SUIVI DE L’EVOLUTION DES MANGROVES
DE BOANAMARY A L’AIDE DE LA TELEDETECTION
LES MANGROVES DE BOANAMARY
choix des zones d’étude Selon le plan d’échantillonnage sur le terrain, 4 sites ont été choisis pour effectuer des études écologiques. Ce sont : • Zone Z1, (Zone Z1 car proche de la base donc objet de la première étude) gérée par le VOI (Vondron’Olona Ifotony ou communauté crée à l’instigation des responsables de l’administration des eaux et forêts, pour gérer l’exploitation notamment des mangroves) d’Ambatomalama, • Zone Z2, gérée par le VOI d’Ambatolampy, • Zone Z3, gérée par le VOI deTsararivotra, • Zone Z4, gérée par le VOI de Boanamary. Seules des explorations visuelles ont été faites dans la zone Z5 situées entre les localités de Boanamary et de Besisika, les placeaux étudiés antérieurement ayant été considérés comme déjà représentatif. 2 Composition floristique des mangroves Dans les quatre premières zones, 5 espèces de palétuviers réparties dans 3 familles ont été recensées, à savoir : Avicennia marina (afiafy), de la famille des Avicenniacées, -Dimensions : hauteur : jusqu’à 14 m ; diamètre : moins de 32 cm -Racines : pneumatophores érigés dans un rayon de plusieurs mètres autour du pied -Feuillage : vert argenté -Tronc : blanc -Port et rameau florifère -Substrat : pas d’exigences marquées -Sel : haloresistance élevée (jusqu’à 60 pour mille) -Immersion : peut contenter d’immersions occasionnelles et résiste bien à une dessiccation saisonnière, mais son développement optimal a lieu en bordure maritime -Plantules : se développent aux endroits ensoleillés Rhizophora mucronata (honkolahy) de la famille des Rhizophoracées -Dimensions : hauteur : jusqu’à 7 m ; diamètre : moins de 14 cm -Racines : en échasse 11 -Feuillage : vert et grand -Tronc : violet ou rouge, ramifié en branches touffues -Port et rameau florifère -Substrat : sol vaseux ou sableux-vaseux -Sel : haloresistance élevée -Sol d’implantation : s’installe dans les régions quotidiennement immergées par les marées -Plantules : se développent aux endroits ensoleillés Ceriops tagal (honkovavy) de la famille des Rhizophoracées -Dimensions : hauteur : 3.5 m ; diamètre : moins de 12 cm -Racines : en échasse mais courte -Feuillage : vert et arrondi -Port et rameau florifère -Substrat : recherche des sols bien drainés constitués des sédiments à gros grains -Sel : haloresistance assez élevée -Sol d’implantation : supporte l’émersion prolongée -Plantules : se développent indifféremment au soleil ou à l’abri des palétuviers de haute taille. Sonneratia alba (farafaka) de la famille des Sonneratiées -Dimensions : hauteur : jusqu’à 8 m ; diamètre : moins de 16 cm -Racines : pneumatophores érigés autour du pied -Feuillage : à légère crassulance (légèrement charnue), large et arrondie -Port et rameau florifère -Substrat : pas d’exigences marquées -Sel : haloresistance élevée -Immersion : adaptée à une très longue durée d’immersion (50% du temps) -Plantules : les graines germent sur les terrains nus ensoleillés Xylocarpus granatum (sarigavo) de la famille des Méliacées -Dimensions : hauteur : jusqu’à 6 m ; diamètre : moins de 22 cm -Racines : grosses -Feuillage : vert clair -Tronc : écaillé -Port et rameau florifère -Substrat : recherche des sols bien drainés 12 -Sel : haloresistance moyenne -Sol d’implantation : s’installe aux endroits qui peuvent être immergées par les hautes mers des vives eaux A noter que d’autres espèces de mangrove telles que Bruguiera gymnorrhiza ou Lumnitzera racemosa non décelées dans les zones d’étude peuvent exister en d’autres lieux de la région.
Cadre environnemental des mangroves
Les mangroves se développent sur les côtes des pays tropicaux. Elles ont besoin de l’humidité et de la salinité plus ou moins prononcée de l’eau, soit en permanence, soit apportées périodiquement par la marée. Leur existence est donc conditionnée par l’état du sol où elles se trouvent et par les courants qui les approvisionnent.
Constitution du sol
Les terres environnantes des zones d’étude sont composées généralement de calcaire peu fertile aux végétations. Les éléments apportés de l’intérieur par les pluies ne sont donc pas favorables aux mangroves qui ont besoin des apports des courants marins et fluviaux. Nous avons remarqué lors de visites de lieux que les mangroves situées trop à l’intérieur des terres, privées d’eau de marée, se dessèchent et meurent. Les parties susceptibles de servir de bois de chauffage sont prélevées par la population. Le sol sur lequel poussent les mangroves est composé essentiellement d’argile additionnée de limons qui ont formé des couches sédimentaires récentes ou parfois s’étant accumulées depuis de longue date.
Constitution du milieu ambiant
Le milieu ambiant est constitué par une mixture d’eau de mer et d’eau fluviale (avec les éléments qu’elles transportent), dans une atmosphère permettant d’obtenir une quantité acceptable d’oxygène et de chlorophylle. Le taux de variation de la salinité des mangroves peut varier d’une espèce à l’autre (exemple : l’espèce Avicennia marina peut supporter un taux élevé jusqu’à 60 g par litre d’eau) 19 En ce qui concerne la respiration, l’oxygène peut être captée soit par des feuilles soit par la racine à l’aide des pneumatophores et des échasses. L’ensoleillement de la côte Ouest de Madagascar étant quasi-permanent et de forte intensité.
Hydrodynamisme et sédimentation dans l’estuaire de la Betsiboka
Les estuaires (du latin aestus, qui signifie marée) désignent la partie d’un organisme fluvial où la marée et ses courants se font sentir. Les estuaires sont alors les embouchures où les eaux marines pénètrent au moment du flux. Tel est le cas de l’estuaire de la Betsiboka qui subit quotidiennement les actions de la marée, des courants et des vagues. L’étude de l’image suivante donnée par le satellite Landsat en 1999 permet d’expliquer la présence des mangroves observées dans l’estuaire de la Betsiboka. La reproduction schématique permet d’en tirer les observations suivantes : Les courants fluviaux arrivent dans l’estuaire de la Betsiboka (A) à sa vitesse normale. Une partie des flots (B) un peu en avant de la zone comprise entre Boanamary et Besisika, rencontre une partie concave où elle provoque une légère érosion (suivie d’une sédimentation avec installation d’une mangrove, qui restitue le tracé initial de la côte). Il est à noter que les mangroves protègent contre les érosions. Cette partie B sort de la zone concave et en D elle rencontre les courants venants de la mer ; elle tend donc à revenir vers l’arrière mais (cette partie B) poussée par les courants fluviaux de la Betsiboka forme un petit tourbillon, laisse tomber les sédiments transportés par le fleuve et contribue ainsi à l’envasement E de l’estuaire suivi de l’installation d’une population dense de mangrove. De plus, la rencontre entre les particules électronégatives de l’argile charriées par le fleuve et les particules électropositives apportées par la mer à la marée haute provoque une floculation (c’est-à-dire une neutralisation des particules suivie d’une décantation vers le fond) à l’origine du grand envasement final. Les eaux de la Betsiboka s’évacuent en F par le chenal situé entre les Pointe Antanandava et Ampirimpirina. Au passage, en G une portion rencontre une partie du flot marin qui la repousse vers une concavité, y provoquant une sédimentation et une implantation de mangroves. Au sortir de ce chenal, les courants fluviaux rencontrent les flots marins en H qui les font dévier vers la côte entre la pointe Ampirimpirina et Ambatolampy. Suivant la mécanique des fluides, la masse résultante atterrie en I (entre Ambatolampy et Ambatomalama) où s’est établi une forte densité de mangroves. Par suite de la concavité de la zone située en J (en face de l’aquaculture SOMAQUA), seule une faible partie des sédiments s’y est déposée. Ce qui explique l’aspect clairsemé des mangroves y rencontrées malgré l’interdiction de les exploiter imposée par ladite société.
REMERCIEMENTS |