SUIVI DE L’INFECTION VULPINE PAR ECHINOCOCCUS MULTILOCULARIS

SUIVI DE L’INFECTION VULPINE PAR ECHINOCOCCUS MULTILOCULARIS

L’infection du renard urbain par Echinococcus multilocularis a été mise en évidence dans les années 2000. Ce phénomène récent est principalement illustré par des études suisses où apparaît un gradient d’infection du renard roux selon le niveau d’urbanisation (Hofer et al. 2000, Fischer et al. 2005, Hegglin et al. 2007). L’unique indication concernant l’influence de l’âge, du sexe et de la saison sur la prévalence de l’infection chez le renard et sur la distribution des charges parasitaires en milieu urbain montre une tendance au parasitisme hivernal plus fréquent chez les jeunes mâles (Hofer et al. 2000) et plus important chez les juvéniles (Hofer et al. 2000, Fischer et al. 2005). Cependant, il était nécessaire de compléter ces informations afin de connaître les caractéristiques de l’infection vulpine en milieu urbain. De plus, l’amplitude de l’infection vulpine par E. multilocularis au niveau d’une grande ville française n’a pas encore été documentée. Ce chapitre a donc pour objectifs de rapporter les prévalences et biomasses parasitaires dans les populations de renards roux prélevés dans des milieux de niveaux d’urbanisation variés (urbain, péri-urbain et rural) et d’établir l’influence de variables environnementales sur le parasitisme : Les prévalences d’ E. multilocularis sont-elles fonction du niveau d’urbanisation ? Indépendamment du niveau d’urbanisation, existe t-il une influence de l’âge, du sexe, de l’année et de la saison sur les prévalences d’E. multilocularis chez le renard roux ? La distribution spatiale de l’infection est elle davantage expliquée par le lieu de collecte de l’animal ou par la distribution par zone urbaine, péri-urbaine et rurale?  Existe t-il une différence de distribution des charges parasitaires selon le niveau d’urbanisation et l’âge des renards roux?

Echantillonnage des renards roux

En France, la réglementation nationale relative à la protection de la nature fixe les principes d’une politique de gestion de la faune sauvage. Des arrêtés de portée nationale ou départementale permettent de classer les espèces sauvages en espèces chassables, protégées ou nuisibles. Ainsi, en Meurthe et Moselle, le renard roux est classé comme espèce nuisible, il peut donc être chassé pendant les périodes autorisées et piégé toute l’année. Le piégeage est soumis à une importante réglementation et ne peut être réalisé que par des piégeurs possédant un agrément personnel. Ce mode de prélèvement est réalisé le plus souvent à la demande de particuliers, en conséquence, c’est la sollicitation des habitants qui conditionne l’échantillonnage des animaux piégés. De janvier 2004 à décembre 2006, l’ensemble des renards trouvés morts et en bon état de conservation ou piégés sur l’ensemble de la zone d’étude, ainsi que les renards chassés en zone rurale (la chasse n’est pas autorisée en agglomération) ont été collectés grâce à la mise en place d’un réseau constitué principalement de piégeurs et des services techniques communaux. Ce réseau a permis la collecte de 164 individus. Des modifications du comportement des hôtes définitifs dues à l’infection par E. multilocularis n’ayant jamais été démontrées, il est admis dans la suite de l’étude que l’infection n’interfère pas sur les probabilités de capture ou de mort de l’animal hôte définitif. 

Autopsie et prélèvements

Chaque animal acheminé au laboratoire a été identifié par le lieu précis de prélèvement (localisation sur une carte ou adresse complète en milieu urbain) ainsi que par la date de la mort. Les autopsies ont été réalisées de manière sécurisée, dans une salle réservée à cet effet (Eckert et al. 2001b). Chaque individu a été sexé, l’extrémité de la mâchoire inférieure  portant les canines a été retirée pour déterminer l’âge, enfin l’intestin complet a été prélevé pour analyse parasitaire. Après géoréférencement de l’animal, le niveau d’urbanisation a été attribué grâce à un système d’information géographique construit à partir de la carte IGN au 1/100000. Cette carte comporte les limites de la zone urbaine comme définit par l’IGN (moins de 200m entre les bâtiments) et a été initialement saisie sur fonds d’images du satellite SPOT, prises entre les années 1999 et 2001. Les prélèvements ont été décontaminés à –80°C pendant une semaine avant analyse afin d’inactiver les œufs du parasite qui pouvaient être présents (Veit et al. 1995). Une fois décontaminés, ils ont été stockés à –30°C. 

Détermination de l’âge

La méthode de référence pour la détermination de l’âge des renards est le comptage des lignes d’accroissement du cément sur coupes de dents (Artois et Salmon 1981). Les racines des canines inférieures sont coupées transversalement avec une scie diamantée et examinées en lumière polarisée avec contraste de phase. L’observation de la largeur de la cavité pulpaire (chez les 0-1 an) et le comptage des stries annuelles d’accroissement chez le individus de plus d’un an a permis d’attribuer à chaque individu, une des quatre classes d’âge: 0-1 an ; 1-2 ans; 2-3 ans et >3 ans. 

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