SYNDROME METABOLIQUE
LE SYNDROME METABOLIQUE
Le syndrome métabolique avait été pressenti dès 1923 par Kylin qui décrivait déjà à cette époque l’association hypertension/hyperglycémie/goutte comme syndrome [92]. Longtemps resté dans l’oubli, ce concept a été réactivé par Jean Vague qui eut l’intuition de lier ce syndrome avec, d’une part l’obésité dite androïde et d’autre part l’athérosclérose, deux éléments du syndrome métabolique unanimement reconnus de nos jours. Dès 1956, Vague insistait sur la relation étroite entre l’obésité androïde, le diabète sucré, la goutte et l’athérosclérose [160]. Ces associations ont été ensuite confirmées par de nombreuses études épidémiologiques [145]. La relation de ce syndrome avec l’insuline n’a été évoquée que trente années plus tard lorsque Modan et collaborateurs reconnurent dans l’hyper insulinémie un lien entre l’hypertension, l’obésité et la diminution de la tolérance au glucose [109]. C’est Reaven qui a introduit la notion d’insulinorésistance et a vulgarisé ce syndrome sous le nom énigmatique de « syndrome X » [127,145]. La description originale de Reaven comprenait une constellation d’anomalies liées à l’insulinorésistance et à l’hyper insulinémie qui en résulte en tant que mécanisme de compensation face à la résistance cellulaire vis-à-vis de l’action de l’insuline. En effet, les anomalies décrites par Reaven en 1988 étaient essentiellement l’excès pondéral, la diminution de la tolérance au glucose, l’hypertriglycéridémie, l’abaissement du taux de cholestérol HDL, l’hypertension artérielle. Il est à noter dans la définition originale du syndrome X , que Reaven [127], contrairement à Jean Vague [160] et à Kaplan [87], n’avait pas insisté sur le caractère androïde ou tronculaire de l’obésité. En outre, l’équipe de Reaven rapportait que 25% des sujets non obèses, avec une tolérance au glucose normale avaient une diminution importante de la sensibilité à l’insuline, mesurée par l’épreuve de référence qu’est le « clamp euglycémique 7 hyper insulinémique ». Cette diminution était comparable à celle observée chez les sujets diabétiques de type 2 [82]. Après Reaven, Kaplan n’a pas hésité à dénommer la combinaison obésité tronculaire/diminution de la tolérance au glucose/ hypertriglycéridémie /hypertension , le « deadly quartet » [87]. Depuis lors, de nombreuses études se sont intéressées à ce syndrome et ont confirmé son étroite relation avec la morbi-mortalité cardiovasculaire [73,133]. Le syndrome X est maintenant plutôt appelé syndrome d’insulinorésistance, syndrome pluri métabolique ou syndrome cardiovasculaire métabolique, suivant qu’on s’intéresse prioritairement à sa cause présumée (insulinorésistance), à son phénotype (combinaison de plusieurs anomalies métaboliques) ou à ses conséquences (complications cardiovasculaires en particulier coronariennes) [108]. Ainsi donc , le syndrome s’est diversifié et de nombreuses autres anomalies s’y sont intégrées , toutes étant des facteurs ou, tout au moins , des marqueurs de risque cardiovasculaire , à savoir l’augmentation des LDL (particulièrement athérogènes), l’hyperlipémie postprandiale (chylomicrons et VLDL) , divers troubles fibrinolytiques et hémostatiques (augmentation de l’inhibiteur de l’activateur du plasminogène ou PAI-1) ainsi que la micro albuminurie (témoin d’une altération de la fonction endothéliale) [99,126]. Pour la plupart des auteurs, ces anomalies sont intimement associées au syndrome X, elles ne font cependant pas partie des éléments de définition les plus communément admises. Le bref historique rappelé ci-dessus démontre déjà bien des errements dans la définition du syndrome où sont mis avant, suivant les époques et les auteurs, tantôt l’hyperglycémie et la goutte (premiers travaux), tantôt l’obésité androïde, tantôt l’insulinorésistance et son corollaire l’hyper insulinémie. En effet, le syndrome métabolique peut être suspecté en routine clinique sur la base de paramètres anthropométriques simples (Indice de Masse Corporelle, Tour de 8 Taille) [134] et confirmé par la mesure de divers paramètres cliniques (pression artérielle) et biologiques (glycémie, insulinémie, lipides sanguins …) [99,100]. II. Eléments de définition du Syndrome métabolique Le syndrome métabolique est une combinaison de diverses anomalies anthropométriques, cliniques et biologiques qui sont indépendamment associées au risque cardiovasculaire variable selon les auteurs et les comités d’experts.
Description originale de Reaven
Anomalies principales
Le syndrome métabolique selon Reaven, est caractérisé par un ensemble d’anomalies en rapport avec l’insulinorésistance qui joue un rôle central dans le mécanisme d’installation de ce syndrome, l’insulinorésistance conduisant à l’hyper insulinémie [113,126]. Les anomalies observées se traduisent généralement par un excès pondéral, une hypertension artérielle, une hypertriglycéridémie et une hypoHDL-cholestérolémie.
Anomalies secondaires
D’autres anomalies métaboliques et cliniques ont été intégrées à la description de Reaven notamment , une stéatose hépatique , une micro albuminurie, un état prothrombique ou encore un état pro-inflammatoire [44] (tableau I).Il est maintenant bien établi que ce regroupement de différentes anomalies métaboliques et cliniques se caractérise par un risque plus important de développer un diabète de type 2 et par un risque de morbi-mortalité cardiovasculaire [44] qui en font un véritable problème de santé publique. Le syndrome métabolique a récemment été reconnu par les experts américains comme facteur de risque cardiovasculaire indépendant, à côté du LDLcholestérol et des facteurs de risque cardiovasculaire classiques.
Définition de l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) Selon l’OMS [4,21,49], un sujet est porteur de syndrome métabolique lorsqu’il présente simultanément une insulinorésistance, une hyperglycémie à jeun (glycémie ˃1,10g /l) ou encore un diabète de type 2 (glycémie à jeun≥1,26), associés à deux ou plus des critères suivants : Triglycérides plasmatiques élevés ou HDL Cholestérol bas Anomalies principales -Résistance à l’insuline, intolérance au glucose et hyper insulinémie -Dyslipidémies -Hypertension artérielle -Obésité androïde Anomalies secondaires -stéatose hépatique -hyper uricémie -Micro albuminurie -Etat prothrombique (augmentation du PAI-1 plasmatique) -Etat pro-inflammatoire (augmentation du fibrinogène et de la CRP plasmatique) -Stress oxydatif 10 Pression artérielle élevée Rapport tour de taille sur tour de hanche et /ou IMC élevé Micro albuminurie.
INTRODUCTION |