Un dispositif qui permet de remotiver les élèves ?
La motivation
Définir la motivation
La motivation n’est pas simple à définir car les opinions et les pratiques divergent à ce sujet. D’un point de vue général, on peut dire que la motivation correspond à ce que l’on veut faire, à l’inverse de la compétence qui correspond à ce que l’on sait faire. Le mot tire son origine du latin « movere » qui signifie se mouvoir, mettre en mouvement. La motivation a donc été définie étymologiquement par les premiers théoriciens comme le résultat d’un manque ou d’un déséquilibre qui va créer une tension, de l’énergie qui va pousser l’individu à agir. D’après l’auteur Joseph Nuttin, la motivation peut se définir comme « un aspect dynamique et directionnel du comportement ». Elle désigne, d’après lui, « l’ensemble des mécanismes biologiques et psychologiques qui permettent le déclenchement de l’action, l’orientation, l’intensité et la persistance ». 5 On retrouve également comme définition proposée par Patrice Roussel du LIRHE (Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur les Ressources Humaines) : « la motivation est un processus qui active, oriente, dynamise et maintient le comportement des individus vers la réalisation d’objectifs attendus ». Dans un contexte scolaire, la motivation représente un moteur chez les élèves, elle est nécessaire aux apprentissages comme l’affirment Hull et Thorndike. D’un point de vue de l’enseignant, la motivation scolaire est souvent ce qui fait que les élèves sont à l’écoute et travaillent fort. Hors chaque enseignant aurait sa propre opinion sur ce qu’est une écoute attentive ou un travail fort. Ferrière (1920) insiste sur l’importance de l’intérêt des élèves pour et dans le travail scolaire. La motivation joue un rôle non négligeable dans la réussite ou dans l’échec scolaire des élèves. D’après Rolland Viau, on peut parler de dynamique motivationnelle qui peut être définie comme « un phénomène qui tire sa source dans des perceptions que l’élève a de lui-même et de son environnement, et qui a pour conséquence qu’il choisit de s’engager à accomplir l’activité pédagogique qu’on lui propose et de persévérer dans son accomplissement, et ce, dans le but d’apprendre ». La motivation doit être vue comme un processus dynamique et non comme un état figé et permanent. Cette dynamique motivationnelle est tirée de trois sources : – La perception que l’élève a de la valeur d’une activité, – La perception qu’il a de sa compétence à l’accomplir, – La perception de contrôlabilité sur son déroulement. Figure 1 : Représentation de la dynamique motivationnelle par Rolland Viau (1994) 6 La dynamique motivationnelle est influencée par des facteurs externes relatifs à la vie personnelle de l’élève (famille, amis) ; à la société (valeurs, culture, lois) ; à l’école (règlements, horaires, activités extrascolaires) ; à la classe (activités pédagogiques, relation avec l’enseignant, les pratiques évaluatives, le climat de la classe, les récompenses et les sanctions mises en place). La définition de Rolland Viau a été au cœur de plusieurs recherches au cours de ces dernières années. Bernard André donne sa propre définition de la motivation en disant que motiver c’est « créer des conditions de travail permettant à l’élève de passer de son impuissance apprise à un engagement de qualité dans les activités proposées. L’élève n’arrive pas « neutre » devant l’apprentissage ». L’enseignant est en mesure d’agir, il doit donner le sens à tout apprentissage car « motiver un élève c’est donner du sens à ses apprentissages en les finalisant autrement que par une motivation extrinsèque ».
La théorie de la motivation
La perception cognitive de la motivation présente plusieurs éléments qui ont été repris dans un ouvrage par Lieury et Fenouillet (2013). ❖ L’auto efficacité ou le sentiment d’efficacité (Bandura, 2003) correspond à la perception que l’individu a de ses propres capacités. Ce sentiment va avoir un rôle dans le choix de s’investir ou non dans une activité proposée. ❖ La recherche de cohérence de soi (Tesser 1998, Swann 1999) ou de l’estime de soi peut être associée à sa propre mise en valeur ce qui entrainerait une comparaison, une vérification de soi chez les autres. ❖ La considération positive inconditionnelle (Rogers 1961) est un besoin qui emène l’individu vers la croissance et le développement de son potentiel inné. Pour cela, il est nécessaire d’avoir un concept de soi et d’avoir le sentiment d’être aimé, respecté. Le regard des autres va donc avoir un grande influence. Rogers évoque l’importance du regard positif inconditionnel d’autrui, c’est-à-dire que ce regard va permettre à l’individu d’avoir le sentiment que sa confiance est au centre de ses décisions. ❖ La complexité, la nouveauté et l’inconguité sont des variables prinicpales qui participent à l’intérêt (Berlyne 1960). ❖ La théorie de l’autodétermination (Decy et Ryan, 1985 1987) correspond à une activité intrinsèque entrainant la motivation de l’individu à faire quelque chose ou à interagir. Réalisation de soi Estime de soi Appartenance et affection Sécurité Besoins physiologiques Figure 2 : La pyramide des besoins, Abraham Maslow (1940) 8 L’ensemble de ces éléments agiraient en interaction sur la motivation des élèves. Pour ma part, l’interaction entre l’estime de soi et la considération positive inconditionnelle est importante. Il existe un lien étroit entre ce que l’on pense de nous-même, de nos capacités, avec le regard des autres. Ce dernier va avoir une influence positive ou négative sur la recherche de cohérence de soi et induire ou non de la motivation. Si en classe, un élève ayant des difficultés d’expression orale est sujet aux moqueries des autres élèves lors de la lecture d’un document, alors il ne va plus vouloir lire en classe. L’élève en question va perdre confiance en lui et sa motivation. D’après Rolland Viau, il faut mettre en place des pratiques qui offrent aux élèves un choix et qui fassent le lien entre les apprentissages et leur vie quotidienne (donner du sens et de l’utilité aux apprentissages) et qui considèrent les erreurs comme élément du processus d’apprentissage.
Effet de la motivation sur l’acquisition des connaissances
Les sources et les leviers de la motivation
D’après les idées de Rolland Viau, certains élèves ont de la difficulté à avoir une perception réaliste de leur compétence. Ils doutent de leur capacité à réaliser les activités qu’on leur demande. Les élèves moins compétents ne réalisent pas les activités, donc ne progressent pas, alors que les élèves les plus compétents accomplissent les activités, et progressent. Pour Willy Lens, la perception de l’utilité d’une activité favorise un fonctionnement optimal. Cette perception créée des obstacles, par exemple les élèves jugeant peu utiles les activités non notées. En effet, ils évaluent la valeur d’une activité en fonction de la performance qu’ils peuvent afficher plutôt qu’en fonction de l’apprentissage qu’elle leur permet de faire. Ces élèves ont un but scolaire de performance. Pour eux les activités pédagogiques non notées sont sans intérêt. À partir des travaux des principaux chercheurs sur la motivation, dix conditions ont été dégagées pour qualifier une activité motivante
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