Surveillance des effets indésirables des médicaments

Surveillance des effets indésirables des médicaments

DEFINITIONS EN PHARMACOVIGILANCE

Cette démarche vise une harmonisation internationale des concepts en pharmacovigilance. Pharmacovigilance : science, ou un ensemble d’activités relatives à la détection, l’évaluation, à la compréhension et à la prévention des risques d’effets indésirables (ou tout autre problème) liés au médicament mis sur le marché à titre onéreux ou gratuit (intolérance aux médicaments, mesurage ou usage abusif, erreur thérapeutique, pharmacodépendance, antibio-résistance, effet sur la femme enceinte ou sur l’enfant, échec thérapeutique). Cette définition englobe l’approche clinique, épidémiologique, et statistique mais aussi l’approche expérimentale. Elle dépasse la simple analyse du lien de causalité. Elle s’intéresse aux facteurs de risque, aux mécanismes de survenue des effets indésirables et à leurs préventions [28]. Médicament : toute substance présentée comme possédant des propriétés curatives et préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ou tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger, ou modifier leurs fonctions physiologiques. Effet indésirable : réaction nocive et non voulue, se produisant aux posologies normalement utilisées chez l’homme pour la prophylaxie, le diagnostic ou le traitement d’une maladie ou la modification d’une fonction physiologique. Effet indésirable inattendu : Effet indésirable dont la nature ou la sévérité n’est pas mentionnée dans la fiche signalétique, ni sur le résumé des caractéristiques du produit. Cette définition insiste sur le fait qu’il s’agit d’un phénomène nouveau et non connu. 10 Effet indésirable grave : est évoqué quand l’effet indésirable est à l’origine de l’une des situations suivantes : • Mise en jeu du pronostic vital • Hospitalisation ou prolongation d’hospitalisation • Incapacité persistante ou invalidité • Anomalie congénitale Effet secondaire : réponse médicamenteuse non voulue et se produisant aux doses normalement utilisées chez l’homme. Cette description souligne l’importance de l’intervention des facteurs de risque individuels dans la survenue de cette réaction (une réaction thérapeutique inattendue, peut être un effet secondaire mais non un effet indésirable). Interaction médicamenteuse: en pharmacologie, elle désigne une modification in vivo des effets d’un médicament par un autre médicament. Evénement indésirable : Manifestation clinique ou biologique nocive survenant au cours d’un traitement médicamenteux sans préjuger de la relation de cause à effet. Effet indésirable médicamenteux : Réaction nocive et non voulue, se produisant aux posologies normalement utilisées chez l’homme pour la prophylaxie, le diagnostic ou le traitement d’une maladie ou la modification d’une fonction physiologique. Elle inclut également toute réaction résultant d’un mésusage de produit de santé, constituant un syndrome de sevrage lors de l’arrêt du produit ou un syndrome de dépendance, découlant d’un usage abusif ou d’une mauvaise qualité du produit.Notification spontanée : désigne un cas d’évènement indésirable rapporté par un notificateur. Notificateur : professionnel de santé qui déclare un cas d’effet indésirable présumé d’un médicament à une structure de pharmacovigilance. Professionnel de santé : tous les prestataires de soins travaillant dans le cadre du système de santé comme les médecins, les pharmaciens, les infirmiers, les physiothérapeutes, les ergothérapeutes les prothésistes, travailleurs médicaux sociaux, et autres fournisseurs de soins. Fiche de pharmacovigilance ou fiche de recueil d’effet indésirable : document rempli par le notificateur et comportant les données nécessaires à la constitution d’un dossier de notification. Imputabilité : l’évaluation clinique systématisée du lien causal susceptible d’exister entre un événement indésirable et l’administration du médicament. Enquête : travail d’évaluation réalisé à la demande des autorités compétentes sous la responsabilité du CRPV concerné, chaque fois qu’il existe des raisons de penser qu’un risque médicamenteux doit être évalué ou réévaluer. Signal : information notifiée concernant une possible relation de cause à effet entre la survenue d’un événement indésirable et la prise d’un médicament. La relation est inconnue jusqu’à lors ou incomplètement documentée. Alerte : en pharmacovigilance le terme alerte a un sens plus fort que le signal. Une alerte justifie la mise en place d’une étude ou d’une prise de décision adaptée. Vérification : procédure préconisée en pharmacovigilance pour s’assurer que les données contenues dans le rapport final correspondent à celles présentes dans les observations d’origines. Ces dossiers peuvent s’appliquer aux données du dossier médical, de la fiche de déclaration, des documents imprimés et des analyses statistiques et aux tableaux produits. Validation : elle consiste à prouver que n’importe quelle procédure, processus, équipement (informatique et logiciel), activé au système utilisé actuellement en pharmacovigilance conduit aux résultats attendus. Feedback : ou rétroaction est une réaction à une entrée d’information. 

MISSIONS ET INTERETS DE LA PHARMACOVIGILANCE

MISSIONS 

Des évènements tels que la tragédie de la Thalidomide font ressortir l’extrême importance des systèmes efficaces de contrôle des médicaments. La mission première de la pharmacovigilance est d’améliorer la prise en charge et la sécurité des patients. Ceci, pour tout ce qui touche à l’utilisation des médicaments, aux interventions médicales et paramédicales dans les conditions normales d’utilisation. En aucun cas, un effet indésirable d’un médicament ne doit être analysé sans tenir compte de ses propriétés générales et de la gravité de la maladie pour laquelle il est prescrit. Après avoir obtenue l’AMM, le médicament doit donc faire l’objet d’une surveillance permanente afin de 13 déceler d’éventuels effets indésirables et de réévaluer le rapport bénéfice risque du médicament, y compris sur le plan économique. Au cours des dix dernières années, il a été de plus en plus admis que le champ de la pharmacovigilance ne devait pas se limiter à la seule détection des nouveaux signaux alarmants pour la sécurité. La mondialisation, le consumérisme, l’explosion du libre échange et des communications transfrontières qui en ont résulté, l’utilisation croissante d’Internet, ont contribué à changer la manière donc les gens ont accès aux produits médicaux et aux informations les concernant. Cette évolution des schémas d’utilisation des médicaments nécessite de modifier l’approche de la pharmacovigilance. Il faut l’adapter plus étroitement. Il faut lui permettre de mieux répondre aux nouvelles habitudes de consommation des médicaments apparues dans la société. Les missions de la pharmacovigilance se sont donc vues élargies. Elles concernent en outre, la détection des problèmes liés à la mauvaise utilisation des produits de santé (erreur ou échec thérapeutique, dépendance, tolérance ou résistance, intoxication ou toxicomanie), la détection des médicaments contrefaits ou de qualité inférieure. Elles concernent l’assurance de l’usage rationnel des médicaments. Elle a aussi pour impératif, la promotion d’une meilleure connaissance de la pharmacovigilance, une éducation et une formation clinique dans ce domaine. Enfin, elles visent à améliorer l’efficacité de la communication pertinente entre les professionnels de la santé et le grand publique.

INTERETS

Les accidents ou les incidents graves enregistrés à une large échelle à partir de médicaments sont sans doute aussi anciens que les médicaments euxmêmes. La pharmacovigilance a précisément permis qu’ils soient mieux et plus vite repérés. Il convient donc de rappeler d’abord cette évidence. A titre d’exemple nous pouvons citer : 14 -Le cas du Rofecoxib (VIOOX). C’est un anti-inflammatoire non stéroïdien indiqué pour soulager la douleur et l’inflammation lors des rhumatismes. Le 30 septembre 2004, le fabricant Merck Sharp et Dohme-Chilbret annonçait le retrait dans le monde entier de la commercialisation du produit parce que les résultats intermédiaires d’un essai clinique montrent que le Rofecoxib augmente le risque d’accidents cardiovasculaires graves (infarctus du myocarde et accidents vasculaires cérébraux) au delà de 18 mois de traitement quotidien continu [28]. -Un cas récent est le communiqué Le 13-03-2008 de l’AFSSAPS est parvenue au Sénégal pour le retrait urgent du lot CNK0061 374 du NIFLURIL pommade 3% (anti inflammatoire non stéroïdien) pour le motif de contamination microbienne. La pharmacovigilance assure une meilleure sécurité dans le système de santé et une prise en charge plus rationnelle des cas d’effets indésirables pour le patient. Au plan communautaire, elle diminue la morbidité et la mortalité. Les systèmes de soins, Les professionnels de santé, sont plus alertes à diagnostiquer un effet indésirable. Ils reçoivent plus d’informations pour prendre des décisions et améliorer l’usage rationnel des produits de santé. Au niveau des programmes de santé, elle permet de réduire les échecs et les résistances aux traitements. Elle améliore la pratique clinique et participe à la recherche et à la formation. Les industries pharmaceutiques sont ainsi protégées des fausses rumeurs et peuvent améliorer l’éthique et leur image de marque .

SURVEILLANCE DES EFFETS INDESIRABLES

Dans la vie du médicament l’évaluation des effets indésirables s’opère avant et après la commercialisation du médicament (Figure 3) [6 ; 18 ; 32]. 15 Figure 3 : le développement clinique des médicaments

AVANT AMM

Avant d’être considéré « médicament » et obtenir l’AMM, la molécule candidate subit deux grandes étapes d’études. Il lui faut près d’une quinzaine d’années avant d’être à la disposition des professionnels de la santé. On distingue ¾ Les études précliniques Elles ont pour objectifs d’évaluer l’efficacité et de démontrer l’innocuité de la molécule sur un organisme vivant (animal entier, cellule isolée…). Elles constituent un préalable indispensable et obligatoire avant d’administrer le produit à l’homme. ¾ Les études cliniques Elles se divisent en quatre phases : -Les phases I, II, III : Elles ont pour objectifs de vérifier l’efficacité et l’innocuité de la molécule chez l’être humain. A l’issue de ces phases, on connait la posologie potentiellement efficace et l’on a une idée du rapport efficacité tolérance du produit 16 Malgré toute la rigueur qui entoure les essais cliniques, les prévisions des EIM recueillis avant l’AMM restent incomplètes. En effet, lorsque le médicament est mis sur le marché ses effets ont été observés sur une population restreinte et homogène (à peine 500 sujets) dans un cadre clinique. Les risques encourus lors d’une utilisation à plus large échelle, en « vie réelle » (insuffisants rénaux ou hépatiques, idiosyncrasique, sujets âgés, femmes enceintes….) et plus particulièrement les effets indésirables rares ne peuvent donc être entièrement prévus. Ainsi, La surveillance du potentiel « aléa » du médicament qui va du trouble bénin au cas grave revient à la phase IV ou pharmacovigilance [6 ; 13 ; 28]. . Rappelons toutefois, que depuis novembre 2005 suite au retrait du VIOOX, la réglementation européenne oblige les laboratoires pharmaceutiques à déposer un plan de gestion anticipé des risques. Ceci, dans le but de prolonger et d’élargir la démarche de pharmacovigilance des le début des essais cliniques. Ce plan permet ainsi de détecter le plus précocement possible les effets indésirables.

Table des matières

NTRODUCTION
1 ère PARTIE : GENERALITES SUR LA PHARMACOVIGILANCE 
I/ HISTORIQUE
II/ DEFINITIONS EN PHARMACOVIGILANCE
III/ MISSIONS ET INTERETS DE LA PHARMACOVIGILANCE
III.1- MISSIONS
III.2- INTERETS
IV/ SURVEILLANCE DES EFFETS INDESIRABLES DES MEDICAMENTS
IV.1- AVANT AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE
IV.2- APRES AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE
V/ METHODES UTILISEES EN PHARMACOVIGILANCE
V.1- GENERER UNE HYPOTHESE
V.1.1- notification spontanée
V.1.2- prescription évent monitoring
V.2- CONFIRMER OU VERIFIER UNE HYPOTHESE
V.2.1- Etudes épidémiologiques
V.2.2- registre
VI/ ORGANISATION DU SYSTEME DE PHARMACOVIGILANCE
VII/ L’IATROGENIE MEDICAMENTEUSE
VII.1- RAPPELS
VII.2- AMPLEUR DU PREJUDICE
VII.3- LIEN DE CAUSALITE: IMPUTABILITE
VII.4- NATURE, FREQUENCE, GRAVITE, TYPES D’EFFETS INDESIRABLES ET FACTEURS DE RISQUE
VII.4.1- NATURE
VII.4.2- FREQUENCE
VII.4.3- GRAVITE
VII.4.4- TYPES D’EFFETS INDESIRABLES
VII.4.5- FACTEURS DE RISQUE
VIII/ ROLE DES PRATICIENS DANS L’INTEGRATION DE LA PHARMACOVIGILANCE A LA PRATIQUE CLINIQUE
VIIII/ PHARMACOVIGILANCE AU SENEGAL
IIème PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I/ OBJECTIFS DE L’ETUDE
I.1- OBJECTIFS GENERAUX
I.2- OBJECTIFS SPECIFIQUES
II/ CADRE D’ETUDE
III/ METHODE D’ETUDE
III.1- TYPE D’ETUDE
III.2- POPULATION D’ETUDE
III.3- ECHANTILLONAGE
III.3.1- critères d’inclusion
III.3.2- critère de non inclusion
III.4- OUTILS ET METHODES DE COLLECTE DES DONNEES .
III.5- PLAN DE SAISIE DES DONNEES
III.6- CONTRAINTES ET LIMITES DE L’ETUDE
IV/ RESULTATS .

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