Informations Audiovisuelles :
La ville de Mandritsara, comme tout autre district de la région de la Sofia, capte aussi la Radio Nationale par onde courte ou onde moyenne et la Télévision Malagasy (TVM). C’est pratiquement, les deux principales sources d’informations de la ville sur les actualités nationales et internationales. Mais à coté de ces deux sources, il existe des stations Radios privés locales, entre autres la radio SOFIA, la RADIO MANGARAHARA, la radio FIVOARANA,…la ville ne dispose d’aucune station Télévision privée.
La presse écrite brille par son absence. En matière d’accès à l’information internationale, quelques quarantaines de famille seulement bénéficient des antennes paraboliques. La radio France Internationale ne peut non plus y être captée.
Cadrage des outils de bases de la recherche
Repères méthodologiques
Dans ce chapitre, nous allons donner les orientations méthodologiques qui permettront aux lecteurs de mieux comprendre les méthodes et les techniques que nous avons utilisées pour mener à bien la quête des informations que nous avons réalisée sur terrain.
Micro population étudiée
Nous avons prévu de réaliser l’enquête sur une population constituée de soixante et quinze individus. Une telle population évidemment n’est pas assez dense pour une ville aussi grande et peuplée comme Mandritsara, mais dans cette étude des noms, il s’agit moins d’etablir une liste exhaustive des noms de personne dans la ville que de dégager derrière des noms assez représentatifs, la logique cachée qui commande à l’attribution de ces noms. Avec ce nombre alors, nous espérons y voir toutes les modalités possibles des noms.
Cette population est constituée des chefs de ménage. Ils ont été choisis du fait de leur position avantageuse vis-à-vis des noms de personne. Ils bénéficient à la fois d’un statut de porteur de nom et aussi ou peut être un donateur de nom. C’est cette position qui leur offre une vision plus large sur le phénomène anthroponymique qui a alors motivé le choix porté sur les chefs de ménage.
Type d’échantillonnage
Il s’agit ici d’un type d’échantillonnage dit, « probabiliste ». Nous avons donc en effet choisi les enquêtés au hasard. Parmi les soixante et quinze enquêtés, soixante enquêtés ont été pris à l’aide de l’échantillonnage aréolaire. Le premier enquêté a été pris hasardement sans critère précis, ensuite en prenant comme point d’origine le premier enquêté, nous avons commencé à compter les pas et nous avons tenu à enquêté un chef de famille dans une maison qui se trouve tous les soixante et quinze pas à partir du dernier enquêté et ainsi de suite jusqu’à atteindre le nombre de soixante. Mais pour les dix enquêtés qui restent, nous les avons spécialement recrutés dans le registre communal à partir de leurs noms qui nous présentaient une certaine originalité et qui sont typiquement de la région. Ensuite, nous nous sommes renseignés sur leur résidence pour venir les enquêter.
Technique de collecte de données
Dans cette partie, nous avons tenu à présenter les différentes techniques auxquelles nous avons eu recours pour collecter toutes les données qui nous ont été utiles pour l’étude du phénomène des noms de personnes dans la ville. Nous allons donc les énumérer ces techniques :
Les questionnaires : nous avons élaboré une série de questions destinées pour les soixante et quinze enquêtés afin de mener à bien la recherche. Ces questions se rapportent surtout sur les représentations 2que se font les enquêtés à travers les noms de personnes et aussi sur les diverses motivations qui président à l’attribution des noms de personne. Ces questionnaires seront d’ailleurs présentés à l’annexe de ce travail.
L’entretien libre : il consiste à s’entretenir avec quelques personnes ressources comme les Sojabe, les personnes âgées dans la ville et aussi et surtout les devins guérisseurs ou les « Mpisikidy » selon le parler local. L’entretien se rapporte sur leur connaissance en matière de l’importance et de la place qu’accordent les tsimihety envers les noms des personnes. L’entretien est libre pour leur laissé une plus grande étalage de leur connaissance sur le phénomène. Les Sojabe, qui sont les sages de la ville, auront sûrement des informations à nous livrer à propos des noms de personnes dans la région ; les personnes âgées, comme le dit le proverbe malgache : « ela nihetezana, lava volo », sont les dépositaires de la tradition ; et les « Mpisikidy », ils sont surtout consultés dans leur compétence à décrypter les messages venus de l’au-delà et qui influent sur le choix des noms.
Observation directe : la réalité sur terrain est souvent plus complexe qu’elle ne se laisse pas facilement évoquer par les divers questionnaires. L’observation directe est utilisée afin de regarder la population vivre dans la quotidienneté de leurs pratiques sociales ; pour mieux étudier la société à l’œuvre, comprendre et scruter les diverses informations qui s’en dégagent. Les connaissances de la population sont surtout dans les pratiques de leur culture. L’observation directe donc a cet avantage de faire voir directement au chercheur ces pratiques sociales à l’œuvre.
Techniques documentaire
Dans cette partie, nous allons présenter les différentes techniques que nous avons employées pour la documentation. En effet, la lecture des ouvrages, des articles…, pour effectuer une recherche dans le domaine socio-anthropologique a un caractère incontournable. Il est question d’élargir et d’approfondir la culture générale d’une part et, d’autre part, d’acquérir et de consolider les outils théoriques qui nous sont nécessaires dans la conception et dans la réalisation de notre mémoire de Master I. c’est à la lumière de nos cours théoriques, des ouvrages de base et d’articles spécialisés, que les hypothèses de recherche ont progressivement pris forme.
Document classique : pour cela, nous avons consulté différentes bibliothèques de la capitale, des bibliothèques de la ville de Mandritsara et aussi nous avons revisité les cours obtenus pendant les quatre années de formation sociologique. Il s’agit de se documenter sur les livres, de lire des revues et des journaux. Nous avons entre autres visité la bibliothèque nationale, l’Académie Malagasy, le Centre de Recherche en Sociologie (CERS), etc.
Document numérique et électronique : nous avons visité des sites internet pour y consulter des ouvrages et articles disponibles. Nous avons aussi échangé avec des amis, des collègues et des professeurs des documents en version électronique de tout genre.
Technique de traitement de données
Les techniques, bien évidemment, ne s’arrêtent pas dans la quête des informations sur terrain. Après y avoir récolté les informations nécessaires, par l’utilisation de diverses techniques énumérées plus haut, le chercheur doit penser aussi à bien préparer les techniques adéquates pour le traitement et la manipulation de ces données de terrain. Ainsi donc, nous avons combiné dans ce travail plusieurs techniques de traitement de données afin d’extraire le maximum d’informations possibles jaillissant de ces données de terrain.
1. Analyse quantitative : comme cela s’entend, il s’agit d’une analyse de la quantité. Quantité, dans cette recherche anthroponymique, se comprend surtout en tant que fréquence de la répétition des réponses à une question ou fréquence de la similitude de constat. Elle donne la priorité à la recherche de régularités statistiques. C’est à la lecture de ces répétitions et de ces similitudes de ces constats que se portent donc cette analyse quantitative. Les données seront alors traduites en pourcentage, en tableau afin de pouvoir les interpréter. Nous avons pour cela, transformer les concepts utilisés dans la question en une variable, c’est-à-dire quelque chose de mesurable.
2. Analyse qualitative : contrairement à l’analyse quantitative, elle consiste à chercher la cause d’un phénomène sans faire intervenir de données statistiques. Il s’agit de montrer les relations logiques qui existent entre deux ou plusieurs phénomènes. Leur comparaison permet de déterminer leurs caractéristiques communes et, éventuellement, leurs différences.
Elle constitue surtout la base d’analyse de cette recherche. Une étude anthroponymique relève d’une analyse qualitative. Les informations recueillies sur terrain sont plutôt d’ordre qualitatif.
3. Analyse holistique et atomistique : nous avons décidé de combiner dans cette étude ces deux pôles d’idées opposées en sociologie du fait de la complexité du phénomène anthroponymique à analyser. Le premier prône la primauté du social sur l’individu, tandis que le deuxième voit le social comme étant la somme des actions des individus isolés. Nous pensons donc qu’étudier les noms de personne ne permet pas d’avoir une vision binaire des choses, nous avons choisi d’avoir un regard nuancé des choses, fait d’articulation et de complémentarité. Alors, l’analyse serait à la fois holistique et atomistique.
Difficultés rencontrées au cours de l’enquête
La difficulté que nous avons rencontrée se situe surtout au niveau de la réalisation de l’enquête elle-même. En effet, pour notre population, le nom relève du domaine de l’intimité. Faire une enquête sur les noms de personnes constitue plus ou moins une violation de leur vie privée. Nous avons donc tout au long de l’enquête ressenti chez les enquêtés, une certaine réticence et peur dans leur réponse, et ceci malgré les rassurances que nous leur avons donné. Et tout cela entravait continuellement au bon déroulement de l’enquête.
Repères conceptuels et théoriques
Délimitation du sujet
Le projet initial était de présenter, dans le cadre d’une civilisation de l’oralité, l’onomastique chez les tsimihety. Elle devait comprendre la toponymie, étude des noms de lieux (régions, collines, rivières), la zoonomie, étude des noms d’animaux (spécialement les vaches et les chiens) et enfin l’anthroponymie (étude des noms de personnes et des clans). Tout ce vaste ensemble est éminemment révélateur de différents aspects de la vie et de la culture chez les tsimihety. A travers ces textes de style oral, c’est toute la vie de la société qui s’exprime. Beaucoup de renseignement y sont consignés.
Les toponymes ne sont jamais le fruit de circonstances hasardeuses. Comme dans une société donnée, toute idée, associée aux éléments de la culture matérielle, exprime des valeurs culturelles que soulignent et éclairent la langue, les toponymes attestent une motivation profonde de la part du donneur. Le toponyme est par exemple une source sûre de la géographie physique. Ainsi, la région Sofia qui comprend aussi le district de Mandritsara, vient du nom du fleuve appelé Sofia qui traverse la majeure partie de la région. D’autres noms tirent leur origine de la forme des collines ou montagnes. C’est le cas de « Antanetilava », littéralement qui signifie chez les longues collines. On pourrait multiplier des exemples et on constaterait que d’autres noms font référence au milieu naturel et à des faits socioculturels.
La zoonomie, quant à elle, traite surtout des noms de vaches. C’est un domaine encore plus vaste et plus complexe car la fantaisie, les goûts et les intentions personnelles s’y mêlent. Le critère le plus objectif, admissible et visible par tous, est l’appellation du nom d’après la couleur du pelage. Le fitamalandy est une vache blanche.
C’est donc au milieu de ce vaste contexte de message et de communication que se situe l’étude des noms de personnes, liée à cette problématique d’une civilisation de l’oralité. L’onomastique est une des réponses à cette problématique. Elle est un des moyens de fixation, moyen qui sert d’inscription et de mémoire collective. En l’absence des textes écrits conservés au fil des générations, l’enseignement de l’expérience et de la sagesse des ancêtres est transmis oralement par les parents à leurs enfants à travers les contes, les proverbes, les récits historiques, etc.…racontés le plus souvent le soir autour du feu. Tel était le moyen de sauvegarder les mœurs, de transmettre l’héritage culturel et philosophique, de codifier la morale et les lois. Le nom aide la parole à se fixer.
Dans ce travail, il s’est avéré nécessaire et indispensable de nous limiter uniquement aux noms des personnes parce que le champ était trop vaste. Même en se limitant aux noms individuels, nous ne prétendons pas épuiser le sujet, tant il est riche d’un point de vue à la fois linguistique et socio- anthropologique que psychologique. Nous sommes convaincus qu’étudier les noms des personnes est un des moyens d’atteindre la culture et la psychologie du peuple tsimihety.
Repère conceptuel
-Définition de l’anthroponymie : « elle est une classe de l’onomastique et consacrée à l’étude des « noms de personnes ».
En tant qu’étude des noms de personnes, ce terme anthroponymie peut remonter jusqu’à la notion de parenté, sur les noms de clan, de lignage, etc. Mais dans cette recherche, nous voulons bien comprendre le terme dans son acception la plus réduite possible, c’est-à-dire seulement comme « étude des noms de personnes tout court », sans jamais essayer de faire une analyse des noms dans sa verticalité de transmission que sauf pour comprendre la tendance et les motivations des enquêtés en choisissant les noms de leurs enfants. Nous partirons donc dans cette enquête, du nom de l’individu enquêté pour aller jusqu’aux motivations de leur choix en cherchant des noms pour leurs enfants.
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