Structures cérébrales impliqués dans le comportement sexuel des béliers orientés vers femelles et vers mâles
L’identification des aires cérébrales qui interviennent dans le comportement sexuel mâle fait l’objet d’études depuis plus de cinquante ans. Par exemple, l’aire préoptique médiane (APOm) est, chez toutes les espèces, la structure clé dans le comportement sexuel mâle, de telle façon que sa lésion perturbe sévèrement le comportement sexuel mâle. En 1990, Barry Everitt suggère une dissociation entre les régions cérébrales qui contrôlent les phases appétitive et consommatoire chez le rat (Everitt, 1990). Il a montré, chez le rat, que la lésion de l’aire pré-optique médiane (APO) entraine la disparition de l’accouplement, mais n’empêche pas de presser une barre qui a été associée par conditionnement à l’accès à la femelle en œstrus (Everitt et Stacey, 1987) et de préférer une femelle en œstrus plutôt qu’une qui ne l’est pas (Hugues et al., 1990) , tandis que la lésion de l’amygdale entraine la disparition de la motivation sans gêner l’accouplement. La même distinction est faite chez la caille, par Taziaux et al. (2006). Néanmoins, cette dissociation n’est pas toujours évidente. D’autres études ont montré un effet des lésions de l’APOm sur la préférence du partenaire, la fréquence et la durée de poursuite de la femelle (Edwards et Einhorn, 1986; Paredes et al., 1993). McGinnis et al., (2002) ont trouvé qu’une implantation d’un antiandrogène dans l’APOm, chez les rats mâles, supprimait le comportement sexuel mais la préférence pour la femelle en œstrus (par rapport à une qui ne l’est pas) n’était inhibée que par une implantation anteroventrale antiandrogène et que l’implantation posterodorsale ne provoquait pas cette inhibition. Yeh et al., (2009) ont montré que l’extrait de ginkgo biloba stimule la fréquence d’éjaculation chez les rats mais pas la motivation sexuelle, et provoque une augmentation du nombre des neurones exprimant l’hydroxylase thyrosine dans l’APOm dorsale mais pas dans la région ventrale.
Le NPV est un important centre d’intégration entre le système nerveux central et périphérique ; il est composé des neurones ocytocinérgiques se projetant vers des aires extra- hypothalamiques comme la moelle épinière. Il possède deux subdivisions : magnocellulaire et parvocellulaire. Les lésions de la portion parvocellulaire diminuent les érections sans contact mais n’empêchent pas la copulation (Liu et al., 1997b, a). Elles diminuent également la quantité d’éjaculat (Ackerman et al., 1997). Par contre la lésion simultané de la portion magnocellulaire et parvocellulaire entrainent des perturbations de la copulation et les érections sans contact (Liu et al., 1997b, a). Le NHVM est une structure clé pour le comportement sexuel de la femelle (voir revue de Pfaff et al 1994). Mais c’est aussi un site dense en récepteur d’androgène (Simerly et al. 1990) et l’administration locale d’un antagoniste des androgènes, le flutamide, est capable de diminuer la proportion de rats mâles montrant montes, intromissions et éjaculations (McGinnis et al. 1996), ce qui révèle l’importance de cette zone dans la phase consommatoire chez le rat. Par contre l’insertion d’un implant de propianate de testostérone dans le NHVM, sur les rats castrés, ne rétablit pas les comportements de copulation, mais restaure la préférence pour la femelle en œstrus vis-à-vis d’une qui ne l’est pas. Ceci suggère un rôle dans la motivation du comportement sexuel chez les rats.
Le Nacc, lié à l’AMY, est impliqué dans l’éveil (l’excitation), dans la récompense du comportement sexuel ainsi que dans d’autres comportements de motivation (Everitt et al., 1989 ; Pfaus et Phillips, 1989). La concentration de dopamine y augmente avec l’exposition d’un stimulus sexuel en lien avec l’accouplement (Damsma et al., 1992 ; Mas et al., 1990 ; Mas et al., 1995). L’expression Fos y est plus élevée si le mâle à de l’expérience sexuelle (López et Ettenberg, 2002). Les lésions du Nacc ont des effets négatifs sur le comportement sexuel et la motivation (Liu et al., 1998; Kippin et al., 2004). Des connexions dopaminergiques existent entre le Nacc et le NPV, renforçant le double rôle des ces structures : motivationnelle et consommatoire (Melis et al., 2007). l’amygdale médiale (AMe) élimine entièrement l’accouplement (Lehman et al., 1980) alors que chez le rat, sa lésion n’affecte le comportement copulatoire que si l’APOm est aussi lésée (Kondo et Arai, 1995). L’accouplement stimule l’expression Fos dans l’AMYe chez plusieurs espèces différentes (pour revue voir Hull et al 2006) et la quantité de Fos augmente avec la fréquence de copulation (Coolen et al., 1996 ; Veening et Coolen, 1998). Chez les rats, une sous division de neurones dans l’AMYe parait être spécifiquement associée à l’éjaculation et la satiété sexuelle (Parfitt et Newman, 1998 ; Coolen et al., 1997). Chez le rat, le hamster et la gerbille, l’expression Fos est aussi stimulée par l’amygdale élargie lors de la perception de signes chimiosensoriels femelles, ce qui suggère aussi un rôle dans le comportement appétitif.