Suggestions et réflexions par rapport aux problèmes liés à la mondialisation et à la culture actuelle du Sakalava Anjoaty

Suggestions et réflexions par rapport aux problèmes liés à la mondialisation et à la culture actuelle du Sakalava Anjoaty

Madagascar est confronté à des ajustements socio-économiques dont les conséquences pour l’avenir du pays ne sauraient être mésestimées. Depuis l’indépendance jusqu’alors, en tenant compte de toutes ces trois transitions politiques que nous avons vécues, notre pays a subi plusieurs chocs qui ont profondément altéré son paysage socio-économique, socioculturel et sociopolitique : explosion démographique, crises politiques de plus en plus complexe, stagflation, détérioration des termes de l’échange,… La réponse de tout ceci ne saurait être simplement extérieure, elle repose d’abord sur notre capacité à réinventer notre modernité. Pour ce faire, les propositions suivantes peuvent être utiles. III.1 Sur le plan social Pour perpétuer la culture, le moyen par excellence pour y parvenir c’est de laisser les pleins pouvoirs à la famille de s’en charger en premier lieu. D’ailleurs, la famille est la première instance qui s’occupe de la socialisation de l’enfant. Après elle viennent ensuite l’école et les différentes institutions qui existent dans la société.  Revoir la socialisation dans toutes ses formes: On a souvent confondu les deux mots éducation et pédagogie, qui demandent pourtant à être soigneusement distingués. L’éducation, c’est l’action exercée sur les enfants par les parents et les maîtres. Cette action est de tous les instants, et elle est générale. Il en est tout autrement de la pédagogie. Celle-ci consiste, non en actions, mais en théories. Ces théories sont des manières de concevoir l’éducation, non des manières de la pratiquer.  Dans la famille L’éducation57 consiste en une socialisation méthodique de la jeune génération. En chacun de nous, peut-on dire, il existe deux êtres qui, pour être inséparables autrement que par abstraction, ne laissent pas d’être distincts. L’un est fait de tous les états mentaux qui ne se rapportent qu’à nous-mêmes et aux événements de notre vie personnelle : c’est ce qu’on pourrait appeler l’être individuel. L’autre est un système d’idées, de sentiments et d’habitudes 57Émile DURKHEIM (1922), Education et Sociologie.Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l’Université du Québec à Chicoutimi 91 qui expriment en nous, non pas notre personnalité, mais le groupe ou les groupes différents dont nous faisons partie ; telles sont les croyances religieuses, les croyances et les pratiques morales, les traditions nationales ou professionnelles, les opinions collectives de toute sorte. Leur ensemble forme l’être social. Constituer cet être en chacun de nous, telle est la fin de l’éducation. Ici, force est de mettre en corrélation le « travail de pygmalion58 » de Singly. C’est-àdire que les parents doivent mettre en œuvre le travail de « révélation de soi » pour éduquer leurs enfants. Et aussi la socialisation par frottement, plus précisément c’est un processus d’apprentissage des relations entre membres de la famille (c’est-à-dire parents-enfants, adultes entre eux).  A l’école Aujourd’hui, la compétition scolaire s’intensifie tandis que l’autonomie des adolescents s’accroît. L’équilibre entre les impératifs scolaires et la liberté laissée aux adolescents est donc beaucoup plus difficile à trouver, et la tension entre les deux exigences se durcit. Avec un diagnostic assez optimiste de François de SINGLY, il rejette avec force l’idée de la perte d’autorité des parents, qui pourrait être occasionnée par la séparation plus marquée de l’univers générationnel et de l’univers familial. Il conteste l’idée qu’il « n’y ait plus de règles à la maison » et il fournit divers exemples montrant que ces règles continuent de s’appliquer, dans le domaine des horaires, des sorties, du travail scolaire par exemple. Cependant, il n’entre pas vraiment dans l’examen de la question du degré auquel ces règles, énoncées, s’appliquent effectivement. En effet, la dualité dont parle Singly peut avoir pour conséquence que les règles édictées à la maison ne s’appliquent pas forcément à l’extérieur du domicile familial, là où les adolescents sont, de plus en plus fréquemment, hors du contrôle des parents. Entre autres, il faut aussi créer dans les établissements scolaires du primaire au lycée des activités culturo-parascolaire. Quoique avec des petites touches des cultures/tradition, l’établissement respecte toujours et suit à la longue les programmes scolaires nationaux mais leurs activités scolaires sont plutôt orientées vers les us et coutumes locales pour le primaire et le secondaire premier cycle et pour le secondaires deuxième cycle, il leur faut étudier non seulement leur propre culture mais également celles des autres ethnies. Dans la classe de base de la maternelle à la classe de 5ème, les maîtres et les instituteurs doivent jouer des rôles très 58 François de Singly, Sociologie de la famille contemporaine (1993), Paris, Armand Colin, 2005 92 importants pour transmettre toutes ces traditions en leur apprenant les connaissances de bon sens, leurs histoires , leurs tabous, et par là il y a divers chants et danses que ces enfants pourraient sans doute aimer même s’ils sont actuellement habitués à des rythmes de chants et de danses étrangères. A partir de la classe de 4ème, les élèves doivent être initié à faire des recherches, en groupe composant deux ou quatre élèves, concernant des thèmes ou des sujets selon l’avis de leurs instituteurs, et ensuite, ils doivent exposer les résultats de leurs recherches. Enfin, pour mettre en exergue notre proposition, les élèves comme les instituteurs, tous les lundis et vendredi, portent des tenues traditionnelles.

Sur le plan économique 

Revoir les normes et les valeurs de la culture Les systèmes culturels dans le milieu répondent-ils aux exigences du développement économique ? Pour se faire, l’étude des cultures dans le milieu ne doit pas être faite à légère. Les rapports de production et les forces productives doivent examiner de fond en comble. Les paysans de Vohémar sont presque confrontés à des manques de terrain et au non obtention de terrain. Et ils les arrivent de pratiqués les divers modes de faire valoir. Avant d’imposer tel ou tel projet, il est recommandé aux investisseurs de revoir les normes et valeurs de la culture. Non seulement, il leur faut revoir ces normes et ces valeurs mais aussi et surtout collaborer avec la population pour la sensibiliser si la nécessité l’oblige.  Savoir pactiser avec les coutumes avant d’imposer tel ou tel projet de développement économique Si les ancêtres peuvent exaucer les vœux de leurs descendants, ils ne leur sont pas utopiques non plus de répondre à quelques réclamations de ses descendants à propos de leur fady. Il est à préciser que le Sakalava Anjoaty possède des jours « fady ». Et le plus connu, c’est le talata60 ou le mardi. Travailler ou inaugurer tel ou tel projet achevé pendant ce jour 60 Il est interdit de travailler pendant ce jour ni même d’accoucher durant toute cette journée et sans oublier de faire un quelconque jôro (de joie ou de tristesse). Avant l’arrivée de l’hôpital et à l’intervention du corps religieux et l’autorité, tous les nouveaux né(e)s du talata sont placé à l’entrée d’un ferme le lendemain. Après on fait sortir tous les bœufs, si l’enfant n’a pas été piétiné par ceux-ci, leur parent peut le ramener à la maison, cela signifie que l’enfant ne serait pas la poisse dans la société. Dans le cas contraire, il ne les appartient plus et c’est son sort d’être mort. En étant mort, ils pensent que ces sont leurs ancêtres et le Dieu qui a voulu cela. Mais aujourd’hui, cet acte n’est plus pratiqué. Bien sûr, avant de cesser cet acte, il leur faut l’aval de leurs ancêtres. 94 demeure strictement interdit. Savoir pactiser avec les us et coutumes ne veut pas dire amadouer la population et par la suite faire des choses dans leur dos.  Création des « écologistes » de la culture Nous avons vu ce que c’est l’écologie mais ici nous allons apporter ce terme dans le domaine culturel.Ainsi, l’écologie culturelle doit aussi avoir ses buts. La création des écologistes de la culture peut être aujourd’hui l’une des tâches qui, pour nous, semble être opportune pour préserver la spécifié de telle ou telle culture. En engageant des agents très actifs pour défendre leur cause, faire des révolutions culturelles si le moment le veut ou si la situation l’impose. Et ils doivent renfermer un grand rôle et une lourde responsabilité pour lutter et pour conserver leur tradition qui demeure actuellement très sensible à la modernisation. Dans cette association, ces écologistes culturels sont contraints à la remise en question quant à l’avenir de la culture, de poser constamment des problématiques mais non de critiquer les cultures jugées handicap à la modernisation. Donc, ces écologistes doivent être prêts à vendre leurs âmes aux diables s’il le faut pour prémunir le peu de culture qui leur restent.

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Sur le plan politique 

Décentraliser la politique culturelle

A Madagascar, comme d’ailleurs dans la majeure partie du tiers monde, la politique culturelle n’est pas prise en compte. Les évènements culturels se sont faits à plusieurs reprises exclusivement dans la grande capitale. Alors que les autres régions ont grand besoin de satisfaire leur population de ces évènements. Il est aussi à noter que les images prises ou les informations reçues lors de ces évènements ne sont pas diffusées intégralement. D’ailleurs, même si c’était le cas, ce n’est pas tout le monde qui a le privilège d’avoir la télévision chez soi. C’est la raison pour laquelle, il est préférable de décentraliser la politique culturelle. Le gouvernement doit mettre l’accent quant aux activités des altermondialistes. Puisque ceux-ci luttent et défendent les mauvais écoulements de la mondialisation à l’aide d’un mouvement social. Face à une logique de mondialisation libérale abusive, ils revendiquent et mettent en avant des valeurs comme la démocratie, la justice économique, la sauvegarde de l’environnement, les droits humains en vue d’une mondialisation maîtrisée et solidaire. Pour être plus performant dans ce domaine, leur espace ne doit pas être homogène. Très hétérogène et composé d’une multitude d’associations, de mouvements d’horizons divers, d’organisations non gouvernementales, l’altermondialisme se manifeste par des positions qui 95 vont du réformisme à la rupture. Pour créer des synergies entre les différents mouvements qui le composent, ils doivent tenter de développer des réseaux internationaux tout en préservant leur culture.  Motiver les artistes locaux, régionaux mais non les prendre pour en faire uniquement des instruments en faveur de la politique Pendant la campagne électorale, les politiciens ont tendance à pêcher les électeurs dans leurs filets sous l’influence de certains artistes, surtout les chanteurs de salegy. Certes, « tous les moyens sont bons », comme dit le dicton mais il sera plus juste dans la mesure où l’utilisation de ces artistes n’est pas uniquement pour l’intérêt de ces politiciens. Pourtant, les faits révèlent le contraire, d’ailleurs, nous ne pouvons pas blâmer nos artistes, même s’ils n’ont pas envie de politiser leur talent mais vu que c’est aussi un moyen pour avoir un peu d’argent, ils finiront par l’accepter au-delà de leur philosophie et de leur conviction. Entre autres, il y a diverses manières pour utiliser ces artistes comme étant les instruments du gouvernement à condition que la motivation soit bien tracée et consentante. D’ailleurs, des chanteurs sont maintenant conscients que l’essence de la culture commence à être perdue petit à petit. Et pour ce faire, ils émettent dans leurs chansons des messages à la portée de tous dans le but de conserver l’identité culturelle de Sakalava Anjoaty.. III.4.Sur le plan culturel  Valorisation de la culture La valorisation de la culture peut se faire par de multiples façons. Mais ce qui importe, c’est que tout individu doit se mettre dans le même rang d’idée et d’action pour la mise en œuvre de cette longue lutte. Un proverbe malgache évoque à ce point, une image très explicite : « Tongotra miara-mamindra, tanana miara-mandray ». C’est un combat quotidien et tout individu sans exception est concerné. Comme le cas du structuro-fonctionnalisme. Comme disait le philosophe Jean de Lacroix : « un Homme cultivé est un Homme qui se situe ». Sur ce, s’il est cultivé, il serait capable de s’orienter et de baliser ce qu’il entreprend. Donc, il lui serait facile de valoriser ce qu’il possède. A cet égard, Eric FAREY in Culture Publique Opus 3 : l’art de gouverner la culture, coédition (mouvement) SKITe – sens&tonka, 2005, p.183, nous évoque quelques principes susceptibles d’être l’un des moyens par excellence pour valoriser la culture: « Il faut permettre à chaque individu de comprendre le monde tel qu’il est, pour ne pas s’y laisser prendre, de penser et de construire sa capacité à se situer dans une société, y 96 être reconnu pour reconnaitre à son tour, à prendre le risque du nouveau, du surprenant, de l’inconnu pour faire taire ses peurs et entrebâiller d’indispensables voies nouvelles, à imaginer, car c’est certainement une façon opportune de saisir la complexité des formes, des choses et des intentions ». Eric FAREY, L’extension du domaine de la culture… Nous en avons rêvé !, Contribution, mars 2005, p.183 in Culture Publique Opus 3 : l’art de gouverner la culture En outre, la valorisation de la culture peut sans doute être effectuée à l’aide du partenariat du peuple et du gouvernement. La politique culturelle doit être plus active et doit avoir des actions concrètes et palpables pour toute population. Au moins, elle doit être effectuée en bonne et due forme à 50% dans le monde de la pratique. Pourtant, le plus grand défaut des Malgaches, y compris bien évidemment de notre ethnie en question, c’est que face aux étrangers, nous avons honte de notre culture. Cela est dû à la non maîtrise de soi via nos relations avec les vazaha et de la non maîtrise de nos us et coutumes elles-mêmes via les influences écrasantes des télécommunications (internet, télévision, films,…). Or, si nous en avons vraiment confiance en nous et en notre culture, on peut valoriser notre culture et en même temps être fier de notre identité. On est non seulement riche au niveau de ce que la nature nous offre mais également à ce que nos ancêtres ont pu laisser derrière eux. Ils nous ont donné le fameux « Fihavanana » comme étant un héritage que tous les pays du monde voudront. En effet, les jeunes d’aujourd’hui sont les plus touchés par ce genre d’endophobie, ils n’ont plus envie d’avoir l’estime de soi et il leur arrive parfois de se dire qu’ils sont américains grâce aux vêtements qu’ils portent. Fiers d’être Malgache reste encore très loin de leur cœur et de leurs pensées. Heureusement qu’une fois plus mature et plus âgé, ils ont conscience des richesses culturelles qu’ils ont en leur faveur. Mais la question reste alors de savoir si ces jeunes enfants, trop livrés dans ce grand univers de la technologie, auront un jour conscience que le chemin qu’ils empruntent aujourd’hui peut nuire à son identité culturelle ? Pour cela, il nous importe dès maintenant d’attirer leur attention et leur intention à ne plus être assujettis à la technologie. Il n’y a rien de mauvais ni de mal à être célèbre mais le fait de valoriser la culture pourrait être servi comme une balise pour ces jeunes enfants. Et à cela, les parents, les instituteurs, les sociétés elles-mêmes sont tous invitées à valoriser leur propre culture.  

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