Structure de la flore
Spectre taxonomique
La présente étude a permis d’établir la liste des espèces adventices recensées dans les champs du riz pluvial de plateaux et de bas-fonds dans la commune de Diembéring avec leur nom scientifique, famille, fréquence relative, abondance dominance moyenne, type biologique ainsi que leur répartition géographique. Globalement cette flore est riche de 208 espèces appartenant à 149 genres et réparties dans 54 familles Tableau 3. Cette flore est plus diversifiée que celle inventoriée dans les rizières irriguées de la localité de Daloa, Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire où 148 espèces appartenant à 102 genres et 40 familles ont été recensées (Sylla et al. 2015) et à la flore adventice du riz irriguée au Niger où 45 espèces ont été répertoriées appartenant à 19 familles (Halidou, 2003). La flore de la présente étude est aussi plus diversifiée que celle notée en culture du riz irrigué dans la vallée du Fleuve Sénégal avec 179 espèces réparties dans 117 genres et 46 familles (Mballo et al.; 2018) mais aussi celle des travaux de (Diagne ,1993) dans la cuvette de Nianga dans la vallée du Fleuve Sénégal où 90 espèces appartenant 27 familles ont été inventoriées. Ces différences pourraient s’expliquer par le fait que, dans la localité de Daloa du centre-ouest de la Côte d’Ivoire, au Niger et dans la vallée du fleuve Sénégal, les relevées ont été réalisées en riziculture irriguée alors que dans la présente étude les relevés ont été effectués en riziculture pluviale dans deux milieux les bas-fonds et les plateaux. Notons aussi les méthodes de préparation du sol qui sont manuelles chez les Diolas, où le travail s’exerce avec un outil traditionnel appelé le « Kadiandu » et pour les autres travaux, le travail est motorisé. La position géographique de ces milieux d’étude pourrait aussi expliquer ces différences (Bassène et al., 2012). En ce qui concerne la diversité spécifique des différents sites d’études (bas-fonds et plateaux), les résultats montrent que dans les plateaux, la flore est riche de 128 espèces appartenant à 99 genres et 41 familles, contre 108 espèces réunies dans 78 genres et 28 familles dans les basfonds Tableau 3. Cette différence de diversité pourrait s’expliquer par divers facteurs que sont : la période de la mise en place de la culture (semis), le mode de semis, la technique de labour et la structure des parcelles dans les deux milieux. Au niveau des plateaux le semis est fait au mois de juin et début juillet. Cette période présente le début de la saison des pluies, période où la majeure partie des adventices n’ont pas encore 19 poussé alors qu’au niveau des bas-fonds le repiquage est fait au mois d’août à septembre, période pendant laquelle la majeure partie des adventices ont déjà poussé. En ce concerne le mode de semis, dans les plateaux, il est direct contrairement aux bas-fonds où le repiquage est appliqué. Dans les bas-fonds, la terre est retournée à deux tours, à une profondeur comprise entre 10 à 20cm, contrairement aux plateaux où le retournement de la terre est fait avec une faible couche de sol pour permettre une levée rapide de la culture. Pour les structurations des parcelles dans les bas-fonds figure 3 A, des diguettes sont mises en place pour délimiter et retenir l’eau de pluies, ce qui n’est pas le cas dans les plateaux figure 3 B. Il ressort des analyses du tableau 3 que 102 espèces sont retrouvées uniquement au niveau des plateaux et 82 espèces au niveau des bas-fonds. Par contre, 26 espèces sont communes aux deux milieux (plateaux et bas-fonds). Dans cette flore il y a une espèce du nom de Isachne sp qui nouvelle dans la flore du Sénégal. Cette différence d’espèces entre le plateau et le bas-fond peut être liée à la période de l’inventaire ; car dans les plateaux les inventaires ont commencé au mois de juillet alors que dans les bas-fonds nous avons commencé au mois d’août. Mais aussi cela peut être lié au fait que dans les bas-fonds, les ligneux sont éliminés complétement pour éviter le gène au moment du labour alors que dans les plateaux ce n’est pas le cas. Le cas des espèces communes entre les deux milieux peut être expliqué par l’effet du ruissellement de l’eau des pluies ; car leur ruissellement des plateaux vers les bas-fonds peut transporter des graines d’adventices des plateaux vers les bas-fonds.
Spectre biologique
Les types biologiques des espèces recensées sont consignés dans la figure 5. L’analyse globale des résultats indique que les espèces rencontrées appartiennent à 6 types biologiques qui sont : les thérophytes, les phanérophytes, les géophytes, les hémicryptophytes, les hydrophytes et épiphytes. Globalement, les thérophytes dominent cette flore avec (69,71%). Il y a aussi une bonne présence des phanérophytes avec 19,14% des taxons recensés. Les autres types biologiques regroupent (10,53%) et sont les géophytes (3,82%), les hémicryptophytes (3,35%), les Hydrophytes (2,88%) et les épiphytes avec une seule espèce soit (0,48%). L’étude comparative des flores des deux milieux plateaux et bas-fonds montre également la dominance des thérophytes pour chacune, avec respectivement 61,71 % et 80,55% des espèces inventoriées. Au niveau des plateaux nous avons une bonne présence des phanérophytes avec 29,46% des espèces inventoriées contrairement aux bas-fonds où elles sont faiblement représentées, avec 4,59%. Les autres types biologiques sont faiblement représentés ou même absents dans l’un ou l’autre milieu. Il ressort de ces résultats la présence des hydrophytes uniquement dans les bas-fonds avec 5,55% des espèces dans ce milieu. Cette différence de présence de phanérophytes entre les plateaux et les bas-fonds pourrait être expliquée par la méthode du labour d’un milieu à l’autre; car dans les bas-fonds par soucis de gêne au moment du labour, les producteurs sont obligés de les éliminer parce qu’ils cultivent sur les même parcelles chaque année ce qui n’est pas le cas pour les plateaux. L’absence des hydrophytes dans les plateaux est dû au fait que les plateaux ne sont pas inondés comme les bas-fonds. Comparée à d’autres travaux, la dominance des thérophytes est aussi notée dans la flore adventice du riz irrigué dans la vallée du fleuve Sénégal de (Mballo et al. 2018) avec (67%), dans la flore adventice du maïs dans le sud du bassin arachidier de (Bassène et al. 2012) avec (89,06%) des espèces. Mais aussi dans la flore adventice du mil et de l’arachide de Diouf (2015) dans la zone de Diobass avec (82,6%) et (Noba et al., 2002) dans le bassin arachidier avec (85,6%).Cette dominance des thérophytes pourrait être expliquée du fait que ces espèces annuelles sont plus adaptées aux pratiques culturales (Bassène et al., 2014). Parmi ces 36 pratiques culturales, nous pouvons noter le désherbage qui consiste à éliminer ces adventices avant la production des graines et aussi les autres organes de multiplication végétative favorisant le développement des thérophytes au détriment des géophytes (Bassène et al., 2012). L’importante présence des phanérophytes surtout dans les plateaux pourrait s’expliquer par le fait que dans ce milieu, les producteurs coupent ou éclaircissent certains de ces arbres ou arbustes avant de cultiver et après le labour la majorité de ces espèces rejettent tandis qu’au niveau des bas-fonds, les phanérophytes sont coupées volontairement par les producteurs car la présence de ces phanérophytes dans les bas-fonds cause beaucoup problèmes aux riziculteurs au moment du labour parce que dans ce milieu le labour se fait généralement dans l’eau (Bassène et al., 2012)