Théories de la croissance économique
La croissance économique est le principal objectif macroéconomique de chaque gouvernement. Guellec et ses collaborateurs (2003) ont défini la croissance économique comme l’augmentation sur une longue période du Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant. C’est une mesure de la quantité des biens et services produits par un pays au cours d’une période donnée. A partir du 19ème siècle commence le début de la croissance puis à partir des années 1860 s’accélère et finalement arrive dans les années 1950 avec un taux de croissance qui est relativement important et la grande croissance elle s’est passée pendant les trente glorieuse1 et jusqu’à l’époque actuelle où on constate la croissance évoluée de manière extrêmement importante, la rupture au 19ème siècle avec la révolution industrielle a d’abord eu lieu en Angleterre puis dans l’Europe de l’ouest. Une révolution agricole qui a permis d’avoir des surplus agricoles et une survie pour une population plus nombreuse de point de vue démographique, et finalement un impact sur la révolution industrielle. La théorie de la croissance entre la période de 1939-1956 était dominée par les contributions néokeynésiennes de Roy Harrod (1939, 1948) et Evsey Domar (1946, 1947, 1948) ; et la période de 1956-1970 par les contributions fondamentales du lauréat du prix Nobel Robert Solow (1956, 1957) qui avec Trevor Swan (1956), sont les pionniers des travaux sur le modèle de croissance néoclassique (Snowdon et al, 2005).
Le modèle de croissance néo-keynésien
Le modèle de croissance de la productivité de Harrod-Domar est le modèle néo-keynésien qui explique la croissance économique basée sur le niveau d’épargne et la productivité du capital. Ce modèle explique l’effet de l’investissement sur la demande globale et l’impact des dépenses d’investissement sur la capacité de productivité d’une économie. (Snowdon et ses collaborateurs, 2005) ont souligné que les dépenses d’investissement augmentaient la capacité de production côté offre. Le modèle Harrod-Domar c’est caractérisé par sa simplicité et ces suppositions (un taux de croissance de la main-d’œuvre exogène (n); une technologie donnée présentant des proportions de facteurs fixes (ratio capital / travail constant, K / L) et un ratio capital / production fixe (K / Y); une économie à deux secteurs (ménages et entreprises)). ( 𝑌𝑡+1 + 𝑌𝑡) 𝑌𝑡 = 𝐺 (𝑟𝑒𝑝𝑟é𝑠𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑙𝑒 𝑡𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑢 𝑃𝐼𝐵)…………………………..……(1.1) 1 – Les trente glorieuses entre 1946 et 1975. 13 G= (s/v) – δ (le ratio s égale S (épargne)/Y (PIB), le ratio v égale K (capital)/Y (PIB), δ représente l’amortissement (la dépréciation) du stock de capital). Plus le s est élevé, et plus le v et le δ sont faibles, plus une économie se développera rapidement ; Ils supposent que la croissance du PIB réel est proportionnelle à la part des dépenses d’investissement (I) dans le PIB et que, pour qu’une économie se développe, des ajouts nets au stock de capital sont nécessaires (Snowdon et al, 2005). Le modèle Harrod-Domar présente certaines lacunes. Par exemple, une faiblesse majeure, à savoir l’hypothèse d’un ratio capital / production fixe ; les économistes ont rapidement pris conscience d’un deuxième défaut majeur dans le modèle « besoin d’aide » ou « déficit de financement ». Le modèle supposait que les apports d’aide iraient aux investissements individuels. Mais il est rapidement apparu que les apports d’aide étrangère, dans le but de combler le déficit d’épargne, n’augmentaient pas nécessairement l’épargne totale (Snowdon et al, 2005). Cette faiblesse a conduit à l’introduction du modèle de croissance Solow-Swan.
Le modèle de croissance néo-classique
Le modèle de croissance de Solow-Swan est également connu sous le nom de modèle de croissance néo-classique. Il est dérivé du modèle Harrod-Domar mais diffère en ce sens qu’il prend en compte l’effet de la croissance démographique, des investissements et des avancées technologiques sur une période donnée (Snowdon et al., 2005). Ce modèle est utilisé dans les économies modernes comme source de comptabilité de la croissance pour mesurer les effets du travail, du capital et des progrès technologiques sur la croissance économique. Ce modèle suppose l’existence d’une économie fermée dans laquelle le gouvernement n’intervient pas et que le marché est un marché parfaitement concurrentiel avec des facteurs de prix flexibles et le plein emploi (Snowdon et al, 2005). Le modèle de fonction de production néo-classique est formellement représenté par Banerjee et Duflo (2005) comme suit : Y𝑡 = 𝑓(𝐴, 𝐾𝑃,𝐾𝐻, 𝐿) Où : Yt = Croissance économique A = Paramètre technologique KP = Montant total du capital physique investi KH = Montant total du capital humain investi L = Population active totale . Le paramètre technologique est utile pour faire correspondre le rapport entre les parts de travail et de capital et le rapport d’élasticité de la technologie. Le capital humain physique repose sur le taux d’investissement et correspond à une consommation perdue, comme dans le modèle néo-classique (Bassani et al., 2001). L’augmentation du capital humain est considérée comme centrale dans la littérature récente. Comme tout autre facteur de production, le capital humain est également un intrant du processus de production. L’accumulation de capital humain montre que le capital est en croissance et qu’une période de croissance importante est associée à un nouvel état de croissance stable de la production (Bassani et al., 2001). Le stock de capital humain est associé en permanence aux taux de croissance de la production et son importance est reflétée dans la découverte de nouvelles technologies. Dans le modèle de Solow, l’augmentation du taux d’épargne n’a aucun impact sur le taux de croissance économique à long terme (Cesaratto, 1999, cité dans Snowdon et ses collaborateurs, 2005). Comme l’a souligné Hamberg (1971, cité dans Snowdon et ses collaborateurs, 2005), le modèle de Harrod-Domar néo-keynésienne met en évidence l’importance d’accroître le taux d’épargne pour augmenter la croissance à long terme, tandis que dans la théorie générale de Keynes (1936) une augmentation du taux d’épargne conduira à une baisse de rendement à court terme à travers son impact négatif sur la demande globale. En revanche, la longue tradition des économies classiques et néoclassiques consistant à mettre en évidence les vertus de l’épargne est un peu déréglée par le modèle de Solow, car c’est le progrès technique, et non l’épargne, qui entraîne la croissance à long terme de la production par travailleur. Il est important de noter que le modèle de Solow nous permet de faire plusieurs prédictions importantes sur le processus de croissance (Snowdon et al., 2005) : À long terme, une économie s’approchera progressivement d’un état d’équilibre stable avec y * et k *, indépendamment des conditions initiales ; Le taux équilibré de l’état stationnaire de la croissance de la production globale dépend du taux de croissance de la population (n) et le taux du progrès technologique (A) ; Dans la trajectoire de croissance équilibrée dans un état stationnaire, le taux de croissance de la production par travailleur dépend uniquement du taux du progrès technologique. Sans progrès technologique, la croissance de la production par travailleur cessera finalement ; 15 Le taux de croissance à l’état stable du stock de capital étant égal au taux de croissance du revenu, le rapport K / Y est donc constant ; Pour un taux de dépréciation donné (δ), le niveau de production par travailleur à l’état stable dépend du taux d’épargne et du taux de croissance de la population (n). Un taux d’épargne plus élevé augmentera y *, un taux de croissance démographique plus élevé réduira y *; L’impact d’une augmentation du taux d’épargne (investissement) sur la croissance de la production par travailleur est temporaire. Une économie connaît une période de croissance plus forte à l’approche d’un nouvel état de stabilité. Un taux d’épargne plus élevé n’a pas d’effet sur le taux de croissance durable à long terme, bien qu’il augmente le niveau de production par travailleur. Pour Solow, ce résultat était un ‘véritable choc’; Le modèle de Solow a des « propriétés de convergence » particulières. En particulier, ‘si les pays sont similaires en ce qui concerne les paramètres structurels des préférences et de la technologie, les pays pauvres tendent à connaître une croissance plus rapide que les pays riches’ (Barro, 1991).
Croissance économique endogène
Au milieu des années 80, plusieurs économistes, notamment Paul Romer (1986, 1987) et Robert Lucas (1988), ont cherché à construire des modèles alternatifs de croissance dans lesquels la croissance à long terme du revenu par habitant dépendait des décisions d’investissements plutôt que le progrès technologique non inexpliqué. Cependant, comme le souligne Crafts (1996), le terme investissement dans le contexte de ces nouveaux modèles fait référence à un concept plus large que l’accumulation de capital physique déclaré dans les comptes nationaux ; les dépenses de recherche et développement (R & D) et la formation de capital humain peuvent également être incluses. Dans les premières versions de la nouvelle théorie de la croissance endogène, l’accumulation de capital joue un rôle beaucoup plus important dans le processus de croissance que dans le modèle néoclassique traditionnel. À bien des égards, le travail de Romer fait revivre la précédente contribution fondamentale d’Arrow (1962) sur « l’apprentissage par la pratique ». Arrow avait montré comment la productivité du travail augmentait avec l’expérience, expérience qui est fonction des dépenses d’investissement cumulatives qui modifient l’environnement de travail. Aucune entreprise individuelle ne peut totalement assimiler l’impact positif de son investissement dans le capital physique et humain sur le stock de connaissances de l’ensemble de l’économie.