Déthiélaw Seck qui se réclame de la branche Fâdiliyya. Le principal ouvrage légué par „Abd al-Qâdir al-Jîlî, ou Jîlânî selon d‟autres, est al-Ghunyah, où il a tracé une voie soufie inspirée de la sunna, même si par ailleurs des mouvements du corps menant à l‟extase sont notés.
La doctrine de la Qâdriyya
Le fondateur, très attaché à la promotion des qualités morales, s‟illustre par son originalité dans la définition de la crainte de Dieu qu‟il juge ne pouvoir s‟accomplir que dans l‟observance des dix attitudes suivantes jugées comme des obligations pour les disciples qui empruntent la voie, car tirées des recommandations du Coran : – garder la langue de la médisance et de la calomnie. « Et ne médisez pas les uns les autres…. » 62 . – évitez de conjecturer sur autrui. « Ô vous qui avez cru ! Évitez de trop conjecturer [sur autrui] car une partie de vos conjectures est péché » 63 . – éviter la raillerie. « Ô vous qui avez cru ! Qu‟un groupe ne se raille pas d‟un autre groupe… » 64 . 61 Cf. Samb (Amar), op.cit, p.485-486. 62 Coran, s.49 (Al Hujurât), v.12. 63 Idem. 61 – contrôler le regard. « Dis aux croyants de baisser leurs regards… » 65 – être véridique et juste. « Et quand vous parlez soyez équitables même s‟il s‟agit d‟un proche parent » 66 . – reconnaître les dons de Dieu pour ne pas s‟émerveiller de soi. « Allah vous a comblés en vous dirigeant vers la foi… » 67 . – dépenser sa richesse dans ce qui est recommandé, non pas dans ce qui est déconseillé, et en observant l‟équilibre. « Qui, lorsqu‟ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares mais se tiennent au juste milieu » 68 – rester humble et renoncer à la corruption. « Cette demeure dernière, nous la réservons à ceux qui ne cherchent, ni à s‟élever sur terre, ni à y semer la corruption… » 69 . – observer les cinq (5) prières, canoniques au horaires prescrits et avec humilité. « Soyez assidus aux salats et surtout la salât médiane, et tenez-vous debout devant Allah, avec humidité » 70 . – la persévérance dans la sunna du Prophète et l‟unité. « Et voila mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc ; et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de sa voie…. » 71 Les dix « commandements »72 viennent compléter les litanies qui consistent à demander pardon à Dieu, à célébrer l‟unicité de Dieu et formuler des prières de paix et de salut dédiées au Prophète. 64 Coran, s.49,v.11. 65 Coran, s.24 (An-.nûr), v.30. 66 Coran, s.6 (Al-Anâm), v.152 67 Coran, s.49, v.17 68 Coran, s.25 (Al-Furqân), v.67 69 Coran, s.28 (Qasas), v.83. 70 Coran, s.2 (Al-Baqara), v.238. 71 Coran, s.6, v.153. 72 Al-Jîlâni A.Q, Al-Ghunya, T.1, Ed. Dâr al-Fikr, le Caire, S.d, p.158. 62 2- La Tîjâniyya La Tîjâniyya est une confrérie fondée par Cheikh Ahmad at-Tîjâni (1737- 1815). Ce dernier naquit à „Ayn mâdî, près de Laghouat dans le sud de l‟Algérie vers 1737. La fourchette de la vie de Cheikh Ahmad at-Tîjâni qui alla de 1737 à 1814 fut décisive dans sa vie ; elle et orientera l‟enseignement propre à la Tîjâniyya. C‟est durant cette période que se dessineront les grandes orientations du saint homme. Elles consisteront à une prise de conscience de la nécessité d‟une réforme dans la manière d‟appréhender le taçawwuf et l‟éducation spirituelle, ce qui ne manque pas de bousculer ce qu‟avait connu le Maghreb comme confrérisme, un confrérisme qui n‟a pas échappé à certaines pratiques déviant de la sunna du Prophète Muhammad (P.S.L). Des pratiques qui ne manquèrent pas de susciter les critiques des salafites (sunnites orthodoxes), surtout d‟obédience wahhâbite. Le destin historique du saint homme s‟est forgé à cette période de prédication de la Tîjâniyya dans la région de Tlemcen. La réaction des autorités turques régnant en Algérie à l‟époque sera à l‟origine de son exil. En effet, le Bey d‟Oran du nom de Muhammad Ibn Uthmân décidera de son expulsion de Tlemcen vers un village du Sahara. Et c‟est à la suite de la prise du pouvoir par le fils de ce Bey Uthmân que le Cheikh sera contraint à l‟exil définitif à Fès73. Cet exil eut lieu en 1796, intervenant dans une période où le Maroc est bouillonnant d‟idées religieuses et où les adeptes de la Tîjâniyya étaient persécutés de la part de ce fils du nom de Bey Uthmân Ibn Muhammad. Durant la période allant de 1796 à 1814, coïncidant avec un vaste mouvement religieux touchant toutes les sphères de la société marocaine dont il fut alors l‟illustre hôte, au temps du sultan marocain Mulay Sulaymân, le Cheikh, 73 Cf. Mbaye (Rawane), Le Grand savant El hadji Malick Sy, pensée et action, T.I (vie et œuvre), Ed. Albouraq, Beyrouth, 1424/2003, p.279-280. 63 malgré les vents de critiques et d‟adversités, refuse de céder la place et reste attaché à sa mission de rénovateur et de purificateur du soufisme. Il mourut à Fès, au Maroc en 1815 où son tombeau demeure un lieu de pèlerinage. La Tîjâniyya est une confrérie connue largement diffusée au MoyenOrient, mais surtout au Maghreb et en Afrique sub-saharienne74. Elle s‟est répandue en Afrique de l‟ouest par l‟intermédiaire de tribus maures, les Idaouali, et des peuls. Mais, elle a connu un tournant historique avec El hadji Omar Tall. Né vers 1797, à Halwâr, petit village au Fouta Tôro, près de Guédé, un peu à l‟Est de Podor, ville du Sénégal, ce grand templier de l‟Islam noir, est initié à la Tîjâniyya par un grand lettré du Fouta Djallon, „Abd al-Karîm Ibn Ahmad. Mais, c‟est lors de son pèlerinage à la Mecque en 1826 qu‟il reçut de Sîdî Muhammad Ghâlî le titre de Calife de la confrérie Tîjâniyya pour l‟Afrique noire. Alors que le titre de Muqaddam était, habituellement, décerné dans la Tarîqa et procurait déjà honneur et respect. Ainsi ; pendant quinze ans, de 1849 à 1864 il mena la guerre sainte, la lutte ouverte en vue d‟Islamiser non seulement la Sénégambie mais aussi toute l‟Afrique de l‟ouest. Ainsi, comme l‟affirme Rawane Mbaye 75, c‟est « El hadji Omar qui introduisit la Tîjâniyya au Sénégal ». Son personnage est exalté par bon nombre d‟historiens et de biographes, et les mots de Amar SAMB qui suivent en sont une parfaite illustration : « Si jamais un personnage de l‟Islam noir a soulevé tant de passions, suscité tant de curiosité par un magnétisme qui tient du grand rôle historique qu‟il a joué, de la conscience de sa mission de conducteur de peuples, des actions extraordinaires accomplies en un court laps de temps et des traces de ses exploits dont retentiront toujours les siècles, c‟est bien El hadji Omar » 76 . 74 Cf. Triaud (Jean Louis) et Robison (David)., La Tîjâniyya : une confrérie musulmane à la conquête de l’Afrique, Ed. Karthala, Paris, 2000, p.512. 75 Mbaye (Rawane), op.cit, p.288. 76 Samb (Amar), op.cit, p.477. 64 La Tîjâniyya omarienne, du nom de son fondateur, guerrière en plus des moyens de l‟enseignement et de l‟éducation spirituelle, se développa principalement dans la vallée du fleuve Sénégal ou domine l‟ethnie Toucouleur. La famille TALL, comme le dit Hélène grand -homme : « Revient sur le devant de la scène religieuse sénégalaise avec le petit fils d’El Hadji Omar, en l’occurrence Seydou Nourou Tall (1864-1980). Ses origines, son œuvre et ses connaissances religieuse font de lui la grand marabout de l’A.O.F » 77 . En dehors de la famille des Tall, constituée des descendants de El Hadji Omar, deux autre familles s‟illustrent dans la Tîjâniyya au Sénégal, la famille de El Hadji Malick Sy (1853-1922) et la famille de Abdoulaye Niass (1845-1922). El hadji Malick Sy (1853-1922), né à Gaya, au Fouta Tôro du Sénégal, fondateur de la Tîjâniyya qu‟il tenait par l‟intermédiaire de son oncle maternel, Alpha Mâyoro Wéllé qui, à son tour, le tenait d‟El hadji Omar Tall. Après une formation qui le mena un peu partout au Sénégal, il fit un bref séjour en Mauritanie auprès de Muhammad „Ali, avant de se rendre en pèlerinage à la Mecque en 1889. El hadji Malick se fixa durant sept ans à Ndiarndé en cultivant et en enseignant. C‟est en 1902 qu‟il s‟installe définitivement à Tivaouane où il fonda une école d‟exégèse Coranique, plus précisément un foyer d‟éducation intellectuelle et spirituelle où il transféra la célèbre « université » de Ndiarndé qu‟il avait créée sept ans plus tôt78 . En plus de la ville de Tivaouane devenue une zâwiya de l‟ordre tijânî, il créa une autre zâwiya à Saint-Louis, puis une autre à Dakar, avenue Maginot.79 . El hadji Malick Sy, contrairement à ces prédécesseurs guerriers, milita pour une tijâniyya persuasive et apaisée dont il fut le véritable propagateur au Sénégal. 77Grand-homme (Hélène), La France et l’Islam au Sénégal. La République face à une double altérité : le colonisé et le musulman (1936-1962), thèse de doctorat, T.1, Nantes-Sénégal, 2007-2008, p.86. 78 Mbaye (Rawane), op.cit, p.210. 79 Litanie exécutée deux fois par jour en commun, après la prière canonique, par les fidèles d‟un ordre religieux. 65 Il a vécu en homme pieux, vertueux, respecté de tous, dévoué à l‟Islam mais attaché à la paix. Il était par ailleurs un enseignant compétent dont le génie politique à laissé une belle œuvre, dont Hilâç adh-dhahab fî sîrat hayr al-‘Arab (l‟or pur dans la biographie du meilleur des Arabes), plus connue par la Mîmiyya (poème de rime m), basée sur le mètre basît (simple), à l‟image de Muhammad AlBuçayrî , auteur de la célèbre Burdah. Il a écrit aussi une qaçîda intitulée Rayy azh-zham’ân fî sîrat sayyid banî ‘Adnân (L‟abreuvement de l‟assoiffé dans la biographie du maître de banû „Adnân) communément appelée Nûniyya, toutes les deux qaçîda (poèmes) sont consacrées à la biographie du prophète, et témoignent de ses qualités littéraires, mais aussi du rayonnement de sa zâwiya de Tivaouane que Paul Marty qualifie de « véritable université populaire » 80 . Il mourut le 27 Juillet 1922 à Tivaouane où son tombeau constitue un lieu de pèlerinage. Ce pèlerinage est à différencier du Mawlid (naissance) qui commémore l‟anniversaire de la naissance du Prophète Muhammad (P.S.L) qui draine chaque année des milliers de fidèles vers la ville sainte. A sa mort, son fils Babacar Sy lui succéda comme Calife général des tijânî jusqu‟à sa mort le 25 Mars 1957. Ce dernier fut remplacé par El hadji Abdoul Aziz Sy qui, avant sa mort, désigna comme Calife Serigne Mansour Sy, petit fils d‟El -hadji Malick Sy, pour le remplacer. Le Calife actuel est Cheikh Tidiane Sy, souvent appelé Al-Maktûm, lui aussi fils du premier Calife, Babacar Sy. La troisième famille de la Tîjâniyya au Sénégal est la famille des Niass appelée Niassène au Sénégal. Elle tient son nom du fondateur, en la personne de Abdoulaye Niass (1844-1922M). Compagnon de Mabba Diakhou (m.1867), ce marabout toucouleur aussi est chargé par El-Hadji Omar, dit-on, de propager l‟Islam au sud du Sénégal, suite à la rencontre des deux hommes en 1854. Il prit l‟initiation auprès de ce dernier, comme auprès d‟autres marabouts maures, avant 80 Marty (Paul), Etudes sur l’Islam au Sénégal, volume I : les personnes, Ed. E. Leroux, Paris, 1917, p.186. 66 d‟effectuer un pèlerinage à la zâwiya mère de Fès, en 1887. Comme El hadji Omar et Mabba, il fut un adepte de la guerre sainte. Ce qui ne manqua pas de lui coûter une grande répression de la part des colonisateurs français. Il œuvra inlassablement à vulgariser les principes de l‟Islam et de la Tîjâniyya et insista beaucoup sur l‟enseignement du Coran et des disciplines arabo-islamiques. Ce qui fait de Kaolack, ville où il était basé, bien qu‟originaire du Djolof, un grand foyer d‟enseignement arabo-islamique jusqu‟à ce jour. Mais c‟est son fils et troisième Calife, Ibrahima Niass, qui fera rayonner la Tîjâniyya dans la région de Sine-Saloum. Ce dernier est le fondateur de la voie d‟éducation mystique appelée at-tarbiya. Amar Samb nous le décrit comme étant « Une puissante personnalité, ardent polémiste, théologien de combat, défenseur acharné, exclusif et du Prophète et de l’Islam, El hadji Ibrahima Niass n’hésite pas à prendre des positions courageuses contre les attaques contre un certain clergé catholique et contre les colonisateurs » 81 . Il étendra son influence en Mauritanie, au Ghana, au Soudan, au Nigéria, et au Dahomey (actuel Benin), ce qui lui assura une grande renommée à l‟extérieur du Sénégal. Ses adeptes, qui se comptent en milliers à travers l‟Afrique, organisent à Kaolack la traditionnelle ziyâra annuelle pour renouveler à la famille leur allégeance, après celle vouée au marabout Ibrahima Niass de son vivant. Mais, malgré la représentativité de ces trois familles dans la Tîjâniyya au Sénégal, le rayonnement de cette tarîqa ne relève pas exclusivement de leur mérite.
INTRODUCTION GENERALE |