Les cas pratiques :
Nous allons diviser cette section en trois : Premièrement l’effet indirect des transferts de fonds sur la croissance passant par l’investissement, l’épargne et la consommation88. Le deuxième est un effet direct des envois sur la réduction de la pauvreté des ménages restants dans le pays d’origine. La dernière partie va être consacrée à l’effet direct des transferts sur la distribution des revenus.
Transferts de fonds et croissance économique :
Ratha (2003) a cité les effets positifs des transferts de fonds sur le développement en général et sur l’investissement dans les pays d’origine tels que le Mexique, l’Egypte et l’Afrique Subsaharienne. Selon son étude, les transferts de fonds ont financé la construction des écoles, des dispensaires ainsi que d’autres infrastructures. En outre, le retour des migrants peut apporter de grandes sommes de capitaux qui peuvent aider à financer des projets d’investissement.
Dans son travail, Ghosh (2005) a démontré que les ménages, recevant des transferts de fonds, ont une forte tendance à épargner des sommes considérables. Les transferts peuvent également, selon lui, ouvrir la porte à l’octroi des crédits d’investissement en rassurant les banques. Lorsque ces crédits sont octroyés par le biais de coopératives des crédits ou des institutions micro-financières à base communautaire, ils fournissent un capital précieux pour les petits investissements.
Bendixen et al., (2003) ont essayé de montrer l’effet des transferts de fonds sur la consommation. Ils ont mené une étude sur les transferts de fonds vers l’Equateur, ou ils ont pu montrer qu’environ 60% des transferts sont consacrés à l’achat des produits alimentaires, des médicaments, d’autres produits de base ainsi que le payement du loyer. L’étude a également révélé que moins de 5% des transferts sont épargnés pour l’acquisition de l’immobilier résidentiel. La situation économique, sociale et politique ainsi que la mentalité résumée dans les valeurs du peuple jouent un rôle déterminant dans l’utilisation des transferts. Notre étude, va montrer une structure des destinations des transferts de fonds vers l’Algérie totalement différente que celle de l’Equateur.
On ce qui concerne l’effet des transferts de fonds sur la croissance économique, les institutions internationales proposent des programmes de recherche pour l’évaluer. En 2006, la Banque Mondiale a déclaré que les études menées sur l’effet des transferts de fonds sur la croissance à long terme sont peu concluantes. Donc les résultats ne sont pas majoritairement significatifs ou bien ils ne vont pas dans le même sens. A son tour, le FMI n’a trouvé aucune relation positivement significative entre les transferts de fonds et la croissance par tête. Ces résultats nous ont rappelé la conclusion de Faini (2007) « Les effets des transferts de fonds sur la croissance économique peuvent être contra-cycliques89 ».
Nous pensons que c’est tout à fait normal que les transferts de fonds ont des impacts contra-cycliques sur la croissance économique. Le processus comme il est déjà détaillé, dans la figure précédente, passe par le biais des intermédiaires : Consommation, investissement et épargne. Ce processus a besoin de flux considérables et d’une longue période pour pouvoir toucher ces fruites.
Glystos (2001) a mené une étude sur cinq pays méditerranéens. Il a construit un modèle Keynésien pour déterminer l’impact des transferts sur la consommation, l’investissement, l’importation et la production. Ce modèle a estimé les effets multiplicateurs d’un choc exogène causé par les transferts de fonds sur le court et le long terme. Les résultats de l’estimation ont révélé des performances uniformes concernant l’instabilité et l’incertitude entre les pays étudiés. Cela est accompagné par des fluctuations durant le temps et à travers les pays causées par les transferts de fonds.
En d’autres termes, il a montré l’existence des cas ou les transferts lancent la croissance économique ou modèrent la récession. D’autres cas ou les transferts jouent contre la croissance ou accentue la récession sont probables. Donc selon l’étude de Glystos, le choc causé par les transferts peut avoir des effets positifs ou négatifs sur la relance de la croissance économique dans le pays d’origine. Il a également conclu que les cas où les transferts lancent la croissance sont généralement les plus favorables à apparaitre.
En 2003, Van doorn, dans son travail a soutenu que l’effet combiné des transferts sur l’investissement et la consommation peut stimuler la production et la croissance. Dans son étude, il a démontré que les transferts de fonds stimulent la demande globale qui augmente la production et le revenu avec un effet multiplicateur plus élevé que 1 : 3. Selon Van Doorn, si les transferts sont une réponse à une émigration récente, ils vont être transitoires et donc, leurs effets sur l’investissement, la consommation et la croissance peuvent être temporaires. En revanche, si les migrants forment des associations à but non lucratif et officialisent leur engagement envers leur pays, l’effet des transferts sur le développement devient plus stable et plus durable.
Chami, Fullincamp et Jahjah (2005), ont développé un modèle microéconomique afin d’examiner l’impact des transferts sur la croissance économique. Ce modèle a révélé que les transferts altruistes ne sont utilisés que pour compenser la pauvreté des ménages90. Empiriquement, l’estimation a révélé que les transferts sont négativement corrélés avec la croissance. Par contre, les transferts privés ou les investissements directs étrangers ont une corrélation positive avec la croissance dans le pays d’origine.
Rajan et Subramanian (2005), dans une étude comparative entre l’aide internationale au développement et les transferts de fonds ont suggéré que la croissance des à une consommation ordinaire pour membres restants dans le pays d’origine. Donc ça colmate la pauvreté sans aller vers la richesse qui peut causer la croissance économique.
transferts de fonds engendre une surévaluation du taux de change réel. Cela aura un impact négatif sur la croissance dans le pays d’origine91. Donc, bien que les montants des transferts aient dépassé l’aide internationale au développement, cette dernière reste plus efficace en ce qui concerne le but de développement grâce à sa stabilité et son orientation.
Nous retournons au travail de Faini, intitulé « Migration et Transferts de Fonds : Impact sur les pays d’origine » publié en 2007. Selon l’économiste : « Le taux de change réel ne semble pas constituer un mécanisme clé par lequel les transferts pourraient agir sur la croissance du pays receveur » (Faini, 2007 : 174). Donc, les taux de change peuvent servir comme des avantages pour la croissance des pays d’origine, mais même s’ils ne jouent pas leurs jeux, cela n’anéanti pas leurs contributions à la croissance économique des pays d’origine de l’émigration internationale.
Dans ce même article, l’économiste a continué son analyse empirique en réalisant un scénario de l’estimation de l’effet des transferts de fonds sur la croissance économique, qui passe par le biais de l’investissement. Les résultats ont révélé qu’une augmentation de 1 % dans la part des transferts de fonds dans le PIB du pays receveur, accélère la croissance économique de ce pays par 0,08 %.
Alban et Ahoure (2008) a introduit la gouvernance comme une variable reliant les transferts de fonds à la croissance économique. Son étude a focalisé sur les pays d’Afrique sub-saharienne durant la période 2002-2006. Son analyse a révélé un effet négatif des transferts de fonds sur l’augmentation du revenu globale par tête dans le cas de la présence de la variable de gouvernance. C’est-à-dire, dans la présence de la gouvernance, les transferts de fonds et la croissance économique sont négativement corrélés.
Dans la seconde partie du travail, l’économiste a montré que les pays les plus performants en matière de gouvernance assument un effet négatif réduit à la moitié.
« La stabilité politique et la maîtrise de la corruption mais plus encore une meilleure performance simultanée au niveau de plusieurs indicateurs de gouvernance, apparaissent comme des conditions nécessaires à une amélioration de la relation entre transferts et croissance du PIB/tête dans les pays d’Afrique sub-saharienne » (Alban et Ahoure, 2008).
Dans la même étude, il est démontré que « l’incidence négative des transferts sur la croissance est réduite lorsque ceux-ci sont associés à la formation brute du capital pour des pays présentant des états similaires de gouvernance » (Alban et Ahoure, 2008). Cette étude représente un appui pour la nôtre, les résultats de notre enquête vont mener à des conclusions pareilles.
En général, les études de l’impact des transferts de fonds sur la croissance économique ont révélé que les effets ne sont pas uniformes. Nous avons constaté que ces effets varient selon les pays, la nature des transferts et à travers le temps. Il faut également noter que les transferts sont aussi une fonction de la politique économique menée par le pays d’origine. Des expériences des pays qui encouragent les transferts et veille sur leurs régularités, leurs formalités et leurs orientations et des pays qui laisse cette source plus ou moins importante négligée comme le cas Algérien.
Transferts de fonds et pauvreté :
Nous allons dans ce qui suit présenter les études réalisées sur les effets des transferts sur la réduction de la pauvreté dans les pays d’origine. Cette partie du travail s’inscrit dans le processus Migration/Développement passant par le biais des transferts de fonds, d’où vient la nécessité de la présenter. Pour cela, nous allons citer les grands travaux réalisés dans ce domaine.
Richard et Adams (1986) ont utilisé des équations de revenu prédit92 pour mesurer l’impact des transferts de fonds sur la pauvreté en Egypte. Leur étude a révélé que les transferts de fonds ont un impact limité mais positif sur la réduction de la pauvreté dans le milieu rural en Egypt. Selon eux, les calculs de seuil de la pauvreté indiquent que le nombre des ménages pauvres diminue de 9,8 % lorsque les transferts sont inclus dans le revenu par tête des ménages. Ces transferts représentent 14,7 % du revenu par tête prédit des ménages les plus pauvres.
Page et Adams (2004), ont mené une étude sur 74 pays sous-développés à revenus faibles et intermédiaires. Ce travail, d’un côté, a révélé qu’en moyenne, une augmentation de 10 % dans le nombre d’émigrés mène à une baisse de 1,6 % dans le taux de pauvreté. De l’autre côté, une augmentation de 10 % de la part des transferts de fonds dans le PIB d’un pays, engendre une baisse de 1,2 % dans le taux de la pauvreté dans ce même pays.
Richard et Adams (2004) ont utilisé une enquête menée sur les ménages au Guatemala. Leur but est d’analyser l’impact des transferts internes ainsi que les transferts venant des Etats-Unis sur la réduction de la pauvreté. Avec une seule exception, l’étude a montré que les transferts ont généralement un impact très important sur la réduction de la gravité de pauvreté plutôt que sur les niveaux de pauvreté au Guatemala.
Plus précisément, l’indice d’écart de pauvreté au carré93 baisse de 21,1 % lorsque les transferts internes sont inclus dans le revenu du ménage et de 19,8 % lorsque les transferts internationaux sont inclus dans ces revenus. Les économistes ont expliqué les résultats de leur étude par le fait suivant : Les ménages classés dans le niveau le plus bas du groupe social reçoivent une part très importante du revenu globale du groupe social ou les transferts de fonds sont inclus. Les ménages dans le groupe le plus inférieur reçoivent entre 50 et 60 % de leur revenu total des transferts de fonds ce qui réduit efficacement la pauvreté grave des groupes les plus défavorisés dans l’échelle sociale.
Selon les mêmes économistes, lorsque les ménages les plus pauvres situées en bas de l’échelle sociale reçoivent plus de fonds, leur statut de revenu change de façon spectaculaire générant ainsi un effet important sur toutes les mesures de la pauvreté94. Donc pour résumer les propos des économistes, il faut que les transferts de fonds touchent la tranche sociale la plus basse ou la défavorisée pour que l’effet des transferts de fonds sur les inégalités sois de plus en plus positif.
