Télédétection des environnements littoraux et marins

Télédétection des environnements littoraux et marins

Dynamique fluviale 

C’est entre Sangomar (Lagoba et la Pointe) et les îles adjacentes de Dionewar et Niodior que s’ouvre l’estuaire du Saloum. Sangomar est une flèche littorale située entre le fleuve et la mer dans la Petite Côte. Depuis sa rupture de 1987, elle présente deux parties séparées par une embouchure à hauteur de Lagoba large de 273m en Avril 1987 ; deux mois après rupture. La mise en place de cette flèche influence beaucoup les apports sédimentaires dans la zone nord de l’estuaire du Saloum. Le caractère récessif des apports continentaux d’eaux douces en provenance de l’amont des exutoires par ruissellement conjugué à la faiblesse des pentes sur le long de l’estuaire ainsi que la rétention d’eaux par la mangrove et l’évaporation contribuent à la mise en place d’un fonctionnement hydrodynamique de type original d’estuaire inverse (Barusseau et al. 1995). Il est caractérisé par la prédominance des marées (particulièrement le flot) sur l’ensemble du réseau hydrographique. Une nette influence de la mer y est notée en ce qui concerne la sédimentation estuarienne et le fort gradient de salinité d’aval en amont des eaux. Dans son ensemble, le Saloum a une salinité très élevée, supérieure à celle de l’eau de mer, de l’ordre de 80 % (Diop, 1978). Toutefois, les mesures disponibles, celles plus anciennes de Minot (1934) établissent une dissymétrie flot-jusant avec une supériorité du jusant (1,3 m.s-1 contre 1,1 m.s-1 pour le flot), ce qui reste essentielle dans la genèse des structures sédimentaires des chenaux d’embouchure et des deltas de marée (Sall, 1982). Son rôle dans l’apport de sédiments au niveau de la plage de Sangomar est peu déterminant à cause de son fonctionnement actuel de type original d’estuaire inverse. 

Dynamique éolienne

 Les vents au sol sont, sur la zone côtière sénégalaise, dépendants de 4 champs de pression (Leroux, 1977, 1983) :  l’anticyclone des Açores, source de la circulation d’alizés maritimes, Télédétection des environnements littoraux et marins. Application au suivi de la variabilité spatiale et temporelle de la flèche de Sangomar (Sénégal) Mémoire de Master de Géosciences Youm Jean Paul Marcel 25  l’anticyclone de Saint-Héléne, génératrice de la circulation de mousson,  l’anticyclone continental maghrébien (ou libyen) semi-permanent, commande le flux de l’alizé continental ou harmattan.  la dépression saharienne dont l’axe sur le continent est appelé Front Intertropical (FIT) et Zone Intertropicale de Convergence (ZITC) sur l’océan. Elle sert de frontière énergétique entre les deux hémisphères et son déplacement saisonnier crée une alternance à l’origine du découpage de l’année en deux saisons bien tranchées. De novembre à avril, la circulation d’alizé s’installe sur l’ensemble du territoire. La saison des pluies débute en avril-mai dans la partie orientale du Sénégal, un à deux mois plus tard dans la zone côtière. D’un point de vue anémométrique général, trois grands types de situations peuvent être dégagées sur la zone littorale (Barbey, 1982 ; Niang-Diop, 1995). – de novembre à février, prédominance des alizés maritimes, de secteur N à NE (60 % des vents) avec des vitesses de 5 à 6 m.s-1 . – de mars à mai, installation des alizés maritimes continentalisés de secteur NW (60 % des vents avec des vitesses maximums de 6,2 m.s-1 en avril. – de juillet en septembre, prédominance des vents de secteur W (‹ à 4,5 m.s-1 ) avec des coups de vent, de vitesse moyenne de 20 à 25 m.s-1 et qui accompagnent les lignes de grain. Le vent a une action primordiale dans la dynamique sédimentaire côtière : – d’une part, il engendre les températures et les précipitations qui influent fortement sur l’évolution des côtes rocheuses (Gaye, 1999) et il est responsable de la génération de houles et de vagues mais aussi des phénomènes d’upwellings (Niang-Diop, 1995) ; – d’autre part, il joue un rôle important en agissant directement sur les sédiments de la plage aérienne par le phénomène de la déflation éolienne. Cette action intervient dans le bilan sédimentaire côtier en se combinant à celle de la houle

Les facteurs anthropiques 

Outre ces différents éléments naturels précités, l’intervention de l’homme joue un rôle essentiel dans l’évolution du littoral. Son action peut être directe (prélèvement sur les plages de sables ou de coraux morts pour la construction de bâtiment), ou indirecte (artificialisation du littoral en construisant en bord de mer ; ce qui modifie les transferts sédimentaires côtiers). Ainsi, selon Diaw (1997), on pourrait rechercher les causes de l’érosion du Lagoba dans les effets négatifs des activités humaines (prélèvement inconsidéré de sédiments et installation incontrôlée d’implantations ou d’infrastructures le long du littoral) et dans le corps des phénomènes hydro-climatologiques exceptionnellement observés le 27 février 1987 par la conjonction du passage d’une dépression barométrique (970 Télédétection des environnements littoraux et marins. Application au suivi de la variabilité spatiale et temporelle de la flèche de Sangomar (Sénégal) Mémoire de Master de Géosciences Youm Jean Paul Marcel 26 hectopascals),d’une houle marquée par de fortes amplitudes (2,5 à 3,5 m) et de marées de vives eaux du Saloum en relation avec l’amélioration de la situation pluviométrique observée à partir de 1985 et les phénomènes de résonnance à l’intérieur de l’estuaire sur la houle. Bâ et al. 1995, soulignent que cette rupture résulte non seulement de l’intensification des processus hydrodynamiques et du déficit du budget sédimentaire, mais aussi de la fragilisation du secteur de Lagoba par l’action d’une utilisation abusive et fréquente par les pirogues comme raccourci au lieu d’un détour de plus de 7 km le long de la flèche de Sangomar. Cette ouverture est présentement empruntée aussi bien par les piroguiers transporteurs de marchandises, les pêcheurs et même des grands navires ou chalutiers ou thoniers. Le facteur anthropique est aussi marqué par l’aménagement d’une zone de débarquement pour la pêche artisanale au nord du secteur. En mai 1996 et en décembre 1997, un bourrelet sablo-coquillier, anthropique, est reformé en haut de plage comme au cours de l’année 1994 (Diara, 1999). 

CADRE GEOLOGIQUE 

Notre zone d’étude appartient au grand ensemble du bassin sénégalo-mauritanien d’âge mésocénozoïque (Bellion, 1987) qui s’étend sur 1400 km du Cap Blanc en Mauritanie au Cap Roxo au Sud de la Guinée Bissau. Sa plus grande largeur se situe à la latitude de Dakar (560 km) et sa superficie est d’environ 340 000 km2 (Sarr, 1995). La partie émergée a un relief peu accidenté ; elle est limitée à l’ouest par une côte généralement basse et sablonneuse à l’exception de quelques falaises rocheuses que l’on rencontre à Dakar et sur la Petite Côte. La structure d’ensemble du bassin est celle d’une marge passive avec un épaississement des couches en direction du domaine océanique (Bellion, 1987 ; Sarr, 1995). En effet, l’évolution du bassin a été marquée par différentes phases de transgressions et de régressions qui ont été à l’origine d’une diversité de formations sédimentaires (figure 10

Table des matières

RESUME
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I. CADRE GEOGRAPHIQUE
1. Facteurs climatiques
1.1. Pluviométrie
1.2. Vents
1.3. Température
1.4. Evaporation
1.5. Humidité relative
1.6. Insolation
2. Paramètres hydrodynamiques
2.1. Dynamique marine
2.2. Dynamique fluviale
2.3 Dynamique éolienne
3. Les facteurs anthropiques
II. CADRE GEOLOGIQUE
1. Le Tertiaire
1.1. Le Paléocène
1.2. L’Eocène
1.3. La formation du Saloum (ex continental terminal)
2. Le Quaternaire
III. TECTONIQUE
IV. CADRE GEOMORPHOLOGIQUE
CHAPITRE II : MATERIELS ET METHODES
I.BASE DE DONNEES SATELLITAIRES
Télédétection des environnements littoraux et marins Application au suivi de la variabilité spatiale et temporelle de la flèche de Sangomar (Sénégal)
Mémoire de Master de Géosciences Youm Jean Paul Marcel
II. METHODOLOGIE
II.1. Etude du trait de côte
II.2. Extraits et mesures de paramètres des chenaux d’embouchures et estimation des superficies du cordon
II.3. Réalisation des cartes d’occupation des sols
CHAPITRE III : ANALYSE DES RESULTATS ET DISCUSSION
I. EVOLUTION DU LITTORAL DE LA FLECHE DE SANGOMAR ENTRE 1984 ET 2017
1. Evolution sectorielle et par période du trait de côte
1.1. Evolution du trait de côte de la flèche de Sangomar entre 1984 et 1987 (avant la rupture de la flèche)
1.2. Evolution du trait de côte de la flèche de Sangomar entre 1987 et 1998
1.3. Evolution du trait de côte de la flèche de Sangomar entre 1998 et 2007
1.4. Evolution du trait de côte de la flèche de Sangomar entre 2007 et 2017
II. CINEMATIQUE DE L’EMBOUCHURE DE LA FLECHE DE SANGOMAR ET CELLE DE DIONEWAR DE 1987 A 2017
III.EVOLUTION DE L’OCCUPATION DU SOL DE LA FLECHE DE SANGOMAR ENTRE 1984 ET 2017
CONCLUSION GENERALE
PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.

 

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