Théorie de l’ attachement et impacts des contacts parent-enfant lors d’un placement: pistes de réflexion

Le placement dans une famille d’ accueil est une intervention de dernier recours (Association des centres jeunesse du Québec, 2017). En effet, la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) prévoit que cette mesure soit justifiée seulement lorsque le maintien d’un enfant dans son milieu familial vient compromettre sa sécurité et son développement. Malgré qu’il s’ agisse d’une mesure d’ exception, le placement survient pourtant chez un nombre considérable d’ enfants au Québec. En effet, au cours de l’ année 2016-2017, la situation de 33 042 enfants québécois a été prise en charge par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Au 31 mars 2017, parmi les 22 159 enfants dont le milieu de vie s’ est vu pris en charge par la DPJ, la moitié (50,4 %) a été confiée à une famille d’ accueil.

Afin d’ assurer les besoins de protection de ces enfants, les décisions du système de droit québécois en matière de protection de l’ enfance peuvent être éclairées par les connaissances scientifiques dans le domaine du développement de l’enfant (Lavallée, 2007). Ainsi, les notions issues de la théorie de l’attachement soutiennent la nécessité chez l’ enfant de recevoir des soins de base suffisamment de qualité tout en bénéficiant d’une stabilité et d’ une continuité des soins et des conditions de vie. Cette théorie s’est avérée déterminante dans la justification des plus récentes modifications législatives apportées à la LP J en 2007 et demeure un appui incontestable à de nombreuses réflexions sur le concept du meilleur intérêt de l’ enfant.

Plus particulièrement, les récents changements à la loi québécoise pennettent dorénavant d’ appuyer cette préoccupation majeure autour de la stabilité des soins et des conditions de vie de l’ enfant lors d’un placement (Fauteux, 2008, 2011). Ainsi, la réunification familiale doit être assurée dans les meilleurs délais lorsque le milieu d’origine est en mesure de corriger les circonstances défavorables ayant mené au placement. Au contraire, un projet de vie pennanent est envisagé lorsque le milieu d’origine ne pennet pas une réunification familiale fructueuse au tenne des délais maximaux prévus selon l’âge de l’enfantl . Également, la LPl vient encourager le maintien des liens entre l’enfant placé et son milieu d’origine et ce, même lorsque la mesure de placement se prolonge au-delà des délais maximaux de placement.

À priori, la théorie de l’ attachement stipule que les enfants sont prédisposés biologiquement à créer un lien d’ attachement significatif avec les figures parentales qui lui prodiguent des soins, soit celles avec qui l’enfant a des interactions régulières (Bowlby, 1978). Cette prédisposition se manifeste par un ensemble de comportements qui visent à maintenir une proximité avec les figures significatives afin d’ assurer à l’ enfant des réponses à ses besoins de base, tels que ses besoins affectifs. Ces comportements d’ attachement se développent et se modulent particulièrement durant la phase critique de la période préscolaire, au gré des expériences relationnelles et des comportements parentaux des figures significatives (Ainsworth, 1989).

Plus précisément, lorsque les figures significatives sont disponibles et sensibles pour répondre aux comportements d’ attachement, les enfants acquièrent un style d’attachement sécure qui leur permet d’ être confiants de combler leurs besoins de base (Ainsworth, 1983). Au contraire, les enfants adoptent un style d’ attachement insécure lorsque ces figures parentales ignorent leurs comportements d’ attachement, y répondent avec délai ou encore de manière inadéquate, les privant ainsi d’une sécurité quant à la satisfaction de leurs besoins primaires.

Ainsi, la théorie de l’ attachement permet de comprendre que les enfants qui vivent une situation de placement arrivent fragilisés dans leur nouveau milieu familial considérant les défis auxquels ils ont fait face au plan de l’ attachement. En effet, les enfants ayant subi de la maltraitance ou de la négligence développent généralement des comportements d’ attachement insécures, leurs premières expériences relationnelles étant caractérisées par l’insécurité quant à la satisfaction de leurs besoins et par la peur devant la menace que peuvent représenter ces mêmes expériences relationnelles (Carlson, Cicchetti, Barnett, & Braunwald, 1989; Egeland & Sroufe, 1981; Stronach et al., 2011; Styron & Janoff-Bulman, 1997; Van IJzendoom & Bakermans-Kranenburg, 2010).

D’ailleurs, près de la moitié des enfants placés (48,0 %) affichent une insécurité d’attachement auprès de leur parent d’ accueil (Dozier, Stovall, Albus, & Bates, 2001).

Ainsi, les enfants présentant une insécurité d’ attachement se retrouvent plus démunis que leurs pairs à faire face à des stresseurs. Des études longitudinales montrent effectivement qu’une insécurité d’ attachement est reliée à un fonctionnement social moindre (Bohlin, Hagekull, & Rydell, 2000), à des capacités cognitives inférieures (West, Mathews, & Kems, 2013), à la survenue de psychopathologies (Carlson, 1998) ainsi qu’ à des problèmes de comportement à l’ âge préscolaire et scolaire (Carlson; Moss et aL, 1999). Plus particulièrement, l’insécurité d’ attachement est associée à une capacité de régulation émotionnelle moindre et ce, chez les enfants d’ âges préscolaire et scolaire de même que chez les adolescents (Brenning, Soenens, Braet, & Bosmans, 2012; NICHD Early Child Care Research Network, 2004).

Considérant que les enfants placés sont plus à nsques de présenter des comportements d’ attachement insécures, il est à prévoir qu’ils peuvent éprouver de plus grandes difficultés à faire face aux défis adaptatifs inhérents à la mesure de placement. Plus particulièrement, cela remet en question leurs capacités à s’ ajuster à l’ expérience des contacts parent-enfant qui est susceptible de générer un stress important (Zeanah, Shauffer, & Dozier, 2011). Il devient dès lors pertinent de réfléchir aux divers facteurs favorisant leur expérience de placement, notamment des modalités de contacts qu’ils peuvent vivre tout au long de ce placement en famille d’ accueil.

Table des matières

Chapitre 1. Introduction générale
Théorie de l’ attachement et impacts des contacts parent-enfant lors d’un
placement: pistes de réflexion
Chapitre II. Contacts parent-enfant en contexte de placement: liens entre la sensibilité
du parent d’ accueil et les réactions suivant les contacts
Sommaire
Contexte théorique
Méthode
Participants
Déroulement
Instruments de mesure
Âge au moment du premier placement
Fréquence des contacts
Réactions négatives
Sécurité d’ attachement
Sensibilité du parent d’accueil
Résultats
Analyses descriptives
Analyses corrélationnelles
Analyses de régression multiple
Discussion
Limites de l’étude
Notes de bas de page
Liste des références
Chapitre III. Conclusion générale

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