Un peu de botanique
La famille des Lamiaceae On ne présente plus la famille des Lamiaceae, groupe majeur des Angiospermes parmi lesquels on retrouve les genres telle que Salvia (sauge), Ocimum (basilic) et Mentha (menthe) avec diverses utilisations, qu’elles soient alimentaires ou médicinales. Classée chez les Angiospermes et faisant partie des Dicotylédones vraies, cette famille rassemble des plantes herbacées ou arbustives (très rarement des arbres). Les feuilles sont opposées, parfois verticillées ou alternes, généralement simples. Elles sont souvent dentées, velues et glanduleuses. La tige, fréquemment velue, présente une section quadrangulaire. Les fleurs sont hermaphrodites, groupées en cymes compactes ou plus rarement solitaires en position axiale. Les inflorescences, de type sympodial, forme un glomérule disposé en épi. Le calice, souvent persistant, est pentamère tout comme la corolle, possédant ainsi cinq lobes pouvant être bilabié. L’androcée est didyname car possède 2 étamines courtes et 2 longues (on parle d’hétérostémonie). [4-5]. La formule florale générale de cette famille est la suivante : F = (5S) + (5P) + 4E + 2C Soit 5 sépales soudés entre eux, tout comme les pétales. 4 étamines et 2 carpelles qui sont posées sur le thalamus. Cette famille est présente sous tous les climats, à toutes les latitudes. Très présente dans la région méditerranéenne, ces plantes aromatiques possèdent des poils sécréteurs à essence. Leur intérêt économique est multiple : elles sont aussi bien utilisées en parfumerie qu’en aromathérapie, mais également dans l’alimentation et la phytothérapie. Dans la recherche de nouvelles molécules et de cibles pharmacologiques, les plantes médicinales occupent une belle place. Elles ont suscité beaucoup d’intérêt durant les dernières décennies. En effet celles-ci sont à la base des médecines traditionnelles et on estime à 80% la population des pays en développement ayant recours à ces pratiques pour les soins de santé primaire [6]. Les études sur le terrain sont précieuses et les seules permettant de connaitre ces pratiques traditionnelles : il s’agit d’aller au contact direct des personnes qui se soignent de cette façon en espérant qu’elles acceptent de partager leur savoir… Cela ferait l’objet de la deuxième partie de cette thèse.
Le genre Plectranthus et les espèces présentes sur l’île de La Réunion
Parmi cette grande famille botanique, on retrouve le genre Plectranthus, appartenant à la sous famille des Nepetoideae, tribu Ocimeae, sous-tribu Plectranthinae. Ce genre large contient plus de 300 espèces réparties partout dans le monde, notamment dans les régions chaudes et tropicales, allant de l’Afrique à l’Inde en passant par le Brésil et l’Australasie. Ces espèces sont prolifiques et présentent diverses utilisations, aussi bien horticole, alimentaires que médicinales. [7] D’après l’index du Conservatoire Botanique Nationale de Mascarin (CBNM) [8], les Plectranthus ont été introduits par l’activité humaine, de façon fortuite ou volontaire, sur l’île de La Réunion et se propagent localement : on dit qu’ils sont sténo-naturalisés. On les retrouve sur l’ensemble de l’archipel des Mascareignes, avec des diversités d’espèces. A La Réunion, elles sont toutes exotiques. Le CBNM possède un service de conservation de la flore et des habitats. Selon le CBNM, il existe au moins 4 Plectranthus à La Réunion : P. amboinicus Spreng, P. neochilus Schltr, P. scutellarioides R.Br, et le P. ornatus Codd (ce dernier ayant été signalé comme plante ornementale mais non référencé). Les deux premiers sont utilisés pour leurs vertus médicinales mais sont souvent confondus : leurs morphologies sont proches. – 20 – A) Plectranthus amboinicus : gros baume, ti baume Photographie 1 : Plectranthus amboinicus (Jessica Nakab) Plectranthus amboinicus est connu depuis quelques décennies déjà. Il présente diverses utilisations en médecine traditionnelle réunionnaise et est connu sous les noms vernaculaires de « Gros Thym » ou « Gros Baume » ou encore « Ti Baume » [9]. Originaire d’Asie tropicale, il est considéré comme une espèce exotique sur l’île de La Réunion. On peut la trouver également sous les noms de Coleus amboinicus ou Coleus aromaticus. Cette plante herbacée dégage une forte odeur aromatique que certains associent au thym (d’où son nom). Sa tige peut atteindre 1m de hauteur et est charnue, ramifiée et pubescente. Ses feuilles sont attachées à la tige par un pétiole qui peut mesurer entre 1 cm à 5 cm. Elles sont épaisses, simples, opposées et charnues. Le lobe est ovale, mesure entre 4 à 10 cm de long pour 3 à 9 cm de large. La base est le plus souvent atténuée. L’apex est obtus voire arrondi. Les bords sont grossièrement crénelés voire dentés et les deux faces sont recouvertes de poils. Les poils glandulaires confèrent à la face inférieure du lobe un aspect givré. Les inflorescences sont en grappe terminale de 10 à 20 cm composées de 10 à 20 verticilles de fleurs. Les fleurs, de couleur blanchâtre, sont formées d’un calice hirsute et glandulaire mesurant entre 1,5 à 4 mm de long, et d’une corolle de 8 à 12 mm – 21 – de long. Les fruits sont des tétrakènes allongés, glabres avec une surface lisse de couleur brun pâle, de 7 mm de long et 5 mm de large. Cette plante est rarement attaquée par les insectes ou les parasites mais elle va attirer les abeilles, les syrphes et les papillons grâce à son nectar. Elle est peu exigeante en termes de lumière et d’eau : elle peut être cultivée à l’ombre et résister à de longues périodes de sécheresse. Elle apprécie les sols limoneux profitant d’un bon drainage. Sa croissance est relativement rapide et demande peu d’entretien. Sa reproduction peut se faire de façon sexuée ou de manière végétative par bouturage des tiges ou des racines.