SUIVI DE LA DYNAMIQUE DES POPULATIONS D’INSECTES NON CIBLES DANS L’AGROECOSYSTEME CHOU
Le Chou Brassica oleracea var.capita
L. (Crucifères)
Botanique, Distribution, Production et Ecologie Le Chou appartient à la famille des Crucifères, nom venant de ce que dans cette famille, les organes floraux, pétales et sépales, sont dans chaque série au nombre de quatre et opposée deux à deux en forme de croix (du latin crux : crucis et fèro : porter c’est-à-dire, qui porte une croix). Les feuilles sont généralement alternes ou pennatilobées ou pennatiséquées, elles se coiffent mutuellement en formant une tête compact ou «pomme». Les fruits sont pour la plupart du temps une silique et les étamines au nombre de six (06) (CAMARA, 1996). Le chou est originaire de l’ouest de l’Europe où il pousse encore spontanément au bord de l’océan. Sa culture en tant que légume remonte à la plus haute antiquité, à partir de formes sauvages originaires de l’Europe méridionale. On le trouve en Afrique orientale, dans toute l’Afrique tropicale sèche (KROLL, 1994). Au Sénégal, le chou est cultivé dans les Niayes principalement dans les régions de Thiès, Dakar et Saint Louis comme le montre le tableau ci-dessous Tableau1 : Productions et surfaces cultivées de choux selon les régions du Sénégal en 2006 Spéculation DK TH LG SL KK DL TB FK KD total Chou-pommé Superficie (ha) 673 804 95 174 31 18 59 105 25 1984 Production (T) 10768 11256 1425 2523 465 261 826 1470 362 29700 Source : (DH, 2006). LEGENDE: DK =Dakar, TH=Thiès, LG=Louga, SL=Saint Louis, KL=Kaolack, DL=Diourbel, TB=Tambacounda, FK=Fatick, KDA=Kolda En général, on multiplie le chou par la graine ; mais le climat tropical n’est pas très favorable au développement des graines de choux. Dans ce cas, les tiges sont laissées en terre après étêtage. Les rejets apparaissant au sommet des tiges coupées sont détachés et replantés. Ce mode de multiplication fournit, en général, des plantes moins belles que celles issues de graines. Les choux sont des espèces de plein soleil nécessitant une terre humide mais non engorgée. Ils sont exigeants en fumure, surtout azotée et préfèrent les sols riches en matière organique. Le développement optimal de ce légume a lieu à des températures se situant entre 15 et 20°C ; au delà de 25°C sa croissance est limitée (DUPRIEZ & LEENER, 1987).
Importance et utilisation du chou
Les choux représentent une partie importante de la consommation de légumes verts au Sénégal (CAMARA, 1999). On les trouve dans tous les marchés et la plupart du temps débités en moitié ou quart de tête pour satisfaire la demande des consommateurs à faible pouvoir d’achat (ANONYME, 1980). Les feuilles sont employées comme légume ou en salade et elles sont aussi mangées par les animaux (BERTE, 2002). Au moyen âge ce légume était surnommé « le médicament des pauvres ». Il y a très peu de légumes qui ont des effets aussi bénéfiques pour notre santé. L’intérêt majeur de ce légume est sa capacité à réduire l’incidence des cancers du côlon. On pense que certains de ses composés accélèrent le métabolisme des estrogènes et par conséquent réduisent l’incidence des cancers du sein, de l’utérus et des ovaires. Le chou est aussi une source excellente en vitamine C et en bétacarotène (précurseur de la vitamine A), ce qui permet de diminuer le risque de cataracte. Cru, il est une bonne source d’acide folique. Une carence en cette vitamine pendant la grossesse est responsable de malformations chez le fœtus. Le chou guérit certains ulcères, réduit aussi le risque des maladies cardiaques, soulage certains problèmes de peau et les rhumatismes. En plus de tout cela, ce légume est pauvre en calorie. 2. Les organismes nuisibles du chou Les champs de choux sont habités par plusieurs espèces qui consomment directement le chou. Les espèces nuisibles sont appelées ravageurs car elles causent d’énormes pertes économiques chez les producteurs poussant certains à abandonner cette spéculation (SOW, 2007). En Ontario, trois genres de chenilles causent des dégâts d’importance économique chez les crucifères cultivées : la piéride du chou, Artogeia rapae (L.), la fausse-arpenteuse du chou, Trichoplusia ni (Hübner), et la fausse-teigne des crucifères, Plutella xylostella (L.) (www.omafra.gov.on.ca/french/…/99-036.htm) Au Sénégal la synthèse des travaux effectués par plusieurs auteurs et ceux du Centre de Développement Horticole (CDH) de Dakar sur l’entomofaune des Niayes montre la présence des ravageurs listés dans le tableau ci-dessous dans l’agroécosystème chou. Tableau 2 : Les différents ravageurs de choux cultivés dans les Niayes Genre Espèce Famille Ordre Plutella xylostella (Linnaeus, 1758) Yponomeutidae Lépidoptère Hellula undalis (Fabricius) Pyralidae Lépidoptère Crocidolomia binotalis (Zeller) Pyralidae Lépidoptère Agrotis ypsilon (Hufnagel) Pyralidae Lépidoptère Spodoptera littoralis (Boisduval, 1833) Pyralidae Lépidoptère Chrysodeisis chalcites (Espère, 1789) Noctuidae Lépidoptère Héliotis armigera (Hübner, 1808) Noctuidae Lépidoptère Trichoplusia ni (Hüber) Noctuidae Lépidoptère Brevicoryne brassicae (Linnaeus) Aphidae Homoptère Myzus persicae (Sulzer) Aphidae Homoptère Bemisia tabaci (Gennadius) Aleyrodidae Homoptère En plus de ces ravageurs du chou recensés au Sénégal, ce légume est également attaqué dans le monde par d’autres ravageurs consignés dans le tableau ci-après. Tableau 3: Liste additionnelle des différents ravageurs de choux identifiés dans le monde Genre Espèce Famille Ordre Cantarinia nasturti (Kieffer) Cecidomyiidae Diptère Délia radicum (Linnaeus) Anthomyiidae Diptère Baris laticollis(Marsham) Curculionidae Coléoptère Ceuthorhynchus quadridens (Panzer) Curculionidae Coléoptère Ceuthorhynchus pleurostigma (Marsham) Curculionidae Coléoptère Lagria villosa (Fabricius 1781.) Lagridae Coléoptère Phyllotreta Sp. Chrysomelidae Coléoptère Autographa gamma (Linnaeus, 1758) Noctuidae Lépidoptère Mamestra brassicae (Linnaeus, 1758) Noctuidae Lépidoptère Piéris brassicae (Linnaeus, 1758) Piéridae Lépidoptère Evergetis forficalis (Linnaeus, 1758) Crambidae Lépidoptère Athalia rosae (Linnaeus) Tenthredinidae Hyménoptère Sources Internet : www.inra.fr/hyppz/…/3c—014.htm – www.mapaq.gouv.qc.ca/NR/…/0/FichePSIH062521.pdf tchad.ipm-info.org/guide/chou.htm 3. Les espèces non cibles de l’agroécosystème chou Cette partie se propose de présenter les études faites sur les ennemis naturels des principaux déprédateurs du chou et de montrer les caractères distinctifs des insectes non cibles les plus prépondérants dans l’agroécosystème chou au Sénégal. Ce sont des organismes vivants, prédateurs, parasitoïdes, pollinisateurs ou décomposeurs qui réduisent de façon considérables les dégâts occasionnés par la présence des ravageurs de ce légume et améliorent la fertilité du sol 3. 1. Quelques études sur les auxiliaires du chou En Asie plusieurs espèces sont prédatrices de Plutella xylostella (L.) Celles-ci sont considérées comme ses principaux stabilisateurs car elles sont responsables de 68% de la mortalité larvaire de cette espèce (LIM, 1990). Au Sénégal les travaux effectués sur les auxiliaires du chou portent principalement sur la dynamique des populations des parasitoïdes de plutella xylostella (L.) (BOURDOUXHE, 1983 ; CAMARA ,1999 ; NDIAYE, 1995 et SALL-SY, 2005). Récemment ces parasitoïdes ont aussi fait l’objet d’études (SOW, 2007 et DIOP, 2009) qui ont montré que Plutella xylostella (L.) pouvait être parasitée par Oomyzus sokolowskii (Kurdjumov), Apanteles litae(Nixon), Cotesia plutellae (Kurdjumov )et Brachymeria citrae(Steffan). En 2002, l’inventaire de l’entomofaune des cultures vivrières et maraîchères du Sénégal avait montré la présence d’une Syrphidae, Syrphus sp. et des coccinelles dont Adonia sp., Exochomus laeviusculus (Weise) et Scymmus senegalensis (Mader) dans les champs de choux de la zone des Niayes (SALL-SY et al., 2002)
Morphologie, Biologie et Ecologie des insectes auxiliaires du chou
Prédateurs – Coccinellidae
Les coccinelles adultes ont un aspect bombé. La protrusion du prothorax couvre partiellement la tête et les yeux. Elles ont cinq sternites visibles, des massues antennaires et quatre segments tarsiens dont le troisième est généralement dissimulé par le deuxième segment bilobé. La plupart des coccinelles sont de petite taille, de 0,1 mm à 1,5 cm. On ne peut pas distinguer les coccinelles au stade larvaire, l’identification doit être réalisée au stade adulte (RAFALIMANANA, 2003). Les femelles pondent en groupe des œufs, jaune clair ou orangé, ovales à fusiformes et de 1 à 1,5mm de longueur, sur la face inférieure des feuilles, près des colonies de pucerons généralement. Les œufs éclos passent ensuite par quatre (04) stades larvaires. Généralement, les larves de Coccinellidae portent des protubérances épineuses, le dos noir tacheté. La durée de vie larvaire varie de 9 à 18 jours selon l’espèce et la saison. Le dernier stade est le plus vorace (RAFALIMANANA, 2003). Les coccinelles se nourrissent de plusieurs espèces de pucerons et peuvent s’attaquer aux psylles (SAHARAOUI et GOURREAU, 2001), aux aleurodes, aux acariens et aux cochenilles (YANINEK et al.,) SAHARAOUI et GOURREAU raportent que la voracité moyenne des stades larvaires de Coccinella algerica (Kovàr) dans les conditions contrôlées est de 1149,99 ; 456,23 et 337,82 Aphis fabae (scopoli) respectivement à des températures de 20°, 25° et 30° et à des humidités Relatives de 65 à 75% et une photopériode de 14h. A B c D Figure 1 : Illustrations1 d’œufs (a), de larve (b), de nymphe (c) et d’adulte (Adalia bipunctata) (d) de coccinelles – Syrphidae Les Syrphidés sont de précieux insectes auxiliaires car leurs larves aphidiphages sont capables de contrôler les pucerons ravageurs des cultures. Les adultes se nourrissent de pollen et de nectar. Leur corps est souvent rayé de jaune et noir, ressemblant à des petites guêpes. Les syrphes se reconnaissent facilement à leur vol stationnaire et rapide. La ponte d’une femelle d’Episyrphus balteatus DEG est de l’ordre d’un millier d’oeufs (RONJON, 2006). Un asticot peut ainsi dévorer quelques centaines de pucerons par jour (BIJLMAKERS et VERHOEK, 1995). 1 aramel.free.fr/INSECTES5bis.shtml ; pagesperso-orange.fr/…/Insectes/coccinelle.htm a B c D Figure 2 : Illustrations2 d’œufs (a) et de la larve des colonies de pucerons (b), de pupe (c) et de l’adulte (Episyrphus balteatus De Geer.) (d) de Syrphidae Hormis ces insectes prédateurs de ravageurs qu’on retrouve dans les Niayes, le chou peut pourrait aussi être protégé par : -Les Staphylinidae Le staphilin est un COLEOPTERE de 2 à 4,5mm. Il agit comme prédateur au stade adulte et comme parasitoïde à son stade larvaire. Toutefois, ce n’est pas un prédateur spécialiste. Il consomme autre chose que des oeufs ou larves de mouches du chou. Il se reconnaît habituellement à sa forme allongée et à ses élytres qui ne recouvrent qu’une petite partie du corps permettant une plus grande mobilité de l’abdomen (LEGEMBLE, 2008) – Les carabidae : Ce sont des prédateurs d’insectes vivant le plus souvent au niveau du sol. Les larves, vivant dans le sol, comme l’adulte sont carnivores. Ils sont actifs la nuit. Les pattes, longues et fortes, sont adaptées à la course. Les adultes sont des chasseurs et consomment essentiellement des limaces, des escargots, des vers de taupin et des pucerons (RONGON, 2006) -Les HETEROPTERES Bien que cet Ordre soit principalement phytophage, un nombre considérable d’espèces de plusieurs familles s’est spécialisé pour devenir prédateur. Ce sont La plupart des Myridae, des Anthocoridae et des Reduviidae. (BIJLMAKERS et VERHOEK ,1995) – Les Fourmicidae Ce sont des insectes sociaux et prédateurs généralistes. Ils consomment tous les invertébrés de petites tailles. Cependant ils entretiennent des relations mutualistes avec les pucerons ce qui pourrait être compromettant pour les cultures de choux (DIEDHIOU, 1996) – Les NEVROPTERES Ces insectes ont des ailes membraneuses très nervurées qui forment, au repos, un toit sur l’animal (elles ne se superposent pas). Leurs larves sont des prédateurs au corps trapu et 2 www.fsagx.ac.be/zg/…/Ebalteatus.html ; aramel.free.fr/INSECTES5bis.shtml portant de puissantes mandibules en forme de croissant. Les oeufs de couleur blanche sont pondus au bout d’un frêle pédicelle fixé au végétal. Principalement aphidiphages, les larves peuvent aussi, en l’absence de pucerons, s’attaquer à des acariens ou à des oeufs et jeunes larves de LEPIDOPTERES. Très efficaces en été, elles peuvent consommer une trentaine de pucerons par jour (CONSEIL, 2005). – Les DERMAPTERES Les sont DERMAPTERES des insectes aux ailes antérieures rigides (= élytres) et dont le corps allongé est terminé par des pinces. Ils mesurent en moyenne 1,5 cm, et sont de couleur brune. Ils peuvent parfois se nourrir de pucerons dans des cultures se développant au ras du sol (CONSEIL, 2005).
Les Parasitoïdes
Les parasitoïdes sont des insectes ayant un mode de reproduction particulier. Les stades immatures, les stades larvaires et la nymphe, se développent aux dépens d’autres arthropodes (le plus généralement d’autres insectes) dont ils consomment les tissus pour leur alimentation et leur développement. Le développement de l’individu détruit son hôte (DOUTT, 1959). Les hôtes peuvent être parasités à tous les stades de leur développement (GRANDGIRARD, 2003). ASKEW et SHAW (1986) distinguent deux grands types de parasitoïdes : − Les idiobiontes qui tuent leurs hôtes avant de pondre. Ce sont en général des généralistes (RASPLUS, 1988) ; − Les koinobiontes qui ménagent leurs hôtes après l’avoir parasité. Du fait de leur nécessaire adaptation comportementale et physiologique à leur hôte les koinobiontes sont spécialistes (RASPLUS, 1988) La majorité des parasitoïdes sont solitaires, c’est à dire qu’un seul descendant peut se développer par hôte (GRANDGIRARD, 2003).
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