Typologie de travail d’accompagnement des familles par l’association
A la base, l’association ne disposait ni de moyens ni de personnel pour réaliser des activités de réinsertion ou d’aide sociale en sens strict du terme. Les activités de l’association l’engagent à s’investir particulièrement dans l’éducation et la lutte contre la violence conjugale. Toutefois, force est de constater que d’autres formes d’aide et de soutien sont offertes par l’association.
Nous verrons dans cette section que d’autres types d’accompagnement « non officiels » et non formalisés sont effectués par les membres de l’association ou par le personnel quelques fois à l’insu des organes délibératifs de l’organisme.
Service gratuit : écoute et appui scolaire
Le nombre restreint d’intervenant auprès de cette association traduit sa difficulté à répondre aux besoins de tous ces bénéficiaires. La recherche constante de bénévoles, de stagiaires travaillant gratuitement auprès de l’association s’avère être une approche adoptée par l’association pour faire face à cette contrainte.
Il faut savoir que depuis 2012, l’association reçoit des étudiants en première et deuxième année de la formation professionnelle en travail social du département de sociologie pour un stage professionnel au sein de l’association.
L’association profite de la présence d’une dizaine d’étudiants par année pour réaliser un suivi des familles, faire des enquêtes sociales auprès des enfants et des familles par des enquêtes de terrain. Les étudiants en travail social effectuent des visites à domicile permettant aux femmes de parler, d’être écoutées, de présenter leur problème et quelques fois de bénéficier de soutien moral et psychologique.
Pour les femmes victimes de violences conjugales, les soutiens moraux et les conseils parentaux leur sont toujours offerts par les membres de l’association au centre mais également en dehors du bureau. Comme la plupart des bénéficiaires se trouvent aux alentours du centre, il est toujours fréquent que des rencontres se fassent entre les familles et les membres de l’association.
Un formateur et l’institutrice de l’ASAMA donnent « gratuitement » des soutiens scolaires personnalisés et des répétitions individuelles à certains jeunes et enfants de niveau très faible.
Appui monétaire
En principe, l’association n’appuie pas financièrement ses bénéficiaires. Sporadiquement et selon les occasions qui s’offrent, l’association référencie une femme victime de violence conjugale ou des parents qui sont à la recherche d’emploi à une autre association d’appui. L’association place certains bénéficiaires (jeunes, ou femmes) à des entreprises ou des emplois si des offres se présentent.
Les enquêtes auprès du personnel nous ont fait savoir que quelques membres de l’équipe s’engagent à soutenir pécuniairement certains bénéficiaires. Il a été noté en l’occurrence que la Présidente l’association donne personnellement 3.000 Ar à des mères qui passent dans le centre et qui exposent leur problème de manque de riz, de nourriture dans la maison. La somme mensuelle des dons offerte par ce membre auprès des familles peut varier de 5.000Ar à 20.000Ar. Les jeunes et les enfants en formation aussi jouissent sporadiquement de dons de certains membres, souvent le petit fonds ne dépassant jamais les 5.000 Ar par individu.
Dons en nature
Cette implication des membres se manifeste par des dons en nature nourriture (riz, pois sec), vêtement auprès des bénéficiaires de l’association.
Parrainage et tutorat
Le parrainage d’enfant, et le tutorat d’un enfant aussi sont assurés par quelques membres au delà des activités de bénévolat ou de leur travail au sein de l’association. Un membre du personnel garde et élève trois enfants dans son propre foyer. Il s’agit d’un engagement très poussé de la part des membres dans la mesure où les parents des enfants « adoptés » sont en vie.
Autres formes d’accompagnements venant d’autres groupes d’assistants
En dehors de l’association ASEFFEMA, les familles reçoivent aussi des aides venant d’autres associations, d’autres personnes et d’autres structures. Sur les 31 personnes interviewées, 5 seulement reconnaissent recevoir des aides venant d’autres entités. Pourtant les enquêtes croisées auprès des membres du personnel et des contre-enquêtes indiquent que pas moins de 10 autres familles reçoivent d’aide et d’appuis externes.
Des membres de la parenté, et de la famille
L’entraide familiale même en milieu urbain est moins visible mais constitue l’une des formes de sécurité sociale des familles Malgaches en ville. Les aides et les appuis venant de parents sont toujours fréquents. Ils sont toujours très prisés surtout pendant les périodes d’urgence. Quelle que soit la typologie de famille, les parents sont toujours sollicités. En ville, les parents ne sont pas confinés au cercle des personnes ayant des liens de sang. On peut parler de parents fictifs où le lien n’est pas basé sur le sang mais a été soudé par des rapports de voisinage, et entretenus par des échanges de service réciproques entre les voisins.
Les aides entre voisins se présentent d’abord sous formes de gardiennage d’enfant, d’entraide durant les catastrophes naturelles et d’échange de services en général. Pour certains, les services peuvent aller jusqu’ aux emprunts d’ustensiles de cuisine et de petits matériels mais rarement d’emprunt d’argent. En effet, pour ce dernier cas il ne se présente qu’en cas de grande confiance entre proches parents.
L’Eglise
Les religions monothéistes : chrétiennes et musulmanes reconnaissent dans l’œuvre caritative une valeur fondamentale de base de leur croyance. Plusieurs congrégations religieuses ont leur siège aux alentours du centre d’Ambolokandrina, Selon les fiches de renseignements des familles, les 80% des familles appartiennent à une Eglise soit Eglise Catholique, FVKFM, FJKM, Adventiste. L’Eglise aussi intervient et soutient « leur enfants », nos enquêtes ont démontré que des familles au sein de l’association reçoivent la « protection de leur Eglise et sont donc récipiendaires d’aide venant d’elle ». Ces familles sont catégorisées de « nécessiteuses » par leur Eglise.
Le cas de Raketaka illustre comment l’Eglise d’appartenance d’une personne agit sur elle.
D’autres « bienfaiteurs »
Des connaissances au niveau de la Commune Urbaine d’Antananarivo, le Chef Fokontany d’Ambolokandrina, des Présidentes ou des membres d’autres associations ou club de service, les fidèles de l’Eglise, le Directeurs de telle école privée, une Responsable au sein du CISCO sont des exemples de bienfaiteurs individuels qui soutiennent informellement les familles. Ces personnes offrent des aides de tout genre : argent, don en nature, conseils, travail.
La création de réseaux d’assistants est le résultat d’échanges permanents et réguliers des familles assistées avec l’association ASEFFEMA.
Configurations des aides des différents groupes d’assistant autour des familles
Dans la partie précédente, nous avons montré que les populations exclues, défavorisées sont assistées par l’association. A chaque type de famille correspond une aide particulière. En outre, certaine famille est entourée non seulement d’un groupe d’assistant mais de plusieurs groupes. L’analyse des aides reçues venant des groupes « assistants » explique la quantité ou le volume d’aide reçue par chaque typologie de famille. Le tableau N°9 décrit les groupes d’assistants et les aides reçues. La méthode de notation des aides a été simplifiée : une forme d’aide équivaut à un (1) point.
Ce tableau N°10 est le résultat du croisement des réponses sur les caractéristiques de familles, les autres pourvoyeurs d’aide aux familles, et les aides correspondantes. Le calcul des sommes des aides reçues par chaque type de famille donne un aperçu de la surface des aides (S.A) dont bénéficie chaque famille. Le S.A indique le volume des aides reçues. D’après ce tableau, la surface des aides est dégressive suivant le degré de précarité de la famille. A partir du tableau de notation des aides venant des groupes d’assistants, nous pouvons présenter par un graphe comparatif les groupes d’assistants qui gravitent autour de chaque type de famille. En se basant sur la typologie des familles assistées et les aides reçues, nous pouvons en déduire que plus une famille est précaire et plus vulnérable, plus elle reçoit d’aides et donc plus elle est entourée de plusieurs « groupes d’assistants ».
Ce graphe N°6 récapitule et compare les volumes d’aide reçues par chaque type de famille. Rien que de visu, il est constaté donc que la famille précaire reçoit plus d’aides tandis qu’une famille en difficulté bénéficie moins d’aides. Pour certaine famille, l’étape de l’assistance n’est qu’une réponse à une urgence, ou une disposition passagère, pour d’autre, elle constitue une habitude. Même si les familles ne sont pas prises en charge par des dispositifs de protection sociale aussi structurés, nous nous référons à une modélisation de PAUGAM pour comprendre la phase d’assistance par laquelle les familles se trouvent dans la partie suivante.