Suivi parasitologique
Un suivi parasitologique a été mené par l’équipe de Lobito au cours des 10 enquêtes de Janvier 2005 à Janvier 2006 dans le but d’évaluer l’effet des moustiquaires imprégnées sur la parasitémie. Au cours de ces enquêtes, un total de 3047 gouttes épaisses (GE) a été réalisé et leur lecture a r évélé la seule présence de P. falciparum (ni P. vivax ni P. ovale n’ont été retrouvées) dans 144 pr élèvements soit une prévalence moyenne de 4,73%. La région peut être ainsi considérée comme étant hypoendémique (zone côtière).
Pour les 9 enquêtes (2 à 10) de Février 2005 à Janvier 2006 réalisées simultanément dans les familles «AM» et «SM», les prévalences générales moyennes sont comparables : respectivement 4,31% (n = 1231) et 4,43% (n = 1647).
A notre niveau, nous avons suivi l’évolution des prévalences plasmodiales selon la présence ou l’absence de moustiquaires imprégnées dans les maisons de Mars-Avril 2005 à Janvier 2006. Les tendances obtenues sont représentées sur la Fig. 8. Les résultats parasitologiques de la seconde partie de l’étude (Avril-Octobre 2006) sont en cours d’analyse par nos collègues de l’équipe de Lobito.
Fig. 8 : Evolution des prévalences plasmodiales selon la présence ou l’absence de moustiquaires imprégnées
Les évolutions générales des prévalences plasmodiales sont comparables dans les 2 groupes («AM» et «SM») et montrent d’importantes variations saisonnières : une baisse marquée à partir du m ois d’août (qui correspond au début de la saison sèche) avec des prévalences de l’ordre de 0.5% (chez les «SM») en Août et 0% (chez les «AM») en Septembre (milieu saison sèche). En saison des pluies, les prévalences peuvent atteindre 8% chez les «AM» et 10% chez les «SM». Cette figure montre aussi que les indices plasmodiques (IP) sont légèrement plus élevés chez les «SM» en fin saison sèche (Septembre 2005) alors qu’en saison des pluies (Mai 2005 et Janvier 2006) aucune différence entre les 2 groupes n’est observée.
Ces 2 figures représentatives des données entomologiques et parasitologiques enregistrées chez les 2 groupes d’étude montrent que l’infection par Plasmodium et la transmission du paludisme dans la dite localité sont maximales en saison des pluies (Janvier-Juillet). Mais la présence de porteurs de Plasmodium en saison sèche montre que la transmission pourrait être continue au cours de l’année, à degré moindre, malgré la présence de moustiquaires imprégnées. L’ensemble de ces données suggèrent ainsi l’absence d’un effet net des moustiquaires imprégnées dans cette première partie de notre étude (de Mars-Avril 2005 à Janvier 2006).
Suivi de l’utilisation et l’entretien des moustiquaires Permanet
Devant ces résultats de non efficacité probable des moustiquaires Permanet® au cours de la première partie de l’étude, il a été procédé au cours des 7 premières enquêtes à un examen des moustiquaires données à ces 2 1 familles «AM» afin de suivre leur évolution et le comportement de leurs propriétaires en termes d’entretien. Ces enquêtes ont été effectuées par nos collègues de Lobito qui ont classé l’état des moustiquaires en 6 catégories (Tableau 3) : «A» = parfait état et installée ; «B» = parfait état mais non installée au moment de l’enquête ; «C» = avec des trous, installée ; «D»= avec des trous, non installée au moment de l’enquête ; «E» = ab îmée, installée ; «F» = abîmée, non installée. La catégorie supplémentaire «G» correspond au cas d’à un changement de moustiquaire.
Ces résultats soulignent que :
– le nombre de moustiquaires est remarquablement constant (environ 60) tout au long du suivi, semblant indiquer l’intérêt des gens pour leur possession.
– le nombre de moustiquaires installées et conservées en parfait état a très rapidement chuté, dés la 3ème enquête (soit 3 mois environ après leur distribution) ; En effet, en Mars-Avril 2005, seul 1/3 (22/62) des moustiquaires sont correctement utilisées dès cette période.
– dès la 4ème enquête (Mai) la majorité des moustiquaires sont trouées. Ainsi, le pourcentage de moustiquaires en parfait état et bien utilisées est de moins de 20% dès le 5ème mois après le début de l’étude.
Il faut aussi préciser que les enquêtes socio-entomologiques menées au cours de cette étude ont rapporté qu’il y’avait :
– un stockage des eaux dans des citernes pour compenser l’absence d’eau courante au robinet à Bela Vista
– une présence effective de larves d’An.gambiae dans ces citernes
Ces enquêtes socio-entomologiques et sur l’utilisation et l’entretien des moustiquaires par leurs propriétaires nous font donc sortir toutes les difficultés qui se d essinent dans les programmes de lutte anti-vectorielle basées sur la participation effective des populations. En particulier, dans notre étude, cette mauvaise utilisation des moustiquaires pourrait expliquer l’absence de différence significative entre groupe «AM» et «SM» rapportée par les données entomologiques (III-1-1) et parasitologiques (III-1-2).