Systèmes d’exploitation, modes et perspectives de gestion des ressources de l’écosystème mangrove
La pluviométrie
La pluie est la principale caractéristique qui différencie les deux saisons que nous connaissons au Sénégal : une saison sèche dont la durée varie entre sept et huit mois dans la région de Fatick et une saison pluvieuse de quatre à cinq mois. Dans la région de Fatick a saison sèche fournie 0,8% des précipitations annuelles sous forme de pluies de « Heug » et la saison des pluies totalise 92,2% des précipitations annuelles de 1980 à 2011 (Wade, 2012). Ainsi elle connait une importante variabilité aussi bien annuelle que mensuelle.An : années Pma : pluviométrie moyenne annuelle Figure 4 : variabilité interannuelle de la pluviométrie à Fatick de 1980à 2012 272,3 898 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 P mm Année Systèmes d’exploitation, modes et perspectives de gestion des ressources de l’écosystème mangrove dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum : cas de la Communauté Rurale de Dionewar 30 L’évolution interannuelle de la pluviométrie pour la période 1980-2012 montre une courbe en dent de scie avec une variabilité annuelle nette des précipitations. Cette variabilité peut s’expliquée par deux faits majeurs : – une inégalité de la durée de la saison des pluies ; – une inégalité des volumes précipités Ainsi l’année 2009 qui a connu 06 mois de saison des pluies a enregistré la plus forte valeur avec une moyenne annuelle de 898mm de pluie, par contre l’année 1983 enregistre, avec ses 04 mois de pluie, 272,3mm de pluie. Figure 5: Evolution de la pluviométrie par rapport à la moyenne de la série 1980-2011 L’analyse du diagramme nous a permis de constater que la période 1980-2011 est marquée par plus d’années déficitaires avec une fréquence de 53% (17 années) contre 15 années excédentaires pour une fréquence de 43%. La discontinuité de la série fait ainsi apparaître les différentes phases de sécheresse séparée par des années de pluviométrie normale. Cependant il est important de noter que depuis l’année 2008, nous notons une tendance à un retour à la normale dans la région de Fatick. Ainsi l’année 2009 est l’année la plus excédentaire avec un écart à la moyenne de 342,2 mm. -283,5 342,2 -400 -300 -200 -100 0 100 200 300 400 Ecart p/r à la moyenne Année Systèmes d’exploitation, modes et perspectives de gestion des ressources de l’écosystème mangrove dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum : cas de la Communauté Rurale de Dionewar
L’humidité relative
Dans la région de Fatick, l’humidité relative est fortement dépendante de la pluviométrie et de l’insolation. Ainsi pour l’étudier nous avons choisi les données enregistrées à la station de Fatick dans la période 1991-2010. Figure 6 : Evolution de l’humidité relative de 1991 à 2010 L’analyse des courbes ci-dessus montre que la période la plus humide coïncide avec la saison pluvieuse dans la région d Fatick. L’humidité relative nous avons un régime unimodal avec un maximum toujours situé pendant la saison des pluies et un minimum noté pendant la saison sèche. A part l’humidité relative minimale qui enregistre son minimum en mars avec 15,9%, tous les extrêmes interviennent au même moment.
L’insolation
La durée de la saison sèche et l’absence de nuages susceptible de couvrir le soleil par moment est à l’origine de la plus grande fréquence de journées ensoleillées dans la région de Fatick. Les données qui nous ont permis d’analyser l’insolation moyenne mensuelle concernent la période 1991-2010 et ont été enregistré à la station de Fatick. Les données du tableau ci-dessus présentent un écart assez important entre le mois le plus ensoleillé et le mois le moins ensoleillé. Avec une moyenne de 7,8 heures, le mois de juin est le plus ensoleillé avec une moyenne de 11,6 heures de soleil et le mois d’Aout le moins ensoleillé avec seulement une moyenne de 6,1 heures de soleil. Cet écart est sans doute corrélatif à la forte couverture nuageuse qui couvre séquentiellement le soleil pendant la saison des pluies.
L’évaporation
L’importance de l’évaporation est fortement liée à l’insolation et à la fréquence des vents qui accélère son processus. Ainsi les données enregistrées à la station de Fatick de 1991 à 2010 nous ont permis d’analyser l’évaporation moyenne mensuelle à Fatick dans la même période. Le tableau laisse apparaître une variabilité inter mensuelle très importante. Ainsi les valeurs les plus élevées sont enregistrée pendant la saison sèche (décembre à mai) avec un maximum situé en mars. Ce fait peut être expliqué par la fréquence de l’alizé continentale et par la forte insolation. La saison sèche (octobre à juin) enregistre par contre les valeurs les plus faibles, avec un minimum situé en septembre, du fait de la forte couverture nuageuse qui réduit l’insolation, de l’accalmie notée au niveau des vents mais aussi de la saturation de l’air. Synthèse des paramètres climatiques La variabilité des éléments du climat est fortement dépendant de la pluviométrie qui est la caractérise la saison des pluies. L’importance des précipitations influe ainsi sur les autres éléments qu’elle accélère ou ralentit. Ainsi pendant la saison pluvieuse nous notons une baisse de la durée d’insolation qui passe de 11,6 heures en juin à 6,1heures en Aout. C’est la même chose pour l’évaporation qui atteigne 2,2% en septembre et les vents baisse également de vitesse. Par contre nous avons une augmentation de l’humidité relative qui passe de 37,2% en janvier à 80% en septembre. Systèmes d’exploitation, modes et perspectives de gestion des ressources de l’écosystème mangrove dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum : cas de la Communauté Rurale de Dionewar
La Faune
La RBDS regorge d’importantes ressources animales grâce à la présence de nombreux habitats au niveau de la vase, des massifs forestiers et aux forêts de mangroves qui constituent des milieux sûrs pour échapper à la prédation. Elle est ainsi une zone humide inscrite comme site Ramsar classée patrimoine mondial en 1981.
La faune terrestre
Pour la faune nous pouvons noter la présence d’hyènes tachetées, de céphalophes à flanc roux, de céphalophes de Grimm, de phacochères, d’aulacodes, de singes verts etc. Ces espèces sont en général constatées au niveau des forêts classées de Patako, de Baria, de Niombato, de Sanghako etc. et au niveau des mangroves pour ce qui est des singes verts. Photo 1 : Hyène tuée dans la brousse de djihor (village de Niodior) Toutefois ces espèces font l’objet d’un braconnage dans la zone ou sont tuées si elles sont accusées d’avoir attaqué le bétail. Systèmes d’exploitation, modes et perspectives de gestion des ressources de l’écosystème mangrove dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum : cas de la Communauté Rurale de Dionewar
La faune hydrique
L’estuaire du Saloum abonde d’importantes ressources halieutiques. Ainsi prés de 114 espèces de poisson sont répertoriés dans le delta du Saloum (Diouf, 1996). L’estuaire constitue également le site de reproduction du dauphin de souza, de la tortue verte et des lamantins qui deviennent de plus en plus rare dans l’estuaire. Les ressources de cueillette constituées généralement de coquillages sont aussi abondantes dans l’estuaire et elles sont composées d’huîtres, de Cymbium, d’arches etc. l’importance et la diversité ichtyofaunique fait de l’estuaire du Saloum le sixième estuaire au niveau mondiale.
L’avifaune
Elle est formée de l’avifaune sédentaire composée de tourterelles, de pigeons verts, de pigeons de rôniers, de francolins, de pintades etc. Il y’a également les cailles, les poules de roches, les Gangas qui sont en voie de disparition du fait de la dégradation de leurs habitats (ONUDI, 2009). Nous avons aussi l’avifaune migratrice qui est très abondante pendant la saison hivernale. On a ainsi dénombré plus de 70 000 Limicoles et plus de 27000 Laridés en 1997 (wetlands International, 1997). Elle est ainsi composée de l’ibis sacrée, l’oie de Gambie, le flamant rose, le bécasseau corcoli, les sternes etc. de ce fait, la RBDS participe à la reproduction de nombreuses espèces d’origine diverse, ce qui justifie ainsi son inscription comme le site Ramsar d’importance international.
Les données économiques L’économie de la CR de Dionewar repose essentiellement sur la pêche, l’agriculture, la cueillette des fruits de mer, l’exploitation du sel et le tourisme. II.1 La pêche La pêche représente l’activité principale de la CR. Elle occupe ainsi plus de 2/3 de la population masculine. Le développement de cette activité est sans doute lié aux importantes potentialités qu’offre le milieu en matière de ressources et de possibilités. La présence des mangroves joue un rôle important dans la reproduction et la diversité des espèces capturées. La pêche est ainsi pratiquée massivement au niveau de l’océan atlantique, mais aussi au niveau des bolongs (le Diandoufo et le bolong de Falia) et des marres. Dans la CR de Dionewar, Falia constitue le principal ‘’village de pêcheur’’ avec 97% des familles qui en font leur activité principale, 86% à Dionewar et 77% pour Niodior. Elle est généralement pratiquée pendant la saison sèche période pendant laquelle les captures deviennent plus importantes et plus diversifiées. Ainsi nous avons parmi les espèces capturées des ethmaloses (cobo), des Systèmes d’exploitation, modes et perspectives de gestion des ressources de l’écosystème mangrove dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum : cas de la Communauté Rurale de Dionewar 39 mulets (tambadiang), des sardinelles (yaboy), des crevettes, des poulpes etc.par contre pendant la saison des pluies les captures deviennent plus faibles et sont composées généralement de poulpes, de seiches, de mérous etc. II.2 La cueillette des fruits de mer La cueillette des fruits de mer est une activité largement pratiquées dans la CR de Dionewar. Elle se fait fréquemment au niveau des vasières à mangrove pour les huîtres et au niveau de la vase pour ce qui est des arches, du Cymbium et du Murex. Elle est généralement pratiquée par les femmes qui s’organisent en groupement puis en fédération comme la fédération locale des GIE (FELOGIE)5 . 99% des ménages interrogés ont au moins deux femmes qui pratiquent la cueillette et la collecte des fruits de mer. Nous avons également constaté quelques étrangers qui ont fini par s’installer. Pour ces ménages, aucune femme n’a était identifiée dans les activités de cueillette et de collecte. Les espèces capturées ici sont largement dominées par les arches, les huîtres, le cymbium et le murex. II.3 L’agriculture L’agriculture constitue la deuxième activité économique de la CR. Elle est généralement pratiquée au niveau des cordons sableux des différents villages par prés de 60% de la population même si seulement 2% en font leur activité principale (PLD, 2003). Lors de nos enquêtes on a pu constater que la tendance a beaucoup changé ces 10 dernières années et on 86% des ménages interrogés ont au moins une parcelle de mil et une parcelle de Sorgho. Toutefois on n’a pas pu identifier des familles qui font de l’agriculture leur activité principale. Le développement des cultures maraîchères et de l’arboriculture font qu’on ne peut pas caractériser cette agriculture de type pluvial. Ainsi dans la CR de Dionewar nous avons les cultures vivrières et les cultures de rente. Les cultures vivrières Elles assurent les besoins alimentaires des populations. De nos jours elles sont essentiellement constituées par le mil, le sorgho et le niébé. Le mil et le sorgho domine largement avec respectivement 92 et 47% des parcelles cultivées. La culture du riz est presque inexistante dans la CR même si nous notons toujours son existence dans le village de Falia ou elle semble 5 La FELOGIE regroupe tous les groupements de femmes de la CR de Dionewar elle est dirigée par un bureau dont la présente est Amy Ndour. Systèmes d’exploitation, modes et perspectives de gestion des ressources de l’écosystème mangrove dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum : cas de la Communauté Rurale de Dionewar 40 connaître une certaine reprise ces dernières années. Nous avons identifié Quatre chef de ménages qui ont cultivé durant l’hivernage 2013 quatre parcelles de riz de petite taille (moins d’un hectare). Cependant, la CR de Dionewar présente peu de potentialités pour les cultures vivrières du fait de sa faiblesse en terre arables. Ainsi seul le village de Niodior avec une longueur de 12 km semble offrir quelques avantages en terres cultivables. Photo 2: Brousse de l’île d djihor dans le terroir de Niodior après la récolte Les cultures de rente Les cultures de rente sont essentiellement constituées dans la CR de Dionewar par les cultures maraîchères et l’arboriculture. Elles se pratiquent en toute saison et bénéficient d’un climat favorable. Leur pratique est surtout favorisée par la présence de cuvettes et d’une nappe d’eau peu profonde. Les spéculations au niveau du maraîchage repose surtout sur les légumineuses telles que la patate douce (Ipomea) avec 17 parcelles clôturés identifiées à Niodior et Dionewar. La culture de l’hibiscus (bissap) se développe de plus en plus dans la zone où elle est exclusivement pratiquée par les femmes. L’arboriculture reste orientée vers les plantations de cocotiers avec déjà la présence d’un important parc dont la propriété est héréditaire de père en fils. Cependant il est important de signaler que la CR de Dionewar présente d’importante potentialité pour la cueillette des fruits sauvages tels que les pains de singe et le ditakh Systèmes d’exploitation, modes et perspectives de gestion des ressources de l’écosystème mangrove dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum : cas de la Communauté Rurale de Dionewar 41 (detarium). Ainsi pour l’année 2012, 4 tonnes de pains de singe6 ont été vendues par le comité de surveillance de Niodior. En somme nous pouvons noter que l’agriculture joue un rôle important dans l’économie de la CR. Cependant elle est menacée par plusieurs facteurs (la salinisation des terres, la baisse de la pluviométrie…) qui concourent à son affaiblissement.
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