Structure de bandes et transport électronique dans les nanotubes de carbone sous champ magnétique intense

Structure de bandes et transport électronique dans les nanotubes de carbone sous champ magnétique intense

Phonons et spectroscopie Raman des nanotubes de carbone 

 Modes de vibration des nanotubes 

Les nanotubes vont présenter une richesse très particulière avec des bandes communes au graphène en raison de la nature identique de leurs liaisons sp2 , mais aussi de nombreuses particularités issues de leur enroulement, que ce soit dû au confinement rendant ceux-ci unidimensionnels ou aux vibrations respectant la symétrie de révolution. Nous ne reviendrons pas ici sur l’ensemble des propriétés de la courbe de dispersion des phonons. Tout d’abord, notons simplement que les phonons acoustiques ont une énergie nulle en Γ et vont avoir une importance fondamentale pour les propriétés de transport électronique à faible polarisation. Pour les phonons optiques, on retrouve les bandes typiques du graphène mais également des modes de vibration propres aux nanotubes représentés sur la figure 1.14. Les modes iTO et LO ne vont plus être dégénérés en Γ. On peut intuitivement s’attendre à ce que les modes de vibration selon l’axe et la circonférence n’aient plus la même énergie bien qu’ils concernent à l’origine le même type de liaisons. Ainsi, le mode TO selon la circonférence va présenter une déviation vers les basses énergies par rapport à celui du graphène. Mais le mode de vibration le plus caractéristique va être le mode RBM (Radial Breathing Mode), celui-ci correspond aux vibrations dans la direction du rayon. Il s’apparente à une respiration, d’où son nom. Son énergie va ainsi fortement dépendre du diamètre comme nous y reviendrons à la section suivante. Remarque : Parmi les nombreuses spécificités de la courbe de dispersion, citons l’anomalie de Kohn. Celle-ci est due au très fort EPC pour certaines énergies et certaines bandes de phonon. Ce processus de forte diffusion électronique va abaisser l’énergie du phonon associé et, dans ce cas, c’est le mode LO qui aura une plus basse énergie que le mode iTO dans les nanotubes métallique.

Principaux pics Raman du spectre des nanotubes

 Le processus de diffusion inélastique de la lumière (Raman) le plus courant (et présenté ici) est l’absorption (ou l’émission) d’un phonon appelé processus anti-Stokes (resp. Stokes). Un tel processus comprend : – l’excitation d’un électron de la bande de valence vers la bande de conduction par absorption d’un photon d’énergie E = hνinc ; – cet électron est diffusé en absorbant (resp. émettant) un ou plusieurs phonons d’énergie E = ~ω ; – l’électron relaxe dans la bande de valence en émettant un photon d’énergie hνinc ± ~ω. Ce processus peut également concerner les trous. Des résultats récents montrent que ceux-ci sont fortement dépendant de la nature excitonique de l’excitation créée, mais ce dernier point n’influe pas sur les considérations de ce travail. On distingue en général les processus résonants pour lesquels soit l’énergie incidente est égale à l’énergie de séparation entre deux sous-bande (résonance incidente), soit le photon émis est égal à cette énergie (résonance diffusée). De plus, le spectre Raman d’un nanotube unique pourra être mesuré sur des durées raisonnables en raison de la présence de SvH dans la densité d’états électroniques à ces niveaux de transition entraînant une forte intensité du signal. Il est également important de distinguer les processus de 1 er et 2 nd ordre. Pour les processus de 1 er ordre, un seul phonon est émis (figure 1.15.a) ; la conservation du vecteur d’onde impose dans ce cas que ces processus impliquent seulement des phonons de centre de zone en Γ (figure 1.4). Pour les processus de 2 nd ordre, deux événements diffusifs interviennent, soit l’émission de 2 phonons (figure 1.15.c), soit l’émission d’un phonon et une diffusion élastique (figure 1.15.b). Ces derniers concernent, en particulier, les phonons de bord de zone en K et les processus à deux phonons peuvent concerner les phonons aussi bien en K et en Γ (figure 1.4). Enfin, les pics n’apparaissent pas comme des singularités mais comme des Lorentziennes dont la largeur à mi-hauteur est donnée par la durée de vie des phonons selon le principe d’incertitude d’Heisenberg. Un spectre typique de SWNT isolé est présenté sur la figure 1.16. Celui-ci peu présenter jusqu’à 16 pics en prenant en compte toutes les harmoniques. Un revue complète des différents pics est présentée dans [Dresselhaus 2005]. Les principales composantes de ce spectre sont données par deux processus du 1 er ordre, les bandes RBM et G, et deux de 2 nd ordre D et G’. – Les pics à basse fréquence (vers 100-300cm−1 ) correspondent aux modes radiaux (RBM) propres aux nanotubes. Leurs fréquences précises dépendent de la chiralité (n, m) du nanotube et de son diamètre. Celles-ci suivent un comportement en ωRBM = A d + B. 

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Table des matières

Introduction
1 Structure de bandes des nanotubes
1.1 Graphène et graphite
1.1.1 Structure cristallographique
1.1.2 Dispersion électronique
1.1.3 Dispersion des phonons
1.1.4 Niveaux de Landau
1.2 Nanotubes monoparoi
1.2.1 Réseau direct et chiralité
1.2.2 Réseau réciproque et relation de quantification
1.2.3 Dispersion électronique et Densité d’états
1.3 Nanotubes multiparois
1.3.1 Commensurabilité et couplage interparois
1.3.2 Autres effets : dimmensionnalité et écrantage
1.4 Modification de la structure de bandes électronique par un champ magnétique
1.4.1 Champ magnétique parallèle à l’axe du nanotube : Effet Aharonov-Bohm
1.4.2 Champ magnétique normal à l’axe du nanotube : Niveaux de Landau
1.5 Phonons et spectroscopie Raman des nanotubes de carbone
1.5.1 Modes de vibration des nanotubes
1.5.2 Principaux pics Raman du spectre des nanotubes
1.5.3 Signature Raman des multi parois et de l’effet interparois dans le graphite
2 Transport mésoscopique dans les nanotubes
2.1 Régimes de transport
2.1.1 Longueurs caractéristiques
2.1.2 Transport balistique et formalisme de Landauer-Büttiker
2.1.3 Transport incohérent ou hautes températures
2.1.4 Transport cohérent ou basses températures
2.2 Transport balistique et diffusif dans les nanotubes
2.2.1 Configuration transistor
2.2.2 Contacts et nanotube parfaits
2.2.3 Transmission aux contacts
2.2.4 Défauts et désordre : transition balistique à diffusif
2.2.5 Effet du champ magnétique sur la conductance
2.3 Conclusion : Choix technologiques et paramètres clefs du transport
3 Cadre Expérimental
3.1 Préparation d’échantillons
3.1.1 Nanotubes de carbone étudiés : MWNT de l’EPFL
3.1.2 Salle blanche : Du wafer silicium au transistor à base de nanotubes
3.1.3 Caractérisation des échantillons
3.2 Techniques de mesure : Mesures de transport électronique sous champs intenses
3.2.1 Production de champs magnétiques pulsés
3.2.2 Mesures de transport électronique
3.2.3 micro-Raman
4 Evolution de la bande G du spectre Raman de nanotubes multiparois sous l’effet d’un dopage électrostatique
4.1 Évidences expérimentales
4.1.1 Conductance en fonction de la tension de grille
4.1.2 Spectre Raman à tension de grille nulle
4.1.3 Bande G pour différents niveaux de dopage
4.2 Discussion sur l’origine des pics constituant la bande G
4.3 Écrantage et couplage interparois
4.4 Discussion et Conclusion
5 Formation des niveaux de Landau
5.1 Aplatissement des bandes métalliques en régime de Fabry-Pérot
5.1.1 Dépendance en température et en énergie de la conductance : apparition du régime de Fabry-Pérot désordonné
5.1.2 Émergence d’un niveau de Landau : dépendance en champ perpendiculaire des conditions de résonance
5.2 Formation des états propagatifs dans un nanotube semiconducteur
5.2.1 Conductance en fonction de la tension de grille : Caractérisation du couplage et position des sous-bandes
5.2.2 Magnétoconductance : Vers un état propagatif unique
5.3 Réintroduction de la rétrodiffusion et ancrage du niveau de Fermi dans un nanotube métallique
5.3.1 Champs intermédiaires : Perte d’une sous-bande à haute énergie, diffusion par les SvH
5.3.2 Forts champs : Rétrodiffusion au CNP et modulation du couplage de grille par le champ
5.4 Conclusion : Émergence, propagation et rétrodiffusion dans les niveaux de Landau des nanotubes
6 Effet Aharonov-Bohm multi-bandes
6.1 Identification de l’énergie de Fermi et du régime de transport dans un nanotube métallique par effet Aharonov-Bohm
6.1.1 Dépendance en température de la conductance en fonction de l’énergie
6.1.2 Magnéto-oscillations de la conductance : Signature de la métallicité, du diamètre et de l’énergie des porteurs
6.1.3 Écart au régime balistique de bandes plates : barrières Schottky et défauts résonants
6.2 Conductance sous champ parallèle d’un nanotube semiconducteur : Modulation des extrema de magnétoconductance en régime diffusif
6.3 Conclusion : Le champ magnétique, un outil pour la caractérisation des MWNT
Conclusion
A Paramètres des nanotubes de carbone et constantes utiles
A.1 Constantes universelles et grandeurs dérivées
A.2 Paramètres des nanotubes et transport électronique
A.3 Lexique
B Asymétrie électrons-trous en champ magnétique perpendiculaire
B.1 Résultats expérimentaux
B.2 Pistes d’analyse
C Publications et Communications
C.1 Revues internationales à comité de lecture
C.2 Communications avec acte
C.3 Communications sans acte
C.3.1 Communications orales
C.3.2 Séminaires
C.3.3 Posters
Bibliographie

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