TRAITEMENT DE LA SECHERESSE OCULAIRE
Les buts : – Permettre une bonne hygiène et qualité de vie. – Substituer les larmes déficientes. – Traiter la cause si possible. – Eviter les complications.
Les moyens et méthodes
Les moyens hygiéno-diététiques
Il convient de corriger les facteurs pouvant accentuer l’impression d’œil sec : travail en milieu climatisé, travail sur écran, prise de médicaments pourvoyeurs de sécheresse, allergie, tabac. Une bonne hygiène des paupières permet de combattre un éventuel dysfonctionnement des glandes de Meibomius. Une supplémentation en antioxydants et acides gras poly-insaturés (omega3 et omega 6). 2.2. Les moyens médicaux : 2.2.1 La substitution des larmes Elle représente le traitement logique et validé puisqu’elle permet une compensation mécanique de la réduction des larmes, une normalisation de leur osmolarité et une dilution des facteurs inflammatoires. Dans cette optique thérapeutique, on distingue les larmes artificielles simples (sérum physiologique amélioré, pavidone, alcool polyvinylique), et les polymères, notamment carbomères et polymères d’acide hyaluronique. Plus la viscosité augmente (dans l’ordre croissant : larmes artificielle simples, carbomères, acide hyaluronique), plus le substitut lacrymal est stable sur la surface oculaire, mais plus longtemps persiste le trouble visuel après l’instillation. De façon globale, les substituts lacrymaux permettent de compenser l’insuffisance lacrymale stricto sensu. Ils permettent aussi de faciliter la réparation épithéliale, et ils diluent les composantes inflammatoires (cytokines, enzymes protéolytiques, etc.)
La prise en charge des troubles lipidiques
Lorsqu’il existe une meibomite, c’est-à-dire fréquemment, le traitement repose en première intention sur les mesures d’hygiène palpébrale, qui consistent en une désinfection et à un nettoyage des cils puis, en un chauffage et un massage des paupières. En cas d’inefficacité, les cyclines (minocycline ou doxycycline) peuvent être utiles, en traitement oral.
Les traitements anti-inflammatoires proprement dits
Les corticoïdes topiques peuvent avoir une place dans le traitement de la sécheresse oculaire, puisqu’ils sont capables de réduire la synthèse des cytokines, des chémoquines, des protéases et des molécules d’adhésion. Cependant, les corticoïdes topiques ne doivent pas être prescrits au long cours. La ciclosporine topique représente jusqu’à aujourd’hui le traitement antiinflammatoire au long cours le plus adapté dans la sécheresse oculaire. Son efficacité est liée à ses propriétés pharmacologiques : réduction de la synthèse des cytokines, réduction de l’expression des marqueurs de l’activation lymphocytaire et des molécules d’adhésion et inhibition de l’apoptose conjonctivale.
L’hormonothérapie
Les androgènes topiques sont actuellement à l’étude. Ils exercent en effet une activité trophique, immunosuppressive, antiapoptotique et anti-inflammatoire vis-à-vis du tissu lacrymal.
Les autres traitements
Il n’y a actuellement aucun traitement par voie orale très efficace pour traiter la sécheresse oculaire. La pilocarpine orale (Salagen) ainsi que la cevimeline sont deux agonistes cholinergiques M3 approuvés dans le traitement de la sécheresse buccale qui stimulent également la sécrétion lacrymale, cependant elles présentent des effets secondaires tels qu’une hypersécrétion lacrymale et salivaire, ainsi qu’une incontinence urinaire et fécale. Des études récentes ont montré l’intérêt de l’utilisation du sérum autologue dans le traitement de formes sévères de sécheresse oculaire. Le sérum contient en effet des facteurs de croissance et de la vitamine A.