Troubles anxieux
Un trouble anxieux est caractérisé par la présence d’anxiété, d’inquiétudes ou de symptômes physiques (p. ex., tremblement, manque de souffle, étourdissement) qui causent une détresse significative ou entravent le fonctionnement au niveau des activités sociales, professionnelles ou dans d’autres sphères, sur une période de plus de six mois (American Psychiatric Association, 2013). Le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) différencie les troubles anxieux en fonction de la nature de l’objet ou de la situation crainte et des manifestations comportementales (p. ex., évitement) et cognitives (p. ex., croyance erronée) observées (American Psychiatric Association, 2013; Organisation mondiale de la santé, 2008) .
Types de troubles anxieux
La peur et l’anxiété sont appropriées lors de situations spécifiques, dites «transitoires» ; toutefois, cela peut s’avérer pathologique lorsqu’elles sont présentes de façon soutenue (American Psychiatric Association, 2013; Barlow, 2002). Les réponses à la peur permettent la survie de l’espèce encore aujourd’hui (Ladouceur, Marchand, & Boisvert, 1999) et elles sont des phénomènes de l’activation du système sympathique où il y a « mobilisation des systèmes de l’organisme dans les situations d’urgence » (Marieb, 2005). Toutefois, lorsque la peur et l’anxiété sont inappropriées, elles entrainent une limite fonctionnelle et une détresse significative. On parle alors d’un trouble anxieux. Différents types de troubles anxieux sont classifiés dans le DSM-5 : le trouble d’anxiété généralisée (TAG), l’agoraphobie, le trouble de panique (TP), la phobie spécifique, l’anxiété sociale et les troubles anxieux induits par une substance, une médication ou une condition médicale (American Psychiatric Association, 2013).
Le TAG, le TP, le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) et le trouble de stress post-traumatique (TSPT) seront considérés dans la présente étude. Le TOC et le TSPT étaient auparavant classés parmi les troubles anxieux dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-R) (American Psychiatric Association, 2000), mais ils sont maintenant considérés dans des sections distinctes c.-à-d. dans les sections « Troubles liés à des traumatismes ou à des facteurs de stress » et « Troubles obsessionnels-compulsifs et apparentés » (American Psychiatric Association, 2013). Le TOC se caractérise par l’utilisation de la compulsion, des gestes répétés, afin de soulager une obsession (une pensée récurrente) et qui lui amène une grande détresse. Par exemple, ne obsession par rapport aux bactéries peut être soulagée temporairement par un lavage excessif des mains (American Psychiatric Association, 2000). Le TSPT survient suite à un événement traumatique où la personne s’est vue confrontée à la mort ou à des blessures graves. Un événement soulevant une réaction de peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur chez la personne peut aussi être un facteur déclencheur du TSPT. Des souvenirs et des rêves répétés, des difficultés de concentration, des troubles du sommeil, et l’hypervigilance sont des exemples de symptômes du TSTP (American Psychiatric Association, 2000).
Modèle cognitivo-comportemental
Un modèle théorique d’orientation cognitivo-comportementale (Chaloult, Goulet, & Ngô, 2014a, 2014b; Goulet, Chaloult, & Ngô, 2013; Ladouceur et al, 1999; Marchand & Letarte, 2004) explique les causes des troubles anxieux et permet ainsi une meilleure compréhension de ceux-ci. Il présente trois types de facteurs : 1) les facteurs prédisposants, 2) les facteurs précipitants et 3) les facteurs d’entretien. Les facteurs prédisposants font référence à la vulnérabilité biologique (p. ex., un tempérament avec hypersensibilité), la vulnérabilité psychologique (p. ex., appréhension importante) et l’influence environnementale (p. ex., parents surprotecteurs) qui prédisposent un individu au développement d’un trouble anxieux. Le facteur précipitant est un événement marquant ou chronique qui provoque l’émergence du trouble anxieux. Les périodes de changement peuvent en faire partie (p. ex., décès, naissance d’un enfant, séparation et transition sur le marché du travail). Les facteurs d’entretien font référence aux interprétations erronées des situations, aux comportements de fuite et de neutralisation et aux bénéfices secondaires associés aux symptômes. En résumé, l’interaction entre les facteurs prédisposants, précipitants et d’entretien serait responsable de l’apparition, du maintien et de l’accentuation des troubles anxieux (Chaloult et al., 2014a, 2014b; Goulet et al., 2013; Ladouceur et al, 1999; Marchand & Letarte, 2004). Dans la présente étude, deux facteurs prédisposants sont mesurés : la sensibilité à l’anxiété (SA) et le trait anxieux (TA) (Reiss, 1991; Taylor, Koch, & Crockett, 1991).
Sensibilité à l’anxiété. En premier lieu, la SA, appelée communément la peur de l’anxiété, est « la tendance spécifique à répondre de manière anxieuse aux sensations de l’anxiété » [traduction libre] (McNally, 2002, p. 939). Plus la SA est élevée et plus la croyance que les symptômes anxieux ont des conséquences est présente, par exemple aux plans somatique (p. ex., faire une crise cardiaque), cognitif (p. ex., devenir fou) ou social (p. ex., être ridicule) (Reiss, Peterson, Gursky, & McNally, 1986; Taylor et al., 1991). La SA est plus élevée dans une population de personnes avec un trouble anxieux comparativement à une population non-clinique (Taylor, Koch, & McNally, 1992). Reiss (1991) ainsi que Taylor et al. (1991) expliquent que la SA est un facteur de risque associé plus spécifiquement au TP avec ou sans agoraphobie. Par exemple, les résultats d’une étude ont révélé qu’à la suite d’une épreuve physiologique (respirer 30 fois par minute pendant 5 minutes), les collégiens qui avaient un niveau plus élevé de SA ont rapporté plus de sensations corporelles que ceux ayant un niveau plus faible. Ainsi, la peur de l’anxiété pourrait amplifier les sensations corporelles reliées à l’hyperventilation (p. ex., tremblement, palpitation cardiaque) et d’autres sensations corporelles (p. ex., crampe abdominale) (Holloway & McNally, 1987). De plus, il est observé une diminution de la SA chez les personnes avec troubles anxieux à la suite d’un traitement psychologique (McNally, 2002).
Trait d’anxiété. Un autre facteur de vulnérabilité est le trait d’anxiété. Il fait référence aux « différences individuelles relativement stables dans la prédisposition à percevoir plusieurs situations comme dangereuses ou menaçantes et à répondre à ces situations avec élévation d’anxiété situationnelle » [traduction par Gauthier & Bouchard, 1993, p.560] (Spielberger, 1988, p.448). Le trait d’anxiété est basé sur l’expérience générale d’anxiété vécue par la personne (Reiss, 1997), c.-à-d. sur la fréquence et l’intensité des expériences passées (Spielberger, 1985). L’anxiété situationnelle est l’expression du trait d’anxiété qui répond par un « état émotionnel transitoire, caractérisé par un sentiment subjectif et conscient de tension, d’appréhension, de nervosité, d’inquiétude et d’une augmentation de l’activité du système nerveux autonome » [traduction par Gauthier & Bouchard, 1993, p.560] (Spielberger, 1988, p.448). Dans un contexte d’évaluation, une personne avec un trait d’anxiété plus élevé répond à une menace psychologique (p. ex., menace à l’égo où les compétences sont remises en question) avec une plus forte anxiété situationnelle comparativement à sa réponse à une menace physique (p. ex., menace de choc électrique sans douleur conséquente) (Hodges, 1968).
En somme, la sensibilité à l’anxiété et le trait d’anxiété sont des facteurs prédisposants aux troubles anxieux. Il s’agit de deux concepts distincts (Taylor et al., 1991). La sensibilité à l’anxiété fait référence aux croyances liées aux conséquences de l’anxiété alors que le trait d’anxiété est basé sur les expériences passées qui ont engendré de l’anxiété et il influence l’anxiété situationnelle, réaction à une situation anxiogène (Reiss, 1991). Le trouble anxieux entraine une grande détresse psychologique. De plus, il est associé aux symptômes dépressifs et au bien-être psychologique.
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