Test de toxicité aigüe du Fenthion 640 ULV sur Oreochromis niloticus
Origines de la pollution dans la vallée
La riziculture est la principale spéculation dans le delta et la vallée du fleuve Sénégal. Elle est supervisée par la Société d’aménagements et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal et des vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED). On y cultive aussi de la canne à sucre, de la tomate; exploitée respectivement par la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) et la Société de Conserverie Alimentaire du Sénégal (SOCAS) etc. Avec la diversification agricole initiée ces dernières années, les cultures maraîchères (patate douce, oignon, arachide, manioc etc.) prennent de l’ampleur surtout dans la région La mise en valeur agricole du delta du fleuve Sénégal est confrontée dès le début par la salinité importante des sols et au drainage à cause de la pente quasi nulle. La teneur en sels des sols du delta est naturelle en raison de la genèse du delta qui est une suite de transgression et de régression de l’océan Atlantique. Pour la mise en valeur agricole, le drainage apparaît alors comme la solution idéale. Le drainage est une pratique hydraulique qui consiste à évacuer les eaux excédentaires et les sels dissous qui se trouvent à la surface et dans le sol pour permettre un meilleur développement végétatif (FAO, 1996). Le drainage peut être soit naturel soit artificiel : – Le drainage naturel ; dans la plupart des zones, le drainage est naturel : L’eau excédentaire s’écoule des champs vers des marais, des lacs ou des rivières. Cependant, le drainage naturel ne suffit pas toujours à évacuer les eaux excédentaires ou les sels apportés par l’irrigation. Un système de drainage artificiel est alors nécessaire ; – Le drainage artificiel ; il consiste à évacuer l’eau excédentaire d’une zone aménagée à l’aide de drains superficiels et/ou souterrains, d’ouvrages connexes, et de pompes (si nécessaire). Les périmètres rizicoles sont associés à des réseaux de drainage hiérarchisés à ciel ouvert qui rejettent les eaux de drainage soit dans les dépressions naturelles du delta (dépressions de Ndiaël, de Krankaye, de Noar, de Pardiagne) soit dans les axes hydrauliques (fleuve Sénégal, Taouey). Les aménagements privés, dépourvus de systèmes de drainage, évacuent les eaux de drainage en contre bas des champs. Les casiers sucriers de la CSS drainent principalement dans le lac de Guiers et dans le fleuve Sénégal sans traitement préalable. Les eaux de drainage rejetées sont très chargées en 20 résidus de pesticides et d’engrais chimiques utilisés dans les activités agricoles. De telles pratiques agricoles affectent considérablement la qualité des eaux de surface, constituent un risque pour les populations, le cheptel et menacent les écosystèmes des zones réceptrices des eaux de drainage. Le grand défi actuel dans le delta du fleuve Sénégal consiste à régler le problème du drainage et de gestion des eaux de drainage. C’est un épineux problème qui commence sérieusement à inquiéter. Divers auteurs se sont penchés sur la question dans les années 90 et même au delà. Plusieurs études entreprises dans le delta du fleuve Sénégal font mention de la toxicité et du pouvoir polluant des eaux de drainage provenant des périmètres irrigués mais il n’y pas encore un suivi régulier de la qualité de ces eaux rejetées. Avec le plan directeur de développement intégré de la rive gauche du fleuve Sénégal (PDRG), il a été décidé la mise en place d’un grand émissaire de drainage qui collecterait toutes les eaux usées des périmètres irrigués du delta (CISSE, 2007). Figure 2: Drain de l’émissaire du delta, rempli d’eaux de drainage (CISSE, 2005) II. Généralités sur les pesticides Les pesticides (insecticides, raticides, avicides, fongicides, et herbicides) sont des composés chimiques dotés de propriétés toxicologiques, utilisés par les agriculteurs pour lutter contre les animaux (insectes, rongeurs, oiseaux) ou les plantes (champignons, mauvaises herbes) jugés nuisibles aux plantations. Le premier usage intensif d’un pesticide, le DDT, remonte à l’époque de la seconde guerre mondiale. Une grande partie des pesticides appliqués est dispersée dans l’environnement, soit lors de leur application, soit par évaporation ou par envol à partir des plantes ou des sols sur lesquels ils ont été répandus. Disséminés par le vent et parfois loin de leur lieu d’épandage, ils retombent avec les pluies directement sur les plans d’eau et sur les sols. Les pesticides qui se répandent sur le sol sont ensuite drainés jusque dans les milieux aquatiques par les eaux de pluie (ruissellement et infiltration). Les pesticides sont ainsi aujourd’hui à l’origine d’une pollution diffuse qui contamine la plupart des eaux continentales : cours d’eau, eaux souterraines et zones littorales. Mais, la source la plus importante de contamination par les pesticides demeure le manque de formation des agriculteurs, le marché noir, la négligence : stockage dans de mauvaises conditions, techniques d’application défectueuses, élimination des effluents phytosanitaires ou encore pollutions accidentelles. Si les pesticides sont d’abord apparus bénéfiques, leurs effets secondaires nocifs ont été rapidement mis en évidence. Leur toxicité, liée à leur structure moléculaire, ne se limite pas en effet aux seuls ravageurs des cultures que l’on souhaite contrôler. Ils sont notamment toxiques pour l’homme. Estimer les effets sur les écosystèmes aquatiques d’une pollution liée aux pesticides s’avère difficile, car il existe un millier de familles de pesticides, soit des dizaines de milliers de pesticides. Ils sont en outre utilisés à faibles doses et leur devenir dans l’environnement est très divers. L’impact des pesticides dépend à la fois de leur mode d’action (certains sont beaucoup plus toxiques que d’autres), de leur persistance dans le temps (certains se dégradent beaucoup plus rapidement que d’autres) et de leurs sous-produits de dégradation lesquels sont parfois plus toxiques et se dégradent moins vite que le composé initial. Leurs effets sur la nature sont, eux aussi, encore très mal connus. Les principaux pesticides utilisés actuellement appartiennent à quelques grandes familles chimiques comprenant les Organochlorés, les Organophosphorés, les Carbamates, les Pyréthrinoïdes etc.
Organochlorés
Comme le nom l’indique, les organochlorés renferment une ou plusieurs molécules de chlore dans leur constitution. Ils sont appelés pesticides de première génération du fait de leur apparition en 1940. Ils se dégradent lentement à cause de leur stabilité chimique d’où leur persistance dans l’environnement. Ils ont une durée de vie particulièrement longue et peuvent être transportés sur de longues distances par le vent. Plusieurs pays ont interdit ou réglementé leur usage. Certains pesticides organochlorés ont été identifiés comme des Polluants Organiques Persistants (POPs) par la Convention de Stockholm et sont très fortement réglementés : Aldrine, Endrine, Dieldrine, DDT, Chlordane, Heptachlore, Chlordecone, Alpha hexachlorobenzène, Beta hexachlorobenzène, Pentachlorobenzène, Lindane, Mirex et Toxaphène.
Organophosphorés
Les organophosphorés sont des composés de synthèse qui se dégradent assez rapidement dans l’environnement et donc peu persistants. Ils présentent cependant, des effets neurotoxiques sur les vertébrés et une toxicité aigüe élevée. Des CL50 ont été trouvées dans la littérature résultante des tests de toxicité aigüe de huit organophosphorés (le chlorpyrifos, le malathion, le fénitrothion, le bendiocarbe, la deltaméthrine, la lambda-cyhalothrine, le diflubenzuron, le fipronil) sur O.niloticus. Tous ces pesticides ont révélé une toxicité élevée vis-à-vis d’O.niloticus à l’exception du bendiocarbe, la lambda-cyhalothrine et le fénitrothion qui sont moins toxiques (effet de la lutte antiacridienne sur l’environnement, 1998. Tome III).
Pyréthrinoïdes
Ils sont des insecticides de synthèse, dérivée de la pyréthrine, très toxiques pour les organismes aquatiques. Elles sont peu volatiles et peu solubles dans l’eau. Les pyréthrinoïdes ont une toxicité aigüe faible et leur dégradation dans l’environnement est relativement très rapide.
Carbamates
Très toxiques, ils sont utilisés comme insecticides et fongicides. Ils se présentent comme des substances peu persistantes dans la nature, peu stables dans l’eau et avec une toxicité aigüe élevée. Présentation de l’espèce
INTRODUCTION |