SUIVI ET EVOLUTION DES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH/SIDA
PRISE EN CHARGE DE L’INFECTION AU VIH
La prise en charge est l’ensemble des mesures et attitudes prises vis-à-vis des sujets infectés, afin de prolonger leur survie et d’améliorer leurs conditions de vie pour leur garantir un bien-être .
Test de dépistage du VIH
Le dépistage du VIH constitue un élément majeur dans la stratégie de prévention. Il est recommandé devant toute situation épidémiologique à risque. Au Sénégal, le test de dépistage est volontaire et gratuit, il doit faire l’objet d’un consentement préalable libre et éclairé. Ainsi, tous les centres de dépistage, les cliniques et les laboratoires qui pratiquent des tests VIH sont tenus d’offrir gratuitement des services de counseling avant et après chaque test VIH. Pour les enfants âgés de moins de 15 ans, l’avis des parents ou du représentant légal est requis avant tout dépistage VIH [21]. Tout résultat de test de dépistage à VIH/Sida est confidentiel et ne peut être remis par la personne habilitée qu’aux personnes suivantes : – La personne ayant subi le test ; – Le représentant légal de l’enfant mineur ou de l’adulte incapable ayant subi le test ; – L’autorité compétente ayant requis le test ; – La personne habilitée par celui qui a subi le test.
Prise en charge psychosociale
Elle comprend tout acte, toute attitude, toute parole qui a pour but de renforcer les capacités psycho-sociales d’une personne, soit en la tranquillisant, soit en la renforçant, soit en l’encourageant. Elle consiste également à aider la personne à trouver une solution à ses problèmes et à prendre des décisions sages et courageuses [20]. 33 La prise en charge psycho-sociale d’un sujet infecté par le VIH débute par le counseling pré-test et se poursuit toute sa vie. Cette prise en charge psychosociale s’établit : – Lors de l’entretien individuel d’information réalisé avant le dépistage, encore appelé counseling pré-test, qui consiste à obtenir un consentement libre et éclairé du patient, des parents ou du responsable légal chez le mineur comme le prescrit la loi sur le VIH/Sida [21]. – Lors du counseling post-test et pendant tout le long du suivi. Cette étape consiste à aider le patient et son entourage à vivre positivement la séropositivité, et à adopter un comportement responsable. Chaque personne infectée est un cas spécifique. Les PVVIH ont besoin d’être soutenues pour faire face aux multiples défis de la maladie qui, à l’état actuel des connaissances ne se guérit pas et engendre encore des discriminations sociales [20]. Dans le cas particulier de l’enfant, la délivrance de l’information reste délicate. Les pédiatres utilisent l’information dite partielle en réalisant un heureux compromis entre la nécessité de donner des repères aux mineurs tout en ménageant les réticences des parents à nommer formellement la maladie [13]. Ainsi, le soignant et l’assistant social sont au centre de ce soutien psychosocial, qui constitue un pilier important de la prise en charge des PVVIH. 6.3. Prise en charge nutritionnelle [22] Le volet nutritionnel est une composante obligatoire dans tout programme de prise en charge des PVVIH. La malnutrition est considérée comme un cofacteur de progression rapide de l’infection vers le stade de sida . La prise en charge nutritionnelle commence par l’évaluation de l’état nutritionnel et des conseils de régime d’ordre général [22] à savoir : – S’alimenter régulièrement ; – Savoir fractionner les repas ; – Varier l’alimentation en mangeant chaque jour des aliments énergétiques, riches en protéines et surtout des fruits et légumes ; – Éviter l’alcool, le tabac et les excitants ; – Faire du sport ; – Consommer de l’eau potable.
Prise en charge vaccinale
Les sujets infectés par le VIH présentent une sensibilité accrue à certaines infections, dont certains peuvent bénéficier d’une protection vaccinale (pneumocoque notamment). D’une manière générale, l’immunogénicité des vaccins est moindre chez les personnes vivant avec le VIH surtout lorsque le taux de CD4 est inférieur à 500/mm³. C’est encore plus vrai si elle est inférieure à 200/mm³ et que la charge virale VIH est élevée. Les patients asymptomatiques doivent bénéficier de tous les vaccins selon le Programme Elargi de Vaccination (PEV) de l’OMS. Cependant, les vaccins vivants à germe atténués sont en principe contre-indiqués à cause du risque plus élevé de complications et en particulier en cas de déficit immunitaire sévère. Il s’agit du BCG, du vaccin contre la fièvre jaune et celui contre la poliomyélite par voie orale. Le vaccin anti-pneumococcique est recommandé chez tout séropositif
Prise en charge médicale
Prendre en charge une personne infectée par le VIH implique un certain nombre de démarches consistant à: – Établir une relation de confiance médecin-malade dans laquelle les aspects non médicaux, émotionnels ou sociaux sont aussi importants que les aspects strictement biomédicaux ; – Intégrer le patient dans une prise en charge pluridisciplinaire impliquant cliniciens, psychologues, biologistes, assistants sociaux, association de malades, etc… ; – Mettre en place un calendrier de suivi bioclinique ; – Prendre en charge la séropositivité tant en amont (prévention de la dissémination du VIH) qu’en aval (intégration sociale à maintenir le plus longtemps possible, renforcement du secret médical). La prise en charge médicale comportera un examen clinique complet et un bilan immunobiologique. La périodicité du suivi est fonction de l’état clinique et de l’importance de l’immunodépression.
Prise en charge clinique
L’interrogatoire permet de recueillir certaines informations comme l’état civil, le mode de vie (sexualité, alcool, tabac, toxicomanie,…), statut matrimonial, et plus encore le motif de consultation; les antécédents médicaux- chirurgicaux. Ainsi, après la prise des constantes (poids, taille, IMC, TA, FR, FC, périmètre abdominal), le clinicien doit faire un examen physique complet de tous les appareils en particulier la bouche, la peau, les aires ganglionnaires, le système neurologique, l’appareil pleuro pulmonaire, l’appareil digestif…
Prise en charge paraclinique
A la paraclinique, le clinicien demande un certain bilan comprenant: – La sérologie VIH de confirmation, – Evaluation du degré d’immunodépression : numération des lymphocytes T CD4 – Un bilan de co-infection : antigène HBs, sérologie de l’hépatite C, sérologie syphilitique, Frottis Cervico-vaginal (FCV) dans le cadre du dépistage des dysplasies cervico-vaginales obligatoire chez les femmes séropositives, radio thorax – Un bilan préthérapeutique : hémogramme, transaminases, urée et créatininémie et secondairement si possible et en fonction de l’orientation de l’examen clinique on peut être amené à demander : un examen parasitologique des selles avec recherche de Germes Opportunistes(GO), recherche de BAAR, geneXpert, bilan de risque cardio vasculaire (ECG, bilan lipidique, glycémie à jeun). 6.6. Prise en charge des infections opportunistes Cette phase consiste à prévenir les infections opportunistes (IO) voire à les diagnostiquer et à les traiter dans le cas échéant. La prévention des IO telles que l’isosporose, la toxoplasmose, la pneumocystose se fait par l’administration de Cotrimoxazole 960mg à raison d’un(1) comprimé par jour. Par ailleurs, la prévention de la tuberculose pulmonaire est possible par l’administration de l’isoniazide (INH) à raison de 5mg/kg/jour sans dépasser 300mg/jour (après avoir éliminé une tuberculose pulmonaire active). Pour la prévention des mycobactérioses atypiques si CD4<50/mm3, donner de l’azithromycine ou rifabutine. 37 6.7. Prise en charge par les médicaments antirétroviraux (ARV) L’utilisation large des thérapies antirétrovirales (ARV) a permis de diminuer considérablement la morbidité et la mortalité de l’infection au VIH. 6.7.1. Buts – Bloquer la réplication virale du VIH ; – Diminuer la charge virale ; – Restaurer la fonction immunitaire ; – Stopper l’évolution, ou empêcher la survenue d’infection opportuniste. Et donc de contribuer à l’amélioration de la santé et de la qualité de vie des patients.
Moyens
Les antirétroviraux utilisés agissent au niveau des trois enzymes nécessaires à la réplication du VIH : la transcriptase inverse, la protéase, l’intégrase, mais aussi au niveau de la fusion. Figure 15 : Site d’action des ARV 38 Les inhibiteurs de la transcriptase inverse Les inhibiteurs nucléosidiques [27] La zidovudine est le chef de file des analogues nucléosides (Tableau V). Les dérivés des nucléosides doivent être métabolisés en 5’triphosphates pour être actifs. En se liant avec la transcriptase inverse, ces dérivés entrent en compétition avec les nucléosides naturels et agissent par un substrat alternatif, en prévenant la formation de la liaison 3’5’ phosphodiester de l’ADN proviral. Cette action conduit à l’interruption de l’élongation de la chaîne d’ADN proviral.
INTRODUCTION |