Ancrage et rupture avec la ville de Tours
Ancrée dans le Val de Loire et jumelée avec la ville de Tours, Saint-Pierre-des-Corps, cherche cependant à se définir comme une commune à part entière, insufflant de ce fait une rivalité et parfois une confrontation avec la ville de Tours.
Partie intégrante de l’agglomération tourangelle
Partie intégrante de l’unité urbaine de Tours, la ville de Saint-Pierre-des-Corps nécessite, pour son développement, l’attractivité et la tutelle de sa voisine. Depuis janvier 2010, la formation de l’agglomération Tourangelle Tour(s) Plus unie 19 communes pour permettre la réalisation de projets structurants à l’échelle de l’ensemble du territoire. La communauté d’agglomération vient d’abord renforcer l’action des communes et permet également, par la mutualisation des moyens financiers et techniques, de réaliser des projets qui seraient inabordables pour une seule des villes. La CA (Communauté d’agglomération) Tour(s) Plus concentre son attention sur des thématiques actuelles, telles que la qualité des eaux usées, le traitement des déchets, le développement économique et l’emploi ainsi que l’équilibre et la mixité sociale. La mise en application de projets en lien avec ces problématiques nécessite tout particulièrement une coopération intercommunale. Cette solidarité des territoires apparaît désormais comme un moyen et un outil pour un développement cohérent et équilibré, et pour l’apport d’une réponse concrète aux besoins des habitants de l’agglomération de Tours.10 Depuis fin 2009, la CA Tour(s) Plus s’est dotée d’une Direction du Développement Durable afin d’engager des mesures concrètes de préservation de l’environnement à l’échelle intercommunale. A travers la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la réduction de la dépendance aux énergies fossiles, la CA a pour objectif d’adapter le territoire aux changements. La communauté a instauré, dans le cadre du plan climat 2011-2014, un programme d’actions. Les spécificités de la trame verte et bleue11 sont alors intégrées dans chaque opération communale et intercommunale.
La ville de Saint-Pierre-des-Corps nécessite une cohésion intercommunale pour la mise en œuvre de nombreux projets à l’échelle du territoire. L’aménagement ne peut plus aujourd’hui être considéré seulement à l’échelon communal. L’aspect écologique demande une prise en compte du territoire dans sa globalité, en particulier pour l’intégration des trames vertes et bleues. La question des transports également doit être appréhendée dans un contexte de mutualisation des moyens.
Des villes rivales
Si Saint-Pierre-des-Corps s’inscrit dans une complémentarité avec la ville de Tours et bénéficie de l’appui de l’agglomération « Tour(s) Plus » dans la mise en œuvre de projets, la commune continue de revendiquer son identité propre. Au-delà de l’entraide intercommunale, les villes de Tours et de Saint-Pierre-des-Corps sont parfois opposées en rivales, dans la relation entre les deux maires ou encore dans les idées reçues des habitants. Au vu de certaines sources, les deux villes seraient en désaccord sur des questions de transport ou de risques naturels, notamment concernant le barrage de la Loire à Saint-Pierre-des-Corps. Les Maires eux-mêmes, outre leurs idées politiques, ont un point de vue différent quant au développement de leur commune respective. Déjà en 2004, l’article de l’Express intitulé : « Jean Germain, homme de compromis, » décrivait les relations entre Marie-France Beaufils, sénatrice et maire communiste de Saint-Pierre-des-Corps, et Jean Germain, maire socialiste de Tours. La maire de Saint-Pierre affiche sa différence : «Par exemple, on n’a pas été d’accord avec la venue de la compagnie à bas prix Ryanair à l’aéroport.»
Cible de préjugés récurrents au sein de l’agglomération tourangelle, la ville de Saint-Pierre semble souffrir d’une réputation peu illustre. Cette position se retrouve notamment dans certains blogs, par exemple dans Saint-Pierre-des-Corps, c’est où ça ? », blog tenu par un habitant, dans lequel un article intitulé « Saint-Pierre-des-Corps, ça fait tâche ? » décrit la façon dont la mention du nom de Saint-Pierre-des-Corps est volontairement omise sur une publicité pour des nouveaux appartements. Seul le nom de Tours est cité, alors que les logements sont situés dans l’enceinte de Saint-Pierre-des-Corps.
Cette concurrence peut trouver une partie de son explication par l’histoire, qui a souvent placé Saint-Pierre-des-Corps au rang de ville sacrifiée au profit de Tours. Le nom de la ville de Saint-Pierre-des-Corps en lui-même pourrait être une cause de ce sentiment d’aliénation ressenti par les Corpopétrussiens (habitants de Saint-Pierre). A l’époque gallo-romaine, les Turons (peuple établi à Tours) venaient incinérer leurs morts à l’extérieur de la ville, dans la varenne (à l’est), et le nom de Saint-Pierre-des-Corps est aujourd’hui le témoin du rôle de cimetière de la ville à cette époque.12 Saint-Pierre devient commune en 1790 et est alors renommée « La Clarté Républicaine », mais Napoléon lui fit reprendre son ancien nom. La ville conserve alors aujourd’hui une appellation à connotation sombre et plutôt négative. Par ailleurs, Saint-Pierre a dû léguer une partie de son territoire à la ville de Tours au courant du XIXème siècle.
Effectivement, une loi de mai 1855 entérina la cession à Tours de tout le territoire situé à l’ouest du canal de Berry : Les Amandiers, les Guetriers, La Barre et le quartier de La Fuie, que l’on connaît toujours sous cette appellation.
A travers l’historique commun aux deux villes, nous pouvons trouver une source d’explication aux divergences et aux confrontations qu’il peut exister aujourd’hui entre Tours et Saint-Pierre-des-Corps.
Une ville carrefour
Située sur une grande voie de circulation antique formée de la jonction du chemin qui emprunte la rive droite du Cher et de celui qui descend la rive gauche de la Loire, la ville de Saint-Pierre-des-Corps était déjà un lieu de passage très fréquenté dès la préhistoire.13 Aujourd’hui, elle a conservé sa position stratégique et son rôle de plateforme, dus principalement à la présence d’équipements routiers et ferroviaires.
Au cœur des infrastructures routières
Saint-Pierre-des-Corps est positionnée au centre d’un véritable réseau autoroutier, qui permet une ouverture de la ville et de l’agglomération sur le nord de l’Europe ainsi que sur la façade atlantique.
L’autoroute A10 Paris-Bordeaux (Paris-Tours-Espagne) dessert l’Indre-et-Loire en huit échangeurs et permet une traversée nord-sud rapide de la ville de Tours. Saint-Pierre-des-Corps est alors placée à seulement 2h20 de Paris (à une distance de 237 km) et à 3h20 de Bordeaux (348 km). L’autoroute A85, qui relie les villes de Nantes-Tours-Lyon, permet de rejoindre Nantes en 2h20 et Angers en 1h30. Elle place notamment l’agglomération tourangelle sur l’axe façade atlantique-Europe de l’Est. Enfin, l’autoroute A28 (Calais-Tours-Espagne), relie l’Europe du Nord à l’Espagne en évitant l’agglomération parisienne et permet de rallier la ville de Rouen en 2h50 et Le Mans en 1h. Par ailleurs, le contournement de l’agglomération est assuré par un périphérique, construit actuellement seulement pour la partie ouest et sud. Le conseil général d’Indre-et-Loire a mis en œuvre un schéma départemental routier afin de renforcer l’accessibilité et les liaisons entre les pôles économiques.14
Saint-Pierre-des-Corps, au sein de l’agglomération tourangelle, bénéficie donc d’infrastructures d’exception. Ainsi, sa place centrale dans ce que l’on peut qualifier d’une étoile autoroutière à cinq branches lui assure une bonne desserte et accessibilité routière.
