Le terrorisme international impacte sur la croissance économique des pays démocratiques et des pays autoritaires. La résilience de la population constitue un atout majeur en réaction aux événements terroristes. Elle est déterminante pour le maintien de l’activité économique. En démocratie, lorsque l’économie subit un choc, des mesures sont aussitôt prises à plusieurs niveaux. À l’opposé des démocraties libérales, les pays autoritaires se relèvent plus difficilement des attaques terroristes. Cela s’explique par le fait que les États autoritaires ou non démocratiques sont caractérisés par une forte centralisation des pouvoirs politiques, peu de diversification économique et une faible capacité du gouvernement à réagir aux perturbations de l’ économie (Meierrieks et Gries, 2013; Piazza, 2013).
Les entrepreneurs internationaux recherchent cette qualité de résilience des entreprises dans les pays autoritaires touchés par le terrorisme. Cette résilience les rend capables de poursuivre leurs activités commerciales malgré le risque et l’ incertitude. Ils y voient des opportunités d’ affaires. Les investisseurs cherchent des pays qui développent l’ économie et la démocratie malgré qu’ il y ait du terrorisme. Cette résilience permet de créer des entreprises viables dans un contexte économique endémique (Branzei et Adbelnour, 2010).
La résilience (Branzei et Adbelnour, 2010) détermine la capacité des entreprises à gérer le problème d’allocation des ressources en période de terrorisme. L’objectif d’une activité économique basée sur la résilience consiste à réduire les interruptions de production et de distribution des produits. Bien que cette capacité de rebondir face aux perturbations de cette sorte soit une qualité entrepreneuriale fort séduisante, il demeure que les attaques répétées détruisent le tissu social, ce qui fInit par avoir un impact sur la croissance économique (Rose et Blomberg, 2010).
Parmi les principales théories économiques qui alimentent la réflexion des chercheurs sur l’impact du terrorisme sur la croissance économique fIgurent la théorie des opportunités économiques (Choi, 2015; Estrada et al., 2015), la théorie de la confIance (Blomberg, Hess et Tan, 2011; Sand1er, 2011), la théorie des jeux (Sandler, 2011; Sand 1er, 2013) et l’approche par les coûts (Rose et Blomberg, 2010; Blomberg, Hess et Tan, 2011; Meierrieks et Gries, 2013).
Les principales variables associées aux théories sont le PIB (Drakos, 2007; Sandler, 2011; Powers et Choi, 2012; Meierrieks et Gries, 2013; Piazza, 2013; Mueller et Stewart, 2014; Choi, 2016; Khan et Rasheed, 2016), le nombre d’événements répertoriés (Krieger et Meierrieks, 2011; Meierrieks et Gries, 2013; Piazza, 2013), le revenu (Rose et Blomberg, 2010; Blomberg, Hess et Tan, 2011; Esmail, 2016; Khan et Rasheed, 2016) et la sécurité particulièrement en termes d’infrastructures (Zhuang et Bier, 2007; Sandler, 2013; Mueller et Stewart, 2014; Estrada et al., 2015).
La théorie des opportunités soutient que les terroristes provoquent des perturbations dans les activités économiques autant commerciales que fInancières. Ils se servent principalement de la grogne populaire pour agir. Cela porte un coup dur aux revenus des entreprises et ultimement au PIB (Rose et Blomberg, 2010). Les griefs populaires constituent de véritables occaSIOns pour les terroristes d’ avoir une influence sur la situation politique et sociale. Cette situation se traduit par l’ augmentation des risques liés au marché (Choi, 2015; Estrada et al., 2015).
L’ approche par les coûts est liée à la théorie de la confiance (Blomberg, Hess et Tan, 20 Il). Les dépenses en termes d’ infrastructures; telles que la sécurité, les technologies de surveillance et les ressources humaines, augmentent la confiance, et stimulent les activités commerciales telles que les exportations et le tourisme. D’une part, la confiance réduit l’ incertitude ce qui favorise les investissements directs étrangers, et, d’autre part, elle crée un climat propice au bon moral des agents économiques responsables de l’ investissement plutôt local (Meierrieks et Gries, 2013).
Il semble que, plus les coûts liés au financement de la croissance économique pour maintenir la santé économique des entreprises diminuent, plus le niveau de confiance dans le marché augmentent. Autrement dit, l’ interventionnisme appliqué de manière continue n’ est pas bon pour stimuler la croissance économique à long terme (Blomberg, Hess et Tan, 2011). Les coûts liés aux infrastructures pennettent de maintenir la compétitivité des entreprises en termes d’opérations, de logistique et de production accordant ainsi le temps à l’ économie de reprendre son rythme de croissance (Banque africaine de développement, 2012-2013; Esmail, 2016; Khan et Rasheed, 2016).
Il faut cependant mettre un bémol qui vaut autant pour les sociétés démocratiques qu’autoritaires. En additionnant le coût direct d’ un événement terroriste aux mesures de contre-terrorisme prises ensuite, les effets sur la croissance économique semblent considérables. Cela exige parfois, dans certaines sociétés autoritaires, de mobiliser majoritairement les budgets vers la sécurité plutôt que vers les services destinés à la population et aux entreprises, ce qui a pour effet d’ augmenter les griefs et les revendications (Drakos, 2007; Powers et Choi, 2012; Piazza, 2013).
Dans la plupart des études consultées, les chercheurs retiennent le PIB pour observer les effets d’ un ou plusieurs événements terroristes sur la croissance économique (Drakos, 2007; Sandler, 2011 ; Powers et Choi, 2012; Meierrieks et Gries, 2013; Piazza, 2013; Choi, 2016; Khan et Rasheed, 2016). Le recul du PIB peut être constaté lors d’ un événement terroriste. Dans une ville comme Boston, à la suite du double attentat du Marathon le 15 avril 2013, l’effet sur le produit intérieur brut est évalué à 1 milliard de dollars perdus par jour de chasse à l’ homme (Mueller et Stewart, 2014). Au Pakistan, le terrorisme répété réduit le ratio investissement/PIB qui est passé de 22,5% en 2006-2007 à 13,4% en 2010-2011 (Sandler, 2011; Powers et Choi, 2012; Estrada et al., 2015). Aux États-Unis en 2001 , le terrorisme a provoqué un recul de 0,75% du PIB, dont 0,50% est attribuable aux attaques du Il septembre (Rose et Blomberg, 2010; Mueller et Stewart, 2014).
Depuis le Il septembre 200 l, les dépenses en contre-terrorisme ont augmenté. La plupart des grands départements américains dépensent 50 milliards de plus en 2010 qu’ ils ne le faisaient en 2001 pour la sécurité. Les coûts exorbitants liés au contreterrorisme poussent les gouvernements à évaluer le nombre et l’ ampleur des attaques afm d’ établir le niveau des dépenses nécessaires pour assurer la sécurité (Mueller et Stewart, 2014). La théorie des jeux (l’ équilibre de Nash) peut servir à déterminer l’allocation des ressources en termes de sécurité face au terrorisme (Zhuang et Bier, 2007; Sandler, 2013). Il est montré que la probabilité qu’ il y ait des dommages à cause d’ une attaque terroriste décroît à mesure que les investissements en contre-terrorisme pour réduire les effets sur la croissance économique augmentent (Zhuang et Bier, 2007).
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